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Construction sociale des processus décisionnels en matière d'usage des pesticides par les maraichers de Sèmè-Kpodji

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par Daleb Abdoulaye Alfa
Université d'Abomey-Calavi - DEA 2014
  

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4. DES RAVAGEURS, DES MALADIES, DES PESTICIDES.

Avant de présenter les techniques et les pratiques de lutte contre les ravageurs et les maladies, il importe de comprendre au préalable les perceptions que les maraichers ont de ces deux facteurs importants de nuisance.

Ravageurs

La pression parasitaire est la contrainte majeure à laquelle est confrontée la production des légumes. Les agents responsables sont aussi bien des ravageurs que des maladies de toutes sortes.

Parmi les ravageurs, les plus importants sont : les insectes (criquets, pucerons, chenilles), les acariens et les nématodes. Dans la catégorie des insectes, les criquets sont ceux qui sont les plus redoutés car ils créent d'importants dégâts pouvant parfois aller jusqu'à la coupure des plants. « C'est comme le ciseau. Pour les autres insectes, j'utilise le produit et ils se calment, mais les criquets ne sont pas comme ça. Tu peux acheter un litre de Lambda maintenant et tu vas utiliser tout pour le criquet ; criquet là ! ça tue les gens ici ! » [Florence, 38 ans, maraichère à Vimas].

Les criquets proviendraient des mauvaises herbes qui sont dans les environs du site et seraient surtout réputés dans la coupure des feuilles de carotte. Ils détruisent les cultures souvent la nuit. Le produit utilisé pour lutter contre eux est « Lamdacal® » et son mode d'action est d'éloigner les criquets par son odeur forte. Une fois que cette odeur disparait, les criquets reviennent. Les désagréments que ces derniers créent aux cultures obligent les maraichers à arroser davantage afin d'accélérer la repousse. Or en situation normale l'arrosage est reconnu par ces professionnels comme une activité prenant la majeure partie de leur temps. Et donc le maraicher victime de la coupure de ses plants par les criquets consacre encore plus de temps dans l'arrosage.

Les papillons sont reconnus par les maraichers comme des ravageurs créant également beaucoup de dégâts. Ce sont des ravageurs qui d'après eux, sortent de nuit et pondent sur les feuilles des plants sur lesquelles ils se posent. Les oeufs à leur tour se transforment en chenilles et perturbent le développement des feuilles. « Il y a une sorte de toiles d'araignées sur la feuille au-dessous de laquelle se cachent les chenilles. Elles sortent la nuit pour faire des dégâts sur les plants et se cachent le jour. C'est lors de l'arrosage qu'il faut faire attention pour pouvoir les détecter » [Jacques, 34 ans, maraicher à Vimas].

Les chenilles pour eux sont des vers de couleur verte (voir photo 8). La laitue, le chou et la grande morelle sont les plus touchés (voir tableau 3 en annexe). Pour certains, les fientes de poules sont également responsables de la présence de chenilles dans le champ. Quand les fientes de poulets se décomposent, ils produisent également des chenilles disent les maraichers. Mais en réalité la décomposition des fientes ne produit pas des chenilles mais plutôt des vers, des asticots etc.

Photo 8 : Destruction des feuilles de la grande morelle par les chenilles sur le site de VIMAS

Source : ABDOULAYE

Les acariens font partie des nuisibles les plus redoutés par les maraichers sur le site de VIMAS. « Sans vous mentir, le site de VIMAS me fait très peur, car c'est un site où il y a beaucoup d'acariens... sur ce site on pouvait ramasser quasiment des acariens... et ces acariens sont réputés comme étant des ravageurs contre lesquels beaucoup de produits ne sont pas efficaces, autant avoir des invasions de chenilles, de petits insectes..., les acariens, on a les produits on pulvérise et les produits n'ont aucun effet ; on ne peut pas parler de résistance parce que les produits n'ont jamais été efficaces contre eux » [ Agent de l'INRAB]. Ils sont perçus comme telle, à cause de leur rapidité de nuisance sur les plants et de leur capacité de résistance face aux produits de traitement. En effet, le nom de ce nuisible apparait dans tous les propos des maraichers. Ils distinguent deux catégories à savoir les acariens rouges et les acariens blancs. Les acariens rouges sont les plus craints parce qu'ils induisent des dégâts plus importants que les autres. Il ressort des entretiens que la tomate et la grande morelle sont les cultures qui seraient les plus attaquées par ce ravageur. « ...je sais que vous n'êtes pas agronome, mais vous savez quand-même tout ce qui est légumes exotiques ! Ces légumes là sont très attaqués, très attaqués, très attaqués parce qu'ils ne sont pas dans leur milieu normal, donc ce sont ces légumes qui ont tendance à être très-très pulvérisés par les maraichers parce que c'est ça qui donne...Ces légumes ont une valeur marchande assez élevée comparée à nos légumes traditionnelles, donc ils font tout et tout pour les avoir au bout » [Agent de l'INRAB]. Face aux problèmes qu'ils rencontrent, certains maraichers ont décidé de ne plus produire la grande morelle et la tomate. Néanmoins, quelques uns, déclarent que si le champ était bien entretenu, c'est-à-dire que les éléments nutritifs avaient été apportés à temps et les traitements respectés, il aurait été difficile à l'acarien de nuire aux cultures. L'acarien est visible à l'oeil nu et se loge souvent derrière la feuille disent-ils. Ce sont des nuisibles lorsqu'ils sont dans le champ, « ils piquent et ça gratte le corps ; les feuilles attaquées deviennent rouges et ne sont plus jolie à voir » [Orou, 25 ans, maraicher à VIMAS] (voir photo 9).

Photo 9 : Feuille de grande morelle attaquée par les acariens sur le site de VIMAS

Source : ABDOULAYE

D'après les discours des maraichers, l'origine de ce nuisible est incertaine. Il n'y a eu que des suppositions. Il a été fait cas dans un entretien d'une origine impliquant le vent de la mer qui est non loin du site, de l'air qui circule, ou encore de la proximité avec une forêt qui jouxte l'aire de maraichage à l'ouest.

La pression des ravageurs n'est pas homogène tout au long de la saison, il existe des périodes à risque. C'est le cas par exemple des acariens qui sont beaucoup plus fréquents en saison sèche.

Les maraichers de ce site ont de grandes difficultés pour qualifier les ravageurs en langues locales. Mais ceci ne s'explique pas par le fait d'une pauvreté linguistique dans la nomination des ravageurs en langues locales, mais plutôt une méconnaissance des maraichers car une investigation sur d'autres sites de maraichage et la revue de littérature nous démontrent le contraire. Ce constat pourrait s'expliquer par le fait que la plupart des maraichers du site de Sèmè-Kpodji ont grandi en zones urbaines. Les insectes sont sous l'appellation de Bibi et les vers wanvou. Ces nominations sont très englobantes. Néanmoins, même avec un mauvais français, ils arrivent à nommer les insectes à leur manière et à se faire comprendre.

Par ailleurs les maraichers de ce site ont une connaissance sémiologique des ravageurs et des maladies des plantes. Ils sont capables de décrire les insectes et de dire à travers l'aspect physique que présente la plante, si elle est attaquée par un criquet, un puceron, un acarien etc.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon