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Projets structurants du Cameroun et amélioration de la qualité de vie des populations en zone rurale : cas de la centrale à  gaz de Kribi


par Guy Armand Mandeng
Université de Yaoundé I - Master 2018
  

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4 CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE

La problématique est l'orientation que décide de prendre le chercheur. D'après QUIVY et CAMPENHOUDT (1995), elle est « l'approche ou la perspective théorique qu'on décide d'adopter pour traiter le problème posé par la question de départ. Elle est la manière d'interroger les phénomènes étudiés ». Le premier chapitre s'inscrit dans cette perspective.

4.1 Contexte et justification de l'étude

Au cours de ces dernières années, il est apparu de plus en plus nécessaire, tant au plan international qu'à l'échelle de la plupart des pays en développement, d'axer les programmes économiques sur la lutte contre lapauvreté et l'amélioration des conditions de vie des populations.

C'est ainsi que, pour une meilleure prise en compte des questions sociales et en droite ligne avec la déclaration de Copenhague de mars 1995, le Sommet des Chefs d'Etat du G7/G8 tenu à Cologne en juin 1999 a préconisé l'adoption d'une nouvelle approche de lutte contre la pauvreté dans les pays en développement. Celle-ci devait revêtir la forme d'un programme triennal (révisable d'une année à l'autre) et s'appuyer sur les objectifs de progrès social fixés pour ces pays.

Dans le même ordre d'idée, les institutions de Bretton Woods ont adopté une nouvelle approche afin de renforcer l'efficacité de leurs interventions. Celle-ci repose désormais sur une stratégie de réduction de la pauvreté élaborée par chaque pays concerné, avec la participation active de la société civile et en relation étroite avec l'initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE). En particulier, les ressources épargnées du fait de l'éligibilité à cette initiative doivent être consacrées en priorité au financement des programmes sociaux.

La Conférence au Sommet de Libreville, du 17 au 19 janvier 2000 a été l'occasion pour les Chefs d'Etat africains, d'examiner le nouveau cadre de lutte contre la pauvreté proposée par les institutions de Bretton Woods et de s'accorder sur les points devant faire l'objet d'engagements internationaux, clés pour un développement durable.

C'est dans ce contexte que les gouvernements ont pris sur eux d'élaborer des documents de stratégies visant à définir les politiques de développement nationales en étroite ligne avec les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en vue de l'atteinte de l'émergence.

Au Cameroun, Les autorités ont élaboré suivant une démarche participative impliquant les administrations publiques, les opérateurs économiques, la société civile, et les partenaires au développement, le premier Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) en avril 2003. Pour le suivi et la mise en oeuvre de ce document, le Gouvernement s'est doté d'un cadre institutionnel de pilotage de la stratégie qui comprend : un Comité interministériel de suivi de la mise en oeuvre du DSRP, et un Comité technique de suivi et d'évaluation de la mise en oeuvre du DSRP. Certes, La mise en oeuvre du DSRP, adopté en avril 2003, a permis au Gouvernement de maintenir la stabilité du cadre macroéconomique et de soutenir des taux de croissance positifs jusqu'en 2008. Toutefois, le profil général de croissance est resté en retrait du niveau espéré pour résorber substantiellement la pauvreté.En conséquence, sous la très haute impulsion du Président de la République, Son Excellence Paul BIYA, et dans l'optique de poursuivre son projet de société des « Grandes Ambitions », formulé dans la vision de développement à long terme, le Gouvernement a entrepris de réviser la stratégie de croissance économique et de réduction de la pauvreté. Les pouvoirs publics affirment ainsi leur volonté de centrer la stratégie sur la création des richesses et comptent s'appuyer sur la création d'emplois pour assurer une bonne redistribution des fruits de la croissance.

En effet, la révision du DSRP vise la correction des distorsions ou des manquements relevés lors des évaluations successives de la mise en oeuvre, et des consultations participatives de mars 2008. Le processus de révision de la stratégie a abouti à un Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi (DSCE), et confirmé l'option d'implication des populations à la base, dans une démarche participative. Les populations ont notamment souhaité que les stratégies soient l'émanation d'une vision de développement à long terme assortie de programmes de développement pluriannuels. Cette recommandation a été satisfaite avec la formulation par les autorités d'une vision de développement à l'horizon 2035 et l'adoption en décembre 2007 du nouveau régime financier. Notons que L'élaboration du DSCE a nécessité la réalisation de nombreux travaux d'envergure notamment : la formulation d'une vision de développement économique à l'horizon 2035, la revue des stratégies sectorielles, les consultations participatives, la revue des enquêtes et études statistiques pour la période 2001 à 2008, la réalisation avec l'appui de certains partenaires de la troisième enquête camerounaise auprès des ménages (ECAM III), le reporting et le costing des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), le cadrage macroéconomique et budgétaire qui a permis de préparer un cadre budgétaire à moyen terme en cohérence avec les estimations de croissance à l'horizon de la stratégie.

Les travaux d'élaboration du DSCE se sont notamment appesantis sur la crise économique mondiale. Les stratégies développées dans le document constituent entre autres des réponses appropriées aux problèmes soulevés par ladite crise. Le DSCE a été élaboré dans un contexte caractérisé par le renchérissement du coût de la vie au niveau national, la crise financière internationale, la crise alimentaire et la crise énergétique au niveau mondial.

Plaçant résolument le défi de la croissance et de la création d'emplois au centre de ses actions en faveur de la réduction de la pauvreté, le DSCE est désormais, conformément à la Déclaration de Paris, le cadre de référence de la politique et de l'action Gouvernementale ainsi que le lieu de convergence de la coopération avec les partenaires techniques et financiers en matière de développement. Il constitue ainsi le vecteur de la recherche de la croissance et de la redistribution de fruits jusqu'aux couches les plus vulnérables de la population avec un accent particulier sur les femmes et les jeunes.

Le DSCE, première phase pour l'accomplissement de la vision de développement à très long terme, est un document de stratégie globale intégrée, socle de toute action engagée dans les 10 prochaines années. Il est donc l'expression empirique d'un cadre intégré de développement humain durable à moyen terme pour le Cameroun et propose un cheminement progressif du pays vers les OMD et la vision. Ce document se présente en conséquence comme : un cadre intégré de développement ; un cadre de cohérence financière. ; Un cadre de coordination de l'action Gouvernementale et des appuis extérieurs ; un cadre de consultation et de concertation avec la société civile, le secteur privé et les Partenaires au développement ; et un cadre d'orientation des travaux analytiques pour éclairer la gestion du développement.

En effet, le Document de Stratégie et de Croissance de l'Emploi (DSCE) constitue la déclinaison de la Vision de développement pour la période 2010-2020. La vision du DSCE est: « le Cameroun : un pays émergent, démocratique et uni dans sa diversité». En parlant de cette vision, le Président Paul Biya lors de son discours d'ouverture du troisième congrès ordinaire du RDPC en septembre 2015 parlait en ces termes :

«(...) Cette vision de l'avenir, celle d'un Cameroun émergent auquel nous aspirons tous, nous l'avions baptisée en 2004 Les Grandes Ambitions. Cette vision est en train de devenir une réalité. En effet, toutes les études concernant notre programme de Grandes Ambitions sont réalisées et nous avons obtenu les financements. Les Grandes Ambitions d'hier vont devenir Les Grandes Réalisations. Et à partir de janvier 2012, le Cameroun sera transformé en un immense chantier... »

La volonté de devenir un pays émergent intègre quatre objectifs généraux dont le premier est de : « Réduire la pauvreté à un niveau socialement acceptable ». Il est question de ramener le taux de pauvreté monétaire de 39,9% en 2007 à 28,7% en 2020 selon le DSCE. Il s'agit là d'un décalage mesuré de l'objectif du millénaire pour le développement. En effet cet objectif général se décline en plusieurs objectifs spécifiques:

- Faire de la population un facteur effectif de développement

- Intensifier les investissements dans les infrastructures et les secteurs productifs

- Réduire les écarts entre riches et pauvres par l'amélioration des systèmes de redistribution

- Améliorer l'offre et garantir l'accès de la majorité aux services de santé de qualité

- Améliorer la protection et la sécurité sociales

- Augmenter l'offre, la qualité et l'adéquation de la formation

- Promouvoir la création d'emplois décents ;

D'une manière plus large, le DSCE va poursuivre l'atteinte des objectifs du millénaire qui trouvent un ancrage évident dans la vision à long terme et s'inscrivent à fortiori dans l'amélioration des conditions de vie des populations.

Les grands chantiers ou projets structurants de construction et de réhabilitation des infrastructures nationales lancés en 2011 sont des batteries mises en marche pour l'atteinte de l'émergence. Si l'on s'en tient à la déclaration du millénaire adoptée par 189 nations et signées par 147 chefs d'Etat pendant le sommet du millénaire de septembre 2000 à New York, les huit (08) objectifs du millénaire pour le développement (OMD) visent d'une manière générale l'amélioration des conditions de vie. En effet, le DSCE résume ces OMD dans le contexte camerounais :

1. éliminer l'extrême pauvreté et la faim en réduisant de moitié le nombre de Camerounais vivant au-dessous du seuil de pauvreté et qui souffrent de la faim ;

2. assurer une éducation primaire pour tous en donnant à tous les enfants les moyens d'achever le cycle d'études primaires ;

3. promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomie des femmes, en éliminant les disparités entre les sexes dans les enseignements primaires et secondaires, et si possible à tous les niveaux d'enseignement ;

4. réduire de deux tiers, la mortalité à la naissance et celle des enfants de moins de cinq ans;

5. améliorer la santé maternelle, en réduisant de trois quarts la mortalité maternelle ;

6. combattre et stopper la propagation du VIH/SIDA, maîtriser le paludisme et d'autres grandes endémies en inversant leur tendance ;

7. assurer un environnement durable en réduisant de moitié la proportion de la population qui n'a pas accès à l'eau potable, améliorer sensiblement l'habitat en intégrant les principes de développement durable dans les politiques nationales et inverser la tendance actuelle de la déperdition des ressources environnementales ;

8. mettre en place un partenariat pour le développement des technologies de l'information et de la communication et pour l'application des politiques et des stratégies qui permettent aux jeunes de trouver un travail décent et utile.

D'un point de vue global donc, la qualité de vie est la variable que le développement, peu importe le type, vise à améliorer. En ce sens, Il semble assez dangereux d'envisager le développement et surtout le développement à long terme sans tenir compte de la qualité de vie, des aspirations et besoins des populations et des réalités du milieu ciblé par le projet de développement. Le niveau d'appropriation doit être effectif pour toutes les parties prenantes du processus d'un projet de développement pour une démocratisation des décisions devant être bénéfiques pour la zone où le projet est implanté. Cela est d'autant plus important du fait que les populations ciblées par le développement auront la possibilité de soulever les problèmes auxquelles elles font face dans leurs localités et de proposer des solutions qu'elles approuvent.

Belem (2010) reprenant la définition du développement durable selon le rapport Bruntdland (1987) déclare que c'est : « un développement qui permet de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs », souligne à la page 51 de son article que :

« Outre sa célèbre citation, le rapport prend le soin de préciser que :

Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de besoins et, plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis à qui il convient d'accorder la plus grande priorité et l'idée des limitations que l'état de nos techniques et de notre organisation sociale font peser sur la capacité de l'environnement à répondre aux besoins actuels et à venir.

Avec cette précision, le rapport Bruntdland prend en compte non seulement les problématiques à l'origine du développement durable (limite des ressources et satisfaction des besoins) mais adopte une conception du développement priorisant l'humain ».

De ce qui précède, il est à souligner que l'humain est dans la plupart de cas l'objet du développement. Les projets structurants ne dérogent pas à cette règle, ils participent au développement qui entraine de ce fait l'amélioration de la qualité de vie des populations. Il s'agit des projets d'envergure bénéfiques en termes d'implication de synergie et de développement.

La Direction Générale des impôts retient quatre critères pour définir un projet structurant au Cameroun :

· Etre un pôle de développement économique et social,

· Etre générateur d'emplois ;

· Donner lieu à des investissements importants ;

· Etre exécuté dans les secteurs retenus comme prioritaires (agricole, énergétique, touristique, habitat social.)

L'article (« Politique de soutien aux projets structurants pour améliorer les milieux de vie (PSPS) », 2016) indique en parlant de la ville de Lévis que Plus spécifiquement, un projet structurant :

· Répond aux priorités d'intervention de la Ville de Lévis;

· Répond aux besoins socioéconomiques identifiés par la communauté visée;

· Contribue à la viabilité et bénéficie de l'appui du milieu;

· Produit de nouveaux biens, de nouveaux services ou accroît les services existants;

· Présente des impacts significatifs sur la communauté visée;

· Est réalisé par une entreprise ou un organisme qui possède l'expertise et la compétence pour le mener à bien et à terme.

Le même article parle en ces termes : « Par ailleurs, pour être qualifié de structurant, tout projet doit être cohérent avec les finalités du développement durable spécifiées dans l'Agenda 21 et avoir un impact positif sur au moins l'une d'entre elles, ceci sans pour autant avoir d'impact négatif sur les autres. »

En ramenant ce qui précède dans notre contexte, disons que les projets structurants du Cameroun qui s'inscrivent dans cette logique du développement durable devraient, au-delà de booster l'économie, mettre les besoins de l'humain au centre de leurs objectifs et plus précisément le bien-être. Or, le bien-être ne vient pas toujours avec l'implantation et l'avènement d'un projet de développement dans une localité. De cette situation, Il semble donc opportun d'envisager une étude intitulée « projets structurants du Cameroun et amélioration de la qualité de vie des populations en zone rurale :cas de la centrale à gaz de Kribi » pour étudier l'impact des projets structurants sur l'amélioration de la qualité de vie des populations environnantes; mieux encore, pour voir si la centrale à gaz de Kribi comme projet structurant contribue à améliorer la qualité de vie des populations environnantes.

1.2. Position du problème

Les conseils d'administration de la Banque Mondiale (BM) et du Fonds Monétaire International (FMI) ont, à travers l'atteinte du point de décision survenu le 1er octobre 2000, jugé le Cameroun éligible à l'initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE). Cette décision faisait suite à l'exécution satisfaisante d'un programme économique et financier appuyé par le FMI au titre de la Facilité d'Ajustement Structurel Renforcé (FASR) et à la soumission au FMI et à la Banque Mondiale du Document intermédiaire de stratégie de réduction de la pauvreté. L'atteinte du point de décision a permis l'exécution d'un deuxième programme économique triennal appuyé par le FMI au titre de la Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et Pour la Croissance (FRPC) avec pour objectif de stabiliser le cadre macroéconomique et les finances publiques. Le Cameroun a également bénéficié de la part de la Banque Mondiale d'un troisième Crédit d'Ajustement Structurel (CAS III) visant les réformes structurelles et sectorielles approuvées par ladite Banque. L'énoncé du déclencheur DSRP disposait que le DSRP complet soit préparé et mis en exécution de façon satisfaisante pendant une période d'un an. C'est dans cette logique que le Document de stratégie de réduction de la Pauvreté (DSRP), version dite complète a été élaboré et adopté par les autorités camerounaises en avril 2003, et par les conseils d'administration de la Banque Mondiale (BM) et du Fonds Monétaire International (FMI) en juillet de la même année.

Le DSRP définissait la stratégie nationale en matière de croissance avec un accent particulier sur la réduction de la pauvreté. Son objectif ultime était « d'améliorer de façon durable et effective les conditions de vie des populations en s'appuyant aux principales causes de la pauvreté ». Par ailleurs le DSRP contribuait à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) dont le premier est « éliminer l'extrême pauvreté et la faim en réduisant de moitié le nombre de Camerounais vivant au-dessous du seuil de pauvreté et qui souffrent de la faim » à l'horizon 2015. Notons cependant qu'au cours du sommet sur le développement durable (du 25 au 27 Septembre 2015 à New York), un nouvel ensemble d'objectifs mondiaux pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité pour tous, a été adopté dans le cadre d'un nouveau programme de développement durable par les Etats membres de l'ONU. Ce programme comprend un ensemble de 17 objectifs de développement durable (ODD) à atteindre d'ici 2030 dont le premier milite pour la réduction de la pauvreté.

Le 28 avril 2006, le Cameroun a finalement atteint le point d'achèvement de l'initiative PPTE après la tentative malheureuse de 2004. Il en est résulté un allègement de sa dette à hauteur de 1150 milliards de FCFA. Le montant total de la dette annulée représente près de 10% du budget national. Suite à l'atteinte du point d'achèvement, le Club de Paris a décidé de réduire la dette publique du Cameroun de 2,7 milliards d'euros, soit 99% du total des prêts contractés par le Cameroun auprès de 19 créanciers du Club de Paris.

Une étude « DSRP au Cameroun : État des lieux et portes d'entrée pour la prise en compte des préoccupations indigènes et tribaux » concluait déjà que : « En franchissant le point d'achèvement de l'initiative PPTE, le Cameroun va certainement réduire le poids de sa dette extérieure et disposera ainsi de ressources additionnelles devant servir à assurer sa croissance économique et à réduire la pauvreté (...)»  

A la suite du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP),Le Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi (DSCE) réaffirme aussi la volonté du Gouvernement camerounais de poursuivre la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) dans leur ensemble. Il a été élaboré par le Gouvernement, dans le cadre d'un processus dynamique et ouvert, mettant à contribution la pleine participation des populations à la base, de la société civile, du secteur privé et des partenaires au développement. Que tous trouvent ici, pour leur disponibilité et pour le travail accompli, l'expression de la profonde gratitude du Gouvernement camerounais. Plaçant résolument le défi de la croissance et de la création d'emplois au centre de ses actions en faveur de la réduction de la pauvreté, le DSCE est désormais, conformément à la Déclaration de Paris, le cadre de référence de la politique et de l'action Gouvernementale ainsi que le lieu de convergence de la coopération avec les partenaires techniques et financiers en matière de développement. Il constitue ainsi le vecteur de la recherche de la croissance et de la redistribution de fruits jusqu'aux couches les plus vulnérables de la population avec un accent particulier sur les femmes et les jeunes.

Le DSCE, en parlant du secteur rural, précisait déjà qu'après l'adoption en 2005 de la stratégie de développement du secteur rural et les résultats mitigés atteint lors de sa mise en oeuvre, le Gouvernement entend lancer un vaste programme d'accroissement de la production agricole en vue de satisfaire non seulement les besoins alimentaires des populations, mais également des agro-industries. Dans ce cadre, il procèdera à la modernisation de l'appareil de production. Il s'agira de : rendre accessible et disponible les facteurs de production notamment la terre, l'eau et les intrants agricoles ; promouvoir l'accès aux innovations technologiques à travers notamment le renforcement de la liaison recherche/vulgarisation ; et développer la compétitivité des filières de production. Selon le DSCE, Les stratégies de développement du secteur social permettront, non seulement d'améliorer les conditions de vie des populations, mais aussi de disposer d'un capital humain solide, capable de soutenir la croissance économique. Pour le rapport national des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), la lutte contre la pauvreté et la faim (l'objectif 1) demeure parmi les préoccupations majeures du Gouvernement. S'agissant de la problématique de la pauvreté, l'objectif fixé par le DSCE est de ramener le taux de pauvreté monétaire de 39,9% en 2007 à 28,7% en 2020. Pour atteindre cet objectif, le Gouvernement a axé sa stratégie sur une croissance durable et forte de l'économie et la création de milliers d'emplois décents. Par ailleurs, pour faire face à la faim qui affecte certaines catégories de populations et la malnutrition qui touche les enfants dont la croissance nécessite une alimentation équilibrée, les pouvoirs publics ont opté pour une « révolution agricole » dite agriculture de 2e génération, dont le préalable est la mise en oeuvre des moyens modernes de production pour apporter une riposte face à ces problèmes. La réussite de cette nouvelle politique permettra d'assurer au Cameroun la sécurité alimentaire et de lutter efficacement contre la faim et la malnutrition.

Cependant, Malgré la mise en oeuvre du DSRP et du DSCE, l'économie camerounaise n'a pas connu de changement structurel notable, elle continue de faire face à un certain nombre de défis qui pourraient empêcher l'atteinte des résultats escomptés. D'ailleurs, après les précédents Plans d'Ajustement Structurel (PAS I, PAS II, PAS III), le pays vient d'être à nouveau (en juin 2017) sous ajustement structurel alors qu'il est à mi-parcours du chemin vers l'émergence. Ce qui montre sans doute que l'économie du Cameroun connait des difficultés et ne permet pas d'envisager certaines réformes socioéconomiques dans le sens du bien-être de ses populations.

En effet, l'économie du pays demeure fragile et entravée par des lacunes structurelles, relatives à la faible compétitivité du secteur productif et aux déficiences des facteurs de production clés que constituent les infrastructures et l'énergie. Le faible niveau du taux de croissance moyen annuel du PIB au cours de la période d'intérêt n'a pas permis d'influer de manière positive sur l'évolution des conditions de vie des ménages. Ainsi la pauvreté monétaire qui a reculé de 13 points entre 1996 et 2001 reste stable sur la période 2001-2007. En 2007, l'ECAM3 estimait déjà la population du pays à près de 17,9 millions d'âmes dont 7,1 millions de pauvres. En 2014 la quatrième enquête camerounaise auprès des ménages (ECAM 4) situe le nombre de pauvres à 8.1 millions de personnes. En effet, l'ECAM 4 indique que la situation des pauvres s'est détériorée entre 2007 et 2014, surtout en milieu rural. En effet, il faudrait allouer en moyenne à chaque adulte pauvre, la somme annuelle de 130 200 FCFA pour le sortir de la pauvreté. En 2007, ce montant était de 83 000 FCFA. Dès lors, compte tenu du nombre de pauvres, il faudrait leur transférer la somme de 775 milliards de FCFA en 2014, contre 433 milliards de FCFA en 2007 pour les sortir de la pauvreté. Cette même enquête révèle que le milieu rural, où habitent près de 60% de la population totale, concentre 90% des personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté, c'est-à-dire avec moins de 931 FCFA par jour pour couvrir tous les besoins prioritaires de base d'un adulte. L'incidence de pauvreté se situe dans ce milieu à 56,8% en 2014, en hausse de 1,8 point par rapport à 2007. A contrario, le milieu urbain affiche une incidence de pauvreté de 8,9%, en baisse de 3,3 points par rapport à 2007.

Toujours en référence à l'ECAM 4, il y a eu depuis 2014, une augmentation des inégalités entre pauvres et non pauvres. L'indice de concentration de Gini, qui permet de mesurer les inégalités entre différents groupes, est passé de 0,39 en 2007 à 0,44 en 2014. Ce résultat traduit le fait que les inégalités entre les pauvres et les non pauvres se sont accentuées de 13% entre 2007 et 2014. A titre d'illustration, la consommation des 20% des ménages les plus riches (Q5) représente 10,1 fois celle des 20% des ménages les plus pauvres (Q1). L'écart s'est creusé entre les plus riches et les plus pauvres puisqu'en 2007 ce rapport (Q5/Q1) était de 7,5.

Par ailleurs, d'après les résultats de l'ECAM 4 (Enquête Camerounaise auprès des Ménages 4), il convient de relever que les inégalités se sont plus accentuées en milieu rural qu'en milieu urbain.

Au niveau des projets structurants la situation est stressante. Parmi ses « grands projets », certains tardent encore à décoller ou n'avancent pas véritablement dans leurs phases d'exécution (l'autoroute Douala-Yaoundé en est une illustration). Aussi, on peut voir dans plusieurs régions de notre pays des chantiers aux arrêts. Cela est peut-être dû à une mauvaise politique d'attribution des marchés publics ou à une crise économique que traverserait le Cameroun.

Si les projets structurants sont, dans la logique du DSCE, des facteurs sur lesquels s'appuie la vision de l'émergence du Cameroun en 2035, le constat est que l'on a souvent vu des zones dans notre pays qui n'ont pas pu sortir de la précarité après l'implantation des dits projets dans leurs localités. Par exemple, dans un arrondissement comme Messondo dans le département du Nyong-et-Kellé traversé par la ligne de fer, l'on note l'absence d'un développement véritable. Cet arrondissement n'a pas de connexion électrique. Ce qui contredit la fameuse phrase : « où passe la route, le développement suit ».

De ce fait, nous nous rendons compte que les projets structurants ont le mérite d'avoir un effet direct sur le plan infrastructurel mais leur impact sur le plan humain en ce qui concerne la qualité de vie semble parfois mitigé. On a parfois l'impression à l'avènement d'un projet structurant que les communautés bénéficiaires n'ont pas pu améliorer leur qualité de vie. Le projet structurant est plutôt venu avec un lot de problèmes beaucoup plus complexes. En plus claire, aujourd'hui, malgré la mise en oeuvre des différents projets structurants dans les villes et villages du Cameroun, il n'est pas rare de constater en zone urbaine ou rurale, que des habitants n'ont pas toujours accès aux avantages que devraient apporter un projet structurant dans une localité. Dans certains cas même, il est souvent fréquent qu'un projet structurant nécessitant la destruction des biens privés et la perte des terres appartenant aux populations de la localité concernée par le projet entraine des grincements de dents du fait de l'absence d'indemnisation. Ces dédommagements, certes sont pour le plus importants ; par contre ils ne sont pas suffisants surtout pour un citoyen de bas échelle habitué à un faible avoir et qui reçoit d'un seul coup une somme considérable d'argent. Il y a donc des difficultés à pouvoir gérer cet argent dans le sens de le rentabiliser en vue de s'assurer une meilleure qualité de vie.

Nous recensons aussi un problème lié à la politique et à la méthodologie des projets. Nous tentons de dire que les actions de développement menées sous formes de projets identifiés, sont souvent confrontées à des grandes difficultés tout au long de leur cycle. L'une des difficultés de pérennisation de ces actions est l'inefficacité des méthodologies et des approches utilisées. En effet, elles connaissent dans la plupart des cas, des déficits dans la planification, le suivi et l'évaluation des projets. Il y a aussi un manque de ciblage des priorités et des zones à besoins spécifiques.

De plus, le projet est souvent à l'origine des pollutions et nuisances, de l'afflux des personnes, de l'exploitation abusive des ressources naturelles qui à leur tour entrainent la prolifération de nombreux fléaux tels que la délinquance, la criminalité, des maladies (MST, IST), les conflits sociaux et même l'infertilité des sols (pour des zones où la population vit des bienfaits de la terre) due au déversement des polluants ... Pourtant, ces grands chantiers en cours et ceux projetés dans les prochains mois devraient contribuer à améliorer le niveau de vie des Camerounais, dont beaucoup ont du mal à satisfaire les besoins primaires et élémentaires et vivent en dessous du seuil de pauvreté. L'état des lieux actuel démontre que beaucoup restent à faire pour parvenir au progrès social souhaité et atteindre l'Emergence en 2035. 

La présente étude pose le problème de l'inadéquation entre les projets structurants du Cameroun et l'amélioration de la qualité de vie des populations environnantes, le cas de la centrale à gaz de Kribi. En effet, ce problème nous amène à nous poser la question de recherche suivante : lacentrale à gaz de Kribi comme projet structurant est-elleà même d'améliorer la qualité de vie des populations environnantes?

1.3. Questions de recherche

Suite à la position du problème qui précède, une question générale impliquant trois questions spécifiques constituent le fil conducteur de notre investigation.

1.4. Question générale de recherche

Notre question générale de recherche est formulée de la manière suivante : lacentrale à gaz de Kribi comme projet structurant est-elleà même d'améliorer la qualité de vie des populations environnantes?

1.4.1. Questions spécifiques de recherche

Dans cette étude, les questions spécifiques sont les suivantes :

Question de recherche 1 : la centrale à gaz de Kribi comme facteur de développement économique est-elle à même d'améliorer la qualité de vie des populations environnantes?

Question de recherche 2 : la centrale à gaz de Kribi comme facteur de développement social est-elle à même d'améliorer la qualité de vie des populations environnantes ?

Question de recherche3 :la centrale à gaz de Kribi comme facteur de développement humain est-elle à même d'améliorer la qualité de vie des populations environnantes ?

1.4. Objectifs de l'étude

Nous allons dans ce paragraphe présenter d'une part l'objectif général et d'autre part les objectifs spécifiques de notre étude.

4.1.1 1.4.1. Objectif général

L'objectif général est d'étudier l'impact de la centrale à gaz de Kribicomme projet structurant sur l'amélioration de la qualité de vie des populations environnantes.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery