CHAPITRE VII : PROPOSITION DE SOLUTIONS
Afin de résoudre les problèmes majeurs qui
entravent la mise en oeuvre des programmes de formation selon l'APC dans les
ENI, nous suggérons la mise en place et le renforcement des actions
suivantes par tous les acteurs concernés par la question :
7.1. Proposition à l'endroit de l'Etat
? Octroyer aux ENI de ressources
conséquentes
Ressources financières d'abord pour permettre aux ENI
de faire face aux dépenses de fonctionnement. Pour ce faire, une
politique adéquate de financement sur fonds propres de l'Etat doit
être adoptée. Cela permettra aux responsables du système
éducatif de s'approprier le processus et l'ensemble de ses implications.
D'ores et déjà, l'Etat peut commencer par relever de façon
substantielle les subventions allouées à ces institutions pour
faire face aux charges de fonctionnement, à l'organisation des stages,
aux primes, à l'amélioration des conditions de vie et de travail
du personnel et bien d'autres dépenses importantes. Présentement
la subvention donnée à chaque ENI est de trois millions (3 000
000) FCFA par trimestre, ce qui est très dérisoire selon les
enquêtés. Ce montant doit être multiplié par cinq (5)
voir même par dix (10) si tant est que c'est la qualité de la
formation des élèves-maîtres qui est recherchée.
Ressources documentaires ensuite parce que sans manuels
pédagogiques de référence, la réforme ne saurait
atteindre ses objectifs. Donc, il faut produire les manuels d'accompagnement de
l'APC, mettre à la disposition des ENI et des écoles primaires
les documents et matériel pédagogique et didactique en
quantités suffisantes.
? Accroître le nombre des ENI et renforcer les
capacités d'accueil des anciennes Au regard de la forte demande
en personnel enseignant au niveau du système éducatif, il est
nécessaire, en plus de l'accroissement du nombre des ENI dans le pays,
de renforcer les capacités d'accueil de celles qui existent
déjà en les dotant du matériel pédagogique et
didactique nécessaire, en affectant un nombre suffisant d'encadreurs, en
les équipant du matériel informatique adéquat, en
apportant les moyens logistiques nécessaires (bus, véhicules tout
terrain, motos cross) pour servir au déplacement des
élèves-maîtres et du personnel dans les écoles de
stage.
Il faudrait aussi construire et équiper dans chaque ENI
le maximum de classes permettant de faire face aux effectifs
pléthoriques d'élèves-maîtres (jusqu'à 80
élèves par salle de classe).
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? Accroître la responsabilité de l'Etat
sur les questions touchant les domaines de l'éducation et de la
formation
Une réforme ne doit être ni parachutée, ni
conduite avec légèreté. Sa réussite dépend
surtout du leadership avec lequel elle est conduite. Dans ce sens, il
appartient aux pouvoirs publics de susciter un fort consensus autour de la
question, tenant compte des choix et des aspirations des populations en
matière d'éducation.
7.2. Proposition à l'endroit du Ministère
de tutelle
? Renforcer la formation
Elle doit être au centre du processus de mise en oeuvre
des programmes selon l'APC. Un accent particulier doit être mis sur la
formation dans tous ses aspects et à tous les niveaux : la formation
initiale, la formation continue mais également l'auto-formation.
La formation initiale des encadreurs doit correspondre aux
missions qu'ils exercent sur le terrain. Pour ce faire, il faut une
adéquation entre leurs profils et leurs emplois. Une remise à
niveau constante est également nécessaire pour leur permettre
d'être en phase avec l'évolution de la science et des pratiques
pédagogiques.
L'auto-formation doit aussi être valorisée pour
leur permettre non seulement de faire des recherches dans les centres de
documentation et sur Internet mais également de valoriser
l'interdisciplinarité et les travaux en UP.
Ces mêmes formations sont aussi valables pour les cadres
des Directions centrales du Ministère de tutelle.
? Créer le corps de formateurs des écoles
normales
Présentement dans les ENI, le profil du corps
d'encadrement est divers et non clairement défini, ce qui constitue une
insuffisance notoire.
Pour faire face à cette insuffisance, il est important
de créer à l'Ecole Normale Supérieure (ENS) de
l'Université de Niamey, un corps spécialisé de formateurs
des ENI ayant pour mission spécifique la formation et l'encadrement des
élèves-maîtres.
Cette formation universitaire pourrait être d'une
durée de deux (2) ans pour ceux qui entreront avec la licence ou
l'équivalent et d'une (1) année pour les titulaires de
maîtrise ou de master 1 ou l'équivalent. L'objectif étant
que la formation soit sanctionnée par le Master 2.
Nous estimons que cette solution sera un facteur de motivation
et d'engagement qui permettra de stabiliser les encadreurs dans leurs fonctions
afin que l'affectation dans les ENI ne soit plus perçue comme une
punition ou un passage transitoire dans la carrière.
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? Rehausser la durée de formation dans les ENI
et revoir le profil d'entrée des
élèves-maîtres
Actuellement, la durée de la formation donnée dans
les ENI est d'une (1) année pour
les instituteurs et de deux (2) ans pour les
instituteurs-adjoints. Cette durée est jugée insuffisante au
regard des multiples activités relatives à
l'enseignement-apprentissage, aux différents stages, aux mémoires
de fin d'études, etc. Pour ce faire, il y a nécessité de
prolonger de deux (2) à trois (3) ans la durée de la formation
pour les instituteurs-adjoints et d'une (1) année à deux (2) ans
pour les instituteurs.
Pour la section instituteur-adjoint, les trois années
sont réparties comme suit :
Première année
Renforcement des capacités des
élèves-maîtres dans certaines disciplines de base
notamment le français et les mathématiques.
Deuxième année
Formation professionnelle et déroulement des
différents stages.
Troisième année
Formation professionnelle, déroulement des
différents stages et élaboration du
mémoire de fin d'études.
Pour la section instituteur, la répartition des deux
années de formation est la suivante:
Première année
Renforcement des capacités des
élèves-maîtres dans certaines disciplines de base
notamment le français et les mathématiques.
Deuxième année
Formation professionnelle, déroulement des
différents stages et élaboration du
mémoire de fin d'études.
Sur la question du profil d'entrée des
élèves dans les ENI, des critères rigoureux doivent aussi
être définis.
Durant les années passées, beaucoup
d'insuffisances ont été constatées dans l'organisation du
test d'entrée à l'école normale. Il fut des moments
où le Ministère était obligé de faire admettre
même certains élèves avec une note de 3/20 au test
d'entrée à l'école normale en vue de combler le nombre
d'élèves programmé pour être formé.
Pour remédier à cette situation qui pourrait,
à la longue, agir négativement sur la qualité de
l'éducation, nous proposons :
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- d'instituer la note éliminatoire pour toutes les
matières retenues pour le test d'entrée à l'école
normale ;
- d'obtenir une note de 10/20 pour être
déclaré définitivement admis au test d'entrée
à l'école normale.
Ces critères sont aussi valables pour les
élèves qui souhaitent être formés à l'ENI
à titre privé.
? Equiper les ENI avec les moyens modernes de
communication
A ce niveau, il s'agit de doter les ENI de matériel
informatique adéquat et de les connecter à l'internet haut
débit.
L'accès doit être gratuit au personnel et aux
élèves-maîtres. L'objectif étant de les initier
à l'outil informatique et de favoriser les recherches dans le cadre des
activités pédagogiques.
? Renforcer le suivi et
l'évaluation
La mise en oeuvre de la réforme doit faire l'objet d'un
suivi permanent afin d'apporter des solutions aux problèmes quotidiens
qui se posent aux encadreurs dans leurs pratiques de classe. Cela passe
nécessairement par le renforcement des compétences des acteurs au
niveau des Directions impliquées dans le pilotage de la réforme
à travers une spécialisation ou des formations plus
poussées sur les questions curriculaires, l'ingénierie de la
formation, la planification en éducation, etc.
Le suivi à lui seul ne saurait être suffisant
pour décider de la validation ou non de la réforme. Par
conséquent une évaluation périodique annuelle
s'avère aussi nécessaire.
C'est donc sur la base des résultats des
évaluations réalisées que les autorités pourraient
décider de généraliser la réforme, de la rectifier
ou de l'abandonner au profit d'une autre.
? Assurer la cohérence dans le pilotage de la
réforme
L'absence de cohérence qui caractérise parfois
l'intervention des structures centrales du Ministère de tutelle dans les
ENI nuit au processus de mise en oeuvre de la réforme. Pour
éviter cet état de fait, la cohérence doit être
recherchée à travers la clarification des rôles et
responsabilités de la Direction des curricula et de l'innovation
pédagogiques (DCIP) et de la Direction de la formation initiale et
continue (DFIC).
7.3. Proposition à l'endroit des écoles
normales
? Revoir l'organisation des stages
La concentration des stages qu'on constate présentement
dans la formation à l'école normale, empiète sur le temps
consacré à la finition des programmes. Donc il y a lieu de faire
une répartition judicieuse des stages dans le temps, ce qui
nécessite l'augmentation de la
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durée de la formation dans les ENI (3 ans pour les
instituteurs-adjoints et 2 ans pour les instituteurs) et l'allocation de moyens
conséquents.
Lors de ces stages, mettre à profit les enseignants
chevronnés des écoles d'accueil pour l'encadrement des stagiaires
et faire respecter le ratio de trois (3) élèves-maîtres par
jour et par encadreur, ce qui permettra de suivre et d'évaluer
l'élève dans plusieurs disciplines.
? Renforcer le suivi interne (suivi de
proximité)
Pour assurer efficacement le suivi interne des activités
pédagogiques (visite de classe,
interdisciplinarité, fonctionnalité des UP, etc.)
au niveau de l'établissement, il faudrait :
- élaborer et adopter des textes qui clarifient les
missions et responsabilités des DG et
des DE en matière de suivi ;
- clarifier la nature du suivi ;
- fixer la périodicité du suivi ;
- renforcer les compétences des DG, des DE et des
responsables de stage.
Sur la base du suivi de proximité, des solutions
pourraient être apportées par rapport aux insuffisances
constatées dans les pratiques de classe des encadreurs notamment par
rapport aux ressources pédagogiques et didactiques et par rapport
à leurs besoins en formation continue.
? Privilégier l'évaluation des
compétences des élèves-maîtres
La mise en oeuvre de la réforme des programmes dans les
ENI n'a pas entraîné un changement au niveau du système
d'évaluation. Les encadreurs continuent à appliquer les
mêmes modes d'évaluation des acquis des élèves. Il y
a lieu donc de les former davantage sur la question, de mettre à leur
disposition les outils et le matériel nécessaire et de les
encourager à aller vers l'évaluation des compétences des
élèves-maîtres.
Au lieu des épreuves de type classique
(questions/réponses), des situations d'intégration prenant en
compte les différentes compétences enseignées doivent
être privilégiées par les encadreurs.
L'appréciation des productions des élèves
doit également se faire à travers des grilles de correction
comportant des critères et des indicateurs précis.
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