CHAPITRE 1 : CADRE DE L'ÉTUDE
1.1 Présentation générale de la
République de Guinée
La République de Guinée est un pays côtier
situé en Afrique de l'Ouest (7030 de latitude Nord et
150 de longitude Ouest). Couvrant une superficie de 245.857
km2. Elle est limitée à l'Ouest par l'Océan
Atlantique, au Nord-Ouest par la République de Guinée Bissau, au
Nord par le Sénégal et la République du Mali, au Nord-Est
par le Mali, à l'Est par la Côte d'Ivoire et au Sud par le
Libéria et la Sierra Léone.
Carte : Carte administrative de la
République de Guinée

Sur le plan administratif, la Guinée compte sept
régions administratives : Boké, Faranah, Kankan, Kindia,
Labé, Mamou, N'Zérékoré. Les régions sont
subdivisées en préfectures (33 au total). Ces préfectures
sont subdivisées en 303 sous-préfectures dont le découpage
correspond à celui des 304 communes rurales (CR) et des 38 communes
urbaines (CU). En milieu rural, les CR sont des regroupements de districts
comportant des villages alors que, en milieu urbain, les CU sont des
regroupements de quartiers comportant des secteurs.
La ville de Conakry, la Capitale, jouit d'un statut
particulier. Elle est divisée en 5 communes (Dixinn, Kaloum, Matam,
Matoto et Ratoma).
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Du point de vue géo-écologique, la Guinée
est divisée en quatre régions naturelles: la Basse Guinée
qui correspond à la zone côtière du pays, la Moyenne
Guinée qui est une zone montagneuse comprenant le massif du Fouta
Djalon, la Haute Guinée qui est une zone de savanes au nord du pays et
la Guinée Forestière qui est une zone de forêt au sud-est
du pays. De nombreux fleuves, tels que le Niger, le Sénégal, la
Gambie ainsi que leurs principaux affluents trouvent leur source en
Guinée. Le massif du Fouta Djalon offre un potentiel de production
électrique important. En plus de son potentiel hydrographique, la
Guinée renferme d'importantes richesses minières telles que la
bauxite (il en est le deuxième pays producteur), le fer, l'or, le
diamant, le cobalt et l'uranium.
Le climat du pays est globalement de type tropical à
deux saisons : la saison des pluies et la saison sèche. La durée
de ces deux saisons varie en fonction des régions climatiques : il
existe quatre régions climatiques distinctes en Guinée. L'Ouest,
au bord de l'Atlantique, est très humide. Le climat est plus
tempéré au Centre (deux saisons égales, pluies de mai
à novembre). Au Nord-Est, le climat est tropical sec avec des pluies
plus faibles, des températures élevées sauf de
décembre à février lorsque le vent souffle (20 °C
contre 40 °C). Le Sud-Est de la Guinée est de subéquatorial
avec une longue saison des pluies (8 à 10 mois) et des
températures moyennes de 24 °C à 28 °C.
L'environnement en Guinée semble être
préservé grâce à la faible densité de
population et l'industrialisation limitée. Les principales menaces sont
la déforestation, la pollution issue de l'exploitation minière,
l'absence de traitement des eaux usées, auxquelles on peut ajouter le
braconnage de la faune sauvage.
Selon les données du deuxième Recensement
Général de la Population et de l'Habitat
(RGPH), la Guinée avait une population résidente
de 7.156.406 habitants en 1996 dont
51,1 % de femme et 48,9 % d'hommes. Elle est estimée en
2007 à 9,68 millions (ELEP 2007) dont 51,9 % de femmes et 48,1 %
d'hommes avec un rapport de masculinité de 92,5 soit moins de 93 hommes
pour 100 femmes. La densité est estimée à 39 habitants au
kilomètre carré. Une personne sur deux a moins de 15 ans et 4,5 %
seulement des individus sont âgés de 65 ans ou plus. La population
guinéenne est caractérisée par une extrême jeunesse.
Le taux brut de natalité (TBN) est de 38,4 pour 1000 et l'indice
synthétique de fécondité (ISF) de 5,7 enfants par femme.
Le taux brut de mortalité (TBM) est estimé à 14,2 pour
1000.
L'espérance de vie à la naissance est de 54 ans.
L'âge médian à la première union est de 16 ans pour
les femmes et de 26 ans pour les hommes. La population croît à un
rythme rapide de
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3,1 % par an. La majeure partie de la population vit en milieu
rural (69,3 %) et la capitale Conakry abrite près de 58 % de la
population urbaine et près de 18 % de la population totale.
En ce qui concerne les mouvements migratoires (internes et
internationaux), très peu d'informations sont disponibles en dehors des
résultats de l'enquête sur la migration et l'urbanisation en
Guinée réalisée en 1993. Cependant, le pays a connu
d'intenses mouvements de population ces dernières années. Sur le
plan intérieur, l'exode en direction des zones minières et des
centres urbains, particulièrement Conakry, s'est intensifié. Il
faut également noter que les attaques rebelles de septembre 2000 le long
des frontières avec le Libéria et la Sierra Léone ont
occasionné des déplacements importants de population vers
l'intérieur du pays. Quant à la migration internationale, elle
s'est aussi accrue. Ce qui retient l'attention à ce niveau, c'est
surtout l'afflux de milliers de réfugiés Sierra-Léonais,
Libériens et Ivoiriens d'une part et d'autre part le retour massif de
Guinéens qui résidaient dans les pays voisins où des
conflits armés ont éclaté.
En matière de scolarisation, des progrès ont
été accomplis, le taux brut de scolarisation se situe à
78,3 % en 2010 et celui des filles à 70,1 %. Le taux
d'alphabétisation est de 34,5 % (ELEP 2007).
L'état sanitaire se caractérise, entre autres,
par un quotient de mortalité infanto juvénile
de 163 %o (EDS 2005), un taux de mortalité infantile de
91 %o, un taux de mortalité maternelle de 980 décès pour
100.000 naissances vivantes et des taux de malnutrition des enfants de moins de
5 ans assez importants. Selon les données de l'enquête
nutritionnelle (SMART 2012), plus du tiers (34,5 %) des enfants de moins de 5
ans souffrent de retard de croissance, 5 % d'émaciation et 12 %
d'insuffisance pondérale.
L'agriculture reste la principale activité de la
population. Elle se pratique de manière traditionnelle : pluviale,
itinérante et sur brûlis. Les cultures principales étant le
riz, le manioc, la banane plantain, la patate douce, le fonio, le maïs,
l'ananas et la mangue. Il n'en demeure pas moins, par exemple, que la grande
partie du riz consommé est importée (faible
compétitivité de la production locale).
L'activité économique est largement dominée
en guinée par le secteur primaire qui emploie environ 69 % des actifs
occupés et qui procurent de faibles revenus. La population active,
c'est-à-dire celle en âge de travailler (individus dont
l'âge varie entre 15-64 ans), elle représente 50,5 % de la
population. Les résultats de l'ELEP montrent également que 77,5
%
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sont occupées. Selon l'ELEP 2007, le taux de
chômage entre 2002 et 2007 est passé de 10,2% à 15%
à Conakry et de 6,7% à 3,2% dans les autres villes. Globalement,
le sous-emploi concerne 9,1 % de la population active en 2007 contre 11,8% en
2002. Les femmes sont beaucoup plus touchées par le
phénomène de sousemploi que les hommes, avec 7,5 % pour les
hommes et 10,5 % pour les femmes correspondant à un rapport de
féminité de 1,4 en 2007.
Malgré ses importantes potentialités agricoles
et minières, la Guinée demeure un pays pauvre confronté
à une situation économique difficile et
régulièrement secoué par des tensions sociopolitiques. Sur
le plan économique, depuis 1984, la Guinée s'est engagée
dans un processus de transition d'une économie planifiée vers une
économie de marché. Son économie est dominée par le
secteur rural et le secteur minier qui contribuent respectivement pour 18 % et
19 % au PIB. Le secteur rural assure l'emploi et les moyens de subsistance
à la majorité de la population.
En 2010, tous les indicateurs macroéconomiques
indiquent que le pays est dans une situation difficile. Le taux de croissance
de l'économie est calculé à 1,9 % insuffisant pour faire
reculer la ligne de pauvreté. Le taux d'inflation de 20,8 % prévu
pour 2010 est élevé et, de toute évidence, il contribue
à éroder sérieusement le pouvoir d'achat des populations.
Selon les résultats de l'Enquête Légère pour
l'Évaluation de la Pauvreté (ELEP-2007), l'incidence de la
pauvreté qui était de 49,2 %, en 2002 a atteint 53 % en 2007 et
serait de 58 % en 2010.
En outre, le poids de la dette continue de peser sur les
maigres ressources publiques. En effet, le stock de la dette extérieure
de la Guinée s'élève à fin 2010 à 3
milliards de dollars pour un service moyen d'environ 175 millions dollars.
Cette situation est aujourd'hui très préoccupante, car elle
empêche le financement des secteurs essentiels à la
réduction de la pauvreté. La dette représente 67 % du PIB
pour un ratio du service de la dette sur les recettes fiscales 2010 de 31,95 %.
Il apparaît donc très clairement que la dette rend très
difficile l'intervention de l'État dans le financement budgétaire
de ses programmes de lutte contre la pauvreté.
L'impact de la crise financière et économique
mondiale est perceptible sur les recettes budgétaires. En effet, au
cours des huit premiers mois de 2009, les recettes budgétaires provenant
du secteur minier ont baissé fortement au rythme de 3 % en moyenne par
mois contre une hausse d'environ 16 % par mois au cours de la même
période en 2008. À ce
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rythme, l'atteinte du point d'achèvement de
l'Initiative Pays Pauvre Très Endettés (IPPTE) sera une
tâche difficile pour le pays si la tendance n'est pas rapidement
inversée.
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