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Aide au développement peut-elle aider l'Afrique noire à  se lancer au développement durable?

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par Jean-Paul Jean-Paul NABONA BISIMWA
Université Libre dà¢â‚¬â„¢Uvira et des Grands Lacs, ULUGL en sigle - Master complementaire  2012
  

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2.2. L'aide multilatérale s'expliquerait en partie par l'intérêt des donateurs

Dans une étude sur l'allocation internationale de l'aide de la CE (Communauté Européenne), Bowles (1989) conclut à la simultanéité des logiques de besoins et d'intérêt/proximité. Le revenu par habitant et le fait d'être une ancienne colonie d'un pays de la communauté paraissent les facteurs déterminants dans l'allocation de l'aide de la CE. Les deux tableaux ci-dessous semblent confirmer ce résultat. Ceci n'est guère étonnant, dans la mesure où la CE présente des caractéristiques intermédiaires entre les institutions multilatérales et bilatérales.

Tableau J--5 : Répartition de l'aide de la Communauté Européenne par groupe de revenu (en 2003)

Etudiant l'allocation internationale de l'aide de la Banque Mondiale, Frey et Schneider (1986) ont testé quatre modèles : un modèle de besoin, un modèle d'efficacité ou de vertu (stabilité macro-économique et politique), un modèle «salutaire » caractérisant les pays engagés dans le processus d'insertion internationale mais possédant de grands déficits (dette, commerce extérieur, ...) et enfin un modèle politico-économique qui identifie les pays pauvres proches du camp occidental. C'est ce dernier modèle (politico-économique) qui apparaît dans leurs conclusions comme le plus vraisemblable. L'utilisation de l'aide comme instrument de politique étrangère serait alors manifeste jusque dans les organisations internationales. Cependant, des études plus récentes concernant l'aide de la Banque mondiale (Burnside et Dollar 1997, 2000) concluent à la prise en compte de facteurs d'efficacité. Sans doute, la fin de la guerre froide mais aussi de nombreuses critiques formulées à l'encontre des institutions de Bretton Woods, comme on le verra plus loin, ont entraîné une disparition progressive du caractère politique de l'aide multilatérale, la redirigeant ainsi vers plus d'efficacité.

2.3. L'ensemble de l'aide s'expliquerait par le besoin

Les études portant sur l'allocation de l'ensemble de l'aide (Boone 1996, Naudet 1994, Burnside et Dollar 1997, 2000, Llavador et Roemer 2001) s'accordent sur une répartition qui répond largement à des caractéristiques propres aux pays receveurs. Le niveau des besoins des pays récipiendaires souvent évalué à l'aune du PIB par habitant, et la population (dans le sens où une population élevée entraîne une aide par tête faible) ressortent comme les deux variables prépondérantes pour expliquer l'allocation internationale de l'ensemble de l'aide. Aussi

remarque-t-on une inflexion progressive de l'aide multilatérale vers le renforcement de la logique de besoin (Naudet, 1994). En effet, l'aide s'oriente davantage vers les pays à fort taux de pauvreté au détriment des pays à revenu intermédiaire.

Vers la fin des années 1990, l'importance conférée à la problématique de l'efficacité de l'aide a conduit les économistes à explorer beaucoup plus, l'idée d'une allocation basée sur l'efficacité. Des études ont indirectement testé la logique d'efficacité en recherchant la corrélation entre le niveau d'aide reçu et l'environnement institutionnel et politique dans lequel l'aide est délivrée. Mais les conclusions renforcent comme nous allons le voir, la logique du besoin. L'idée d'une efficacité différenciée de l'aide en fonction de la qualité des politiques économiques poursuivies par les pays receveurs (développée par Burnside et Dollar à partir de 1997 puis repris par d'autres études : Banque mondiale, 1998 ; Burnside et Dollar, 2000) a fortement influencé la littérature sur l'allocation de l'aide ces dernières années. A cet effet, Collier et Dollar (1999) ont envisagé un modèle théorique d'allocation de l'aide internationale qui privilégie les pays très pauvres ayant des politiques économiques et des institutions de qualité. Llavador et Roemer (2001) utilisent alors ce modèle pour tester une allocation de l'aide basée sur l'efficacité. Ils estiment une équation de croissance où l'efficacité marginale de l'aide sur la croissance économique d'un pays donné dépend d'une variable de « qualité des résultats macroéconomiques » qu'ils assimilent à un effort. Pour une enveloppe d'aide donnée, ils simulent une allocation internationale basée sur le niveau d'effort. Par rapport à l'aide actuellement versée, Llavador et Roemer obtiennent une allocation optimale très surprenante. Pour leur échantillon de 55 pays, et selon ce modèle, l'Asie de l'Est et du Sud*est se tailleraient la part du lion ; puisqu'elles recevraient 63% de l'aide totale disponible, contre 11% pour ce qui se fait dans la réalité (aide effectivement versée). L'Afrique sub-saharienne recevrait d'après l'estimation, seulement 3% contre 41% dans la réalité. Certains pays pourtant grands bénéficiaires d'aide comme la Zambie et les Philippines n'en recevraient aucune.

La conclusion est donc que le critère d'efficacité ne serait pas déterminant dans l'allocation internationale de l'ensemble de l'aide au développement. Le niveau des besoins serait au premier plan. Cette conclusion a été appuyée par l'analyse d'Alesina et Weder (2002). Ils montrent que la variable « corruption » apparaît sans effet pour la majorité des donateurs, insinuant ainsi la non prise en compte du facteur "efficacité". De même, pour Burnside et Dollar (2000), la variable de qualité de la politique économique menée dans le pays récipiendaire (reflétant la logique d'efficacité) est sans effet sur le niveau d'aide reçu, alors que le niveau des besoins ainsi que l'intérêt des donateurs paraissent déterminants. En définitive, la logique du besoin serait au premier plan de l'allocation internationale de l'ensemble de l'aide.

En définitive, on note à partir des études empiriques sur les logiques d'octroi de l'aide internationale, une domination du critère du besoin du bénéficiaire et de celui de l'intérêt ou de la proximité avec le donateur. C'est ainsi que la politique d'aide au développement fait objet

de critiques21. La faiblesse de l'importance conférée à « l'efficacité de l'aide » a souvent
entraîné une déresponsabilisation des gouvernements aidés et une mauvaise gestion de l'aide reçue. Pour pallier à cette défaillance de la politique d'aide au développement, la pratique de la conditionnalité ou encore la sélectivité dans l'octroi de l'aide internationale a souvent été proposée. Cependant, les pratiques de la conditionnalité essuient certaines critiques qui affaiblissent la mise en oeuvre de telles politiques.

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