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Repenser la liberté comme mystère chez G. Marcel. une approche analytico-herméneutique de : "les hommes contre l'humain".


par Freddy KAKULE KANAMUNGOYA
Université Saint Augustin de Kinshasa (USAKIN) - Graduat 2020
  

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VI. Liberté rationnelle et Liberté axiologique.

A travers ce point de notre travail, nous allons essayer de saisir d'un côté la relation entre la liberté et la raison et de l'autre côté la relation entre liberté et la valeur. En effet, ces deux couples sont en intime collaboration, nous pouvons même dire qu'ils sont inséparables. D'où d'une part, il n'y a pas de valeur sans liberté, pas de liberté sans valeur et d'autre part il n'y a pas de liberté sans raison de même pas de raison sans liberté.

Pour comprendre ce que nous avons ci-haut, il nous semble nécessaire d'analyser d'abord le couple « liberté-raison ». En effet, la liberté en tant que pouvoir d'agir sans contrainte intrinsèque et extrinsèque doit être nécessairement éclairée par la raison. La liberté dépourvue de la raison est aveugle de même la raison sans liberté est enchaînée. Les sciences modernes et expérimentales notamment la psychologie sont parvenues à affirmer qu'il y a certains agirs humains qui sont purement de l'ordre de la pulsion et si on s'y attache trop on tombe dans l'état d'animalité absolue. Autrement dit, il n'y aurait aucune différence entre l'animal et l'homme si ce dernier ne suivait pas la voie de la raison.

En outre, la raison éclaire et purifie la liberté pour qu'elle ne tombe pas dans « le libertinage » qui est une dégradation totale de la liberté. L'exemple éloquent c'est de prendre le cas d'un homme qui a faim mais il n'a rien dans sa poche pour se procurer de quoi manger. Ses pulsions le poussent vers un étalage de fruit pour récupérer illicitement ce qui s'y trouve. Mais la raison lui permet de se poser des questions sur la moralité de l'acte qu'il veut poser. D'où nous sommes même tentés de dire qu'un homme n'est libre que quand il agit rationnellement, il ne l'est pas lorsqu'il se laisse déterminer par ses passions, ses sentiments, ses émotions, c'est-à-dire tout simplement quand il se laisse diriger par son corps

La compréhension commune de la liberté veut malheureusement que la liberté soit un pouvoir absolu de faire tout ce que l'on veut. Cependant, il s'avère nécessaire de signaler que la raison n'amenuise pas la liberté mais plutôt elle l'éclaire et la garde de toute dégradation possible. A cela, Bosomi souligne qu'on ne peut pas parler de la liberté sans parler de la raison, sinon cela n'aura pas de sens de même qu'on ne peut pas parler de la raison sans parler de la liberté58(*).Ces deux éléments marchent ensemble et sont inséparables. Ainsi, la liberté humaine est rationnelle comme la raison est libre. En éclairant la liberté, la raison guide l'acte libre vers les valeurs, ainsi il nous faut aborder aussi le couple « liberté-valeur »

Le deuxième aspect à ne pas ignorer quand il s'agit de la liberté c'est la « valeur ». L'acte libre est un acte tourné vers une valeur, sans la valeur l'acte libre perd sa finalité. C'est pourquoi, le philosophe de l'espérance disait toujours que c'est une grande illusion de penser que le mot liberté peut conserver une signification quelconque là où le sens des valeurs a lui-même disparu59(*).En d'autres termes, une liberté sans valeur perd tout son sens. A part qu'un acte libre soit rationnel, il doit surtout nous mener vers un « Bien ». Ainsi voyons-nous que la raison et la valeur donnent à la liberté un équilibre ontologique dont elle en a besoin en permanence.

Une liberté qui nous mène à un vice n'en est pas une, elle devient un libertinage qui, à son tour est, comme nous le savons déjà, la forme la plus dégradée de la liberté humaine. La conception de Marcel est très exceptionnelle en ce qui concerne la notion de la valeur. En effet, d'après lui « grâce et valeurs » s'équivalent, l'un peut signifier l'autre et vice-versa. Par ailleurs, il remarque deux graves problèmes auxquels se heurte l'époque contemporaine quant à l'approche de la liberté. La première conception est celle du matérialisme et du fatalisme qui malheureusement dénient à l'homme toute liberté pour ne voir en lui que la résultante des séries causales infiniment complexes. La seconde est celle qui érige la liberté en absolu, qui nie à son tour toute Transcendance véritable.

Aussi, les valeurs sont transcendantes étant donné qu'elles équivalent à la grâce qui, aussi ne nous vient que de la Transcendance. Cela étant, la grave erreur qu'aurait commise J.-P Sartre, déclare Marcel, c'est d'avoir dégradé les valeurs en les subordonnant entièrement à l'homme qui, ne sera libre que s'il est capable de tout choisir, y compris même ses valeurs60(*). A la différence de Sartre, la valeur est essentiellement, pour Marcel, quelque « chose qui ne se laisse pas choisir. »61(*)

Cependant, comme nous l'avons dit précédemment, Marcel déclare avec fermeté qu'une liberté pensée sans la référence à la grâce risque de perdre toute valeur et toute signification, parce que c'est la grâce qui rend possible la liberté qui, pour lui est essentiellement réponse. C'est pourquoi, il déclara encore lors d'une interview que la différence fondamentale entre J.-P Sartre et lui, c'est que lui n'a jamais pu considérer la liberté comme absolu. Elle ne peut donc exister qu'à condition de s'articuler sur une grâce reconnue comme telle. «  Et quand il s'agit de la grâce, précise-t-il dans ses écrits, je ne prends pas ce mot dans je ne sais quelle acception abstraite ou laïcisée. Il s'agit bien de la grâce du Dieu vivant, de ce Dieu hélas ! Que chaque jour nous apporte tant d'occasion de le renier... »62(*)

Pour clore, nous constatons que pour Marcel comme pour tout chrétien, c'est de Dieu, mieux encore du Transcendant que vienne la grâce, cependant, il n'est pas toujours opportun de faire appel à la théologie pour prendre une conscience explicite de l'origine divine de la grâce pour reconnaitre en soi l'action de l'inspiration, de l'appel à être et à créer. Marcel précise que la grâce signifie aussi don. De ce fait, ceux qui ne se réfèrent pas à Dieu parlent des « valeurs » qui signifie grâce chez Marcel, et qui sont notamment : vérité, beauté, justice, amour, fraternité sociale, soulagement de la souffrance, découverte scientifique, maitrise de la nature etc.63(*)

* 58 Cf. D. BOSOMI, Les thèmes majeurs de la philosophie contemporaine, op.cit., p. 83.

* 59 Cf. G. MARCEL, Les hommes contre l'humain, op.cit., p. 32.

* 60 Cf. R. TROISFONTAINE, De l'existence à l'être, op. cit., p. 307

* 61 G. MARCEL, Les hommes contre l'humain, op. cit., p.128.

* 62 Ibid., p.187.

* 63 Cf. R. TROISFONTAINE, De l'existence à l'être, op. cit.,p. 308.

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