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Malouet, administrateur en guyane (1776-1778) mise en place d'un projet administratif et technique.

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par Benoît JUNG
Paris Ouest Nanterre - Master 2 2014
  

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2.2.2 Travaux d'urbanisme et d'assainissement

Principale agglomération et chef-lieu de Guyane, Cayenne est plutôt un bourg qu'une ville. C'est la seule vraie paroisse de la colonie, quasiment jusqu'à la Révolution972. Malouet la décrit comme « un village mal dessiné que l'on s'étonne de trouver fortifié. » Il y a très peu d'espace, les maisons sont en bois, petites et entassées sans ordre le long de rues étroites. « En passant par la porte de la ville, qui n'a pas six pieds de haut, écrit Malouet, j'ai cru entrer en prison. » Pour lui, le fait qu'un si petit nombre d'hommes, « maîtres d'un si grand territoire, trouve opportun de s'entasser dans un espace si confiné973. » De fait, en 1777, le bourg comprend 1 000 habitants, répartis dans la vieille ville et dans les faubourgs974.

Cayenne est un bourg fortifié, dont seuls les bâtiments officiels, pour lesquels on utilise la brique à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, ressemblent à des maisons. « Le reste est barraque en bois, bouzillé, qui exige des réparations perpétuelles, décrit Malouet. Il faut continuellement faire et défaire, et il n'y a pas moyen de prendre d'autres arrangemens975. » En effet, le matériau de base des bâtiments reste le bois, ce qui aggrave les risques d'incendies976. Le prix des logements est exorbitant du fait de la rareté de la main d'oeuvre, des matériaux et de l'espace pris par les fortifications. Ainsi, une maison coûte « dix à douze mille francs » au premier achat, « louée quinze cent francs », précise Malouet977.

En conséquence, il entreprend des mesures pour assainir et rationaliser l'espace public. En novembre 1777, il fait état d'un projet de réunir les deux villes de Cayenne en une seule978. Il arrête une ordonnance faisant obligation aux propriétaires de maison de faire paver l'emplacement devant chez eux. « Rien ne ressemble moins à une ville que ce lieu-ci, écrit-il au ministre. Dans le temps des pluies, chaque rue est un torrent ou un fossé bourbeux ; les fondemens des maisons se dégradent, la voie publique devient impraticable979. » Malgré un manque de main-d'oeuvre et un directeur de travaux, M. Rochin, qui « n'est ingénieur que par hasard, et parce qu'il n'y en a point

972 Marie POLDERMAN, La Guyane française, 1676-1763, op. cit., p. 467.

973 Pierre Victor MALOUET, Collection de mémoires, tome 1, op. cit., p. 198.

974 Marie POLDERMAN, La Guyane française, 1676-1763, op. cit., p. 471.

975 Pierre Victor MALOUET, Collection de mémoires, tome 1, op. cit., p. 286.

976 Marie POLDERMAN, La Guyane française, 1676-1763, op. cit., p. 473.

977 Pierre Victor MALOUET, Collection de mémoires, tome 1, op. cit., p. 286.

978 ANOM C14/44 F° 183-184

979 ANOM C14/44 F° 99

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d'autres980 », Malouet fait entretenir les bâtiments publiques et engage des travaux de réfection de la maison des Jésuites qui menace ruine981. Il procède à des aménagements autour de Cayenne, au point que « ceux qui en étoient absens depuis un an ne s'y reconnoissent plus. » Ainsi, il crée des jardins publics agrémentés de promenades et il assèches les marécages alentours : « il n'est plus d'eaux stagnantes et d'exhalaisons infectes982. »

De plus c'est une ville insalubre. L'ordonnateur en fait l'expérience :

« Je n'ai jamais vu moins de quatre-vingt-dix malades à l'hôpital. J'ai eu moi-même quatre mois la fièvre. Depuis qu'elle m'a quitté, elle circule toujours dans ma maison. J'ai emmené ici quatre Européens, dont deux ont péri , et enfin, presque tout ce que je connois d'habitans, officiers, employés, depuis Oyapock jusqu'à Sinnamari, a été attaqué cette année de fièvres aiguës et dangereuses983. »

Ainsi, le 9 janvier 1777, il fait établir une ladrerie aux îlets de Rémire pour y confiner les esclaves atteints de la lèpre, ainsi que les Blancs qui refuseraient de retourner en France984. Cette maladie qui apparaît dans la colonie en 1743 est mal soignée et souvent confondue avec d'autres affections jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, comme l'éléphantiasis985, ou bien assimilée à une forme aiguë de de la syphilis ou de la vérole. Artur tente de soigner la lèpre avec des plantes et du mercure, mais sans grands succès. Cette maladie est considérée comme hautement contagieuse, et l'isolement semble la seule mesure prophylactique efficace pour mettre la population à l'abri de la contagion986.

L'amélioration du cadre de vie et l'assainissement de Cayenne semblait indispensable et cette mesure est saluée par Artur987. À ces réalisations, Malouet se fait parallèlement promoteur d'activités nouvelles, sur lesquelles on fonde de grands espoirs pour le développement futur de la colonie.

980 ANOM C14/50 F° 93

981 Ibid.

982 ANOM C14/50 F° 96

983 ANOM C14/50 F° 70

984 ANOM C14/62 F° 55

985 Jacques François ARTUR, Histoire des colonies françoises de la Guianne, op. cit., p. 737.

986 Marie POLDERMAN, La Guyane française, 1676-1763, op. cit., p. 477-478.

987 Jacques François ARTUR, Histoire des colonies françoises de la Guianne, op. cit., p. 737.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus