WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Aide au développement peut-elle aider l'Afrique noire à  se lancer au développement durable?

( Télécharger le fichier original )
par Jean-Paul Jean-Paul NABONA BISIMWA
Université Libre dà¢â‚¬â„¢Uvira et des Grands Lacs, ULUGL en sigle - Master complementaire  2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Chapitre Premier

LES INSTITITIONS DE L'AIDE AU DEVELOPPEMENT

« Aider les autres n'est jamais aussi gratifiant que lorsque tu le fais dans ton propre intérêt ». David E. Kelley

Depuis les années 1950, les pays pauvres bénéficient d'aides extérieures dont l'objectif principal est de promouvoir le développement. Cette aide, bien que reconnue dans l'ordre économique des accords de Bretton-Woods6, répond à de multiples considérations géostratégiques souvent dictées par l'atmosphère politico-socio-économique. En effet, les motivations qui fondent les programmes de l'aide internationale sont complexes, et vont de l'égoïsme à la générosité. Selon la période, le type de donateur et les idéologies, les aides aux pays en développement ont servi différentes ambitions, et pris des formes diverses. Il est donc nécessaire de préciser ce que recouvre le concept de « aide au développement ».

Que qualifie-t-on réellement d'« aide au développement » ? D'où provient-elle?

Que finance-t-elle ? Quel est son budget ? Quels sont les principaux donateurs de l'aide, en volume?, En pourcentage du revenu?, Quels sont les principaux facteurs permettant d'expliquer son attribution? Quels en sont les principaux pays bénéficiaires?

Dans la section 1, on examine les principales caractéristiques de l'aide au développement et on présente ses principaux bénéficiaires. On montre dans cette section que l'Afrique sub-saharienne est la principale région bénéficiaire de l'aide, un financement à des conditions avantageuses dont on étudie les origines institutionnelles dans la section 2. Dans la section 3, on examine les principaux

critères institutionnellement affichés (ou déterminants) dans l'attribution de l'aide internationale.

Section 1 : LES PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DE L'AIDE AU DEVELOPPEMENT

Sous l'expression plus ou moins ambiguë « aide au développement », se présentent des opérations et mécanismes financiers, allant du don pur et simple au prêt; accordé à un tarif préférentiel, négocié entre pays donateurs « développés » ou Riches et des Etats bénéficiaires « sous-développés » ou « en voie de développement». Le Comité d'Aide au Développement (CAD-7) créé au sein de l'OCDE dans le but de coordonner et de comptabiliser l'aide des pays développés au Tiers-monde, distingue « l'aide publique » des autres apports. Il réserve l'appellation « aide » à la seule « aide publique » ou « aide publique au développement » (APD). Celle*ci comprend les prêts et les dons (financements sans contrepartie) du secteur public lorsque les prêts sont assortis de conditions préférentielles par rapport au marché. Les conditions avantageuses portent habituellement sur le taux d'intérêt, la durée du remboursement et les conditions d'amortissement. L'élément de libéralité et de don contenu dans de tels prêts est ainsi déterminant. Ces transferts de capital à des conditions privilégiées sont exclusivement destinés aux pays en développement. Ils poursuivent l'objectif premier d'améliorer les conditions de vie des pays receveurs (pauvres).

6 La conférence de Bretton Woods s'est tenue du 1erau 22 juillet 1944 dans le New Hampshire (Etats--Unis), dans

le cadre de la résolution des différends de la deuxième guerre mondiale. Ses accords ont jeté les bases de la coopération pour le développement international.

7 Le Comité d'Aide au Développement (CAD) regroupe depuis 1960, sur la base du volontariat, les principaux donateurs occidentaux, tous membres de l'Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE). Leur nombre est passé en 2004 de 22 à 23 avec l'adhésion de l'Island.

En 1960, l'Association Internationale pour le développement (AID) a été créée. Elle a pour objectif, l'aide au développement économique des pays du Tiers-monde. Elle prête à ces pays des ressources financières, obtenues grâce à la contribution des pays développés, à des conditions plus avantageuses que celle du marché financier international : durée de prêt très longue (50 ans), taux d'intérêt très bas (jusqu'à 0,5%), commission faible. Les autres apports, souvent qualifiés « d'aide privée », sont constitués des dons des organisations non gouvernementales, mais principalement des crédits à l'exportation, des investissements de portefeuille, des souscriptions privées à des emprunts émis par les organisations internationales. Ces apports ne sont néanmoins pas comptabilisés dans l'aide publique au développement.

L'aide prend des formes diverses. On distingue:

> L'aide multilatérale:

qui transite par des organisations internationales Spécialisées (BIRD, FMI, AID, ONU, PNUD, FAO, Unicef, etc.).

> L'aide bilatérale:

qui va directement d'un Etat a un autre. Elle est dite:

· Liée: lorsque le pays donateur impose au pays bénéficiaire des conditions d'achat de biens ou de fourniture de service en retour. Les motivations de l'aide liée sont essentiellement de deux ordres : économique et politique. Du point de vue économique, le donateur impose au receveur de consacrer tout ou partie de l'aide reçue à l'achat de ses biens et services. L'argent reçu est dans ce cas dépensé dans le pays donateur et sert ainsi à promouvoir les exportations du donateur.

· Du point de vue politique, l'aide liée sert à se créer ou à protéger des intérêts géopolitiques, stratégiques, historiques ou culturels8

· Non liée : lorsque le donateur n'impose au bénéficiaire aucune condition d'achat ou de

services en retour9. , seulement 41,7% du total de l'aide publique au développement est non lié. Au départ, l'aide était envisagée sous forme de transferts de fonds. Mais les premiers programmes d'aide ont vite reconnu que des catégories données de compétences et de connaissances techniques faisaient défaut dans les pays pauvres. Dans le souci d'augmenter les compétences nationales, une autre forme d'aide:

« Les programmes d'assistance technique » ou « coopérations techniques »,

détachant des experts étrangers dans des domaines allant de la planification économique à l'ingénierie et à la construction ont alors été proposés et mis en oeuvre. Avec la crise d'endettement des années 1980, naît une nouvelle forme d'aide: les allègements ou annulation pure et simple de dettes, comptabilisés dans l'aide publique au développement. L'aide peut aussi être en nature : envoi de céréales, de matériels médicaux, attribution de bourses d'études ... L'aide est dite hors projet si elle n'est pas affectée à un projet précis, mais sert à financer le déficit budgétaire ou le déficit extérieur. A l'inverse, l'aide-projet ou programme est celle affectée à une fin précise: construction d'un barrage, de routes, promotion du secteur cotonnier, etc. Enfin, l'aide est qualifié de « aide d'urgence » lorsqu'elle est destinée à secourir des populations en situation de cataclysmes (séisme, conflits armés, sécheresse, inondation, raz-de-marée, ...). Sur la période 1950-1955, les apports totaux d'aide au développement valaient 1,953 milliards de dollars. Elle a peu à peu progressé dans les années 1970 et surtout dans les années 1980. La très forte croissance des pays de l'Occident durant les Trente Glorieuses a permis de libérer des ressources supplémentaires pour l'aide. Mais il y a aussi l'influence des enjeux politiques d'alors. Dans un contexte de guerre froide, la compétition pour les amitiés géostratégiques explique largement cet accroissement de l'aide internationale. La fin de la guerre froide a

8 (Jepma Catrinus J. 1991 ; OCDE 2006b)

9 Normes Selon OCDE (2006b)

entraîné un recul sensible de l'aide mondiale dans la première moitié des années 1990 (voir figure ci-dessous).

En effet, les enjeux politiques étant l'une des principales motivations de l'aide internationale (comme on le verra plus loin), l'effondrement du bloc soviétique en 1991 a atténué la motivation politique des principaux donateurs. Depuis 2001, on assiste à une nouvelle phase d'ascension de l'aide en volume. D'environ 55 milliards de dollars en moyenne jusqu'en 2000, l'aide a atteint les 80 milliards en 2004. Ce regain d'importance est attribuable aux graves crises financières et d'endettement des pays les plus pauvres qui ont conduit à des annulations successives de dettes, consenties en 2003 et 2004 ; et surtout à la lutte contre le terrorisme depuis les attentats du 11 septembre 2001. Cette nouvelle motivation de l'aide internationale explique largement cet accroissement. L'année 2005 a été une année spéciale pour l'aide internationale. On a assisté à une forte augmentation de l'aide extérieure, qui a dépassé les cents milliards de dollars US. Cette augmentation spectaculaire est surtout imputable au raz-de-marée(le tsunami) survenu le 26 décembre 2004; qui a entraîné un geste de générosité sans précédent dans le monde entier.

Figure I-1 : Aide au développement nette (prix constant, milliards de $ US 2003)

Près des trois quarts de l'aide publique au développement accordée entre 1970 et 2005 a été fourni dans le cadre de programmes bilatéraux. L'aide a été essentiellement bilatérale dans les années 1970. La bipolarisation du monde et la course aux alliances ont révélé au cours de cette décennie, l'égoïsme des plus nantis. Dans le climat politique passionné d'alors, les intérêts individuels des principaux donateurs ont été manifestes dans la coopération internationale. Depuis les années 1980, on note cependant un accroissement de la proportion d'aide acheminée par les organisations multilatérales, bien que faiblement. L'aide privée a elle aussi une tendance à la hausse depuis les années 1990, comme l'illustre la figure I-2 ci-dessous. La proportion de l'aide privée dans l'enveloppe totale de l'aide internationale au développement se chiffre à près de 11% ces dernières années.

Figure I-2 : Aide mondiale par catégorie (en milliards de dollars US)

L'analyse des données ventilées par région, en volume ou en pourcentage du PIB révèle que l'Afrique sub-saharienne occupe depuis 20 ans la place de premier bénéficiaire d'aide sur le plan mondial (voir les deux figures ci-dessous). L'aide reçue par l'Afrique sub-saharienne sur la période 2000-2004 valait plus du double de celle octroyée à l'Amérique Latine; même chose avec l'Asie du Sud et Centrale. Plus du tiers de l'APD (en volume) est allé à cette région entre 2000 et 2004. Nous expliquerons plus loin ses disparités régionales de l'aide au développement.

Lorsqu'on fait l'analyse en termes de valeur par habitant (aide par habitant), l'Afrique sub-saharienne se classe également parmi les grands bénéficiaires d'aide dans le monde. L'Africain moyen a bénéficié annuellement de 26,3$ US entre 2000 et 2004.

L'aide par tête en Afrique était ainsi supérieure à la moyenne pour l'ensemble des pays les moins avancés (24,7$); et valait plus du triple de la moyenne pour l'ensemble des pays en développement (8,8$) comme le montre la figure ci-dessous.

Figure I-5 : Aide nette par habitant par région (en $ US)10

Il faut signaler que l'aide au pays de l'Europe Centrale et Orientale a considérablement augmenté ces dernières années. Cette augmentation provient surtout de l'Union Européenne (UE), et s'inscrit dans la politique d'intégration de ces pays dans l'Union.

L'analyse de la tendance en pourcentage de l'enveloppe totale d'aide dans le monde classe également l'Afrique en première place des bénéficiaires d'aide internationale. L'Afrique a généralement bénéficié de plus du tiers du budget total de l'aide. Cependant, la fin de la décennie 1990 a vu l'aide au développement se détourner progressivement du continent africain, au profit de l'Europe centrale et orientale. De nos jours, on note un retour progressif de l'aide en Afrique (voir figure ci-dessus). Ce regain d'importance de l'aide à l'Afrique est sans doute imputable aux nombreux rapports alarmistes, concernant l'augmentation de la pauvreté en Afrique sub-saharienne, et la nécessité d'un effort plus accru en faveur du continent africain.

Figure I-6 : Evolution de l'APD par région, en pourcentage de l'aide totale

10 Il faut signaler que l'aide au pays de l'Europe Centrale et Orientale a considérablement augmenté ces dernières années. Cette augmentation provient surtout de l'Union Européenne (UE), et s'inscrit dans la politique d'intégration de ces pays dans l'Union.

Une analyse par pays révèle cependant que, ce sont les pays asiatiques en développement, à forte croissance comme la Chine, le Vietnam, le Pakistan, l'Indonésie, l'Inde qui reçoivent davantage d'aide. Viennent ensuite les pays qui comptent un grand nombre de pauvres comme la Tanzanie, le Mozambique, l'Ethiopie, le Bangladesh (voir la figure ci-dessous). On expliquera plus loin ces disparités internationales.

Figure I-7 : Les dix premiers pays bénéficiaires d'aide (moyenne sur 2000-2004, en milliards de $, au prix de 2003)

Mais lorsqu'on fait l'analyse en valeur par tête, ce sont les petites économies insulaires, qui passent en tête, avec plus de 285 $ par habitant pour le Timor-Leste contre moins de 2$ par tête pour la Chine, l'Inde et le Nigeria. Le tableau ci-dessous présente quelques exemples dans ce domaine. Tableau I-1 : Aide par habitant (moyenne sur 2000-2004)

Cette tendance n'est toutefois pas sans exception : le Mozambique reçoit de gros apports d'aide (en moyenne 1,2 milliards de dollars par an sur la période 2000-2004), ainsi qu'une aide par habitant relativement élevée (67$); alors que le Turkménistan obtient peu d'aide sur la même période, en volume (43 millions de dollars par an en moyenne) et par habitant (9$). L'aide a financé pour la plus grande partie, les secteurs productifs. Jusqu'aux années 1990, environ 40% du total de l'aide ont été affectés au développement de l'infrastructure économique et des secteurs productifs (agriculture, industrie, énergie et commerce), comme le montre la figure ci-dessous.

Figure I-8 : Aide par secteur dans le monde (en milliards de $, prix de 2003)

Cependant une plus grande importance est accordée ces dernières années aux secteurs sociaux: population et santé, approvisionnement en eau, éducation, ... comme le montre la figure ci-dessus. La dominance de l'infrastructure économique et des services sociaux dans le budget total de l'aide est plus remarquable en Afrique (voir figure ci-dessous). La création des conditions favorables au décollage économique et la réduction de la pauvreté sont de nos jours, les objectifs principaux de l'aide au développement en Afrique.

Figure I-9 : Aide par secteur en 2004 en Afrique (en % du total d'aide à l'Afrique)

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand