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Syndicats de salariés et territoire : La place des syndicats dans l'Intelligence Economique Territoriale

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par Philippe LATOMBE
IAE-IEMN Nantes - Master II 2010
  

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3. 2- Les syndicats ont un fonctionnement naturel en « réseau ».

Ainsi que nous l'avons détaillé la collecte d'information par les syndicats est un élément important justifiant de leur place au sein de l'IET. Cette collecte d'information est liée à un mode de fonctionnement des syndicats ancien et très bien rôdé : le fonctionnement en réseau. Or ce fonctionnement en réseau est une caractéristique de l'IET, celui-ci reposant en effet sur la circulation entre les acteurs des informations. En réutilisant le cycle que nous avions retenu en figure 2 (page 9), la notion de réseau apparait évidente : il faut que l'information circule de manière fluide, de l'expression du besoin d'obtenir une information stratégique jusqu'à l'évaluation partagée par tous les acteurs de la décision prise sur la base de l'information collectée. Les syndicats, par leur histoire et leur organisation naturelle fonctionnent selon ce mode et s'intègrent donc parfaitement dans le mode de fonctionnement de l'IET.

La clandestinité à laquelle les syndicats ont été souvent confrontés dans les premiers temps de leur histoire (depuis le moyen-âge par le compagnonnage et jusqu'à l'abolition de la loi Le Chapelier par la Loi Ollivier), ainsi que leur participation active aux mouvements de résistance durant la Second Guerre Mondiale sont le reflet d'un mode de fonctionnement quasi-immuable : le fonctionnement en réseau. Celui-ci est quasiment « génétique » et l'évolution des syndicats depuis les années 1870 ne l'a pas altéré. Un syndicat est en effet défini comme étant une « association de salariés ayant pour but la défense des droits et intérêts moraux, économiques de ses membres »35(*). Cette défense des intérêts communs impose par nature le fonctionnement en réseau pour permettre de partager les informations entre les membres. Ce fonctionnement naturel s'exprime dans toutes les dimensions de l'action et de la présence syndicale : dimension spatiale (du local au national), dimension d'activité (de l'agriculture aux biotechnologies), dimension sociale (des ouvriers aux cadres), dimension statutaire (de la fonction publique d'état au statut privé le plus précaire).... Au sein de l'entreprise, une section syndicale fonctionne en réseau : il lie les membres qui le constitue et qui choisissent parmi eux leurs futurs représentants ; au niveau départemental, régional ou national les syndicats fonctionnent également en réseau car ils agrègent à chaque échelon les échelons inférieurs : l'union régionale travaille en reliant les unions départementales, elles-mêmes reliant les sections syndicales ; en terme d'activité les syndicats relient des activités diverses par l'intermédiaire des branches professionnelles. Ces quelques exemples montrent que la notion de réseau est ancrée dans le fonctionnement naturel des syndicats.

Les syndicats, pour atteindre leur objectif de protection des intérêts et des droits des salariés, disposent de prérogatives légales. Ces prérogatives sont immatérielles : droit à l'information, droit d'ester en justice mais également droit de diffusion d'informations et droit de grève essentiellement. L'essentiel de l'action des syndicats est donc liée à la collecte d'information, leur circulation entre ses adhérents et au-delà à l'ensemble d'une population salariale (au sein d'une entreprise ou au sein d'une branche,...) ou au grand public. Le recours à des actions physiques (manifestation, grèves, blocus) ne sont généralement qu'un moyen de porter à la connaissance du plus grand nombre une ou des informations. Les actualités récentes  illustrent ce propos. Un certain nombre de syndicats (ou de sections syndicales) d'entreprises touchées par la crise économique subie depuis 2008 ont amorcé des actions violentes (séquestration de dirigeants ou menace de dégradations de l'outil de travail notamment) dans le seul but d'attirer l'attention des médias et donc du grand public et de l'Etat par l'intermédiaire des politiques sur leur situation. Le fonctionnement syndical est donc par nature un fonctionnement en réseau, car un réseau est défini comme étant un groupe au sein duquel circule de l'information. Un syndicat est bien un groupe de personnes qui produit et échange de l'information en interne mais également en externe.

Ce mode de fonctionnement, allié à leur présence systématique et diffuse au sein du tissu économique d'un territoire les rendent incontournable au sein de l'IET. Le maillage syndical est essentiel pour l'IET car il permet de collecter de l'information sur tous types de sujets économiques et sociaux. L'efficacité d'un réseau s'évalue à la finesse de son maillage. Par sa présence au sein des territoires dans tous les secteurs d'activités, au sein de l'ensemble du corps social ainsi qu'au sein d'un nombre important d'organismes sociaux36(*) les syndicats permettent à l'IET un maillage fin. Ce maillage fonctionne dans les deux sens : dans le sens de la collecte d'informations (on l'a vu) mais également dans le sens d'une démultiplication de l'information vers le territoire afin de générer en retour à nouveau une collecte d'information. Le réseau syndical est ainsi utilisable pour permettre l'expression des besoins, pilier initial du cycle de l'IET tel que nous l'avons retenu. Sa place est donc incontournable et parfaitement légitime dans le fonctionnement de l'IET.

En contrepartie de cet apport au cycle de l'IET, les syndicats ont besoin de bénéficier des réseaux qui peuvent avoir été mis en place par les autres acteurs. En effet la perte de vitesse des syndicats depuis les années 70-80 s'amplifie37(*). Les syndicats sont absents des TPE. Le réseau syndical, même s'il reste important et maille finement les territoires, commence à s'étioler quelque peu. Les syndicats, pour leur action et donc leur survie, ont besoin d'informations sur les entreprises ou les projets en cours afin d'anticiper et de pouvoir mettre en oeuvre une politique revendicative ou de lobbying adaptée. La participation à l'IET est donc un moyen pour les syndicats de compléter leur réseau propre par l'intégration des réseaux des autres acteurs de l'IET. Cette intégration s'effectue en premier lieu par affinités idéologiques et stratégiques. Les syndicats cherchent à intégrer les réseaux qu'on pu constituer les associations dont les objectifs sont proches de leurs propres objectifs : association de chômeurs, association de mal-logés, de travailleurs précaires(...). Ce rapprochement est le plus flagrant car les modes d'action de ces associations est quasiment identique à celui des syndicats et la co-participation des syndicats à leurs actions est généralement bien accueilli car générateur de publicité du combat notamment au sein des médias (journaux et télévision). Parallèlement les syndicats ont approché les réseaux des décideurs politiques territoriaux. Ce rapprochement de réseau est à la fois un plus pour les syndicats, car ainsi ils peuvent avoir accès au bon décideur au bon moment pour effectuer leur action de lobbying, mais également un plus pour les décideurs locaux qui peuvent ainsi bénéficier du soutien des syndicats pour leur action locale et notamment pour relayer les mesures liées à l'action sociale ou économique. C'est ainsi que les Conseils Régionaux ont les premiers chercher à nouer des relations en réseau avec les syndicats afin de pouvoir légitimer leur action sur les territoires. A la suite des lois de décentralisation, notamment celles confiant aux départements l'aide sociale, les Conseils Généraux se sont rapprochés des syndicats dans le cadre de structures ayant pour but la promotion de l'emploi. Ce sont d'ailleurs sans doute ces mouvements de rapprochement de réseau entre syndicats et collectivités territoriales qui sont à l'origine de la création du concept de Dialogue Social Territorial et que la loi a consacré depuis.

Ainsi, les syndicats mettent au service de l'IET leur réseau, à la fois dans un rôle d'antenne pour capter les informations stratégiques, mais également dans le rôle d'émetteur pour animer le cycle de l'IET via son expression des besoins. En contrepartie de cette assistance, les syndicats utilisent leur participation à l'IET pour combler les lacunes de leur réseau, lacunes de plus en plus importantes du fait de la désyndicalisation croissante des salariés et des entreprises. Ce réseau permet la captation et la circulation d'informations stratégiques de premier ordre pour l'IET, ce qui démontre que les syndicats ont une place naturellement légitime dans le schéma et le fonctionnement de l'IET. Cette place est sans doute largement sous-évaluée aujourd'hui par les différents acteurs de ce processus. Il est possible notamment d'y voir un effet de concurrence : les CCI (et les chefs d'entreprises regroupés sous le terme de patronat) ont sans doute la volonté de primauté de leur influence et de leur rôle au sein de l'IET, au détriment des syndicats. Une autre raison pourrait reposer sur la division syndicale qui brouille la capacité des territoires à percevoir les réels apports de ces organisations au processus.

* 35 Extraits du Site Internet Service-Public - 12/03/2007

* 36 Comprendre les organismes de protection sociale...dont le mode de gestion est la paritarisme (co-direction entre le patronat et les syndicats)

* 37 Abstention de 74,37% lors des élections prud'homales de 2008 contre 34% en 1979 par exemple.

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