WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Malouet, administrateur en guyane (1776-1778) mise en place d'un projet administratif et technique.

( Télécharger le fichier original )
par Benoît JUNG
Paris Ouest Nanterre - Master 2 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.1.3 L'administration en Guyane

En définissant les rôles des trois principaux acteurs de la colonie, la monarchie fixe un cadre dans lequel gouverneur et ordonnateur exercent une autorité commune, qui s'étend à tous les domaines de l'administration générale, de la religion à la police des ports, de l'inspection des tribunaux à l'affranchissement des esclaves, de l'entretien des chemins à la nomination des notaires

564 Claude Macaye, procureur général au Conseil supérieur de Cayenne de 1742 à 1781.

565 ANOM C14/43 F° 234.

566 ANOM C14/43 F° 222.

567 Louis Thomas Jacau de Fiedmont, gouverneur en Guyane de 1765 à 1781.

568 ANOM C14/43 F° 222.

569 Céline RONSSERAY, Administrer Cayenne au XVIIIe siècle, op. cit., p. 480-483.

136

et des huissiers, en passant par la réglementation de la chasse, de la pêche, de la distribution des eaux d'arrosage, etc. « Tous ses [sic] objets sont soumis à la délibération commune des deux chefs570. » Dès lors, les correspondances et les documents officiels portent les signatures conjointes du gouverneur et de l'ordonnateur, comme on peut le voir, par exemple, en consultant les procès verbaux datant du 16 et du 20 février 1777, qui relatent la visite des habitations de M. Boutin et de

M. de Macaye, qui sont signés par Fiedmond et Malouet571.

Cela dit, il ne faut pas perdre de vue que ce cadre fixé par Versailles reste très largement théorique, et qu'une grande autonomie est laissée, de facto, dans l'application des directives royales. « J'avois heureusement pris la précaution avant mon départ, dit Malouet, de me faire autoriser, ainsi que M. de Fiedmont, à suspendre l'exécution et la promulgation des ordres du roi, dont nous reconnoîtrions les inconvénients572. » Cette remarque démontre qu'au XVIIIe siècle, la monarchie peut se reposer sur une administration coloniale composée d'un personnel mieux formé, bénéficiant d'une connaissance plus accrue des territoires outre-mer573. En cela, Malouet s'avère être un administrateur qui bénéficie d'une longue expérience acquise à Saint-Domingue. Durant cette période, il fait ses premières armes à des postes à responsabilités et se frotte à la société coloniale. « Les prétentions des administrateurs civils et militaires, leurs abus d'autorité, les préjugés, les habitudes vicieuses des colons, les intérêts du commerce et de la culture, tels furent, pendant mon séjour à Saint-Domingue, les objets de mes études et de mes réflexions574. » : c'est un homme averti qui arrive à Cayenne en 1776.

Un autre exemple nous est révélé par Malouet qui, peu de temps avant son départ pour Cayenne, est convoqué à Versailles par le ministre Sartine. C'est là qu'il se voit chargé par le roi de « l'exécution [des mesures qu'il a proposées pour la Guyane], avec une plus grande latitude de confiance et de pouvoirs que n'en avoient les autres administrateurs ; [qu'il sera lui-même] le rédacteur de [ses] propres instructions ; qu'on laisseroit en place l'ancien Gouverneur, M. de Fiedmont, qui étoit un vieux maréchal-de-camp, honnête homme, mais sans capacité ; qu'il auroit ordre de ne [...] contrarier [Malouet] en rien, et de seconder toutes [ses] dispositions575. » L'autonomie d'action de l'ordonnateur et l'importance du poste dont ici clairement mises en valeur, sans doute à dessein par Malouet qui, rappelons-le, écrit ces lignes au moment où il envisage reprendre du service auprès de Napoléon.

Néanmoins, la position importante de l'ordonnateur au sein de l'administration coloniale lui

570 ANOM C14/43 F°219.

571 ANOM C14/44 F°243 et 244.

572 Pierre Victor MALOUET, Collection de mémoires, tome 1, op. cit., p. 31.

573 Céline RONSSERAY, Administrer Cayenne au XVIIIe siècle, op. cit., p. 33.

574 Pierre Victor MALOUET, Mémoires de Malouet, vol. 1, op. cit., p. 41.

575 Pierre Victor MALOUET, Collection de mémoires, tome 1, op. cit., p. 18-19.

137

vaut d'être secondé par un certain nombre de commissaires ordinaires et d'inspecteurs, suivant une organisation hiérarchique verticale. (Voir tableau 10 ci-après576.)

La répartition des responsabilités est également distribuée de façon horizontale, dispositif complémentaire qui témoigne d'un souci de surveillance. « Il est nécessaire d'avoir à l'esprit ce rapport de force pour mieux comprendre le jeu de pouvoir et les querelles de fonction entre les administrateurs en Guyane au même moment » explique C. Ronsseray577.

Afin de palier aux contraintes liées à la taille de la colonie et aux difficultés de communication entre Cayenne et le reste du territoire, une délégation de pouvoir est instituée par l'ordonnance du 24 mars 1763. Celle-ci permet au ministre de nommer des subdélégués détenteurs de pouvoirs en matière d'ordonnancement. Par provision, ceux-ci sont délégués au Conseil supérieur et le président en cas d'absence de l'ordonnateur.

Travaillant en étroite relation avec l'ordonnateur, le contrôleur a la responsabilité de la discipline, de la police du port et de l'inspection des classes. Il vérifie le travail des écrivains, inspecte l'hôpital et les magasins. Son domaine d'intervention se rapporte à tout ce qui touche directement à l'argent : achats, dépenses, soldes, appointements des officiers.

L'écrivain des colonies se place dans une hiérarchie d'officiers supérieurs. Il est responsable des écritures : il enregistre les correspondances, mentionne les décès, réalise les inventaires et tous les travaux d'écriture et de comptabilité.

Le garde-magasin principal, pour sa part, tient les registres de tout ce que le magasin délivre aux administrateurs et à l'état-major pour le ravitaillement de la colonie. Il conserve les clés de tous les magasins de la colonie. Son rôle est capital car, de fait, il permet la circulation des biens et de l'argent au sein de la colonie par le biais de l'achat et de la vente de vivres. Le garde-magasin principal n'agit que sur ordre de ses supérieurs. Il est soumis au contrôle de l'ordonnateur et du contrôleur qui vérifient ses registres. La seule autorité dont il dispose est exercée sur les gardes-magasins de Sinnamary, Oyapock, Kourou et Approuague.

Enfin, pour achever ce rapide tour d'horizon, évoquons ici le rôle des très nombreux commis qui officient au sein des différents bureaux de la colonie. Qu'ils soient commis principaux, commis ordinaires, ou commis extraordinaires, ils sont chargés des travaux d'écriture confiés par un officier supérieur attaché au magasin, au contrôle, à la trésorerie ou à l'intendance578.

576 Céline RONSSERAY, Administrer Cayenne au XVIIIe siècle, op. cit., p. 38.

577 Ibid., p. 39.

578 Ibid., p. 38-45.

138

Tableau 10 : Organigramme administratif de la Guyane française XVIIIe siècle.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo