WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Industrie 4.0, une revolution industrielle et sociale ?


par Vincent Kergueme
ESLI - Master 2 2020
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

D. Variation sectorielles dans le cadre de l'industrie 4.0

Les conséquences de l'Industrie 4.0 dépendent d'un vaste éventail d'indicateurs, dont certains ont déjà été vus dans le présent document : l'Industrie 4.0 aura une incidence sur divers secteurs industriels et diverses régions du globe, sur lesquels elle n'influera pas toujours de la même façon, et elle renforcera probablement les inégalités déjà présentes tant au sein des régions qu'entre les régions. En outre, la complexité et la tarification des produits, le niveau requis de compétence et le niveau antérieur d'automatisation sont d'autres indicateurs importants, car ils permettent de prédire le comportement des gouvernements et des compagnies durant cette transition. Si l'investissement initial en capital est trop élevé pour être assez rapidement rentabilisé par des revenus, les compagnies n'auront pas tendance à investir dans des technologies de pointe. De même, s'il n'y a pas suffisamment de personnel qualifié capable de travailler avec ces technologies, leur investissement sera fait en vain. On peut regrouper les secteurs en trois catégories, selon qu'ils seront peu, moyennement ou très influencés par l'Industrie 4.0, dans un avenir plus ou moins rapproché.

1. Faible impact

Métaux de base

Les secteurs industriels comme les métaux de base ne connaîtront probablement pas, à court terme, une grande transformation sous l'influence de l'Industrie 4.0. Ce secteur à main-d'oeuvre élevée a besoin de travailleuses et travailleurs hautement qualifiés. Jusqu'à présent, les emplois de ce secteur ne se prêtent pas bien à l'automatisation, même avec la robotique de pointe, ce qui nécessiterait de la part des compagnies un investissement initial élevé et non rentable. Il ne faut toutefois pas en déduire qu'il ne subira aucune transformation.

L'industrie sidérurgique a encore la réputation de créer un grand nombre d'emplois, mais la situation est en train de changer.

À plus ou moins long terme, certaines parties du processus de production pourraient être externalisées ou numérisées et un plus grand nombre de processus seront commandés à partir de salles de commande centrales plutôt que dans les ateliers.

Des calculateurs industriels prendront de plus en plus de décisions, entre autres, à propos des mélanges précis de matières premières, et les machines pourront de plus en plus diagnostiquer leurs propres besoins en matière d'entretien. La gestion de l'entretien pourrait devenir numérique et être confiée à des fournisseurs de services spécialisés dans des plateformes spécifiques. La location d'équipement de production, plutôt que l'achat, aura le même effet : le fournisseur d'équipement conservera les responsabilités touchant l'entretien et sera tenu au courant des besoins en matière d'entretien par des composants numériques de TIC intégrés dans les machines. De nouveaux progrès technologiques dans le domaine des véhicules autonomes seraient un atout intéressant dans ces secteurs - si les véhicules autonomes ne sont pas encore assez sophistiqués pour prendre en charge le transport et la livraison au complet, ils pourraient au moins prendre en charge la manipulation du matériel au sein de l'usine elle-même.

À plus long terme, il est certain que même les emplois dont l'automatisation n'est pas rentable pour le moment finiront par être transformés. L'Institut de recherche allemand Fraunhofer IAIS fait une différence entre, d'une part, l'intégration numérique à l'intérieur de l'usine, dans l'optique de l'optimisation de la production et, d'autre part, l'intégration numérique faisant intervenir des entités externes, notamment les fournisseurs et les clients. La première a tendance à améliorer l'efficience, la productivité et la qualité, tandis que la deuxième concerne l'adaptabilité, la personnalisation, les stocks et la logistique. La vitesse de cette transformation variera considérablement, mais elle est déjà en cours dans certains domaines. La nouvelle usine de laminage de Voestalpine AG, en Autriche, n'a besoin que de 14 travailleurs pour produire autant de produits que ce que mille travailleurs produisaient dans les années 1960. Cet exploit est rendu possible grâce à l'automatisation avancée et à une commande centralisée des processus. Exception faite du personnel d'entretien et du personnel de logistique (qui comptent environ 300 personnes encore à l'usine), les quelques emplois liés à la production qui restent encore à l'usine sont les employés de bureau et les techniciens à la régie.

À l'échelle mondiale, la production d'une tonne d'acier exige maintenant en moyenne 250 travailleurs-heures, par rapport à 700 travailleurs-heures il y a 20 ans - cette tendance à la baisse se poursuit et pourrait même s'accélérer. Les hauts fourneaux, par la nature de leur travail, risquent de moins bien se prêter, à court terme, à ce type radical d'automatisation, comparativement à une usine de laminage, mais des changements sont à venir là aussi. Voestalpine cherche déjà des moyens de moderniser ces lieux de travail et d'éliminer un grand nombre d'emplois.

Secteur minier

Le secteur minier est relativement diversifié quant aux progrès technologiques utilisés dans les mines. Quelques mines nécessitent encore une grande proportion de travail manuel, mais d'autres sont déjà très automatisées, ce qui semblerait indiquer que les mines sont de bonnes candidates pour une numérisation industrielle plus poussée. Bien que la transformation numérique (ou la diffusion de ces technologies) varie selon la région où se trouvent les mines, la « mine numérique » n'est pas loin à l'horizon. Dans les pays où la main-d'oeuvre est bon marché et où les technologies couramment utilisées sont rudimentaires, les compagnies n'auront pas tendance à investir à court terme dans la numérisation des mines parce que le rendement de cet investissement demeurerait plutôt bas.

Cela dit, il y a déjà des mines où des robots ou des machines téléguidées accomplissent une grande partie du travail qui était fait autrefois par des humains sur la paroi rocheuse; le forage est un bon exemple. Plus le coût de ces technologies sera bas, plus elles seront utilisées. L'accessibilité des technologies de pointe, notamment les capteurs, les analyseurs et la connectivité des machines de production, placera l'Internet des objets et les services en nuage au centre de l'environnement numérique de l'industrie minière. « Les forces à l'oeuvre derrière l'essor de la «mine numérique» sont aussi impérieuses que celles qui provoquent le changement dans d'autres industries. » - Marcelo Sávio, architecte, Solutions industrielles mondiales, chez IBM. Les forces motrices derrière l'essor de la « mine numérique », ce que Marcelo Sávio appelle l'« économie transformée » de l'exploitation minière, sont la productivité, les défis techniques et sociaux, la hausse du prix des intrants, la chute des cours des produits de base et les exigences en matière de sécurité. Les statistiques concernant la numérisation sont étonnantes.

Voici quelques chiffres tirés d'un webinaire de la division Energy Insights de la société International Data Corporation (IDC), intitulé Digital Transformation in Mining : Driving Productivity Improvements : À l'échelle internationale, 28 % des sociétés minières comptent augmenter leurs budgets de TI malgré les défis auxquels l'industrie est confrontée actuellement.

Les technologies jouent un rôle de plus en plus déterminant du côté des investissements : 70 % des compagnies envisagent d'investir dans l'automatisation de leurs mines; 69 % examinent la possibilité d'installer un poste de commande et de contrôle centralisé; plus de 25 % étudient le rôle que pourrait jouer la robotique. Les compagnies qui réussiront à créer une différentiation concurrentielle se retrouveront dans la meilleure position pour obtenir de bons résultats dès maintenant et quand les cours des produits de base remonteront. Les compagnies minières augmenteront progressivement leurs visibilité, dynamisme et contrôle au moyen de leurs données. On s'attend à une augmentation de 30 % chez les sociétés minières qui utiliseront l'analytique avancée dans leurs opérations au cours des prochaines années, particulièrement pour la gestion de l'énergie, des minerais et de la chaîne d'approvisionnement. L'incidence sur les emplois est évidente, ainsi que la nécessité pour les travailleuses et travailleurs d'acquérir de nouvelles compétences. Les mesures favorisant une transition équitable dans le secteur de l'énergie - c'est à dire les programmes qui devraient être mis en place pour protéger les travailleuses et travailleurs touchés par cette transition - devront être complétées par des projets de diversification économique réalisés par les gouvernements nationaux. La diversification des économies locales serait renforcée par un modèle de développement économique intégré - une politique industrielle durable - qui obligera les compagnies minières à intégrer leurs plans de développement des infrastructures à l'intérieur des plans de développement des économies locales.

Ces plans ont été mis en place jusqu'ici lorsque l'investissement était justifié par des circonstances exceptionnelles, comme l'exploitation de minerai d'uranium à très haute teneur, qu'il serait impossible d'extraire à l'aide de travailleurs humains à cause du danger d'irradiation. Précisons que les technologies capables de remplacer divers emplois du secteur minier par des robots existent déjà. Nul doute qu'elles seront de plus en plus utilisées à mesure que le coût de ces technologies diminuera.

Secteur du textile, de l'habillement et du cuir

Le secteur du textile, de l'habillement et du cuir est lui aussi relativement diversifié en ce qui concerne les produits et les technologies utilisés. Les fibres et les textiles utilisés dans la fabrication de matériaux spéciaux, par exemple, les tissus et les plastiques renforcés de fibres de carbone, entrent de plus en plus dans la construction des automobiles, des avions, etc., et utilisent déjà de l'équipement très moderne. Par ailleurs, la confection de vêtements et d'articles en cuir profite encore d'une main-d'oeuvre bon marché, mais elle est effectuée dans des conditions de travail extrêmement précaires, malsaines et dangereuses, presque toujours dans le monde en développement. Ce secteur sera probablement partiellement touché par l'Industrie 4.0 : la confection de textiles spéciaux qui se fait déjà à l'aide de machines de haute technologie pourrait être numérisée davantage.

Encore récemment, l'automatisation de la fabrication de vêtements était considérée comme une tâche très difficile, à cause notamment des caractéristiques extensibles des tissus et de l'obligation de personnaliser les produits. Cela dit, il y a eu des percées dans ce domaine, et des robots sont maintenant capables de faire le travail qui était autrefois accompli par des opérateurs de machines à coudre. À mesure que cette technologie fera ses preuves, des centaines de milliers - peut-être même des millions - d'opératrices de machines à coudre risqueront de perdre leurs emplois. À titre d'exemple, au Bangladesh, l'automatisation avancée a déjà éliminé des centaines de milliers d'emplois dans les usines de chandails. Comme ce secteur est un secteur clé dans certains pays en développement, les risques sociaux et les risques de développement seront énormes. En effet, la possibilité que l'automatisation devienne rentable, même dans les pays où la main-d'oeuvre est bon marché, soulève des questions importantes.

Cette initiative et d'autres semblables réussiront-elles à inciter les fabricants à accélérer l'implantation des technologies de pointe? Le tannage et le cuir ont eux aussi résisté dans une certaine mesure aux changements technologiques, mais ce n'est plus nécessairement le cas, et les conséquences pourraient être considérables. En Inde, les emplois dans l'industrie du tannage et du cuir sont déjà passés de presque 200 000 à environ 30 000 (ces pertes d'emplois ne sont pas dues qu'aux seuls changements technologiques, mais à une combinaison de facteurs).

Par ailleurs, en raison de tolérances de plus en plus strictes par rapport au contrôle de la qualité, les fournisseurs de textiles, de vêtements et de cuir se verront obligés d'adopter la haute technologie. Les parties du secteur du vêtement exigeant des travailleurs peu qualifiés pourraient être touchées par la relocalisation d'usines vers des pays européens - comme l'a déjà fait Adidas. Cette relocalisation permet aux compagnies de produire à l'aide de méthodes en grande partie numérisées, mais de vendre leurs produits plus cher parce qu'ils sont de meilleure qualité et que le sceau « Fabriqué en Europe » exerce un attrait sur les consommateurs.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus