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La protection sociale au Cameroun

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par Alex OKOLOUMA
Université de Yaoundé II-Soa - DEA en sciences économiques 2008
  

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2.2.1.2. Les tendances sociales

Aux mutations de l'environnement économique, il faut ajouter les transformations sociales ayant également expliqué la crise de la protection sociale au Cameroun à savoir : les tendances démographiques et celles liées au marché du travail.

· Les tendances démographiques

Peuplé de 10 659 290 habitants en 1987, le Cameroun a une population estimée en 2003 à 16 087 472 habitants dont 52,8% sont en zone urbaine12(*). Son taux de progression annuelle avoisine 3%. Dans cette population 63,8% représentent les jeunes âgées de 0 à 24 ans alors que ceux âgés de 60 ans et plus ne représentent que approximativement 3% : soit un total d'inactifs de près de 67%, les 33% autres personnes appartiennent à la tranche d'âge de 25 à 59 ans et représentent les actifs qui constituent la main d'oeuvre du pays. La population camerounaise est donc essentiellement jeune (voir figure en annexe 8).

Pour ce qui est des taux de mortalité et de natalité, on assiste à une tendance baissière de ceux-ci. Pour mille habitants, ces dernières sont respectivement passées de 16,46 en 1980 à 15,7 en 2002 et de 44,54 à 35,5 pour la même période avec une augmentation asynchrone de l'espérance de vie à la naissance (50,96 ans en 1982, puis 53,31 ans en 1987 et 48 ans en 2003 : cf. tableau en annexe 4).

Le taux de fécondité (nombre de naissance par femme) a également connu une tendance à la baisse, passant ainsi de 6,39 en 1980 à 4,6 en 2002.

Pour ce qui est du ratio de dépendance de la CNPS, les statistiques y relatives allant de 2001 à 2004 montrent qu'il n'a véritablement pas connu un processus d'évolution progressive ou régressive. La population âgée de 60 ans et plus est resté constante. Il ressort 8 bénéficiaires des pensions pour un travailleur actif (voir tableau 2.3 ci-après).

Tableau 2.3. Evolution du ratio de dépendance

Années

2001

2002

2003

2004

Inactifs

56 675

61 470

63 357

62 370

Actifs

469 947

487 735

477 748

526 206

RD

1/8

1/8

1/8

1/8

Source : cahier de charges CNPS (2003)

Ce contexte démographique combiné avec la crise économique du début des années 1980 est de nature à avoir peser sur le marché du travail entraînant ainsi la crise du système de protection sociale.

· Les tendances du marché du travail

Depuis le milieu des années 1980, on assiste à une dégradation du marché du travail qui a des conséquences sur le financement et l'efficacité du système de protection sociale camerounais.

- Un marché du travail dont la dégradation contribue pour une large part à la crise financière de la protection sociale

Deux évolutions sont ici à étudier et la dégradation du marché du travail est évidemment à considérer dans un premier temps du point de vue quantitatif, avec la montée du chômage depuis le milieu des années 1980. Si l'on se réfère aux statistiques du DSRP pour la période étudiée, le constat est simple : le taux de chômage est passé d'un peu plus de 14,7% en 1987 à 35% en 1996 et en 2001 ce taux est estimé à 30% (voir tableau 2.4 ci-après).

Tableau 2.4. Evolution du taux de chômage annuel

Année

1987

1993

1995

1996

2001

chômage

14,7%

24,6%

17%

35%

30%

Source : DSRP (2000)

La dégradation du marché du travail est également à considérer du point de vue qualitatif, puisque l'on assiste à une précarisation significative de l'emploi au Cameroun. Les emplois atypiques ont connu une évolution considérable. Dans les zones urbaines du Cameroun, même si le travail salarié régulier constitue le mode d'emploi dominant (moins de 60% à 70% de l'ensemble des travailleurs), on observe que l'emploi salarié protégé ne concerne environ que le tiers (1/3) de l'ensemble des individus employés. Cela signifie que, compte tenu de la part du travail indépendant avec le capital, 55% à 60% des travailleurs sont exclus d'un emploi stable en termes de revenu et de protection sociale. Aujourd'hui, on assiste de plus en plus à une fragmentation des emplois, non seulement au niveau des contrats de travail proprement dits, mais aussi à travers la flexibilisation des tâches de travail. 

Ces différentes situations du marché du travail mettent en difficulté le système de financement de la protection sociale. Parmi les facteurs en cause, la montée du chômage joue un rôle considérable. Il apparaît ainsi dans le tableau en annexe 2 que, depuis le milieu des années 1980, les dépenses sociales liées à la dégradation du marché du travail tel que celles de la branche assurance vieillesse (1996-1999) et celles de la branche allocations familiales (1987-1991) ont fortement augmenté.

Parallèlement, le moyen de financement traditionnel reposant sur les cotisations sociales salariales, s'est trouvé restreint du fait de la montée du chômage et du faible niveau de la croissance économique sur la période. La logique de cette situation est implacable ; avec cette conjoncture, « les ayants-droits » augmentent alors que les cotisants n'augmentent plus suffisamment.

- Une dégradation du marché du travail qui révèle une crise d'efficacité du système de protection sociale

Au-delà de la crise financière qui vient d'être caractérisée, apparaît une crise d'efficacité puisque, malgré un coût et des déficits croissants, la protection sociale ne semble plus en mesure de jouer pour tous le rôle qui lui est assigné.

Traditionnellement, au Cameroun, les personnes pauvres se trouvaient pour l'essentiel parmi les personnes âgées, les salariés agricoles ou les anciens indépendants qui n'avaient pu poursuivre leur activité du fait des mutations structurelles de la société. Les personnes qui avaient un emploi, en particulier les salariés échappaient de manière à peu près systématique à la pauvreté. On pouvait donc penser que la salarisation croissante de la population active qui accompagnait la croissance rapide des années 1970 réussirait à vaincre définitivement la pauvreté. Il n'en a malheureusement rien été.

Une nouvelle pauvreté s'est développée à partir des années 1980, liée à la montée du chômage. On va trouver parmi les « nouveaux pauvres » des jeunes sans qualification qui n'ont pas réussi à trouver un emploi stable ou des travailleurs licenciés. En 2001, on estime à 14,4% le taux de chômage des jeunes au Cameroun.

Ces difficultés d'insertion deviennent dans certains cas sources d'exclusion sociale. Comme le souligne Robert Castel (2003), les « situations hors-droit » se développent, ce qui met les personnes concernées dans une situation de « désaffiliation ».

Cette situation de grande fragilité sociale qui caractérise les « oubliés » de la protection sociale ne se limite pas aux chômeurs.

Elle est aussi liée aux transformations du travail : la précarisation du travail et la montée des emplois atypiques amènent certains travailleurs à avoir des revenus très faibles, les plaçant en dessous du seuil de pauvreté. Tous ces travailleurs pauvres se trouvent dans « les zones grises de l'emploi » entre population active occupée et population active inoccupée.

Trop souvent les emplois atypiques, les « petits boulots », ne procurent pas d'identité sociale et le salarié n'est pas considéré comme faisant véritablement partie de l'effectif de l'unité de production. Une nouvelle fois, le phénomène de « désaffiliation » décrit par Robert Castel (2003) semble opérer.

Ces incidences des transformations socioéconomiques sur la protection sociale ainsi développées, concourent à la remise en cause de la logique même du système.

* 12 Source : Banque Mondiale (2005)

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