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Du patient objet au patient sujet.


par Marie Jutteau
IFSI des diaconesses - Université Paris Descartes - Diplôme d'état infirmier 2019
  

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II.3.3. Consentement du patient et devoir infirmier

L'atteinte du corps humain et la considération de l'autonomie du patient sont des raisons nécessaires pour justifier la recherche du consentement. Le Comité Consultatif National d'Ethique (CCNE) énonce que « la complexité accrue des propositions thérapeutiques et une plus grande autonomie de décision reconnue aux personnes malades (loi du 4 mars 2002) dans le domaine des soins médicaux ont abouti à ce que le consentement du malade ne soit plus simplement implicite mais doive être explicité ». Dans le cadre de la bioéthique, les différents principes ont une application propre, ainsi le principe de l'autonomie s'applique par le biais du consentement.

Dans la pratique soignante, l'infirmier doit se rappeler que l'acte de soin, même s'il est bienveillant, reste une atteinte à l'intégrité physique de la personne. L'acte de soin doit donc répondre à un but thérapeutique et suivre le consentement de celui-ci.

Il est important de retenir que le consentement donné aux médecins n'est pas le même que celui donné aux infirmiers. Même si le consentement du médecin est donné, l'infirmier n'a pas carte blanche, il doit agir en respect de la volonté du patient.

La question du consentement dans les soins implique la notion du refus de soin et donc le libre choix de l'individu de décider ce qui est bon pour lui. En cas de refus, l'équipe est tenue de lui expliquer les conséquences de cette décision et mettra tout en oeuvre pour le persuader en lui apportant à nouveau toutes les précisions nécessaires. Il faut que la relation soignant-soigné soit d'égal à égal de manière à ce que les informations fournies par les infirmiers soient les plus légitimes et recevables. L'infirmier serait en faute de s'incliner à un refus de soin dû à une mauvaise information ou une crainte injustifiée tout comme il serait en faute s'il agissait, sans consentement, dans l'intérêt présumé du patient. Face à un refus de soin, l'infirmier doit

1 Elle est réactualisée le 2 mars 2006 par la Charte de la personne hospitalisée. (Cf. Annexe)

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toujours être capable d'analyser la raison de ce refus, si c'est un refus intuitif par la peur, l'a priori ou la sous-information ou si c'est un refus réfléchi guidé par la raison. De la même manière, il est important de discerner le refus du renoncement afin d'établir la communication la plus adaptée. Une traçabilité est alors assurée dans le dossier médical selon la décision prise par le patient.

Le statut de l'infirmier, qui lui offre un rôle privilégié avec le patient, est bénéfique pour une relation de confiance fondée sur le consentement de ce dernier. Ce dialogue, cette compréhension et cette complicité permet, entre autres, une meilleure implication du soigné dans ces soins.

Pour que le consentement soit valable, il faut que le patient soit informé par des informations complètes, intelligibles et loyales ainsi il peut consentir en connaissance de cause.

Parfois, le patient exprime, après coup, avoir consenti au soin car il n'avait aucune autre possibilité. C'est pourquoi il est important que le patient bénéficie d'une place égalitaire à celle du soignant et que le refus de soin ne soit pas considéré comme une opposition à l'équipe médicale. Il est donc nécessaire de construire avec ce patient, un climat dans lequel ces instants de décision soient le plus sains.

Il est tout de même important que le protocole de la recherche du consentement dans les soins ne se transforme pas en un prétexte moral pour se décharger de l'atteinte du corps du patient.. Le consentement écrit en tant que preuve est une démarche surtout médicale lors d'une hospitalisation ou pour une intervention lourde comme une chirurgie. En revanche, l'écrit n'est pas considéré comme un alibi protégeant entièrement le médecin, il s'agit surtout de prouver que l'information fournie au patient fût complète, intelligible et loyale. On ne parle pas de décharge de responsabilité du médecin au patient mais bien d'une entente et une compréhension loyale et commune des informations fournies par le médecin à l'usager. Cet écrit ne doit pas devenir un obstacle et donc une excuse à l'acceptation de l'ensemble des soins. Une approbation orale en début de soins après une information claire et précise peut-être réalisée surtout dans les soins d'hygiène effectués par les paramédicaux par exemple.

En revanche, une question se pose à propos du type d'information à fournir au patient. En effet, si l'infirmier agit en suivant la loi en annonçant le plus sincèrement possible l'ensemble des risques encourus, les patients n'accepteraient pas, par peur. Pourtant les tribunaux exigent que

les informations sur tous les risques graves soient expliquées. La loi du 4 mars 2002 reste tout de même réaliste en réajustant la notion d'informations pour les « risques courants ou graves, normalement prévisibles » qui diffèrent de « tout risque même exceptionnel » énoncé auparavant.

Pour conclure, l'infirmier doit être capable d'adapter sa recherche du consentement au type de patient qu'il prend en charge. Exactement comme pour l'autonomie, il est nécessaire de connaître les droits du patient (mineur, majeur, sous tutelle ou curatelle), le degré d'autonomie de celui-ci ainsi que ses volontés de manière à agir dans son intérêt. Comme l'exprime Christian Gilioli1 : « L'idée sous-jacente [du consentement] parfois proposée est plus ambitieuse et consiste, pour la personne malade, à s'approprier, c'est-à-dire à faire sien, le projet proposé par un soignant, par exemple. On retiendra aussi, dans ce souci de maintenir la capacité autonomique, le rôle central que pourront tenir ceux capables, en quelque sorte, de porter la parole de la personne malade qui ne serait plus en état de s'exprimer. »

Ces trois parties sur le corps, l'autonomie et le consentement m'ont permis de recueillir des apports théoriques que je vais pouvoir confronter aux pratiques infirmières. En effet, ces précisions sur les notions du patient objet, du patient sujet, du consentement et de l'autonomie décisionnelle me permettent d'avoir un cadre théorique pour vérifier mon hypothèse selon laquelle le patient serait humanisé dès lors que le consentement soit recherché.

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1 GILIOLI, C. 2018, p.64.

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