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Corrélation genre et participation politique: une analyse des causes et impacts de l'invisibilité des femmes dans les institutions politiques de la RDC, avec un regard particulier sur Kindu dans la province du Maniema (1960-2011)

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par Kalonge GASTON
Université de Kindu - Diplôme d'études supérieures en sciences politiques et administratives 2011
  

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II.4.4.2. Les efforts des femmes en amont du Dialogue Inter congolais

Dans le processus du DIC, la dynamique des femmes a impulsé un plus grand engagement des femmes. Leur représentation ainsi que leur participation ont été beaucoup plus visibles à cet effet. L'objectif principal du D.I.C a été l'établissement d'un nouvel ordre politique et la réconciliation nationale. Pour ce faire, il a fallu une mobilisation au profit de la construction d'une culture de la démocratie et de la paix.

Conscientes des atrocités subies pendant la guerre, les femmes congolaises, principales victimes, se sont organisées à s'impliquer de façon effective dans le processus de paix.

Par l'esprit même du D.I.C, hommes et femmes devaient être représentés, car l'exclusion des femmes, comme par exemple, leur absence de la table des négociations, a souvent occasionné des conséquences regrettables dans le domaine de la justice sociale, du développement, de la réconciliation et du redressement économique.

Pour marquer leur implication dans le D.I.C., les femmes se sont mobilisées en vue de faire entendre leur voix sur la situation préoccupante du pays en rapport avec l'instauration d'une paix durable, la reconstruction de l'Etat et l'accès des femmes à la gestion de la chose publique, pour leur représentation significative.

Leur pression a réussi à faire entendre leur voix au cours des séances plénières et permis d'insérer notamment ce qui suit dans l'Accord Global et Inclusif :

Pour garantir une transition pacifique, les parties participent à la gestion politique durant la transition. Les institutions qu'elles mettront en place durant la transition doivent assurer une représentativité appropriée des onze provinces du pays, des différentes sensibilités au sein des forces politiques et sociales en présence. En plus, il faudrait prévoir une représentativité des femmes à tous les niveaux de responsabilité.

La constitution sur laquelle l'Accord Global et Inclusif a débouché stipule dans le préambule :

? Nous, les délégués des composantes et entités au dialogue inter congolais ; réunis en plénière...Déterminés à garantir les libertés et les droits fondamentaux du citoyen et, en particulier, à défendre ceux de la femme et de l'enfant...

? Le point III.39 de cette constitution stipule ce qui suit : le travail est un droit...Nul ne peut être lésé dans son travail en raison de ses origines, de son sexe, de ses opinions ou de ses croyances... »

a. Les femmes congolaises au Dialogue Inter Congolais

Tableau N° 6: Représentation des femmes au Dialogue Inter Congolais

Composante.

Total

Femme

% Femme

Gouvernement.

67

12

7

RCD

57

9

13

MLC

67

6

8,9

Mai- Mai

8

0

0

RCD- K/ML

11

1

6

Forces vives

65

13

18

Opposition Politique.

68

2

2,8

Total

333

43

11

Source : La toute première liste de participants élaborée par composante

Il ressort de ce tableau les réalités selon lesquelles, 43 femmes ont représentées toutes les congolaises au DIC contre un effectif de 333 hommes, soit 11% seulement. Face à ce résultat, nous nous attachons aux propos de nos enquêtées qui ont déclarées que les textes garantissant les droits des femmes existent en RDC, mais ils ne sont pas appliqués dans la vie pratique. En outre, sur les 43 femmes présentes à ces assises, le Maniema était représenté seulement par 2 femmes soit 0,53% par rapport à tous les participants.

Graphique N° 2: Visualisation de la représentation des femmes participantes au Dialogue Inter Congolais

Cette liste est indicative de la dose de volonté affichée par différents acteurs pour une implication des femmes aux assises de Sun City. Cette volonté a été très faible et a poussé les femmes à mettre en place une stratégie alternative, qui consistait en la cooptation de 37 femmes expertes aux côtés des femmes participantes.

b. Stratégies féminines dans les processus de paix

b.1. Au niveau national

Plusieurs ateliers et manifestations ont ainsi été organisés à cette fin. Nous ne saurons les énumérer tous, mais à titre illustratif, il est nécessaire d'en épingler quelques-uns.

· Atelier du 06 au 09 février 2002

Avec l'appui des différentes organisations non gouvernementales et celles des organisations internationales telles que l'UNIFEM, les femmes de la zone ouest dont les zones étaient sous contrôle gouvernemental avaient tenu à uniformiser leurs points de vue pour se constituer un cahier de charge, car chaque province en avait un.

A l'occasion, plusieurs recommandations avaient été faites aux parties en guerre, à la facilitation du D.I.C., et aux femmes elles-mêmes. Ces dernières devraient sous l'égide de leurs leaders, apporter leurs contribution afin d'arriver au consensus et à la réconciliation nationale lors du D.I.C.

· Atelier du 15 au 18 février 2002

Pour pallier l'absence des femmes se trouvant sur la partie sous occupation, il a été impérieux de convoquer une réunion pour l'harmonisation des cahiers de charges. De ce fait, les femmes congolaises représentant toutes les provinces au D.I.C se sont fixées comme objectifs à Nairobi :

? D'harmoniser leurs cahiers de charge ; ce qui déboucha sur la déclaration et plan d'action de Nairobi » ;

? De renforcer les capacités en négociation et résolution pacifique des conflits.

Elles ont aussi organisé des activités telles que :

? La mission de solidarité pour la paix. Plusieurs ONG y avaient pris part, pour le cas de la ville de Kindu, l'ONG MWANGA et AFILMA ont participé également, mais une seule femme a pu représenter toutes les femmes du Maniema contre 8 hommes qui avaient aussi représenté le Maniema.

? La conférence sur les enjeux politiques et le rôle de la femme dans la consolidation de la paix. Le WOPPA introduit en 1998, le plaidoyer pour la paix.

? Le lobbying : déplacement de certaines femmes à l'étranger pour expliquer la situation de guerre en R.D.Congo, etc.

· La création du Caucus des femmes

Les femmes ont développé plusieurs stratégies qui pouvaient leur permettre de s'octroyer les droits dont elles se réclamaient. L'aboutissement en a été la création du Caucus des femmes. La capitalisation des relations interpersonnelles et l'expertise féminine avaient été mises à profit. L'un des aspects positifs que l'on peut reconnaître au caucus est qu'il est resté le seul cadre, à travers lequel, toutes les composantes se retrouvaient à travers les femmes et pouvaient encore échanger.

On convient de retenir à ce propos que deux défis majeurs étaient à relever :

? Le caucus devait rester neutre et apolitique. Il devait éviter de soutenir l'une ou l'autre tendance, tout en continuant à dénoncer d'éventuelles exactions commises par différentes parties en conflit contre les femmes et la population.

? Il devait maintenir sa cohésion interne et éviter des luttes intestines de leadership qui pouvaient le mettre en danger en tant que mouvement de paix et de changement social.

Ainsi, chaque femme avait à opérer un choix raisonné en cas de divergence entre la conscience collective et son appartenance politique. Bien que numériquement la représentation ait été faible par rapport à celle des hommes, les femmes congolaises y ont joué un rôle très important. Une forte synergie des femmes déléguées des composantes et expertes s'était mise en place autour d'un objectif commun : le succès des assises.

La première manifestation du Caucus à Sun City fut la célébration de la Journée Internationale de la femme. Les femmes sont entrées dans la plénière, vêtues des pagnes offerts par le gouvernement et le RCD, indifféremment portés par les unes et les autres et rassemblées derrière un calicot déclarant : « Les femmes congolaises unies pour la restauration de la paix au Congo ». Cinq autres banderoles suspendues sur les murs dans la salle arboraient des messages d'unité et des revendications des femmes sur la concrétisation de leur quota de 30% dans les instances décisionnelles.

La déclaration de Nairobi et le plan d'Actions des femmes étaient mis devant chaque participant à la plénière. Les femmes se sont avancées, portant de petits fanions bifaces (en français et en anglais) arborant les messages de paix et scandant le chant de paix : « Notre Congo sera toujours uni ». Leur champ fut peu à peu repris par l'assemblée qui s'est levée pour accueillir la procession des femmes. Suite à cette action du 08 Mars, un souffle de modération a persisté tout au long des travaux de cette journée où devaient être lues les politiques générales des délégations.

Les premières informations émanant de la plénière ont révélé que toute l'assemblée était profondément marquée par la teneur du message des femmes. Selon un leader d'une des parties belligérantes rapporté par la presse, « Tout extrémisme et toute virulence et même l'indifférence étaient inconcevables, déplacés et irresponsables après l'action des femmes en plénière ».

Après cette première manifestation le 8 Mars, le Caucus des femmes s'est employé à organiser des rencontres et des entretiens aussi bien formels qu'informels avec les leaders ou les délégués de différentes composantes au Dialogue à savoir : le M.L.C., le MPR, le Gouvernement, l'UDPS, le RCD/GOMA, l'Opposition non armée et les commissions du DIC. Un seul point au centre des entretiens : montrer à chaque composante sa responsabilité dans la crise en R.D.Congo et demander son engagement personnel et de sa famille politique pour sortir de la crise. Tout au long des travaux, le Caucus des femmes a fait le lobby auprès des composantes impliquées à travers des entretiens exclusifs tout le temps qu'il s'observait un blocage du processus. Cela a permis de lever chaque fois le blocage.

Les femmes déléguées des partis politiques avaient des difficultés à défendre à la fois les intérêts du parti et ceux du caucus. Elles avaient à prendre en compte les projets de société de leurs partis respectifs et le plan d'action de Nairobi. Ce qui ne leur rendait pas la tâche facile.

Après le DIC, le Caucus des femmes devait faire face aux défis de sa pérennisation. La lutte de leadership et l'influence des tendances politiques ont vite rattrapé cette structure qui s'est éclatée avant le moment stratégique électoral.

En ces débuts, le Caucus des femmes était considéré comme structure ponctuelle d'action en des moments importants de la vie nationale. Par la suite, la volonté d'institutionnalisation et de restructuration du Caucus par une frange des femmes a conduit à des malentendus. Pour ces femmes, une structuration du caucus à des fins de continuité de l'action féminine s'avérait indispensable, ce qui ne fut pas l'entendement d'autres femmes qui voyaient en cela un détournement de l'objectif du « Caucus des femmes originel ».

Une crise de légitimité du « Caucus, nouvelle formule » s'installe. Ce fut le début de l'éclatement du Caucus des femmes. Il est à noter que ces tendances à des crises de légitimité sont l'une des causes de l'inefficacité des actions féminines. Ainsi, en dépits d'expériences louables des femmes, celles-ci restent difficilement capitalisables car des ruptures d'actions interviennent par désengagement de certaines en plein parcours stratégique.

Pour pallier le manque de consensus autour du Caucus des femmes institutionnalisé, d'autres femmes ont pris l'initiative de créer le Cadre permanent de concertation des femmes : CAFCO. Là encore, le consensus des femmes autour de sa légitimité reste toujours mitigé. Ce qui crée problème sur l'émergence d'une solidarité féminine pour une lutte commune.

b.2. Au niveau des provinces

Dans la province du Maniema, précisément dans la ville de Kindu, le souci de contribuer à la défense des droits des femmes et d'apporter un plus à la construction de la paix, a fait que les femmes se regroupent selon la profession comme les femmes journalistes et les femmes juristes respectivement en Association des Femmes des Médias du Maniema, « AFEM-MA » et en Association des Femmes Juristes du Congo « AFEJUCO » ; et, selon les confessions religieuses comme la Fédération des Femmes Protestantes « FFP », l'Association des Femmes Musulmanes pour le Développement « AFEMD », le Comité Diocésain des Femmes « CDFE » pour les femmes catholiques. Toutes ces dynamiques ont eu comme dénominateur commun la recherche de la paix et la promotion du genre.

Pour être plus fortes et agissantes, ces organisations de femmes de différentes idéologies et de différentes tendances se sont regroupées en des plateformes comme le Collectif des Femmes Agissant en synergie. Ces organisations et plateformes des femmes se sont progressivement érigées en des cadres de renforcement des capacités, d'échange d'expérience et d'expression politique pour les femmes au Maniema.

Outillées, les femmes se sont impliquées dans la recherche acharnée de la paix à travers les dénonciations des violations des droits humains, l'organisation des marches pacifiques, l'élaboration des pétitions, mémorandums et des lettres ouvertes visant les décideurs locaux, nationaux et internationaux, ont offert, à l'échelle provinciale et internationale, l'exemple d'un nouvel élan et d'une nouvelle approche de lutte pour la paix.

Les organisations locales des femmes à la base, ont mis en oeuvre des stratégies de consolidation de la paix à travers leurs plates-formes et associations. Il s'agit notamment de la réconciliation intercommunautaire et intracommunautaire et du maintien du dialogue avec les différents représentants locaux des composantes signataires de l'Accord Global et Inclusif de Sun City.

Cela a favorisé la cohabitation pacifique des groupes antagonistes aussi bien intra qu'intercommunautaires dont les conflits sont survenus du fait des guerres à répétition. Pour ce faire, à KASONGO et à KABAMBARE, les femmes émanant de différents groupements, ethnies, couches sociales, tendances et idéologies ont mis en oeuvre des plateformes hétérogènes au travers desquelles elles ont opéré pour consolider la paix.

Ces plateformes des femmes qui étaient opérationnelles en milieux aussi bien urbains ( telles que le Caucus des femmes du Maniema pour la paix) que ruraux (à titre illustratif, les comités d'alerte pour la paix, les clubs d'écoute des femmes) se sont révélées également des cadres de revendication et de plaidoyer où les femmes ont proposé des édits, signé des pétitions et mémorandums adressées aux différentes composantes au DIC et d'autres acteurs politiques locaux, nationaux et internationaux aux fins de les interpeler et de les influencer à respecter leurs engagements à reconstruire le pays et à promouvoir une paix durable. « La paix n'a pas de prix, c'est la devise que nous avions pendant la transition.

Nous devrions user de tout moyen loyal pour la construire et la consolider. Nous quittions parfois nos familles pendant des jours et nous faisions de longues distances à pied pour faire la médiation et la réconciliation interpersonnelles et intercommunautaires. Nous nous réjouissions du fait que nous étions parvenues à faire adhérer nos maris  à notre lutte pour la paix. Leur soutien et encouragement renforçaient notre engagement », propos partagés par les femmes à la base de KASONGO et de KABAMBARE lors des focus groupes organisés distinctement dans leurs contrées respectives.

Cette implication des femmes du Maniema dans la recherche de la paix ne s'est pas limitée à la sphère locale, elle s'est étendue également à la sphère sous régionale. Pendant que la crise politique paralysait les relations diplomatiques entre le Rwanda et la R.D.Congo, les femmes de Kindu ont participé à des ateliers d'échange sur la paix au Rwanda et au Burundi avec la facilitation des organisations internationales.

Cet échange d'information et d'expérience avec les femmes de la sous-région a permis la mise sur pied d'une Concertation des Collectifs des Associations des Femmes dans la sous-région des Grands Lacs « COCAFEM/GL ». Cependant, au lieu de servir de balise pour la paix dans la sous-région, cette dynamique sous régionale a généré des frictions au sein de la société civile car perçue comme une émanation de l'extérieur et support des guerres d'agression en R.D.Congo.

Elle n'a donc pas été exploitée et capitalisée à sa juste valeur au Maniema du fait du contexte qui n'a pas été approprié. Les tensions entre les peuples de la sous-région étaient encore à leur paroxysme de telle sorte que toute synergie formelle était inopportune.

Force est de signaler cependant que, COCAFEM/GL s'est progressivement érigé en un instrument de rapprochement des peuples de la sous-région duquel d'autres dynamiques sous régionales de construction de la paix se sont inspirées. Alors qu'à ses débuts la COCAFEM/GL impliquait aussi le Collectif des femmes du Maniema, en 2004, elle impliquait déjà 4 collectifs des autres provinces de la R.D.Congo notamment 2 collectifs de Kinshasa, 1 collectif du Nord-Kivu et un autre de Kisangani.

A l'échelle mondiale, les femmes du Maniema ont intégré la Marche Mondiale des Femmes « MMF » et leur participation aux Actions globales de 2000 et 2005 organisées respectivement à New York et au Brésil a été capitalisée en opportunité de plaidoyer et de lobby en faveur de la paix à l'Est de la R.D.Congo en synergie avec les femmes de Bukavu et de Goma. Elles ont, à cette double occasion, témoigné devant les femmes et hommes politiques de par le Monde, sur les guerres à l'Est de la R.D.Congo et des violations massives et systématiques aux atrocités dépassant tout entendement dont les populations civiles et particulièrement les femmes sont victimes.

Le message fort des témoignages des femmes de Kindu, Goma et Bukavu a profondément touché la Marche Mondiale des Femmes qui a pris la résolution d'organiser l'Action globale de 2010 à Bukavu, Chef-lieu de l'ex Province du Kivu, autour de quatre thèmes : - les violences envers les femmes - biens communs et services publics - autonomie économique des femmes - paix et démilitarisation.

La contribution des femmes journalistes dont les jeunes filles reporters dans la recherche de la paix a été également pertinente. Alors que les médias locaux se refusaient toute descente dans les zones rouges de peur d`être pris pour cible par les rebelles, les femmes journalistes, membres de l'AFEM-MA ainsi que les jeunes filles reporters encadrées par la Section Droits Humains de la Mission d'Observation des Nations Unies au Congo, MONUC en sigle, se sont montrées extraordinaires en effectuant des descentes dans des villages occupés par les rebelles et/ou les Mai Mai notamment les villages de LOKALA, MISENGE, KATAKO, KAMPENE, PEMBERIBA, LOKANDO, KAYUYU et BIKENGE où elles ont réalisé des reportages et des interviews avec des seigneurs des guerres en l'occurrence KIWIS, KABAMBE, KESENDE et SHETANI.

Ces interviews et reportages ont permis aux communautés de s'imprégner des motivations de différents groupes rebelles et cela a ouvert des pistes à des négociations et des échanges entre belligérants et gouvernement d'une part, et, entre belligérants et société civile, d'autre part. Cela a permis aux médias locaux de briser le silence d'être proactifs dans le traitement de l'information liée aux conflits armés dans la région.

L'Association des Femmes des Médias a, en outre, mobilisé les médias étrangers sur la question de la paix en R.D.Congo ; elle a, également, organisé des ateliers d'échange entre d'une part, les femmes des médias de la R.D.Congo, et, d'autre part, les femmes des médias du Rwanda, du Burundi et de la R.D.Congo.

Ces ateliers d'échange d'expérience ont permis la mise en oeuvre des stratégies comme la réalisation des reportages conjoints par les femmes des médias du Rwanda, du Burundi et de la R.D.Congo sur les conflits armés à l'Est de la R.D.Congo. Cette synergie des femmes journalistes de la sous-région a offert un modèle des efforts conjugués pour une paix durable dans la sous-région des Grands Lacs.

Fort malheureusement cette dynamique n'a pas été capitalisée par les femmes journalistes de la sous-région parce qu'aucun cadre durable de concertation n'a été mis sur pied pour la pérenniser. Aussi, cette synergie qui est restée informelle et circonstancielle n'a-t-il pas favorisé la responsabilisation et l'engagement individuels et collectifs des femmes journalistes.

Au niveau international, l'Association des Femmes des Médias ont fait un plaidoyer à la Cour Pénale Internationale en 2007 et un témoignage devant le Sénat américain en 2010 sur les questions sécuritaires et la lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes à l'Est de la RDC. En couronnement de leurs efforts dont les échos et les effets touchent les instances aussi bien locales qu'internationales, les femmes journalistes ont raflé des prix internationaux ces deux dernières années.

Les femmes ont aussi joué le rôle de « voix de sans voix » notamment au parlement où celles émanant de Kindu et des autres villes de l'Est de la RDC, ont accompagné et porté le plaidoyer des organisations des femmes à la base. Elles ont même réussi à faire adhérer une bonne partie de leurs collègues hommes à ces plaidoyers.

L'un des effets marquant fut la promulgation des Lois n°06/018 et n°06/019 du 20 Juillet 2006 portant répression de viol et violence sexuelle modifiant et complétant respectivement le Décret du 30 Janvier 1940 portant Code Pénal Congolais et le Décret du 06 Août 1959 portant Code de Procédure Pénale Congolais.

En prélude du dialogue, les organisations et les collectifs des femmes de Kindu ont organisé, aussi bien en milieux urbains que ruraux des fora, des ateliers d'échanges et des séminaires de formation sur les enjeux du Dialogue Inter Congolais. Cela a permis l'élaboration concertée d'un cahier des charges des femmes concernant leur vision pour sortir de la crise.

En Juin-Juillet 2001, les élections ont commencé au sein de la société civile pour désigner les représentants au DIC. Ce moment a été caractérisé par des tensions entre les femmes leaders de Kindu en entraînant entre elles une guerre de chacune contre toutes et de toutes contre chacune. Chacune voulait aller à Sun City pendant que seule une place était donnée aux femmes contre trois places données aux hommes.

Les femmes ont difficilement trouvé un compromis sur leur représentante aux assises de Sun City. Ce conflit de leadership a fait basculer l'engagement des femmes et fragilisé leur dynamisme en ce moment crucial de la recherche de la paix.

L'atelier de Nairobi auquel les femmes du Maniema ont pris part et qui a réuni les femmes congolaises de toutes les tendances et idéologies confondues en Février 2002 a été un cadre de concertation et d'échange qui a permis aux femmes congolaises de partager une vision commune fondée sur l'engagement personnel et collectif à faire émerger une paix durable au pays.

Les femmes de Kindu, ont organisé des marches pacifiques pour soutenir les assises de Sun City, elles ont également rédigé des memos et organisé des rencontres avec différents groupes politiques pour les amener à y adhérer. Une seule préoccupation était au centre des actions des femmes : « La réunification du pays et la restauration de la Paix durable ».

Un comité des femmes a été institué à Kindu pour faire le suivi à partir de la province. Il fonctionnait en système d'alerte et de lobby auprès de la communauté internationale et de différentes composantes aux assises. Avec ce comité des femmes, les différentes bases des composantes aux assises de Sun City faisaient pression sur leurs déléguées à partir de la province pour les influencer à trouver un compromis.

Tout au long des assises, les femmes du Caucus des femmes de Sun City ont maintenu le contact avec leurs bases respectives afin que les unes et les autres agissent dans une seule vision. Ainsi, pendant que le Caucus des femmes agissait sur les déléguées des composantes au Dialogue à Sun City, leurs bases agissaient en province dans une même vision et dans le même angle sur les bases des composantes au dialogue.

Il y a lieu de penser que l'aboutissement du DIC avec la signature de l'accord global et inclusif par les composantes a été influencé à bien des égards par les actions des femmes congolaises à Sun City.

A l'issue de Sun City, il fut créé le Caucus des femmes du Maniema pour la paix pour immortaliser et pérenniser l'esprit du Caucus des femmes et consolider la paix. Ce cadre a permis aux femmes du Maniema de mettre en oeuvre des stratégies diverse pour la consolidation de la paix, ainsi que la promotion du Genre et de la parité dans les instances de prise des décisions.

Seulement, le Caucus Kindu Chef-lieu de la Province du Maniema s'est vu fragmenté par la suite en faveur de la création d'un autre cadre : le CAFCO. Les deux structures, loin d'être des cadres complémentaires d'actions pour les femmes du Maniema, fonctionnent plutôt comme des structures rivales. Les frictions et polémiques au sein des organisations et plateformes des femmes semblent largement reposer sur le conflit d'intérêts et de leadership plutôt que sur le souci de faire émerger un mouvement des femmes fortement engagé pour la cause des femmes et la paix.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius