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Repenser la liberté comme mystère chez G. Marcel. une approche analytico-herméneutique de : "les hommes contre l'humain".


par Freddy KAKULE KANAMUNGOYA
Université Saint Augustin de Kinshasa (USAKIN) - Graduat 2020
  

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CHAPITRE DEUXIEME : GABRIEL MARCEL ET LE MYSTERE DE LA LIBERTE

INTRODUCTION

La littérature existentialiste nous a légué une innombrable richesse sur différentes thématiques et a donné à la philosophie un nouvel élan en se questionnant dorénavant sur les questions ayant trait aux données existentielles. Notamment le questionnement sur la liberté, la mort, la destinée, l'autre, la raison d'être dans le monde, etc. Attentif aux différentes questions de son temps, G. Marcel n'a pas laissé inaperçu ces différentes questions existentielles ; il y a apporté sa contribution à travers ses réflexions métaphysico-philosophiques.

Comme nous le savons bien, Marcel fait partie du courant des existentialistes bien que lui-même ne s'est jamais autoproclamé existentialiste. Il ne voulait pas en effet enfermé sa philosophie dans un « isme » doctrinaire. Toutefois s'il paraissait nécessaire que l'on puisse qualifier sa pensée, il suggérait que son mode de penser soit apparenté à un «  néo-socratisme » ou à un « socratisme chrétien ». En tant qu'existentialiste converti au christianisme, spécifiquement au catholicisme, il est convaincu que la transcendance loin de nier ou de contrecarrer la liberté de l'homme, l'éveille et la suscite31(*). En d'autres termes, le rapport de l'homme avec l'Absolu ne diminue pas sa liberté mais plutôt l'accroit étant donné que l'homme ne peut prétendre s'égaler à la causa sui c'est-à-dire Dieu.

Ce chapitre de notre travail, va tenter de mettre au clair la réflexion qu'a menée le philosophe de l'espérance sur la liberté, tout en étant conscient que cette dernière n'est pas un attribut que l'on posséderait une fois pour toutes mais elle est plutôt une réalité à devenir et à conquérir continuellement. Ainsi, sommes-nous toujours invités, comme le dit Marcel, à faire librement de nous-mêmes des hommes libres32(*).

II.1. LIBERTE, MYSTERE OU PROBLEME ?

II.1.1. liberté et problème

Le couple liberté et problème est d'emblée facile à utiliser dans le langage courant mais à y voir de près, ces deux éléments sont inconciliables par le fait même qu'ils présentent une incompatibilité ontologique, selon l'approche métaphysique de G. Marcel. Partant de la définition étymologique du terme « problème », « problema » vient de « pro-ballô » qui veut dire «  jeter devant », « objectiver ». Le problème est pour ainsi dire « quelque chose qui barre la route et contre quoi l'esprit vient buter à un moment donné de la recherche comme le pied sur une pierre »33(*).

Eu égard à ce qui précède, la liberté ne peut pas être de l'ordre du problème puisqu'elle n'est pas une chose « jetée devant » moi et que je peux objectiver. En m'interrogeant sur la liberté je ne peux pas séparer le « moi » ; sujet qui s'interroge et la liberté considérée comme objet d'interrogation, parce que la liberté est une réalité dans laquelle je me trouve entièrement engagé.

Quand un problème se pose devant moi, j'ai la possibilité de le cerner, le réduire, le manipuler, l'objectiver car ses données sont extérieures à moi. Cela étant, la caractéristique du problème est de se placer « en dehors » de moi et j'ai la possibilité d'y apporter une solution. Par exemple la faim est pour l'homme un problème parce que pour y remédier il faut avoir de la nourriture et manger. D'autres problèmes sont d'ordre scientifique et technique où il suffit seulement de faire des recherches pour arriver à les solutionner. Par ailleurs, la liberté est liée à notre nature d'homme en tant qu'être-incarné, c'est la raison pour laquelle je ne peux pas imaginer une liberté abstraite et désincarnée qui se trouverait quelque part dans un monde hypothétique. Marcel l'avait déjà bien compris quand il disait que la plénitude de la liberté c'est notre être.34(*) Il ne s'agit pas ici d'un être abstrait ou conceptuel mais il s'agit bel et bien de l'homme en tant qu'être-incarné considéré, selon Marcel, comme repère central de la réflexion métaphysique.

Pour ce faire, l'homme étant le seul existant-libre ne peut pas penser la liberté comme une réalité se trouvant à l'extérieur de lui-même. Marcel à travers ses réflexions philosophiques n'a jamais cessé de rappeler que la liberté est certainement une réalité dans laquelle je suis engagé non pas par quelques aspects particuliers de mon être mais plutôt engagé pleinement.

En résumé, nous constatons que la caractéristique spécifique du problème est d'être « devant moi », « à l'extérieure de moi », « au-delà de moi ». Sur ce, la liberté n'est pas compatible avec la notion du problème du fait que l'interrogation que je fais sur ma liberté ne peut trouver une suite favorable que si je prends conscience que la liberté est de l'ordre de « l'en-moi » autrement dit, mettant ensemble le sujet (moi) et l'objet d'investigation (la liberté). Si la liberté n'est pas un problème, alors qu'est-ce qu'elle est?

* 31 Cf. R. TROISFONTAINE, De l'existence à l'être. La philosophie de Gabriel Marcel, op. cit., p. 316.

* 32 Cf. G. MARCEL, La dignité humaine et ses assises existentielles, Paris, Aubier, 1964, p.190.

* 33 G. MARCEL, Etre et Avoir, op. cit., p.147.

* 34 Cf. IDEM, cité par J. PARAIN-VIAL, Gabriel Marcel. Un vielleur et un éveilleur, Paris, Age d'Homme, 1989. p.167.

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