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Interdependance entre juge et procureur


par Dreaming Venerosy de FLORE
Université de La Réunion - Master 1 droit 2013
  

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CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

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INTRODUCTION

« Je suis juge, oiseau voyez mes ailes car je fais partie du même corps que les juges. Je suis souris, voyez mes pattes d'accusateur puisque je représente l'action publique.» 1Cette métaphore est révélatrice de l'interdépendance pouvant exister entre le juge d'instruction et le parquet. Cet entremêlement entre le parquet et les juges est très ancien. C'est Napoléon qui avait inventé ce système hybride dans lequel le parquet soumis au gouvernement intervient parmi les juges. Sous l'ancien régime les choses étaient encore plus confuses. Une maxime de cette l'époque était « Tout juge est procureur général ». Cela atteste de la confusion qui régnait déjà à cette époque. Ce mélange des genres fonctionnait non sans difficultés. Souvenons-nous de la Fronde des magistrats contre le Roi Louis XV en 1753. Ce dernier n'avait pas donné suite aux remontrances des magistrats hostiles au refus des sacrements. Cela avait donné lieu à une grève du service judiciaire du Parlement de Paris. C'est pourquoi Napoléon était devenu hostile aux juges. Ne voulant plus de ces magistrats sécessionnistes, il inventa un système dans lequel un parquet était organisé selon une hiérarchie militaire dépendant de lui. Le parquet était intégré dans un corps unique avec les juges du siège. Ce système permettait au gouvernement « détenir l'ensemble de la magistrature assise et debout parce que leur carrière, étant unique, se fait en échelle de perroquet.»2 Aujourd'hui notre système ressemble à s'y méprendre à celui de Napoléon. Il a fallu attendre les arrêts de la Cour de Strasbourg du 30 octobre 1991 puis du 20 février 1996 pour interdire aux avocats généraux de siéger aux délibérés des affaires jugées par la Cour de cassation.

Le système actuel prévoit un corps unique de magistrature composé de magistrats du siège et du parquet. Ces magistrats interviennent au moment de l'enquête, de l'instruction et lors de la phase de jugement. Ces trois éléments font un procès. Un procès peut-être de natures différentes. Celui-ci peut-être administratif, civil ou pénal. Deux magistrats jouent un rôle important dans la phase préparatoire du procès pénal : le juge d'instruction et le procureur de la République. Le juge d'instruction est un magistrat du siège. Il appartient au tribunal de grande instance et est désigné par son président. Il a pour mission de rechercher si les charges retenues contre un accusé sont suffisantes et assez établies pour pouvoir l'inculper devant un tribunal. Pour cela il examine les preuves de l'infraction et instruit à charge et à décharge. Ces pouvoirs sont très étendus. Il doit prendre toutes les mesures nécessaires à la manifestation de

1 Napoléon

2 Soulez Larivière, A.J. Pénal, n°3, mars 2011

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la vérité. Le Procureur de La République est un magistrat du Parquet3. Les magistrats du parquet forment le ministère public. Ils sont chargés de réclamer l'application de la loi au nom de la société. Les membres du parquet ne sont pas des juges, ce sont plutôt des avocats de la société.

Ces deux magistrats, contrairement à une idée reçue, ne travaillent pas indépendamment dans leur juridiction. Ils travaillent en étroite collaboration. On dit qu'il existe une interdépendance du juge d'instruction et du parquet. Ces derniers doivent se communiquer les éléments de procédures. Ils se concertent et prennent parfois des décisions coordonnées dans l'intérêt de la procédure. On évoque même l'idée d'une mutualisation des moyens mis à leur disposition afin de faire avancer la procédure. Parfois, l'un peut même enjoindre l'autre de prendre des actes déterminés. Nul ne pourrait affirmer connaître le degré d'interdépendance liant ces deux magistrats. Celle-ci est-elle superficielle ? Ces magistrats pourraient-ils se passer l'un de l'autre et travailler chacun de son coté au non de l'intérêt de la justice ? Ou bien au contraire cette interdépendance est fondamentale pour l'équilibre des pouvoirs dans la procédure pénale française ? L'étude de l'ensemble des textes juridiques4 permettra mesurer de cette interdépendance. Il faut rajouter à cela la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et du citoyen (CESDH) et la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH). Celle-ci contraint le législateur à modifier profondément notre procédure.

Le juge d'instruction et le Parquet sont donc des organes clefs de la procédure pénale. Participent-ils de concert à l'équilibre de cette procédure ? On peut légitiment s'interroger sur les effets l'interdépendance entre le juge d'instruction et le Parquet sur une justice objective ? L'équilibre de la procédure pénale peut se concevoir de différentes façons. On peut l'envisager d'un point de vue subjectif grâce aux principaux acteurs de la procédure pénale : les magistrats et les parties. Il s'agit non seulement de mettre en évidence tous les rapports de force concernant ces acteurs dans cette relation judiciaire mais aussi d'étudier les droits et les obligations de ces personnes afin de voir si elles sont traitées également ou équitablement dans le cadre de la procédure pénale. Cet équilibre s'apprécie aussi de façon objective à l'aune des principes qui fondent et qui dirigent le procès pénal et la procédure pénale. Ceux-ci

3 Les magistrats affectés dans un Parquet sont :

* au niveau des juridictions de première instance : procureur de la République, procureur adjoint de la

République (facultatif), vice-procureur de la République, substitut du procureur de la République ;

* au niveau des cours d'appel : procureur général, avocat général, substitut général ;

* au niveau de la cour de Cassation : procureur général, premier avocat général, avocat général.

4 L'ordonnance de 1958, la Constitution française, le pacte civil et politique

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garantissent l'équilibre de la procédure pénale française et le respect des droits de la défense. Il s'agit essentiellement d'une part des principes d'impartialité et d'indépendance intrinsèques aux statuts des magistrats et d'autre part des principes du contradictoire et de la présomption d'innocence. En effet, le statut des magistrats ne concerne pas seulement les règles relatives à leur recrutement, à leur formation et à leur gestion de carrière. Dans une acception large, il concerne aussi l'ensemble des règles et des principes qui fondent et encadrent leur action lors de la procédure pénale.

En réalité, on s'aperçoit que le juge d'instruction et le parquet sont confrontés à ces principes dans leurs rapports mutuels. Indéniablement le rôle de chacun est important car la manière dont ils vont exercer leur fonction influera sur l'équilibre de la procédure. Le mis en cause doit avoir la garantie que ses droits seront toujours respectés qu'il soit face à un juge d'instruction ou face au procureur de La République et à ses officiers de police judiciaire. Tous les actes pris par le juge d'instruction et le Parquet doivent respecter ces principes. En théorie ces magistrats doivent se coordonner pour être efficaces et s'assurer que ces principes soient respectés. En pratique les choses ne sont pas si simples. De nombreuses d'affaires comme celle d'Outreau ont mis à mal notre système procédural durant ces dernières années. A chaque fois les bouc-émissaires principalement désignés étaient soit le juge d'instruction, soit le procureur, soit les deux. De multiples rapports ont été réalisés pour résoudre les dysfonctionnements révélés par les affaires. Cependant aucunes de ces études n'a permis l'élaboration d'un projet de loi satisfaisant l'ensemble des parties prenantes. Une des solutions possibles ne résiderait-elle pas justement dans cette interdépendance entre le juge d'instruction et le Parquet ? Au lieu de remettre en question l'une ou l'autre de ces institutions, ne faudrait-il pas améliorer le système existant en réfléchissant sur les interactions entre ces deux acteurs prépondérants de la procédure pénale ?

L'interdépendance des statuts du juge d'instruction et du parquet est-elle facteur d'équilibre ou de déséquilibre de la procédure pénale française ?

Au préalable on s'interrogera sur l'équilibre statutaire des magistrats de la procédure pénale et puis on analysera l'équilibre fonctionnel entre les parties.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo