Chapitre V- Synthèse de l'analyse des
données et suggestions
Suite à nos investigations sur le terrain nous avons
recueilli des données quantitatives et des données qualitatives.
Les données quantitatives sont recueillies grâce à la
technique du questionnaire soumis aux élèves
enquêtés. Ces données ont été soumises
à des analyses quantitatives tandis que les données qualitatives
recueillies grâce au guide d'entretien et à la technique de
l'observation directe des leçons ont été soumises à
des analyses qualitatives.
5.1- Synthèse des analyses
La transmission des connaissances et des compétences,
dans le contexte scolaire, est une activité rigoureuse exercée,
en général, par un professionnel du domaine de
l'éducation. Il est donné à un ou plusieurs apprenants
engagés dans le processus d'apprentissage. Dans le domaine
spécifique de l'acquisition des compétences de l'orthographe
française par les apprenants, il est fondamental de partir des
difficultés réelles de ceux-ci pour asseoir un enseignement
efficace. La transmission théorique des connaissances est certes
importante par le fait qu'elle véhicule un message clair et
compréhensible aux apprenants. Mais ce n'est pas suffisant car elle doit
être fondée, sur le maniement permanent de la graphie des mots par
les apprenants eux-mêmes. Malgré l'évolution de la
didactique de l'orthographe, des difficultés persistantes
d'apprentissage de cette sous-discipline du français nous recommandent
un enseignement progressif des connaissances et des compétences dont les
apprenants ont réellement besoin pour réussir leurs productions
écrites. Dans cet ordre d'idée, la pratique de l'Enseignement de
l'Orthographe par Objectif (EOO) pourrait contribuer à améliorer
l'acquisition des compétences de l'orthographe par les apprenants du
second cycle de l'enseignement fondamental au Mali.
5.2- Suggestions
Au terme de notre étude sur les difficultés
d'apprentissage de l'orthographe dans le système éducatif malien,
à travers le cas du groupe scolaire de Darsalam, dans le CAP de
Koutiala, les enquêtés ont apporté quelques suggestions en
vue d'améliorer l'enseignement-apprentissage de l'orthographe du
français. Ainsi, les suggestions faites par les enquêtés se
résument comme elles suivent :
? élaborer un programme d'orthographe par objectifs
dans toutes les classes du second cycle. En effet, pour favoriser un
enseignement et un apprentissage efficace et son évaluation juste de
l'orthographe. Le programme doit prévoir des objectifs précis
d'enseignement de cette discipline. Elle doit être évaluée
à travers la pratique de la dictée par objectif dans les classes
et lors de l'examen du DEF. Cela évitera la pratique
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actuelle de la dictée où l'évaluation de
l'orthographe est devenue un jeu de chat et de la souris entre le maître
et les élèves.
> déterminer un socle commun de connaissances et de
compétences des apprenants en orthographe dans les classes de
7ème, 8ème et 9ème années. Ce cumul de
compétences en orthographe au second cycle pourrait s'articuler en ces
termes :
· identifier et savoir accorder des verbes avec son ou
ses sujets à un temps déterminé en fonction des
classes.
· identifier et savoir accorder le participe
passé employé sans auxiliaire et avec l'auxiliaire être.
· savoir accorder le pluriel des noms et les changements
qu'ils engendrent dans la phrase.
· savoir accorder les substantifs commençant par
: abb-, acc-, add-, agg-, all-, amm-, app-, arr-, ass-, att-.
· identifier et savoir accorder les adjectifs
qualificatifs.
· identifier et savoir accorder les déterminants
de nom.
C'est cet ensemble de connaissances et de compétences
qui sera réparti dans les classes de 7ème, 8ème et
9ème années où il sera effectivement enseigné. Car,
selon Rogiers, 2000, il s'agit de « Mettre l'accent sur ce que
l'élève doit maîtriser à la fin de chaque
année scolaire [...], plutôt que sur ce que l'enseignant doit
enseigner. Le rôle de celui-ci est d'organiser les apprentissages de la
meilleure manière pour amener ses élèves au niveau attendu
107». Cela permettra d'éviter « la
récitation d'interminables analyses logiques et grammaticales qui
remplissent leurs (les élèves) cahiers ou leur mémoire, et
ne disent rien à leur esprit. » et qui constitue une perte de
temps et d'énergie dans le processus d'enseignement-apprentissage du
français en général et de son orthographe en particulier
:
> répartir de façon optimale la conjugaison
des verbes dans toutes les classes du second cycle. Vu l'importance du verbe
dans la phrase, nous suggérons que le programme officiel prévoit
une réparation efficace de la conjugaison des verbes dans les trois
classes du second cycle : les temps simples de l'indicatif en 7ème
année, les temps composés de l'indicatif en
8ème année et les autres modes en 9ème
année. Cela évitera une répartition parcellaire actuelle
des tâches à exécuter, à savoir : les noms et ses
adjoints en 7ème année, les verbes et leur conjugaison
en 8ème année, la phrase et son analyse logique en
9ème année. Le programme de l'analyse logique de la
9ème n'est qu'une perte de temps et abouti à un cul de
sac. Il serait plus utile d'enseigner aux apprenants à mieux accorder
les verbes, les
107 Ouardia Ait Amar Meziane, De la pédagogie par
objectifs à l'approche par compétences : migration de la notion
de compétences, 2014, p.143-153.
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adjectifs qualificatifs et les noms que de perdre du temps et
de l'énergie à transmettre des notions sur l'analyse des
propositions si complexes et qui suscitent de nombreux débats
contradictoires entre les maîtres de français.
? évaluer les apprenants en orthographe sur la base du
cumul de connaissances et de compétences acquises lors des
enseignements. Avec ce nouveau paradigme de l'enseignement-apprentissage de
l'orthographe, nous parviendrons à une évaluation plus juste,
fondée sur un cumul de connaissances et de compétences.
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