1.2.1.2 L'école non welfariste
Selon l'approche non utilitariste, le niveau de bien-être
se présente selon les normes et les valeurs de chaque
société, indépendamment des perceptions de chaque
individu. Contrairement à l'approche utilitariste qui utilise un
indicateur agrégé (le revenu ou l'utilité) pour analyser
les niveaux de vie, l'approche non utilitariste utilise les multiples
dimensions du bien-être.
On distingue deux principaux types d'approches non
utilitaristes : l'approche basée sur les capacités et l'approche
basée sur les besoins essentiels.
1.2.1.2.1 L'École des capacités de Amartya
Sen
Les capacités représentent les
différentes combinaisons de « fonctionnements » qu'un individu
ou un ménage peut réaliser. Ces capacités sont
définies comme étant une combinaison fonctionnelle du
savoir-être et du savoir-faire que chaque personne doit l'atteindre et
qui lui permet d'avoir un type de vie bien déterminé. À
cet effet, l'individu doit être adéquatement nourri, avoir une
éducation, être en bonne santé, être
adéquatement logé, prendre part à la vie communautaire,
apparaitre en public sans avoir honte, etc.
Cette condition est suffisante pour ne pas considérer
une personne comme pauvre. En effet, la « chose » manquante n'est ni
l'utilité ni la satisfaction des besoins de base, mais des
habilités ou capacités humaines.
L'école des capacités considère ainsi,
comme pauvre, une personne qui n'a pas les capacités d'atteindre un
certain sous-ensemble de fonctionnements. Selon cette approche, la
réalisation des résultats n'est pas importante. En effet, on ne
considère pas comme pauvre une personne qui ne choisit pas d'atteindre
certains fonctionnements tant qu'il peut les atteindre s'il veut.
Cette distinction entre les résultats et la
capacité de les atteindre montre bien la diversité des
préférences dans la détermination des choix de
fonctionnements.
Il s'avère alors qu'en se basant sur cette approche,
les stratégies de réduction de la pauvreté cherchent
à favoriser le renforcement des capacités des pauvres.
1.2.1.2.2 L'École des besoins de base
Cette approche de Sen (1985) met l'accent sur la
nécessité de pouvoir satisfaire certains besoins fondamentaux qui
sont nécessaires à l'atteinte d'une certaine qualité de
vie. Les
Mémoire de fin d'études
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principaux besoins de base pris en compte sont :
éducation, santé, hygiène, assainissement, eau potable,
habitat, accès aux infrastructures de base, etc.
La mesure de bien-être, dans ce cas, consiste en une
agrégation des fonctionnements de base multidimensionnelle.
La détermination des besoins de base, jugés
essentiels pour mener une vie décente, dépend des
caractéristiques des individus et des sociétés dans
lesquelles ils vivent. Elles sont généralement définies en
termes de moyens plutôt que des résultats. Ainsi, la satisfaction
des besoins de base est un élément important pour juger qu'une
personne a obtenu des fonctionnements.
Selon P.Streeten (1981), les besoins de base sont
nécessaires pour prévenir la mauvaise santé, la
sous-alimentation et l'insécurité sociale. Par exemple, une
personne non pauvre doit avoir accès aux services sociaux, comme
l'éducation et la santé, mais il n'est pas nécessaire
d'être en bonne santé et bien éduquée.
Toutefois, l'approche des besoins essentiels se heurte
à un problème de détermination de la liste des besoins. En
fait, cette liste n'est pas limitée d'un nombre précis des
domaines, et il n'y a pas de consensus sur ce que devrait être cette
liste.
Un autre problème concerne le niveau minimum qui
devrait être requis, au niveau des besoins de chaque domaine, pour ne pas
être considéré comme pauvre.
Il en résulte que les politiques réductrices de
pauvreté qui caractérisent cette approche reposent sur la
satisfaction des besoins essentiels comme l'amélioration de logement,
l'éducation des enfants, l'éradication des maladies, la
réduction de la malnutrition, etc.
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