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Participation communautaire et professionnalisation de l'exploitation et de la gestion des ouvrages d'hydraulique rurale en Côte d'Ivoire: expérience du projet kfw8 à  Kaouara et N'Déou (Région des Savanes)

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par Eugène KANGA SOSSONAN
Centre de recherche et d'action pour la paix - Master en éthique et gouvernance 2011
  

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INTRODUCTION GENERALE

L'eau, élément indispensable à la vie de l'homme et facteur de développement, constitue un enjeu vital dans tous les pays du monde et particulièrement dans les zones arides et semi-arides. Indispensable aux hommes, et nécessaire à l'agriculture et à l'industrie entre autres, l'eau ne doit plus être considérée comme une ressource illimitée.

C'est dans ce sens que de nombreuses conférences portant sur l'eau ont été organisées. Depuis la Conférence de Mar del Plata1(*) en 1977 dont les conclusions ont porté sur l'évaluation et l'utilisation de l'eau et consacrées la période de 1980 à 1990 comme étant la Décennie Internationale de l'Eau Potable et de l'Assainissement (DIEPA), les questions liées à la gestion des ressources en eau constituent une des préoccupations constantes de la communauté internationale. Ainsi, la Conférence de Dublin et le Sommet de la Terre de Rio de 1992 ont permis également de considérer l'eau non plus seulement comme un bien économique et social, mais aussi comme un bien naturel, culturel, collectif et patrimonial. La session extraordinaire de l'Assemblée Générale des Nations-Unies, à New-York en juin 1997, a fait de l'eau, un thème majeur pour les cinq années suivantes afin que cette ressource ne devienne pas la source de conflits dans certaines régions particulièrement pauvres en ressources hydriques.

L'accès à l'eau potable doit donc être une priorité et considéré comme un droit inviolable, et non un privilège dans la mesure où l'eau est considérée comme un enjeu mondial (Bellamy, 2009). En effet, sept millions (7.000.000) de personnes, dont au moins deux millions (2.000.000) d'enfants de moins de cinq ans, meurent chaque année de maladies liées à l'eau (UNICEF, 2009). De même, un million quatre cents mille (1.400.000) personnes dans le monde n'ont pas accès à l'eau potable ; de plus, aux quatre coins du monde, des millions de personnes, particulièrement les femmes, parcourent de longues distances à la recherche de ce liquide si précieux selon la même source.

Ayant perçu le rôle indéniable que joue cette ressource en termes de développement des communautés, l'Etat de Côte d'Ivoire, en partenariat avec les Institutions internationales et les autres partenaires au développement (KfW, Banque Mondiale, UNICEF, PNUD, ...), a initié, dès son indépendance, des actions favorisant un large accès des populations au service public d'eau potable. Concrètement, cette volonté s'est traduite par la mise en oeuvre de l'ambitieux Programme National d'Hydraulique Humaine (PNHH) initié à partir de 1973. Cette politique avait pour objectif de doter toutes les Sous-préfectures d'un système d'adduction en eau potable et toutes les localités de plus de cent (100) habitants d'au moins un forage équipé de pompe à motricité humaine (EGEP-CI, 2009). Sur les deux premières décennies (1970-1990), de très bons résultats furent notés. Ainsi, le taux d'équipement en infrastructures d'eau potable était estimé à 80% en milieu urbain et à 60% en milieu rural (EGEP-CI, 2009). Ces acquis furent appuyés par les Bailleurs de fonds par l'entremise de programmes d'amélioration des performances du secteur de l'hydraulique humaine. Dans le même temps, en 1989, la gestion des ouvrages en milieu rural a été cédée aux communautés rurales elles-mêmes. Ainsi, un comité de gestion, par village, était mis sur pied pour une gestion tant financière que technique soutenu par un réseau d'artisans réparateurs et de revendeurs de pièces détachées. Des résultats probants furent observés dans les premières années (1989-2001).

Aujourd'hui, ces avancées que connaissait la Côte d'Ivoire en matière d'accès à l'eau potable ont cédé la place à une crise d'approvisionnement à l'échelle nationale. Ainsi, 61% de la population nationale ont accès à l`eau potable (77% en zone urbaine et 50% en milieu rural). Abidjan, qui représente 70% de la consommation nationale d'eau potable en milieu urbain, enregistre un déficit journalier d'approvisionnement de 150.000 m3 (Rapport d'activités SODECI, 2009). Face à ce constat alarmant, il ressort que les difficultés d`accès à l`eau potable sont énormes en milieu urbain. Quant au milieu rural, les mêmes difficultés se posent avec acuité. En effet, selon ces mêmes chiffres, le taux de pénétration2(*) de l`eau potable, évalué à 50% en moyenne en milieu rural, est constitué à 76% par les pompes à motricité humaine (PMH) et à 13% par les systèmes d`Hydraulique Villageoise Améliorée (HVA). Nonobstant les acquis, de nombreuses difficultés engendrent des déficits importants d`approvisionnement en eau potable causant des désagréments aux populations. Parmi ces difficultés, on note les défaillances dans la gestion et le suivi de l`exploitation des ouvrages par les communautés rurales, l'insuffisance de maintenance des ouvrages d'hydraulique villageoise, la vétusté, la dégradation et l'abandon d'environ 5560 pompes (PMH) sur un total de 20882 en juin 2009. De même, le taux de panne estimé à 15% en 1989 est passé à 33% en 2009 pour le sous-secteur Hydraulique Villageoise (HV) ; il en est de même pour le sous-secteur Hydraulique Villageoise Améliorée (HVA) avec un taux de panne estimé à 25% en 2009 (Rapport d'activités Service Hydraulique Villageoise ONEP, 2009).

Pour remédier à ces défaillances, et face au désintéressement de plus en plus croissant des villages dans la gestion de ce patrimoine, il est apparu nécessaire de procéder à une nouvelle orientation de la politique d'exploitation et de gestion de ces ouvrages. Cette orientation est intervenue suite au constat de la recrudescence des maladies hydriques dans certaines localités du pays (choléra, ulcère de buruli, vers de guinée, etc.), ainsi qu'avec l'avènement des Collectivités Territoriales (Conseil Général et District), qui auront en charge sur leurs zones territoriales respectives les problèmes liés à l'hydraulique humaine. Ainsi, après plusieurs concertations entre toutes les parties prenantes en charge de l'Hydraulique Rurale (Autorités administratives, Direction de l'Hydraulique Humaine, actuelle Direction Générale de l'Approvisionnement en Eau, Conseils Généraux, District), et les différents partenaires (Agences de développement, ONG intervenant dans le milieu rural, entreprises, villages), il a été décidé de passer à une professionnalisation de l'exploitation et de la gestion des ouvrages d'hydraulique rurale.

La gestion communautaire initiée depuis 1989 a été donc abandonnée au profit d'une gestion professionnelle. Cette nouvelle politique est mise en oeuvre dans plusieurs projets notamment le projet KfW8 qui a pour objectif principal « l'approvisionnement en eau potable, de manière continue et durable des populations cibles par la réalisation de 98 systèmes d'Hydraulique Villageoise Améliorée dans des localités sur l'étendue du territoire ivoirien ». A ce niveau également, force est de constater que cette nouvelle politique d'exploitation et de gestion des ouvrages d'hydraulique rurale est confrontée à de nombreuses difficultés liées à la participation des communautés. En effet, bien que reposant sur une participation effective de toutes les couches sociales, seul gage de l'appropriation et de la pérennisation des ouvrages, cette nouvelle approche requiert une implication accrue des communautés à travers le paiement d'une quote-part et une participation effective des genres. Mais, comme l'attestent les constats ci-après établis, cette réappropriation de l'ouvrage par les populations ne semble pas effective.

Aussi, dans ce mémoire, nous envisagerons de comprendre les contraintes susceptibles de mettre à mal la participation des communautés. Pour atteindre cet objectif, nous aborderons de prime abord les considérations théorique et méthodologique de l'étude (Chapitre I). Ensuite, présenterons-nous l'accès à l'eau et la démarche de professionnalisation en Côte d'Ivoire (Chapitre II). Enfin, procéderons-nous à la présentation des résultats des enquêtes et leur discussion (Chapitre III).

* 1 Ville de la province de Buenos Aires, Argentine

* 2 Le taux de pénétration est le taux de couverture physique entre les besoins satisfaits sur l'ensemble des besoins à satisfaire dans le sous secteur considéré (Hydraulique Villageoise ou Hydraulique Villageoise Améliorée).

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus