1.2 Revue de la littérature
1.2.1 Les approches conceptuelles de la pauvreté
Il existe trois principales écoles de pensée sur
la mesure de la pauvreté : l'école welfariste, l'école des
besoins de base et l'école des capacités. Ces trois écoles
semblent être d'accord sur le point suivant (Asselin et Dauphin, 2000) :
est considéré comme pauvre toute personne qui n'atteint pas un
minimum de satisfaction raisonnable d'une « chose ». Ce qui les
distingue, c'est la nature et le niveau de ce minimum.
1.2.1.1 L'école welfariste
L'approche utilitariste d'inspiration néo-classique est
basée sur le concept de bien-être économique. Il se base
sur le principe selon lequel chaque individu satisfait son bien-être
selon ses préférences. Ces derniers varient selon les
caractéristiques individuelles, les besoins, les capacités et le
temps.
Selon cette approche, un individu est considéré
comme pauvre s'il ne parvient pas à atteindre un niveau de
bien-être économique considéré comme un minimum
raisonnable selon les standards de la société où il
vit.
En effet, l'évaluation du bien-être individuel se
base sur l'ordre des préférences révélées
par ses choix libres. Par exemple, une personne a pu être
considérée comme pauvre en se basant sur la consommation totale,
alors qu'il pourrait être en mesure à des non pauvres vu sa
capacité de travail. Ceci est expliqué par le choix de cet
individu qui choisit de travailler et dépenser peu pour, par exemple, le
bénéfice de plus de loisirs.
La liberté de choix engendre une
hétérogénéité des préférences,
qui ne sont pas directement observables, ce qui limite leur utilisation
pratique pour mesurer la pauvreté. En effet, l'utilisation du
bien-être économique se heurte à deux problèmes
majeurs.
Le premier est lié à l'observation des
préférences révélées. En fait, la
catégorisation des individus en pauvres et riches n'est pas liée,
seulement, à ses caractéristiques sociodémographiques et
ses conditions de vie. Mais, il faut se référer au niveau
d'utilité
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procurée par un individu, s'il est inférieur ou
non à un certain niveau d'utilité critique selon sa perception.
Pour cela, il faut disposer de toutes les informations sur les
préférences de chaque individu, mais leur collecte est difficile
à réaliser. Ce qui rend l'approche utilitariste peu pratique.
Le deuxième problème porte sur la mesurer de
« bonheur physique » ou le plaisir provenant du choix de
consommateur. En fait, la comparaison d'utilité entre les individus
devient difficile vu que les préférences sont
hétérogènes et que les caractéristiques
personnelles, les besoins et les capacités sont divers. De même,
les ménages se diffèrent selon la taille et la composition et les
prix varient dans le temps et l'espace. Pour cela, la comparaison du
bien-être n'a pas de sens.
Entre autres, cette approche considère comme pauvre une
personne qu'on n'a pas satisfait ses besoins, même s'il est
matériellement aisé, comme il peut considérer une personne
comme non pauvre, car il est content et satisfait de son niveau
économique, même s'il est privé de certains attributs.
Dans la pratique, vu que l'utilité est un état
procuré par une personne suite à la consommation de biens ou de
services, les économistes utilitaristes prennent comme mesure de
bien-être le revenu ou les dépenses des ménages. En fait,
un ménage qui n'atteint pas un niveau de revenu acceptable selon les
standards de sa société, est considéré comme
pauvre. Donc, la faiblesse du revenu est un critère d'identification de
la pauvreté.
Néanmoins, il est à rappeler que la
pauvreté en se basant sur la consommation ou le revenu ne prend pas en
compte le bien-être procuré des biens publics et des biens non
marchands, tels que la sécurité, la liberté, la paix et la
santé. Ces derniers sont difficiles à préciser en
pratique. Selon cette approche, les politiques de réduction de la
pauvreté sont axées sur l'augmentation du revenu. Par
conséquent, les forces du marché sont supposées amener aux
pauvres les fruits de la croissance économique, alors que la taxation,
les services sociaux et les autres interventions de l'État ne sont
favorables qu'à la répartition des fruits de la croissance
économique.
À côté de l'approche utilitariste, il
existe l'école non utilitariste qui définit le bien-être
selon une autre logique.
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