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Les contes et les mythes en pidgin : facteur d'éducation de l'enfant dans la société africaine traditionnelle dans la région du sud- ouest (BUEA)

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par Anne OBONO ESSOMBA
Université de Yaoundé I - Doctorat en littérature orale et linguistique 2014
  

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VII.3.2. L'identité culturelle

L'identité culturelle est un concept anthropologique qui désigne une période historique pendant laquelle une communauté, un peuple se reconnaît par des valeurs précises dans ses pratiques, ses concepts, ses pensées, ses croyances, son art etc.

Ainsi l'identité culturelle se définie dans le temps et dans l'espace car les valeurs qui la déterminent ont un caractère dynamique, évolutif dans le temps.

On ne saurait citer avec précision et de façon exhaustive les valeurs  qui permettent d'identifier un peuple en un moment de son histoire.

Pour l'Afrique, une mosaïque de peuples et de communautés qui se partagent un passé récent marqué par l'esclavage et la colonisation ne saurait se vanter aujourd'hui d'une culture authentiquement africaine exprimant encore son identité.

Cependant, l'espoir est permis. Les possibilités d'une reconquête de notre identité existent : Les langues africaines.

La langue est l'ensemble des unités du langage parlé ou écrit propre à une communauté ; le langage étant cette faculté que nous avons de communiquer entre nous et d'exprimer nos pensées.

Définie de cette façon, l'Afrique compte plus de 1000 langues. Ainsi l'Afrique serait le continent qui compte plus de langues avec une forte densité en Afrique Subsaharienne. Dans la plupart des cas elles sont pratiquées par quelques villages seulement et même souvent par un seul.

Malgré cette diversité apparente, il existe des affinités réelles entre la plupart de ces langues. Toutes ces langues dériveraient d'un petit nombre d'entre elles. Il est du domaine des Sciences Humaines de consolider les ressemblances linguistiques pour couper cours à une exploitation des différences observées.

La reconquête de notre identité culturelle passe donc par une étude épistémologique et historique de nos langues. Toutes nos langues font référence à des formes littéraires, des symbolismes et des techniques de production de biens et services.

La langue fonde l'identité culturelle. La langue est le pilier de la culture. A ce sujet, je me permettrais de citer un éminent spécialiste de la culture africaine, le Malien Seydou Badian KOUYATE28(*) qui disait

 ... Par la langue, nous avons ce que le passé nous a laissé comme message et ce que le présent compose pour nous. C'est la langue qui nous lie, et c'est elle qui fonde notre identité. Elle est un élément essentiel et sans la langue il n'y a pas de culture. La langue nous aide à tout interpréter et il continue ... Nous étions des dominés, des colonisés et la langue a été pour nous un facteur de libération. 

Il serait donc important de veiller à la survie de nos langues en tant qu'élément culturel même si leur survie dépend de l'intérêt que les peuples qui les pratiquent ont pour elles.

Il est important de signaler la mobilité et la flexibilité constantes d'une langue. C'est la raison pour laquelle nous opposons une étude historique de nos langues pour en extraire la substance utile à un appel pur et simple à elles pour exprimer notre identité.

L'Afrique ne saurait se dispenser d'échanger avec les autres continents. Notre identité s'exprimerait mieux à travers une réelle ouverture sur les autres continents aujourd'hui car leur influence sur nos langues est irréversible ; esclavage et colonisation obligent.

En effet, nos dirigeants et intellectuels actuels sont les fruits de cette école coloniale. Les épigones et les détracteurs d'une identité africaine.

Au cours de la période de colonisation (même après) l'école était la seule référence dans l'éducation et la formation des enfants. L'éducation familiale était reléguée au dernier plan nos parents étant considérés comme des sauvages. Tous les enfants qui avaient la chance d'aller à l'école ne réfléchissaient plus que par l'école. Ils étaient séparés ainsi et progressivement de leur racine culturelle.

Les programmes enseignés à cette époque (hélas même actuellement encore dans bien de cas) ne pouvaient prendre en compte les facteurs culturels de nos milieux parce que calqués sur des modèles étrangers véhiculant une culture étrangère. Nos seules références historiques et culturelles étaient les étrangers, les nôtres n'étant que des sanguinaires et des sauvages dit-on. C'est l'occasion pour nous de citer un autre éminent spécialiste des langues africaines du Centre Amadou Hampaté BA (CAHBA) de Bamako, Iba N'Diaye qui disait « ...nous pratiquons à longueur de journées, un déni de reconnaissance de la riche et complexe contribution de nos ancêtres en matière de cultures, de langues et même d'écritures. ».

L'étude de nos langues est d'autant plus importante que sa négligence soit l'une des principales sources de la misère économique de nos populations. « Les élites ayant la charge de concevoir les modèles de développement et les projets de société, puis de mobiliser les populations illettrées et les ressources intérieures et extérieures  autour de ces modèles et projets ne savent même pas comment présenter valablement leurs idées, approches, méthodes de travail, de gestion et d'évaluation à nos communautés ». C'est pour cela nos pères avaient raison de dire : « C'est la façon de poser un problème qui en facilite la résolution et c'est la façon de le poser qui en complique la résolution ; alors que dire de celui qui n'a pas une façon de poser son problème ? ».29(*)

* 28 C'était lors du Colloque Internationale d'Alger en mi-avril » LANGUES, CULTURE ET TRADITION » organisé par la Faculté des Lettres et des Langues.

* 29 Dans les langues locales et l'identité africaine.

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