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La problématique de la diffusion des musiques du monde en France


par Alexandre Aimé Siewe Leupi
Université Paris III Sorbonne nouvelle - DESS Relations interculturelles 0000
  

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F- LES INDICATEURS DE VENTES DES MUSIQUES DU MONDE

Le poids de Musiques du Monde dans les différents Top tels que nous l'avons analysé, nous indique clairement combien les disques de musique du monde connaissent des scores de ventes modestes. La proportion de références commercialisées qui réalisent des chiffres importants est bien faible.

Seules quelques rares réalisations bénéficiant des moyens financiers, capables d'assurer de véritables campagnes de promotion et de marketing échappent à la règle. En plus des artistes qui jouissent d'une conjoncture favorable, inhérente aux courants du moment.

Dans leur acceptation la plus large, les « Musiques du Monde » subissent alors la recomposition du paysage de l'industrie musicale, marquée par des concentrations à tous les étapes de la filière.

F-1- La Recomposition du marché mondial du disque (1990-2000)

Après avoir exploré dans les années 80, le marché mondial du disque va commencer à stagner au début des années 90. En France, les parts de marché des principaux majors se stabilisent. Cinq d'entre elles se partagent le marché. Il s'agit de Polygram, Sony, BMG, Werner. Elles ont pour traits communs d'être des filiales de groupes industriels, multinationaux dont la logique est purement industrielle et financière.

Le marché mondial est dominé par Warner qui relève de la multinationale américaine du divertissement TIME WARNER. En Europe, c'est la hollandaise Polygram une filiale du groupe électro-ménager PHILIS qui est leader du marché.

Deux mini-majors indépendants, Universal et Virgin jouent les troubles fêtes. Quelques distributeurs indépendants comme PIAS, HARMONI MUNDI se partagent à peine 1% du marché. Le schéma de répartition est à peu près le suivant :

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Situation du marché en 1990 :

MAJORS / labels

MAISONS MERES / pays

PARTS DE MARCHE

POLYGRAM

PHILIPS (hollande)

+/- 30%

SONY MUSIC

SONY corp (japon)

+/- 20%

EMI

THORN (GB)

+/- 12%

BMG

BERTELSMANN (Allemagne)

+/- 12%

WARNER

TIME WERNER (US)

+/- 10%

VIRGIN

VIRGIN group (GB)

+/- 10%

UNIVERSAL

Indépendant

+/- 6%

Dès 1993, le groupe militaro-industriel anglais THORN se sépare d'EMI. Richard Branson le patron de VIRGIN décide de vendre la filiale musicale de son groupe pour financer ses compagnies aériennes (Air Virgin) et ferroviaires (Virgin Rail) en Angleterre.

EMI rachète VIRGIN et devient une sorte de « major indépendant » avec une part de marché plus importante qui la classe en 2ème position. En 1997, Seagram, un groupe agro-alimentaire canadien rachète Universal. Sony et Polygram montent en puissance et grignotent d'autres parts de marché.

C'est le début du déclin de BMG. Les résultats de Virgin compensent la baisse de régime d'EMI.

L'année suivante, en 1998, Philips qui veut recentrer ses activités vers des secteurs stratégiques à haute technologie, vend Polygram à Seagram Philippe Constantin, l'une des grands dénicheurs de nouveaux talents chez Mango Island, une filiale de Polygram consacrée aux Musiques du monde, fait les frais de cette opération et quitte le navire.

Avec ce départ, c'est plusieurs artistes du Sud, notamment africains, qui assistent impuissant à la rupture de leur contrat et l'annihilation de tout espoir

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de bénéficier de moyens financiers importants pour le développement de leur carrière.

En 1999, Universal et Polygram fusionnent pour donner naissance à Universal Music Croup qui contrôle dès lors 38% du marché après rongé au passage deux points à BMG dont la dégringolade se poursuit... Le géant Time Warner est acheté par AOL.

Un investissement qui traduit l'intérêt grandissant des fournisseurs d'accès pour les contenus, notamment la musique.

L'année 2000 est marquée par la confirmation de l'intérêt des fournisseurs d'accès pour la musique avec le rachat et SEAGRAM et VIVENDI et le rapprochement AOL-TIME-WARNER et EMI.

Quatre principaux acteurs aujourd'hui contrôlent le secteur dans les proportions suivantes :

Situation du marché en 2000 :

MAJORS / LABELS

MAISONS-MERES / pays

PARTS DE MARCHE

UNIVERSAL group

VIVENDI (France)

+/-38%

EMI /VIRGIN/WARNER

EMI (GB) / AOL (US)

+/-28%

SONY-Music Entertainment

SONY corp (Japon)

+/-25%

BMG

BERTELMANN (Allemagne)

+/-7%

Aujourd'hui, quatre majors de cinq nationalités contrôlent entre 96 et 97 du marché du disque. Les 3 et 4% restant reviennent à des labels indépendants aux moyens forts limités « volontairement » maintenus dans le circuit par les « quatre mousquetaires », afin qu'ils s'occupent du repérage et la gestation des futures stars.

Les indépendants les plus importants sont NEXT Music, M10, PIAS, NAIVE, et TRIPSICHORD.

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La prise de contrôle du marché mondiale du disque par ces quatre grands groupes industries ne constitue pas un atout favorable à la diffusion des Musiques du monde.

Et nous examinerons plus loin comment cette situation a contribué à installer la morosité dans un secteur où les performances n'étaient pas déjà très brillantes.

Voici quelques clichés ponctuels donc susceptibles d'avoir évolué après le relevé, représentant les meilleures ventes d'albums de Musiques du monde au cours des années 1997 et 1998.

F-2- L'Evolution des ventes en 1997 et 1998 Meilleures ventes de l'année 1997 :

ARTISTES

PAYS

SCORES

Cesaria EVORA

Cap-Vert

+100 000

Buena Vista Social Club

Cuba

+50 000

Orchestre National

Barbés

Algérie / Maroc

+40 000

Afro cuban all stars

Cuba

+20 000

Caetano Veloso

Brésil

+10 000

Compil « afro-cuban

groove »

Cuba

+22 000

Meilleures ventes de l'année 1998

ARTISTES

PAYS

SCORES

Cesaria EVORA

Cap-Vert

+90 000

Compay Secundo

Cuba

+40 000

Amadou et Mariam

Mali

+35 000

Rokia Traoré

Mali

+25 000

Gilberto Gil

Brésil

+15 000

Anouar Brahem

 

+11 000

Abed Azrie

 

+20 000

Caetano

Brésil

+7 000

Nahawa

Mali

+2 000

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Avec ces chiffres, on s'en doute bien, très peu de producteurs « Musiques du monde » peuvent prétendre à des certifications de la SNEP qui distinguent les meilleures ventes d'albums.

Ces distinctions sont notamment le disque d'or (100 000 exemplaires) ; le disque d'argent (125 000), le disque de diamant (750 000) ou de platine (300 000).

Les rares à y parvenir se recrutent dans le cercle élargi de l'appellation Musiques du Monde, plus proches de la variété et des produits marketing.

Par exemple en 1997, pour les disques de diamant, et de platine, on retrouve les noms de RICKY Martin Khaled. WES ou encore des Gipsy, Kings qui bénéficient de campagnes de promotion à l'échelle planétaire.

Néanmoins, il arrive que des productions plus « authentiques » atteignent les seuils de vente requis plusieurs années après leur date de sortie commerciale. C'est le cas de Cesoria Evora. Mais comme nous l'expliquera plus tard son producteur José Da Silva, le travail d'exposition a lui aussi pris plusieurs années. Et les médias ont dû suivre le mouvement - sans en être véritablement le moteur - avant de l'amplifier. Sorti en 1992 ; son album Miss Perfumado obtient un disque d'or pour des ventes réalisées exclusivement grâce à la renommée tirée de sa participation à des festivals.

En 1999, elle est récompensée d'une victoire de la musique pour l'album Café Atlantico vendu à plus de 600 000 exemplaires, mais à cette date, les médias et la grande distribution avaient déjà trouvé le titre de feuilleton en collant à Ceraria une belle étiquette, « La diva aux pieds nus ». Sa vie se racontera désormais comme un roman dont l'intrigue est une dramatique qui alterne émotion, compassion, tristesse, et enfin de voir l'héroïne prendre sa revanche sur une vie qui ne lui a pas fait de cadeaux.

Déclinée en plusieurs langues, la légende de Cesaria « la miraculée » dont la voix est restée aussi pure en dépit de l'épreuve de l'alcool et du tabac à laquelle sa miséricorde vie l'avait soumise pendant plusieurs années, a fait le tour du monde.

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La presse de tous les continents fait le pèlerinage des villes de Sao Vicente et Mindelo au Cap-Vert, dans les bars où jadis la diva donnait de la voix contre un verre de whisky à titre de cachet.

A l'âge où d'autres raccrochent le micro, Cesaria « la diva aux pieds nus » poursuit sa nouvelle carrière et aujourd'hui encore, son nouvel album SAO VICENTE LONGE, réalise la meilleure vente de Musiques de Monde et bénéficie d'une diffusion extraordinaire dans l'histoire de cette catégorie de musiques.

Ici, la légende est venue favoriser l'éclosion d'une dame « informatable » parce que sincère, naturelle et véritablement douée.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein