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Etude des facteurs déterminants l'endémicité du choléra dans la ville de Bukavu en RDC

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par Théophile MITIMA KASHOSI
Institut supérieur des techniques médicales de Bukavu - Licence en santé publique 2010
  

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CHAP. I. INTRODUCTION

1.1. Problématique

Le choléra existe depuis plus de deux millénaires. Les premières traces écrites qui attestent de sa présence sont des textes sanskrits de susruta. Cette maladie était alors confinée dans le delta du Gange et plus précisément à l'actuel Bangladesh débordant épisodiquement sur les territoires limitrophes d'Extrême-Orient. En 1503, un officier de Vasco de Gama décrit une épidémie dévastatrice de diarrhées rapidement mortelles responsable de 20 000 morts à Calicut. En 1563, le caractère épidémique du choléra fut souligné par Garcia Del Herto, physicien portugais à Goa en Inde(1).

Le développement et la systématisation du commerce maritime, les échanges intercontinentaux marquent en 1817 le début de l'ère classique du choléra caractérisée par les 6 premieres pandémies. C'est en 1854, avant l'identification formelle de Vibrio cholerae par Koch en 1883 que J. Snow reconnut le rôle primordiale de l'eau dans la diffusion du choléra (2).

La septième pandémie a débuté en 1961 au niveau de l'archipel des Célèbes, en Indonésie. Elle marque ainsi le passage du choléra dans l'ère moderne de son histoire. Il est dû à un biotype particulier de Vibrio cholerae découvert en 1905 par Gotlilch au Lazaret El Tor dans le Sinaï sur des pèlerins de la Mecque et tenu responsable d'un choléra endémique en 1838 aux îles Célèbes par de Moore. Cette souche, dénommée Vibrio cholerae, sérogroupe O1, biotype El Tor, revêt des caractéristiques toxinogènes et un comportement environnemental particulier.

Elle est restée confinée pendant une trentaine d'année dans l'archipel des Célèbes,
régions d'eaux saumâtres qui lui offre un environnement propice à sa survie.
C'est vers les années 1960 que le choléra se déplace vers l'ouest touchant d'autres pays

d'Asie, puis l'Europe occidentale vers 1970. Au même moment des pèlerins de retour par avion de la Mecque à Conakry (guinée) sont probablement la cause de l'arrivée de la pandémie en Afrique.

Ainsi la maladie prend au niveau continental la forme de flambées épidémiques successives allant d'un pays à l'autre. A dater de cette période, le choléra n'a plus quitté l'Afrique (3).

C'est en Afrique que le choléra persiste le plus violemment, s'installant de façon pérenne dans certaines zones et frappant par flambées épidémiques presque tous les pays (1).

Jusqu'à ce jour le cholera reste un problème de santé publique dans le monde entier.

En 2006 par exemple, le nombre des cas de choléra déclarés à l'OMS a augmenté de manière spectaculaire pour atteindre le niveau de la fin des années 1990. Au total, 236 896 cas ont été notifiés par 52 pays, dont 6 311 mortels (taux de létalité : 2,66%) (4). L'Afrique a signalé 234 349 cas, ce qui représente 99% du total mondial, dont 6 303 mortels (taux de létalité : 2,7%). Si des cas ont été déclarés dans 33 pays, 4 d'entre eux (Angola, Ethiopie, République Démocratique du Congo (RDC) et Soudan) ont notifié au total 186 928 cas, dont 4 988 mortels, ce qui représente 80% des cas et des décès signalés en Afrique (4).

En 2008, 190 130 cas avec 5 143 décès (taux de létalité : 2,7%) ont été notifié par l'OMS, en augmentation par rapport à 2007 (177 963 cas, 4 031 décès, taux de mortalité : 2,3%). L'Afrique a signalé en 2008, 179 323 cas dont 5 074 décès (létalité 2,83%), en particulier en Angola, RDC, Guinée-Bissau, Soudan et Zimbabwe. Des flambées massives de choléra ont été observées au Zimbabwe et en Guinée-Bissau représentant 41,5% de tous les cas signalés en Afrique et 39% du total mondial. L'Asie a déclaré 10 778 cas (en particulier : Afghanistan, Inde, Indonésie). Il y a peu de

données pour l'Amérique centrale et du sud (1 cas eau Mexique). Des cas importés ont été signalés en Amérique du nord (7 cas) et en Europe (22 cas) (5).

La RDC en effet, avait été épargnée par ce fléau pendant les six premières pandémies.

Les premiers cas ont été signalés en 1973 à l'ouest et en 1977 à l'est, dans la ville de Kalemie, sur la rive ouest du lac Tanganyika. Cependant, alors que l'ouest du pays semble s'être débarrassé du choléra (il n'y a plus d'épidémie significative depuis 2001), l'est du pays est de plus en plus lourdement atteint.

De ce fait, la RDC figure maintenant parmi les pays les plus touchés au monde par cette maladie au point que, sur la période 2000-2008, 208 875cas et 7 335 décès (létalité de 3,51%) dus au choléra ont été rapportés à l'OMS ; soit 15 % des cas et 20 % des décès rapportés dans le monde pour la même période. Ces cas concernent particulièrement les provinces de l'est, situées dans la région des grands lacs. Ainsi, la RDC se place actuellement en tête des pays ayant déclaré le plus de cas à l'OMS (6).

Dans les provinces de l'Est, sept zones sanctuaires (essentiellement dans les régions lacustres) ont été identifié dont la ville de Bukavu situé le long du lac Kivu et où le choléra sévit de manière endémo-épidémique(6). Il est possible que les conflits armés aient joué un important rôle dans l'aggravation de cette situation qui, déjà était précaire par la destruction des installations existantes (ex : 18 centres de la REGIDESO sur 94 ont été pillés et totalement détruits lors des conflits armés à l'Est) (7).

Au Sud Kivu, le taux d'incidence du choléra en 2006, était de 187/100.000 habitants (moyenne nationale : 123/ 100.000 habitants). Les principaux foyers du choléra dans la province du Sud Kivu, demeurent Uvira et Bukavu. Ces deux foyers font partie de sept sanctuaires du choléra en RDC (7). L'épidémie de 2006-2007 à Bukavu aurait fait, 175 jours soit 25 semaines épidémiologiques ; une épidémie de type traînante (8). Pour l'année 2009, le district sanitaire de Bukavu a rapporté 1 459 cas parmi 14 décès (9). Ceci nous prouve à suffisance que le choléra est un problème de santé publique réel dans la ville de Bukavu et nécessite un regard particulier des scientifiques, des humanitaires ainsi que celui des autorités tant sanitaires que

politiques. La diffusion de la maladie est assurée par les contacts interhumains et surtout par l'eau. La mortalité reste faible, mais les porteurs asymptomatiques sont nombreux et disséminent la maladie.

Les aires de santé les plus touchées sont des quartiers populaires, entourant la ville de Bukavu : niveau socio-économique bas, accès à l'eau potable difficile, et hygiene précaire (8).

Le réseau de distribution d'eau à Bukavu ne couvre qu'environ 55% de la population, la vétusté de sa tuyauterie serait un facteur favorisant la contamination de l'eau du réseau et la dissémination du choléra.

Mis à part la contamination des sources d'eau ou du réseau de distribution, d'autres facteurs peuvent être évoqués dont la promiscuité et la mobilité des populations (8).

Une étude susceptible d'apporter une lumière sur les sources de contamination des victimes du choléra alors qu'il n'y a pas d'épidémie proprement parlée, serait d'une importance capitale. Elle amènerait à envisager des actions précises et durables pouvant non seulement éviter l'avènement d'une épidémie, mais aussi la persistance des apparitions des cas sporadiques dans la ville de Bukavu.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille