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La protection d'un bien naturel inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco face à  la nécessité de l'exploitation des ressources naturelles en RDC. Cas du parc national des Virunga.

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par LIONNEL Aron MPOZI
Université de Goma - LINCENCE  2015
  

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A. Les populations riveraines du Parc National des Virunga

Actuellement, le PNVI connaît une pression de la population riveraine car il renferme des terrains dont le développement est essentiel aux populations. Sa diversité biologique est menacée par les actions anthropiques diverses: agriculture, élevage, braconnage, feux de brousse incontrôlés, exploitation forestière pour le bois-énergie, etc. L'afflux massif des réfugiés de la région n'a fait qu'exacerber la situation122. L'Etat ne remédier à ces difficultés que s'il prend des mesures spécifiques et appropriées pour satisfaire les besoins des villageois environnant le PNVI.

B. La concentration humaine autour du PNVI suite aux déplacements des

populations123

Les conflits interethniques dans la région des Grands Lacs et les affrontements des groupes armés, les pillages de ressources naturelles et l'éruption du volcan Nyiragongo ont causé des déplacements internes massifs, en plus de la présence de réfugiés au Nord-Kivu. Le déplacement au Nord-Kivu remonte au début des années 1990, lorsque les conflits entre ethnies Nyanga, Hunde et Hutu, dans le Masisi se sont étendus à toute la région et ont provoqué de nombreux déplacements, particulièrement vers Goma [...]. En 1993 et 1994, les autorités du Nord-Kivu ont organisé une opération de désarmement des milices de la région, causant une vague de déplacements (opérations Kimya en 1993et Mbata en 1994). C'est aussi l'époque où d'autres milices se constituent, tels que les Mai Mai, Mongol, Nalu, etc. [...]. Les deux guerres de 1996 et de1998 ont également causé plusieurs millions des déplacés [...]. Comme l'a détaillé un rapport d'une commission d'experts de l'ONU sur l'exploitation des ressources en RD Congo, le pillage de ressources naturelles par différents groupes armés, pays et sociétés, aggrave la crise de déplacement dans un pays où guerre et profit sont

121 Idem, p. 9.

122 RD Congo, Ministères de l'Agriculture et de l'élevage, du Plan, de l'Education nationale et de l'Environnement, conservation de la nature, forêts et pêche, Monographie de la province du Nord-Kivu, PNUD/UNOPS, 1998,p. 123.

123 C. PALUKU MASTAKI, op.cit., p. 14.

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étroitement liés [...]. En janvier 2002, l'éruption du volcan Nyiragongo a causé le déplacement temporaire ou à plus long terme d'au moins de120 000 personnes124.

Les faits démontrent qu'en cas de conflit la coexistence des personnes déplacées ou réfugiées et la conservation de la biodiversité forestière devient complexe, car autant les déplacés ou les réfugiés ont besoin de survivre, autant ils recourent à l'utilisation des ressources naturelles qui les entourent «pour des raisons légitimes de leurs besoins prioritaires»125. Ainsi, les déplacés ou les réfugiés «coupent souvent la végétation à des fins agricoles ou pour obtenir du bois à brûler. De telles pratiques mènent rapidement à la déforestation126.

C. Les réfugiés et le Parc National des Virunga

En 1994, plusieurs centaines de milliers de Réfugiés de la région affluent vers Goma et ses environs [...]. Des milliers de gens terrorisés, fuyant les massacres du Rwanda, ouvrent sans le savoir la voie à une autre collision dramatique, cette fois entre l'homme et son environnement127, précisément autour et dans le Parc national des Virunga. A l'arrivée des réfugiés, aucune infrastructure d'accueil n'était prévue.

Devant les difficultés de s'installer même dans la ville de Goma, plusieurs foyers de réfugiés s'installèrent de part et d'autres des routes Goma-Sake et Goma-Rutshuru. Le nombre des foyers augmentant, ces constructions précaires s'étendirent et constituèrent des camps [...]. Le camp de Mugunga a été occupé de façon spontanée, chaque réfugié s'installant à son gré; celui de Kahindo, par contre, a été aménagé par le HCR. De surcroît, il faut signaler qu'avant l'arrivée du HCR, l'exploitation [du bois] et la distribution étant désorganisées, les réfugiés ont détruit une bonne partie du parc des Virunga. Il est estimé que 1000 réfugiés rasaient1 ha par semaine, soit 4 ha par mois128. Entre 1994 et 1996, l'on a remarqué une destruction de plus de 150 km2 de couverture forestière et la détérioration de la valeur esthétique du parc suite à la présence de plus de 700 000 réfugiés aux bords du parc. Plus de 50% des bambous ont été coupés en secteur Mikeno. La population d'hippopotames a

124 Norvegian Refugee Council, Atelier de formation sur les principes directeurs relatifs au déplacement des personnes à l'intérieur de leur propre pays, Goma, RD Congo, 7-9 avril 2003, pp. 4-5.

125 Idem, p.5

126 S. JAMES et J. OGLELHORPE, L'herbe foulée: atténuer l'impact des conflits armés sur l'environnement, Washington, Biodiversity Support Program, 2001, p. 49.

127 Réfugiés, Environnement, l'heure est à l'urgence, Genève, HCR, volume 2, n° 127, 2002, p. 9.

128 RD Congo, Ministères de l'Agriculture et de l'élevage, du Plan, de l'Education nationale, et de l'Environnement, Conservation de la nature, Forêts et Pêche, op. cit., p. 147.

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été sensiblement réduite. Le nombre de pièges détruits est passé de 2501 en1991 à 6873 en1995129.

La forte pression démographique autours du parc, les différentes hostilités armées à l'Est de la RDC et les violations intentionnelles des textes légaux organisant la conservation de la nature et la protection de la nature ont exercé un impact néfaste sur le PNVI et ses limites130. Des missions de suivi réactifs en 2006, 2007 et 2010 ont tous confirmé l'ampleur des menaces pesant sur l'intégrité du bien et ont recommandé que le site soit maintenu sur la Liste de biens du patrimoine mondial en péril. Les principales menaces identifiées sont :131

· Les envahissements illégaux à de nombreux endroits dans le bien ;

· L'exploitation illégale des ressources, notamment le braconnage de la faune, la pêche illégale sur le lac Edouard et la production de charbon de bois ;

· La présence de bandes armées opérant dans le bien ;

· Le chevauchement de la totalité du parc par 5 permis pétroliers dont deux, accordés à TOTAL (block III) et SOCO (block V), font l'objet d'activités d'exploration depuis 2011.

129 N.MUSHENZI LUSENGE, Rapport annuel 1997, ICCN/Direction Nord-Kivu, 1997, p.2.

130 B. UWIMANA, op.cit., p. 289.

131 Centre du patrimoine mondial/UICN/ Ramsar, op.cit., p. 9.

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