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Aide au développement peut-elle aider l'Afrique noire à  se lancer au développement durable?

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par Jean-Paul Jean-Paul NABONA BISIMWA
Université Libre dà¢â‚¬â„¢Uvira et des Grands Lacs, ULUGL en sigle - Master complementaire  2012
  

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CONCLUSION PARTIELLE

Les pratiques des principaux donateurs en matière d'aide au développement peuvent constituer un facteur déterminant de l'inefficacité de l'aide en Afrique subsaharienne. Mode de financement, planification et politique d'octroi de l'aide, ... Tous ces facteurs devraient être conçus de manière à créer des incitations favorables à l'efficacité de l'aide internationale. Ce qui n'est malheureusement pas le cas en Afrique.

Si à long terme l'équivalence entre les prêts et les dons semble être admise, les différentes logiques d'attribution de l'aide peuvent quant à elles conduire à des résultats différents. Dans l'évaluation empirique des raisons de l'allocation internationale de l'aide en Afrique sub-saharienne, nous aboutissons à la conclusion selon laquelle le critère d'efficacité n'est pas pris en compte. Seuls les liens de proximité avec les donateurs et le niveau des besoins des pays récipiendaires paraissent déterminants dans l'explication de l'allocation internationale de l'aide. Sans tenir compte de la qualité de la gouvernance dans les pays receveurs, l'aide va plus vers les pays mal gouvernés, et qui ont des liens privilégiés avec les principaux donateurs. Une telle allocation de l'aide internationale conduit au problème de sélection adverse et d'aléa de moralité chez le récipiendaire en matière de réduction de la pauvreté. L'aide extérieure désincite notamment le receveur à faire l'effort.

Pour une meilleure efficacité de l'aide, il serait mieux qu'on conditionne l'aide à l'adoption de politiques appropriées, comme celles favorables à la réduction de la pauvreté. Une telle pratique nécessite une harmonisation des politiques d'aide au niveau des donateurs. Malheureusement, elle bute sur une mauvaise coordination au niveau des donateurs, qui accordent bien trop souvent, plus d'importance à leurs propres intérêts. Cette mauvaise coordination crée des coûts supplémentaires liés à la gestion de l'aide, l'alourdissement de la bureaucratie et pose le problème de responsabilité en cas d'échec. Aucun donateur ne se sent finalement en obligation de résultat, ou concerné en cas d'échec. On se trouve ainsi en face du problème commun à l'ensemble des biens publics : le problème du passager clandestin. Un réajustement des politiques actuelles d'aide est alors nécessaire face à l'augmentation inquiétante de la pauvreté dans la région.

CONCLUSION POUR LA DEUXIEME PARTIE

L'aide au développement ne semble pas aider le développement en Afrique sub-saharienne. Dans cette deuxième partie, on a examiné les raisons susceptibles d'expliquer l'inefficacité de l'aide dans la région. Même si l'idée selon laquelle les économies africaines sont prises au piège de la pauvreté n'est pas à écarter totalement, l'inefficacité de l'aide au développement en Afrique ne semble pas liée au volume de l'aide. En effet, même sur la période où l'aide à l'Afrique subsaharienne a été suffisamment forte, elle n'a pas favorisé le développement. De plus, même pour les pays qui vraisemblablement ne sont pas pris au piège de la pauvreté, l'aide est inefficace.

Les explications les plus plausibles de l'échec de l'aide dans la région sont la qualité de la gouvernance dans les pays receveurs et les politiques d'aide des principaux donateurs. Une gestion économique malsaine serait associée à l'aide au développement dans les pays receveurs. Nos résultats révèlent que la qualité de la gouvernance dans les pays de la région fait que, l'aide entraîne une augmentation de la consommation et donc une baisse de l'épargne domestique. L'investissement dans le pays récipiendaire que devrait financer l'aide n'augmenterait pas véritablement. Plus étonnant, l'aide qui est censée lutter contre la pauvreté n'augmente pas la consommation des populations pauvres. Mais celle d'une classe de « privilégiés ». On peut alors comprendre pourquoi malgré l'augmentation de la consommation que crée l'aide internationale, la pauvreté augmente en Afrique subsaharienne.

Si la productivité de l'aide dépend de son utilisation dans le pays receveur, l'efficacité de l'aide serait différente selon la qualité de la gouvernance dans le pays considéré. C'est ainsi qu'on a intégré la qualité de la gouvernance dans notre analyse. Le résultat suggère alors curieusement que l'aide exerce un impact négatif sur l'activité économique dans le pays receveur. Nos analyses révèlent que cette perversité de l'aide serait due aux effets d'incitation que l'aide crée au niveau du gouvernement aidé. Non seulement l'aide exerce un effet néfaste significatif sur l'épargne et l'investissement domestiques, mais aussi elle désincite à l'effort. L'aide internationale encourage l'adoption de politiques inappropriées dans les pays receveurs. De façon générale donc, l'aide extérieure engendre une désincitation à l'effort nécessaire pour que les pays pauvres sortent du sous-développement.

Le paradoxe de la perversité de l'aide, serait lié aux pratiques des donateurs. Leurs politiques d'aide seraient à la base des effets néfastes que l'aide crée. En effet, s'il semble admis qu'à long terme, il y a équivalence entre les différents modes de financement (prêts, dons ou même une combinaison des deux), les principaux critères d'attribution de l'aide ne seraient pas quant à eux neutres en terme d'incitation. La logique du besoin et/ou de proximité avec le donateur n'encourageraient pas le pays aidé à faire d'effort, à entreprendre les réformes politico-institutionnelles nécessaires pour une meilleure performance économique et donc, une meilleure efficacité de l'aide. L'aide pose dans ce cas un problème d'antisélection. Le meilleur critère d'attribution de l'aide serait le critère d'efficacité. Malheureusement, il est le moins pertinent dans l'explication de l'allocation internationale de l'aide au développement en Afrique sub-saharienne. Les résultats de nos analyses rejoignent ceux de Svensson (2000) et Alesina et Weder (2002) selon lesquels l'aide va plus vers les pays dont la qualité de la gouvernance est moins bonne.

En effet, en accordant trop souvent, plus d'importance à leurs propres intérêts, les grands donateurs supporteraient plus des régimes institutionnellement défaillants. La pratique de l'aide conditionnelle serait presque inexistante (ou faible) en Afrique sub-saharienne. Aussi note-t-on une mauvaise coordination de l'aide qui est liée à l'égoïsme des pays donateurs. Cette défaillance organisationnelle au niveau des donateurs alourdit la bureaucratie de l'aide, ainsi que les coûts liés à la gestion de l'aide au développement. La mauvaise harmonisation des politiques au niveau des donateurs est un autre véritable problème. Elle profite aux régimes « prédateurs » qui peuvent surfer sur l'insuffisance de la coordination au niveau des donateurs pour faire échouer la conditionnalité de l'aide internationale. Dans ce cas, l'aide sera octroyée malgré le fait que les réformes nécessaires en matière de gouvernance au niveau du pays receveur ne soient pas entreprises. L'aide ne peut alors être efficace.

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