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Enjeux énergétiques et logiques sécuritaires: une analyse du déploiement américain dans le golfe de Guinée

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par Gen-serbé SINIKI
Université Catholique d'Afrique Centrale - Master en Gouvernance et Politiques Publiques 2010
  

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A. Le contrôle et la gestion des ressources au coeur des velleités ethnoculturelles

Les ressources énergétiques sont géographiquement situées sur de espaces où vivent de groupes ethniques donnés80. D'une manière virtuelle ou réelle, des menaces peuvent venir de ces groupes. Le Nigéria avec les sécessionnistes biafrais et ceux du Delta du Niger, l'Angola avec les rebelles du Cabinda, le Cameroun avec la question anglophone, le Tchad et le combat du député Yorongar Ngarledji, originaire du Logone oriental où se situe Doba, la ville pétrolifère, permettent de comprendre les velléités ethnoculturelles des revendications autour du pétrole. Les leaders de ces groupes estiment que les ressources exploitées, ou devant l'être, servent les « autres » et non pas le groupe ethnique originaire de la région. Ils mettent en avant la dialectique entre un « nous », qu'ils pensent principalement bénéficiaires, et les « autres », entendus comme les autres composantes ethniques de la société au sein de l'ordre étatique.

On peut classer ces revendications suivant deux tendances principales. Une première catégorie correspondant aux combats sociaux et politiques donc non armés (Cameroun ou Tchad), une deuxième catégorie correspondant aux combats politico militaires (Angola ou Nigéria). Au regard de la première configuration des revendications, c'est-à-dire celles non armées, le cas anglophone au Cameroun est pertinent à ce propos parce que << l'évocation de la question anglophone s'inscrit résolument dans une double logique du « champ » et du « marché » politique caractéristiques de relations de concurrence et/ou de complémentarité, de confiscation ou de partage, de pillage ou d'exploitation des ressources pétrolières entre la minorité anglophone et l'Etat étiqueté francophone... » 81. Principalement, il s'agit de contester le monopole de l'Etat

80 Dans ce travail, le terme << ethnie » renvoie aussi à << tribu ».

81 Louis Marie NKOUM-ME-NTSENY, << Minorités et partage des ressources : la question du pétrole dans le discours identitaire anglophone », in Enjeux, n°13, Octobre -Décembre 2002, p.17

dans la gestion des ressources naturelles82. En réalité, l'insertion du pétrole dans le discours politique des autorités dans les années 1970 a été considérée par les « ingénieurs de l'idéologie anglophone » 83 comme source de domination de l'espace francophone qui chercherait, par l'entremise du président d'alors Ahmadou Ahidjo, à financer la « caisse noire » et à renforcer son image d'homme providentiel. De telles suspicions ont été observées récemment lors du tracé du pipeline Tchad-Cameroun, pendant lequel les leaders anglophones ont demandé à l'Etat d'opter pour Limbé et non Kribi. En somme, ces prétentions permettent de confirmer le pétrole comme « ressource enjeu de conflit »84.

Dans la seconde configuration, il s'agit de rejoindre le terrain des armes. En l'espèce, le cas du Nigéria est fort saisissant, car de nombreux mouvements du Sud et du Sud-est ont recours à la violence armée. L'analyse de dix-huit mouvements contestataires actifs au Sud et au Sud-est du pays selon leur nature, leurs objectifs avoués et le niveau de contestation a donné la répartition suivante : selon leur coloration, les regroupements à caractère ethnique représentent 78% et selon leur mode d'action, 72% mouvements contestataires étudiés prônent ou pratiquent la violence insurrectionnelle et institutionnelle contre 28% qui prônent et pratiquent le débat politique85. Il faut retenir, dans ce contexte, que les relations de sous système entre les populations assimilées au virtuel « Etat souverain » du Biafra et le Gouvernement Fédéral ont toujours été de nature « conflit/négociation » au sujet du positionnement politique et de la redistribution des revenus ; le point de rupture n'ayant été atteint que pendant la guerre du Biafra. La menace sécessionniste a toujours été l'argument de prédilection et même le plus opérant des populations du Sud et du Sud-est du Nigeria. On assiste à un désordre généralisé : Armée nigériane contre milices ethniques biafraises, milices biafraises contre milices biafraises.

82 Cette contestation n'est pas récente et encore moins statique. Elle accompagne tout le processus d'étatisation du Cameroun, c'est-à-dire de la réunification (1er octobre 1961) à l'unification (2 juin 1972), de la fédération (1961-1972) à l'Etat unitaire actuel (1972-...)

83 Louis Marie NKOUM-ME-NTSENY, Ibidem

84 Dans ce jeu, « l'évocation ne peut qu'être complexe dans tout débat identitaire où s'entremêlent dans une perspective de concurrence ou d'interdépendance (champ politique) et de transaction (marché politique) entre le local et le national, le local et le transnational, le national et le transnational. » Ibidem

85 Léopold Maxime EKO EKO, « Gestion des crises liées à l'exploitation pétrolière dans le Golfe de Guinée : La rétrocession de Bakassi otage des pseudo sécessionnistes biafrais », Etude stratégique, disponible sur http://www.strategicroad.com/pays/strategicpubs.htm, consulté le 29 novembre 2009, 12h

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