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Gouvernance et pérennisation des actions de développement villageois au Bénin: cas de la commune d'Adjarra

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par Coffi Fiacre F. NOUWADJRO
Université d'Abomey-Calavi - Maà®trise en développement communautaire 2008
  

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CHAPITRE III :

PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS

Chapitre 3 : Présentation et analyse des résultats

3.1. Présentation et analyse des résultats

Cette enquête a été un exercice participatif où les acteurs locaux membres des ADV rencontrés ont eux-mêmes mis en exergue de façon consensuelle les difficultés qu'ils rencontrent dans la gouvernance des actions de développement villageois. Cette participation caractérisée par un empressement à nous répondre dénote de la volonté des communautés villageoises à lever les goulots d'étranglement liés au développement de leur terroir.

De façon générale, la dynamique en matière de développement villageois observée dans les terroirs sillonnés est le reflet d'une volonté de se prendre en charge à travers l'adoption de la démarche DCC développée par le PNDCC.

Les résultats obtenus permettent d'apprécier les difficultés que rencontrent les ADV dans la mise en oeuvre de l'approche DCC. Aussi mettent - ils en évidence, les forces et faiblesses ainsi que les atouts et opportunités qui s'offrent aux communautés dans la mise en oeuvre de cette approche dans le cadre de la gouvernance et de la pérennisation des actions de développement villageois.

Ces résultats sont présentés et analysés en deux parties. La première concerne l'appréciation de la gouvernance par les acteurs endogènes et la seconde porte sur le regard jeté par les acteurs exogènes sur le développement villageois.

3.1.1. Les acteurs endogènes face au développement

3.1.1.1. Résultats relatifs aux facteurs ou axes de développement

· Domaine de la participation

La mise en oeuvre de l'approche participative dans les actions de développement par les communautés villageoises ciblées par notre étude s'avère satisfaisante. La moyenne obtenue est de 2,57 ; le score 3 étant celui affecté au niveau le plus élevé (tableau 8).

La meilleure performance dans ce domaine est réalisée par le village de Bocovi - Tchaka. Quant au village d'Aglogbè, il présente des insuffisances en matière de responsabilisation des villageois.

Tableau 8 - Niveau de participation par village

Domaine : Participation villageoise

Aglogbè

Hahamè

Do - Hongla

Bocovi - Tchaka

2,16

2,66

2,66

2,83

Moyenne : 2,57

Figure 4 - Niveau de participation par village

De façon générale, les ADV objets de notre étude dans la commune d'Adjarra font l'effort de mettre en pratique les principes de l'approche participative pour offrir des prestations de qualités aux communautés. La moyenne est élevée et tous les villages présentent de bonnes performances (tableau 8). Certes, la participation ne s'exprime pas de la même façon dans les villages ; elle varie surtout selon les capacités des membres du bureau de l'ADV à en appliquer les principes. Le manque de responsabilisation des villageois fragilise les ADV dans leur bon fonctionnement et notamment dans les difficultés qui surviennent.

Cette étude a révélée que la responsabilisation des villageois reste faible dans les villages (tableau 9) du fait du manque de l'appropriation du processus de développement en cours et du non engagement de ces communautés à prendre en charge l'organisation de l'action de développement.

Les ADV devront renforcer leurs capacités notamment en matière d'application des principes de l'approche participative afin de faire efficacement face aux nouvelles tâches de développement villageois selon l'approche DCC (la planification et la mise en oeuvre des actions de développement villageois, la maîtrise d'ouvrage déléguée dans différents domaines, l'élaboration des outils d'aide à la décision des membres des ADV, etc).

Tableau 9 - Score obtenu par facteur de participation dans chaque village

Domaine de la participation villageoise

Villages

Axe 1

Axe 2

Axe 3

Axe 4

Axe 5

Axe 6

Responsabilisation des villageois

Respect de la diversité du village

Encourage-ment de la participation de tous

Conciliation des divers intérêts

Ecoute des villageois

Démarche centrée sur les besoins humains

Aglogbè

1

2

2

3

2

3

Hahamè

2

3

3

3

3

3

Do - Hongla

3

2

3

3

3

3

Bocovi - Tchaka

2

3

3

2

3

3

Moyenne

2

2,5

2,75

2,75

2,75

3

· Domaine du développement durable au niveau village

Le domaine du développement durable a enregistré la plus faible moyenne de cette étude (2,34 sur un total de 3). Les insuffisances se relèvent notamment dans trois villages (Aglogbè, Bocovi-Tchaka et Do-Hongla) contre celui de Hahamè qui a obtenu un score égal à 3 (tableau 11). Le village de Hahamè se distingue par la réussite de l'axe : processus dirigé par les villageois où ces derniers à travers l'ADV ont conduit directement le processus de construction d'un module de trois classes ; ce en mobilisant les ressources et compétences internes et en gérant directement les fonds mis à leur disposition par le PNDCC. A cela s'ajoute l'attachement au processus de suivi-évalation (élément primordial dans la réussite d'une action de développement) et d'une ambition à long terme largement partagée.

Outre le piétinement de la volonté de construire sur l'existant, les autres facteurs du développement durable sont satisfaisants. Il s'agit entre autres du processus dirigé par les villageois, l'ambition à long terme largement partagée et le suivi-évaluation.

Globalement, l'étude a révélé que les villages objets de notre étude peinent encore à s'inscrire dans un processus de développement durable et à en appliquer les principes.

Tableau 10 - Perception du développement durable par village

Domaine du développement durable

Aglogbè

Bocovi-Tchaka

Do-Hongla

Hahamè

2

2,15

2,75

3

Moyenne du domaine : 2,34

Figure 5 - Niveau de perception du développement durable

Sur l'ensemble des villages évalués, c'est au niveau des axes : processus dirigé par les villageois et volonté de construire sur l'existant que les performances faibles ont été enregistrées. Les moyennes de ces axes sont respectivement 2,25 et 2 (tableau 11). En effet, la volonté des villageois de construire sur l'existant doit partir d'une prise en, main du processus de développement villageois. De plus, l'engagement à un processus de développement dirigé par les communautés elles-mêmes est tributaire d'une ambition à long terme et largement partagée.

Tableau 11 - Score obtenu par facteur de développement durable

Domaine du développement durable

Villages

Axe 1

Axe 2

Axe 3

Axe 4

Ambition à long terme et largement partagée

Suivi - Evaluation

Processus dirigé par les villageois

Volonté de construire sur l'existant

Agloggè

3

3

1

1

Bocovi - Tchaka

1

3

2

1

Hahamè

3

3

3

3

Do - Hongla

3

2

3

3

Moyenne

2,5

2,75

2,25

2

· Domaine de la gouvernance villageoise

La gouvernance villageoise est le fondement de cette étude. Globalement pour ce domaine, les plus fortes performances sont enregistrées dans l'équité dont le score est 3 et de 2,75 en matière d'efficacité et de traitement de l'information et l'obligation reditionnelle. (Tableau 13 et figure 6).

Cependant, ce domaine reste fragile en matière de développement villageois car la participation d'individus organisés ou non aux actions de développement villageois est très faible. La transparence ou le partage de l'information reste par endroit un goulot d'étranglement notamment à Aglogbè et à Hahamè. L'équité est un acquis pour l'ensemble des ADV qui sont constituées d'au moins 50% de femmes ; c'est d'ailleurs la condition sine qua non pour être appuyé par le PNDCC. D'ailleurs à l'unanimité, les hommes de ces ADV reconnaissent que les femmes s'adonnent plus aux activités, surtout lorsqu'elles en comprennent le sens et l'importance. Il faut tout de même souligner que le partage de l'information, lorsqu'il est efficace met en confiance les membres des ADV et la communauté ; ou il discrédite carrément ces derniers lorsqu'il est inefficace et que des difficultés surviennent dans la réalisation des actions de développement communautaire. C'est le cas du village d'Aglogbè qui fait le score 1 dans ce domaine. La transparence dans l'information affecte également les groupes d'individus qu'ils  soient organisés ou non ; lesquels groupes devraient être des relais pour les ADV dans la réalisation de leur mission. Les ADV devraient renforcer les stratégies utilisées et en développer de nouvelles pour informer les populations (plan de communication, tableaux d'affichages des prestations et leurs coûts, utilisation des canaux des leaders et des chefs religieux, etc).

En général, il y a une faible implication des communautés dans la gestion des actions de développement villageois. La moyenne est de 2,4 sur 3 (tableau 13).

Tableau 12 - Etat de la gouvernance villageoise par village

Domaine de la gouvernance villageoise

Aglogbè

Bocovi - Tchaka

Hahamè

Do - Hongla

2

2,6

2,8

2,2

Moyenne : 2,4

Figure 6 - Etat de la gouvernance par village

Les membres des ADV sont conscients que l'approche participative et la mobilisation sociale sont indispensables pour la réussite des actions de développement à la base. Par conséquent, ils décentralisent certaines de leurs responsabilités à des personnes chargées de les aider dans la communauté. C'est le cas du village de Bocovi - Tchaka où est initiée une commission pour la collecte de fonds (dans le cadre de la réalisation d'une action communautaire). Les membres de cette commission, au nombre de cinq, sont issus de chaque hameau du village ; ce qui augure de la participation de ces hameaux aux actions de développement, la transparence dans la gestion des fonds entraînant du coup la crédibilité et l'efficacité du gouvernement villageois. Outre cette particularité à encourager, le partage de l'information se fait en audience publique où les membres des ADV rendent compte d'une activité.

Les bureaux des ADV devront donc promouvoir d'autres cadres de communication avec la communauté (organe de concertation, d'arbitrage et d'information sur l'état de mise en oeuvre des actions de développement) où toutes les couches socioprofessionnelles mettront en commun leurs idées et leurs forces au profit du développement villageois. Les agents communautaires de communication et d'animation (ACCA) devront voir leurs capacités d'intervention sociale renforcées.

Tableau 13 - Score obtenu par facteur de gouvernance villageoise

Domaine de la gouvernance villageoise

Villages

Axe 1

Axe 2

Axe 3

Axe 4

Axe 5

Participation d'individus organisés ou non

Transparence ou partage de l'information

Efficacité du gouvernement villageois

Equité

Obligation reditionnelle

Aglogbè

0

1

3

3

3

Bocovi- Tchaka

2

3

2

3

3

Hahamè

2

3

3

3

3

Do- Hongla

1

2

3

3

2

Moyenne

1,25

2,25

2,75

3

2,75

3.1.1.2. Résultats relatifs aux difficultés

Les difficultés rencontrées par les communautés villageoises dans la gouvernance des actions de développement communautaire sont diverses et s'observent sur divers plans. Aussi bien les communautés que les structures d'appui au développement villageois se rejoignent sur ces contraintes :

3.1.1.2.1. Le bénévolat

Les membres des bureaux des ADV travaillent sans rémunération ; leurs fonctions étant déclarées gratuites par le PNDCC. Ils n'ont pas de salaires et n'éprouvent aucune gêne à en exprimer le besoin. Ils doivent souvent abandonner leurs activités génératrices de revenus pour se consacrer aux actions de développement liées à leurs responsabilités dans l'ADV. Ceci est préjudiciable pour la bonne marche des activités car un manque de motivation s'installe, entraînant du coup un désintéressement aux actions de développement dont les conséquences sont fâcheuses tant pour la cohésion du groupe que pour la dynamique du développement villageois.

3.1.1.2.2. Mobilisation de la contrepartie financière

Les communautés villageoises doivent apporter une contribution financière sous forme de contrepartie (en complément au financement du PNDCC) dans la réalisation des sous -projets communautaires. C'est l'une des grandes difficultés auxquelles les communautés notamment les ADV sont confrontées. Le manque de volonté des communautés couplé au faible pouvoir d'achat et l'insuffisance de sources de revenus en sont les causes principales. Les communautés n'étant pas toujours disposées à apporter une contribution sous forme financière, elles sont cependant disposées à apporter une contribution en force de travail ou en matérielle (ce qui ne cadre pas avec la logique du PNDCC où la réalisation des actions de développement est confiée à des entreprises. Cette situation oblige les membres des bureaux des ADV a s'investir personnellement dans le but d'atteindre les objectifs à eux assignés par la communauté.

3.1.1.2.3. Conflits d'attribution avec les chefs villages

Le bureau de l'ADV est constitué d'hommes et de femmes choisis parmi les membres de la communauté à l'issue d'une Assemblée Générale Villageoise. Ces bureaux qui agissent pour le compte de l'ADV, donc exercent la démocratie au niveau village dans la mise en oeuvre du plan de développement villageois, sont souvent confrontés à des ''querelles'' avec les chefs de villages. Ces derniers jouissant d'une reconnaissance institutionnelle surtout dans le contexte actuel de décentralisation, il urge de définir clairement et de sensibiliser les acteurs sur leurs rôles afin d'éviter des situations qui n'assurent pas l'harmonie du terroir.

3.1.1.2.4. Non maîtrise des modules de formation

Les formations données aux bureaux des ADV sont reçues à l'extérieur du village par certains membres du bureau qui ont pour responsabilité d'en revenir faire la restitution à l'ADV. La formation généralement dispensée en français est reçue par des personnes pour la plupart analphabètes (pour qui la prise de note est quasi difficile), il s'en suit automatiquement une perte de charge entre l'idée de la formation et l'information transmise aux communautés. C'est à juste titre que les membres des ADV évoquent une non maîtrise des modules de formations reçues et sollicitent d'ailleurs des recyclages.

3.1.1.3. Résultats relatifs à la capacité d'auto prise en charge

Tableau 14 - Capacité villageoise d'auto prise en charge

Villages

Capable de se prendre en charge sans l'aide préalable d'un animateur

 

OUI

NON

Aglogbè

 

X

Bocovi - Tchaka

 

X

Hahamè

 

X

Do - Hongla

 

X

Total

0

4

Ce tableau illustré par la figure 7 ci-dessous montre clairement que sur l'ensemble des quatre villages étudiés, tous ont estimé ne pas être en mesure de se prendre en charge au préalable pour faire face aux questions de développement s'ils n'avaient pas reçu l'aide d'un animateur du PNDCC.

Figure 7 - Capacité d'auto prise en charge des villages

Ces résultats traduisent ainsi l'attentisme dans laquelle se placent ces populations vis-à-vis de leur situation de développement. La participation de l'animateur de développement communautaire ayant été comme un tire-bouchon dans la réalisation d'une vision de développement.

3.1.1.4. Résultats relatifs au domaine de renforcement de capacités

Tableau15 - Domaine de renforcement de capacité

Villages

Domaine de formation souhaitée

Planification

Financement

Management

Aglogbè

 
 

X

Bocovi - tchaka

 
 

X

Hahamè

 

X

 

Do - hongla

 
 

X

Total

0

1

3

Ce tableau montre que trois villages sur quatre souhaitent un renforcement de capacités en management. Cela suppose que beaucoup reste à faire sur le plan de la définition des responsabilités, du partage des tâches, de l'organisation de la concertation, etc, pour parvenir à un management efficace des actions de développement villageois. C'est un préalable à l'aboutissement d'un développement villageois harmonieux et durable.

Figure 8 - Domaine de renforcement de capacités des acteurs villageois

Sur l'ensemble des villages, on remarque une dominance à se faire former dans le domaine du management. Trois villages sur quatre ont exprimé le besoin de voir leurs capacités renforcées dans ce domaine ; il s'agit de Aglogbè, Bocovi- Tchaka et Do-Hongla. Par contre, la recherche de financement est le centre d'intérêt de la communauté de Hahamè. Le besoin de recyclage en planification est resté le parent pauvre aux côtés des deux autres domaines. Or il devrait être tout aussi préoccupant, sinon le premier centre d'intérêt. Mais ce choix des communautés est compréhensible parce que les ADV n'ont pas fini de régler des questions d'organisation collective.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry