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Du patient objet au patient sujet.


par Marie Jutteau
IFSI des diaconesses - Université Paris Descartes - Diplôme d'état infirmier 2019
  

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III.2.3. Un patient humanisé car considéré

Ces deux parties nous auraient donc prouver l'importance du consentement dans les soins ainsi que le respect de la dignité dans la pratique soignante. En effet, elles nous ont finalement montrées que ces deux démarches pouvaient avoir un but commun : celui de rendre le patient un sujet et non un objet.

Pendant des siècles, les patients ont subi cette médecine traditionnelle dite paternaliste où le médecin avait la place de décideur et était gardien de l'intérêt du patient. Le rapport entre les soignants et le patient s'est construit de telle sorte que les professionnels de santé évaluaient les besoins du malade et y répondaient avec leur savoir-faire en estimant ce qui serait utile pour lui. Cette décision se fondait donc à partir d'une relation unilatérale car le soignant projetait ce qui serait bon pour son patient sans lui demander son avis. De ce fait le patient n'était pas perçu comme un être raisonnable, son approbation n'était donc pas demandée pour effectuer un acte sur sa personne.

C'est grâce à la reconnaissance des droits des patients et des devoirs des soignants que cette relation peut être bilatérale et que le patient se voit reconnaître son pouvoir décisionnel. De ce fait, les réformes hospitalières, déterminant successivement les missions des établissements publics ou privés, définissent depuis bien longtemps les soins médicaux en tout genre. En revanche, à partir de la loi dite « hospitalière » (loi n° 91-748 du 31 juillet 1991) la volonté de prendre en considération les droits des patients fait partie prenante du processus de prise en charge de l'usager par l'établissement. Différentes étapes ont permis d'aboutir à la fameuse loi Kouchner du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé. Rappelons que le 30 avril 1980, le Comité Européen de Santé Publique suggère aux États membres « d'encourager les malades à participer, de façon active, aux traitements, à la prévention ainsi qu'au maintien, à la formation et au rétablissement de leur santé et de celle des autres ». Puis en juillet 1986, la commission pour la réforme hospitalière organise la première audition nationale des associations de patients.

Ainsi, la loi du 31 juillet 1991 (n°91-748) introduit un premier chapitre à propos des « principes fondamentaux » qui comprend deux sections, la première sur les « droits du malade accueilli

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dans un établissement de santé » et la deuxième concernant « l'évaluation et [...] l'analyse de l'activité des établissements de santé ». Ce respect des « principes fondamentaux » se retrouve par la suite dans le Code de Déontologie Infirmier à l'article R.4312-4 énonçant que « l'infirmier respecte en toutes circonstances les principes de moralité, de probité, de loyauté et d'humanité indispensables à l'exercice de la profession. »

Le décret du 31 décembre 1991 (n° 91-1415) offre alors une prise de parole aux usagers et à leur famille grâce à la création de conseils d'établissements dans chaque structure sociale et médico-sociale. La représentation des associations des patients est ensuite autorisée lors de la création du Haut Comité de la Réforme Hospitalière en 1995.

Par la suite, la circulaire DGS/DH n°95-22 du 6 mai 1995 instaure la Charte du patient hospitalisé afin de faire connaître et rappeler les droits de chaque patient ainsi qu'assurer une diffusion plus large à l'ensemble des professionnels de santé. S'y ajoute ensuite l'ordonnance n°96-316 du 24 avril 1996 qui donne l'obligation aux établissements de santé d'informer les patients de leurs droits en en assurant le respect.

C'est finalement à partir de novembre 1998 que les premiers états généraux des malades sont réalisés afin de faire entendre les revendications des patients sur le système de santé pour en dégager des axes de priorités à établir. C'est ainsi que « la démocratie sanitaire » donne la possibilité aux patients de se transformer en acteur de soin. Le 24 juin 2000, la recommandation n° R (2000) 5 du Comité des ministres aux États membres établit alors « le développement de structures permettant la participation des citoyens et des patients au processus décisionnel concernant les soins de santé ». Enfin, les cinq messages clefs recueillis lors des états généraux conduisent à créer les quatre grands titres1 de la loi du 4 mars 2002.

Ainsi cette remise en cause du modèle relationnel unilatéral a permis d'accorder au patient ce pouvoir de co-décision ainsi que cette place d'acteur principal du soin. Le patient devient donc valorisé et considéré par la reconnaissance de ses droits aux yeux de la loi. Cette évolution de reconnaissance des droits du patient ne repose pas seulement sur la manière de consentir de

1 Le premier titre concerne la solidarité envers toutes personnes et en particulier envers les personnes handicapées, le second est à propos des droits des patients, le troisième définit l'amélioration du système de santé et enfin le quatrième titre est relatif à la prise en charge des risques sanitaires et leur réparation.

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celui-ci, mais aussi sur la qualité de la considération de sa dignité. C'est ce que prouve la loi du 4 mars 2002 par ces différents thèmes dont l'appel à la dignité, au respect, à l'accès à l'information et à la transparence du système de décisions. Comme le résume Philippe Bataille, directeur d'étude en sociologie : « la démocratie sanitaire ne revient pas seulement à faire du malade un acteur autonome qui se libérerait des dépendances de la maladie, pas plus un consommateur de soins raisonnable, à peine un usager responsable, mais un citoyen respecté et reconnu dans son droit à être malade, donc protégé et garanti. ».

Pour conclure, nous pouvons citer l'IDE4 lorsqu'elle énonce que « tout est dans la considération de la personne même si c'est vrai que c'est sur le corps que tu vas faire le soin mais [ce corps] a l'esprit, il a sa façon de penser, sa façon de voir, donc [...] il faut englober l'ensemble ». Le patient sujet est donc humanisé à partir du moment où il est considéré dans sa globalité.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld