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La problématique de la diffusion des musiques du monde en France


par Alexandre Aimé Siewe Leupi
Université Paris III Sorbonne nouvelle - DESS Relations interculturelles 0000
  

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D-2- La part des Musiques du Monde dans les radios.

Le bilan radio 1997 réalisé par Ipos Music avait confirmé l'impression déjà dominante suivant laquelle, la place accordée aux Musiques du Monde à la radio est globalement faible. Précisons que le bilan Ipsos s'effectue à l'aide du système Aire check de reconnaissance automatique et d'analyse de la programmation musicale, sur un panel de 30 stations qui représentent 95% de l'audience.

En 1997, la World Music a compté pour à peine 1% de la programmation musicale de l'ensemble des radios, avec environ 25 000 diffusions sur un nombre total de 2 800 000. La place de la World varie selon les formats de radios. Elle est presque inexistante sur les réseaux FM nationaux, réalise 4% sur les radios généralistes, représente 1% de la programmation des radios locales (celles de radio France exceptées), et 2% sur les locales de radio France.

Parmi les radios du service public, FIP revendique 30% de Musiques du Monde dans sa programmation, avec des campagnes spéciales pour les disques « coup de coeur » (par exemple le dernier album de Toups BEBEY)

A bordeaux, Radio Black Box, créée en 1991 avec 100% de World Music, a changé de format après son rachat par un grand groupe de communication. Aujourd'hui, elle diffuse 60% de rap et 40% de Musiques du Monde, tripant ainsi son audience.

A Montpellier, Divergence FM annonce 30% de Musiques du Monde alors qu'à la Radio galère à Marseille, c'est 50% avec des émissions sur Cuba, les Antilles, la musique berbère, comorienne ou arménienne.

A Paris, Radio Nova (qui émet également sur Angers et Montpellier) reste l'une des radios FM les plus ouvertes à la diversité des musiques de la planète. Sur sa playlist où se côtoient - fait unique dans le paysage - la techno de Daft Punk et le Maskanda de la chanteuse sud-africaine Busi Mhlongo, 15 à 18% des titres sont World Music.

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SLYROCK constitue une sorte d'exception au sein de la catégorie des « poids lourds » du réseau.

Sa programmation majoritairement rap s'est complétée d'une touche sensible de rai avec l'entrée en playlist des Faudel, Mami, Khaled. A la direction de la chaîne, on prédit un avenir encore meilleur. Mais on peut valablement se demander de quel type de rai il s'agit ? En terme d'évolution, le tableau (*) - déjà peu reluisant ne semble pas aller en s'améliorant. Car dans ses dernières statistiques, l'institut de sondage Ipsos ne distingue même plus le genre World Music qui se retrouve simplement englobé dans la rubrique « Autres »

Selon Stéphane Rogeon le directeur de marketing de l'Institut cité par Gildas LEFEBVRE, le poids de ces musiques dans les programmations des différentes radios est devenu insignifiant.

Une conséquence directe du formatage de plus en plus pointu des radios qui désormais diffusent majoritairement, et presqu'uniquement les rythmes à la mode fabriqués suivant des recettes plus marketing qu'artistiques. Au-delà du diktat des programmations de radio et des responsables marketing des labels qui mettent en équation mathématique les goûts du public, le cadre réglementaire française en matière radiophonique constitue un véritable abcès à la gorge des chanteurs et compositeurs des Musiques du Monde. (*)

En effet, le décret sur les quotas de diffusion que les radios se doivent de consacrer à la musique francophone se réduisant à ce qui est d'expression française ou de la langue régionale française comme le breton ou le corse.

(*)

Voir en annexe le palmarès des titres (rares) classés dans les Tops 40 des diffusions en 1997.

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C'est ainsi que des artistes clairement identifiés à l'étranger comme les ambassadeurs de la « fameuse » France plurielle, bleu-blanc-rouge-brandie non sans fierté après la dernière coupe du monde de football se trouvent hors des quotas, dans les radios françaises. Bien qu'ayant été nominé aux Victoires de la Musique, le chanteur d'origine congolaise Lokua Kanza n'a pas pu obtenir sa classification dans le quota réservé à la musique française.

Cela donne des situations ambiguës, où ces artistes des quotas en Hexagone bénéficient dans leur diffusion à l'internationale des nombreux mécanismes de soutien et de promotion relayés par des organismes français tels que le bureau de cent-vingt radios dans le monde. Radio France Internationale, RFI qui émet désormais à Paris, n'accorde pas une grande place aux Musiques du Monde depuis le lancement de son format « tout actu ». A l'exception des magazines musicaux spécialisés comme « Couleurs Tropicales » de Claudy Siar, ou « Musiques du Monde » avec Laurence Alloir, RFI a plutôt fait le choix du rayonnement à l'international, en déployant un travail considérable dans les coulisses.

Notamment à travers la production de CD envoyés à un réseau de mille radios partenaires, ou encore avec le Prix RFI Musiques du Monde, qui assure à ses jeunes lauréats des campagnes de promotion auprès des radios et des actions d'appui à des tournées, nous présentons cette opération au dernier chapitre de notre travail.

Pour être donc diffusés, les artistes des Musiques du Monde ont le choix entre jouer la « bonne note » ou se contenter d'une diffusion locale. Chaque jour, le fossé se creuse un peu plus entre un réseau FM commercial qui assure la promotion des esthétiques musicales dominantes et les antennes de radios associatives dont l'activisme permet de compenser, davantage d'atténuer la faible exposition de Musique du Monde sur les radios nationales. La mondialisation est bel et bien passée par là.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo