WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les haies vives dans la dynamique des contacts foret-savane a Yambassa, région du centre Cameroun

( Télécharger le fichier original )
par Cyrille LEMOUPA FOTIO
Université de Yaoundé 1 - Master 2 2015
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

VII-2-Cadre théorique

Si au Cameroun, les travaux portant sur la dynamique des contacts forêt-savane sont peu nombreux, ailleurs et en particulier en Côte-d'Ivoire, de nombreuses études lui ont été consacrées. De celles-ci, il ressort une très grande diversité d'approches et de points de vue qui s'inscrivent dans deux grandes tendances. L'une conclut à un recul de la forêt devant les pressions anthropiques diverses alors que l'autre évoque l'hypothèse d'une progression de la forêt sous l'effet d'un climat humide.

VII.2.1.Théorie de la savanisation et de la disparition des forêts liée à l'homme

Parmi les thèses défendues et les prises de position parfois militantes sur l'origine ou la répartition des savanes préforestières, l'homme a été bien souvent désigné comme unique responsable. Ces savanes seraient des témoins de phases successives de trouées pratiquées par l'homme dans la forêt par le biais des défrichements, des feux de brousse et du surpâturage. Ainsi, Aubréville (1949) souligne que: « le recul des lisières de la grande forêt guinéenne et équatoriale est un fait évident, contemporain, que chacun peut, avec un peu d'attention, constater de nos jours, parce qu'il se manifeste sous nos yeux et parce que, parfois, la régression est assez rapide. Vers les lisières actuelles des forêts, on remarque des clairières, plus ou moins grandes, couvertes de savanes épaisses de hautes herbes, dites souvent herbes à éléphants... Il s'agit, personne ne le conteste, de parcelles défrichées et incinérées par les

24

indigènes, suivant leur méthode habituelle de cultures en forêt sur brûlis suivi de l'abandon du terrain après récoltes. »

Au Cameroun, Les étendues graminéennes seraient le résultat d'une dégradation irréversible de la forêt dense par le biais des défrichements et des brûlis pratiqués depuis la période néolithique par les cultivateurs (Kadomura, 1977 ; Kadomura et al, 1986 ; Hori, 1986 ; Chujo, 1986). Ces pratiques humaines qui sont supposées conduire à la progression de la savane se seraient intensifiées depuis le début du 20e siècle, suite à l'accroissement démographique (Abah, 1984 ; Olivry, 1986; Ombam, 1992; Amougou-Akoa, 1986; Morin, 1989; Kuété, 1989; Gartland, 1989, 1992).

VII.2.2. La théorie de la progression de la forêt sur la savane liée aux conditions écologiques favorables

Pour Youta Happi (1998), les conditions écologiques actuelles influencent, non pas la répartition ponctuelle de la végétation, mais le rythme de la progression de la forêt sur la savane. A l'échelle locale, le facteur pédologique commande en premier lieu la vitesse de la progression de la forêt sur la savane. A ce titre, les surfaces à cuirasses ferrugineuses affleurantes et les sols engorgés constituent un des facteurs limitant la vitesse de progression. Ce facteur n'est très déterminant que lorsqu'il s'associe aux feux de saison sèche qui, par temps d'Harmattan, rencontrent à de tels endroits un couvert végétal desséché. A l'échelle régionale également, cette vitesse semble être en relation avec la fréquence des feux. Les régions qui connaissent des pressions anthropiques relativement importantes --cas de la région située au nord d'Akonolinga-- subissent une plus grande fréquence des feux et, par conséquent une faible vitesse de la progression de la forêt. Les faibles déficits locaux de la moyenne annuelle des pluies peuvent tout de même expliquer la lenteur de l'avancée de la forêt. Par exemple, la proportion de savanes est plus importante sur le confluent du Mbam et de la Sanaga où la moyenne annuelle est comprise entre 1350 et 1400 mm alors que partout ailleurs dans le domaine de la mosaïque forêt-savane, cette moyenne se situe autour de 1500 mm.

VII.2.3. La théorie de l'extension des agroforêts sur la savane liée aux cultures pérennes

A Kédia, la cartographie diachronique relative à la période 1950-2000 montre que 59 % des 1 323 ha d'agroforêts de cacaoyers, ont été mis en place sur le territoire d'une ancienne savane (Aboubacar et al. 2007). Parmi ces agro forêts, 61 % (949 ha) sont en pleine phase de production (plus de 10 ans) et 39 % (374 ha) correspondent à de jeunes plantations en phase

Gleason considère plutôt que la dynamique de la végétation est fondée sur l'individu. La communauté végétale n'est donc pas un organisme mais un assemblage d'espèces qui ont

25

juvénile ou en début de production (< 10 ans). Ce processus est donc toujours fonctionnel actuellement. En effet, depuis le début des années 1980 les reliques forestières ont quasiment disparu et la constitution d'agroforêts à base de cacaoyers ne peut se faire que sur un précédent de savane et en association avec les cultures vivrières. Les touffes de graminées vivaces (Imperata cynlindrica, Andropogon ...) sont défrichées et brûlées mais les ligneux de savane sont préservés et conservés. Cela permet de contrôler ces graminées, et donc de limiter les risques d'incendie qui pourraient détruire les plantations de cacaoyers à venir. En deuxième année, de jeunes cacaoyers sont plantés en association avec les cultures vivrières (arachide, maïs, manioc, igname, plantain, etc.). Les fruitiers servant d'ombrage (agrumes, manguier, safoutier, avocatier, etc.) sont plantés la même année que les cacaoyers ou introduits progressivement. Cinq à huit ans après, les cultures vivrières disparaissent et une véritable agroforêt à base de cacaoyers se développe dans une zone anciennement de savane, contribuant ainsi à l'extension d'un couvert de type forestier dans ce milieu dominé initialement par les herbacés.

VII.2.4. Les théories de la dynamique des peuplements végétaux VII.2.4.1. La théorie organiciste de Clements

Clements (cité par Vanpeene Bruhier, 1998) développe une vision holistique des communautés végétales c'est-à-dire qu'il les envisage comme un tout. On lui doit d'ailleurs le concept de succession végétale. Pour lui, les communautés végétales sont comparables à des super organismes qui naissent, se développent, meurent et laissent la place aux autres. Les espèces pionnières, par leur présence et leurs effets sur le milieu, créent des conditions favorables à l'installation de nouvelles espèces qui les remplacent graduellement. Les espèces pionnières qui ont une croissance rapide, une durée de vie courte et qui sont souvent héliophiles colonisent l'espace, le modifient pour faciliter et favoriser l'installation d'autres espèces de durée de vie plus longue. C'est par exemple le cas de Ceiba pentandra ou kapokier dans notre zone d'étude. Ces plantes pionnières ont donc un effet de facilitation. L'aboutissement de cette succession conduirait au climax, stade mature de la communauté végétale. Ce développement illustre le « modèle de facilitation » qui est l'un des modèles utilisés pour étudier les processus de la dynamique naturelle des forêts.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand