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Malouet, administrateur en guyane (1776-1778) mise en place d'un projet administratif et technique.

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par Benoît JUNG
Paris Ouest Nanterre - Master 2 2014
  

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2.2 Activités scientifiques, économiques et urbanistiques

Si le volet administratif de l'activité de Malouet constitue une part non négligeable de son passage à Cayenne, il consacre par ailleurs beaucoup d'énergie à animer les secteurs qui relèvent des sciences et techniques, de l'économie et de l'urbanisme. Promoteur du projet colonial, il dynamise en premier lieu l'activité géographique et cartographique.

2.2.1 La cartographie

Dès le début de l'époque moderne, la cartographie est une discipline importante, dont les fins administratives ou militaires desservent le projet colonial. C'est un outil pour les pouvoirs centraux, destiné à mieux administrer les territoires conquis. Il répond aux exigences de recensement méthodique de l'espace, des occupants et des ressources de la colonie963. Dans cette configuration, l'ordonnateur anime l'expertise géographique des territoires qui lui sont confiés964. Concernant la Guyane, le constat de Malouet est pour le moins édifiant. Il fait part en décembre 1776 au ministre de son effarement quand il apprend que de toutes les copies des cartes de la Guyane envoyées en France, il n'en existe plus aucune au Bureau des colonies. Il insiste sur la grande valeur de ces documents pour le développement de la Guyane, car ils localisent les ressources, les cours d'eau, les voies de communication, etc. Il fait part du découragement des ingénieurs-géographes qui ont effectué ces travaux difficiles :

« Les sieurs Dessingy, Meutel et Brodel sont restés sans récompense ; il ne reste plus d'autres monuments de leurs voyages que les minutes de leurs cartes, bientôt dévorées par les insectes965. »

Pour l'ordonnateur, la tâche n'est pas simple, d'autant que depuis le départ de Dessingy, il n'y a plus que deux ingénieurs-géographes en Guyane : Mentelle et Brodel. En effet, Dessingy est rapatrié en France pour des raisons de santé. Patris et Bajon, respectivement « ancien médecin du

963 Caroline SEVENO, « La carte et l'exotisme », op. cit., p. 49 ; François REGOURD, « Coloniser les blancs de la carte. », op. cit., p. 227.

964 François REGOURD, Sciences et colonisation sous l'Ancien Régime, op. cit., p. 251.

965 ANOM C14/43 F° 45

226

roy et ancien chirurgien major », expliquent :

« [M. Dessingy] à été attaqué d'un flux de sang au mois de juillet 1774 [...] ; que cette maladie ne faisant qu'empirer [...] pendant tout le reste de l'année, il a été dans un état de foiblesse et d'épuisement, duquel il s'est toujours résenti de depuis966. »

Malouet réorganise donc la façon de travailler des ingénieurs-géographes, et définit les objectifs. Il confie à Mentelle et à Brodel le travail de terrain pour dresser une carte générale de la Guyane et du cours de chaque rivière. La direction des opérations est laissée à Mentelle, personnage « très-instruit, ses opérations sont rectifiées par des connoissances étendues en géométrie et astronomie », secondé par Brodel, qui « n'est qu'un homme laborieux et exact, propre à son état, mais au-dessous de la première classe. » Pour le travail de cabinet, Malouet leur adjoint le chevalier de Besner, frère du baron de Bessner, qu'il estime « fort propre à ce travail. » Son objectif final est de parvenir à réaliser un petit Atlas de la Guyane, « rien n'étant plus capable d'accréditer la Guyane que la connoissance détaillée de sa position et de la distribution de ses eaux967. »

Pour motiver ses troupes, il promet à Mentel et Brodel des récompenses pour leur zèle et leur peine, et déplore qu'elles soient aussi tardives. En effet, pour bon nombre d'entre-eux, les experts scientifiques des colonies n'ont pour subsister que leur pension, souvent assez maigre. Ainsi, l'entrain du personnel scientifique colonial est régulièrement stimulé par des pensions, des gratifications et des titres968. De fait, Malouet demande pour Mentelle « la place d'ingénieur-garde des plans et cartes de la Guiane, et mémoires géographiques, avec un traitement de 2000 livres, et pour le sieur Brodel un supplément de 500 livres, 100 pistoles ne pouvant suffire ici à la subsistance et à l'entretien d'un ingénieur quelconque969. » Le ministre accède à sa requête le 25 juillet 1777. Mentelle reçoit « la commission de capitaine d'infanterie et le brevet de garde des plans et cartes de la Guiane », ainsi qu'un traitement de 2 000 livres. Brodel, pour sa part, voit son traitement porté à 1 500 livres970. Au moment où Malouet s'apprête à quitter la Guyane en août 1778, il informe la ministre que sous son administration, le dépôt des cartes s'est enrichit de quarante nouvelles cartes971.

Ainsi, en dynamisant l'activité cartographique par sa réorganisation et en stimulant le

966 ANOM E219 F° 699

967 ANOM C14/43 F° 45

968 Yves LAISSUS, « Les voyageurs naturalistes », op. cit., p. 289, 301.

969 ANOM C14/43 F° 45

970 ANOM E309 F° 666

971 ANOM C14/50 F° 96

227

personnel scientifique en revalorisant sa condition, Malouet parvient à obtenir des résultats encourageants. Ses efforts se portent également sur l'amélioration du cadre de vie.

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