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Expériences de Micro-assurance de Santé et d'AMO: qu'en est-il d'une transition vers la Couverture Maladie Universelle dans les pays à  revenus faible et moyen ? (Propositions pour la Tunisie)

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par Khaled MAKHLOUFI
Université d'Auvergne - CERDI - Master économie de la santé dans les pays en développement et en transition 2002
  

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c/ Analyse des problématiques conceptuelles :

Tel qu'il a été présenté au paragraphe précédent. On va se référer encore à l'analyse de Carrin et James (OMS, 2004). Des précisions seront apportées d'une manière concise, sur les problématiques conceptuelles ainsi que les indicateurs de performance qui leurs sont relatifs, dans les pays ayant choisi ou voulant choisir l'AMO comme voie vers la couverture universelle des soins de santé.

1- La couverture de la population :

- Pourcentage de la population couverte par l'AMO : sera plus élevé dès le début dans les économies disposant de grands secteurs industriels, miniers ou de services.

- Couverture en fonction des groupes ciblés : Il convient d'analyser la couverture par groupe de population : fonctionnaires ( y compris les enseignants, la police et le personnel militaire), Salariés des entreprises publiques et privées, travailleurs à l'étranger, indépendants agricoles et non agricoles, les retraités ou pensionnés, certains groupes de la population non active (étudiants, handicapés, chômeurs). Il faut aussi comprendre que la transition vers la CMU peut prendre un certain temps. Toutefois, le pourcentage couvert peut excéder le pourcentage de cotisants si le gouvernement crée des arrangements financiers permettant de payer les cotisations de certaines catégories de la population, comme les plus pauvres, qui autrement n'auraient pas pu se permettre une adhésion au régime d'assurance. L'ampleur des financements croisés dépend du niveau de solidarité parmi les membres de la société.

2- Les méthodes de financement :

- Ratio des cotisations payées d'avance par rapport au coût total des prestations AMO : Il existe deux soucis. Premièrement, le ratio des cotisations payées d'avance peut être très élevé mais le forfait de prestations très restreint. Un forfait de prestations de soins de santé complet est généralement composé de soins externes (soins de santé primaires, certains services de spécialistes, médicaments essentiels) et de soins hospitaliers (dont les médicaments essentiels et les services auxiliaires comme les tests de laboratoire). (Carrin et al, 2001).

Deuxièmement, le souci du hasard moral - qui implique que les individus peuvent avoir une demande excédentaire de soins de santé lorsqu'ils sont confrontés à un prix subventionné au moment où ils ont besoin de soins de santé - devrait être pris en compte.

- Ratio des cotisations payées d'avance par groupes ciblés : Le défi pour les régimes AMO est
de développer un plan par lequel les autres groupes ciblés adhèrent systématiquement au régime
selon des conditions similaires à celles des affiliés initiaux. Ceci conduira éventuellement à des

ratios similaires pour tous les groupes, avec une accessibilité financière comparable aux prestations de santé.

- Pourcentage de ménages avec des dépenses d'urgence : la problématique conceptuelle de la protection contre les dépenses d'urgence est importante. Les régimes AMO les plus performants minimisant le pourcentage des ménages ayant à effectuer ce genre de dépenses. Plusieurs articles et papiers ont défini les dépenses d'urgence ou catastrophiques, et ont défini des pourcentages différents du revenu du ménage.

- Dépenses d'urgence par groupe ciblé : Ce critère montre dans quelle mesure le régime AMO est équitable. Un régime AMO performant pourrait limiter les dépenses catastrophiques ou d'urgence même auprès des groupes vulnérables. Le concept d'équité est plus large que celui de l'accessibilité financière, puisqu'il s'intéresse de la manière par laquelle les cotisations au régime AMO sont distribuées aux ménages à revenus différents (c'est une «équité verticale»), et au traitement égal à besoin égal qui est une «équité horizontale». Qu'elles soient forfaitaires (pour certains indépendants) ou liées au salaire (favorisent l'équité), les cotisations sont la source primaire de financement d'un régime AMO. Les cotisations forfaitaires, surtout dans un pays où il est très difficile d'évaluer les revenus, peuvent éviter des pertes de temps et faciliter la gestion. On a une substitution entre l'équité et l'efficacité. Une solution intermédiaire est d'avoir une série de tarifs forfaitaires comme alternative à des modèles basés uniquement sur le revenu ou sur une contribution forfaitaire. Cette alternative doit tenir en compte la capacité à payer des individus sans trop augmenter les coûts administratifs et les pertes de temps. Pour prévenir les contestations de certaines personnes, une manière de reconnaître les limites de la solidarité financière dans un régime est de plafonner le salaire, sur lequel sont basées les cotisations. Si les décideurs politiques désirent couvrir une plus grande partie de la population (chômeurs, les retraités, les étudiants et les pauvres), plutôt qu'uniquement ceux qui ont cotisé par le prélèvement sur leurs salaires, d'autres sources complémentaires peuvent être apportées dont la principale d'entre elles provient des subventions gouvernementales à travers la taxation générale. D'autres sources telles que les impôts spéciaux (taxes sur la consommation du tabac et de l'alcool), et les aides extérieures peuvent être utiles mais pour un financement temporaire ou isolé de certaines tâches. Les tickets modérateurs ou « le recouvrement des coûts» ne sont pas une source directe de financement du régime AMO, mais ont un impact sur le niveau des dépenses de l'AMO.

3- Le niveau de fragmentation :

La mise en commun complète des risques dépend en plus de l'étendue des cotisations payées par
les usagers, du niveau de fragmentation de cette mise en commun. La fragmentation se produit

lorsqu'il y a trop de petits systèmes de mise en commun du risque (WHO, 2000). Les systèmes de mise en commun auxquels sont associés des groupes à faible revenu recevront un montant moins élevé de cotisations, amenant des forfaits de prestations de santé moins généreux et des restrictions dans l'accès. Si un mécanisme appelé compensation des risques, qui permet une rectification des ressources disponibles mises en commun selon les divers risques des affiliés, est en vigueur, la fragmentation peut être évitée. La mise en commun des risques peut être multiple (plusieurs caisses d'AMO) ou unique (caisse d'AMO unique). La caisse unique comme c'est le cas en Tunisie, demeure la meilleure option pour maximiser la mise en commun des risques et minimiser la fragmentation. L'objectif des décideurs politiques est d'offrir un forfait de prestations de santé identique à tous les affiliés pour permettre la liaison nécessaire entre les systèmes de mise en commun. Cette liaison des risques est connue sous le nom de « compensation des risques», par laquelle des subventions sont données aux personnes à haut risque, à travers «un fonds de solidarité». Fournir immédiatement un forfait identique à toute la population nécessiterait outre les subventions du gouvernement, d'importants transferts de ressources du secteur formel à celui informel. Enfin Le régime d'assurance maladie universelle de la Colombie est un bon exemple de mécanisme de compensation des risques entre systèmes de mise en commun du risque (Londoño, 2000).

4- Mécanismes de paiement aux fournisseurs :

Que les fournisseurs des soins de santé soient individuels ou institutionnels, la manière avec laquelle ils sont payés peut significativement affecter les coûts et la qualité des soins prodigués, et peut donc contribuer à l'atteinte de l'utilisation optimale des ressources. Il n'est pas possible d'établir catégoriquement quel mécanisme de paiement des fournisseurs de soins de santé est meilleur ou pire que les autres, puisque chacun a ses forces et faiblesses et un impact sur la maîtrise des dépenses et la qualité des soins. (Carrin et Hanvoravongchai, 2003). D'où évidemment la préférence d'un mélange des méthodes de rémunération. Après un résumé des principales forces et faiblesses de ces méthodes, on se propose de discuter les perspectives de la MAS à parvenir à une couverture universelle, ainsi que le système d'AMO tunisien à transiter vers une CMU. La discussion de cette transition de l'AMO en Tunisie vers la couverture universelle va constituer une espèce de «projet» et un objectif pour lequel on va militer toute notre vie, espérant qu'il se réalisera un jour pour le peuple tunisien père de «la révolution pour la liberté». Une telle transition vers la couverture universelle, est aussi une révolution dans les idées existantes sur la liaison automatique entre la qualité d'assuré et l'activité professionnelle.

Tableau 4 : Principales forces et faiblesses des méthodes de paiement des fournisseurs de soins

- Encourager les fournisseurs de soins à offrir des soins de qualité.

Forces Faiblesses

- Encourager d'un autre côté une surproduction de soins de santé (demande induite de l'offreur). (Witter et al, 2000).

- Tendance à réduire le temps passé par activité et/ou à déléguer à des personnes moins qualifiées.

- Coûts administratifs élevés : coûts de facturation, frais de remboursement et de contrôle.

Méthode de
paiement

Rémunération à l'acte (pour chaque acte fourni à un patient)

Rémunération au cas (DRG : Diagnosis Related Group) : l'hôpital est payé une somme uniforme pour les traitements du patient selon le groupe dans lequel il a été diagnostiqué.

Rémunération à la journée (per diem)

- Pour des soins ambulatoires ou d'hospitalisation. Facile à administrer.

- Meilleur contrôle des coûts puisque les fournisseurs ont intérêt à être plus efficaces.

- Pour des soins hospitaliers, elle est simple et peu coûteuse à administrer.

- Existence d'un incitatif à augmenter la durée du séjour des patients et/ou à accroître le nombre d'admissions.

- Possibilité d'effet négatif sur la qualité, car les hôpitaux ont intérêt à réduire leurs facteurs de production pour diminuer les coûts.

- Incitatifs à augmenter les

admissions, et à faire des diagnostics plus graves et donc plus coûteux - et/ou à transférer les cas complexes à d'autres fournisseurs.

Rémunération à la capitation : les fournisseurs reçoivent des
paiements selon la

taille de la
population desservie.

- Administration facile - Les paiements sont ajustés pour

refléter la morbidité espérée de la population.

- Il n'existe pas d'incitatif à fournir excessivement des soins de santé, et donc risque de sous-production de soins de santé.

Budget - Peuvent aider à contrôler les coûts : il

n'y a pas de lien entre la quantité et la composition des soins de santé offerts aux patients et les montants reçus par les fournisseurs.

- En cas où les budgets ne sont pas stricts, pas d'incitatif à minimiser les coûts pour les fournisseurs.

- Possibilité de sous-production et des listes d'attente.

Salaires - Méthode simple administrativement - Ne peut pas couvrir que les coûts de

personnel et pas ceux des médicaments et de l'équipement médical.

- Possibilité de sous-production

- Possibilité de fuite vers le secteur privé.

Source : Carrin et James (OMS, 2004)

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