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Transhumance politique et crédibilité des acteurs politiques en république démocratique du Congo.


par Innocent MWENDAPOLE BAGALWA
Université de Lubumbashi - Licence en sciences politiques et administratives 2017
  

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v L'individualisme méthodologique

a. Origine et évolution de l'individualisme méthodologique

Le terme d'individualisme méthodologique apparaît en 1871 chez Karl Menger (économiste autrichien néo-classique), et il a été repris par Joseph Schumpeter (économiste situé à la frontière entre l'école classique et néo-classique) dans le domaine de la sociologie. Cette expression est le point de départ de l'approche compréhensive de Max Weber. En cherchant à comprendre la « relativité significative des comportements » Julien Freund, le grand penseur allemand quant à lui met, en fait, l'individu à la base de sa sociologie60(*).

Raymond Boudon s'est orienté vers l'étude des modèles formels en réalisant des travaux situés entre la description et l'explication, dans les cadres généraux d'une sociologie de l'action. L'« actionnisme » prôné par Boudon se différencie aussi bien de l'interactionnisme symbolique qui s'intéresse surtout à l'analyse des interactions sociales directes (situations où les différents acteurs sont présents simultanément) que de l'actionnalisme, produit des travaux d'Alain Touraine centrés principalement sur l'étude des mouvements sociaux.

Avant d'entreprendre le cheminement théorique, deux remarques s'imposent afin d'éviter des erreurs, toujours possibles61(*) :

- les acteurs individuels peuvent être non seulement des personnes mais toute unité collective (firme, nation, etc.) ou groupes dotés d'instances de décision collective.

- l'individualisme méthodologique ne doit pas être confondu avec l'atomisme qui suppose des acteurs complètement isolés les uns des autres; il exige même que les individus soient considérés comme insérés dans un contexte social. L'individualisme méthodologique « ne suppose pas que les individus soient suspendus dans une sorte de vide social; il n'affirme pas non plus que la société se réduit à un agrégat d'individus : il sait bien qu'il existe des institutions, des souvenirs collectifs, etc. »

Le paradigme individualiste peut donc se résumer ainsi : tout phénomène social s'explique par l'agrégation des actions individuelles. Cette perspective suppose que l'individu est le point de départ de toute analyse sociologique et s'oppose ainsi à l'holisme méthodologique qui s'en tient à la mise en évidence des régularités sociales, expliquées par l'action des forces sociales qui détermineraient les comportements des acteurs. Pour Boudon, il faut toujours partir du postulat de l'individualisme méthodologique, qui suppose que les acteurs cherchent à optimiser leurs décisions, en tenant compte des contraintes du système. Un schéma d'action peut être formulé de la manière suivante : des acteurs (individus ou groupes) engagés dans une situation dont les caractéristiques sont plus ou moins contraignantes poursuivent des buts, et pour ce faire manipulent des ressources qui se traduisent en des comportements significatifs.62(*)

La rationalité qui caractérise l'action des acteurs sociaux placés toujours dans des situations contraignantes représente un élément principal du paradigme individualiste. Expliquer le comportement rationnel d'un acteur « c'est mettre en évidence les bonnes raisons qui l'ont poussé à adopter ce comportement, tout en reconnaissant que ces raisons peuvent, selon le cas, être de type utilitariste ou téléologique, mais aussi bien appartenir à d'autres types. » Boudon propose donc de considérer une action comme la manifestation des raisons et part du postulat que le sujet prend appui sur le système de raisons qu'il estime le plus fort, mais qu'il est pertinent aussi de partir du postulat que l'acteur peut agir en fonction des raisons perçues par lui comme valides. Donc, il est évident que l'analyse sociologique ne peut se contenter de la théorie de la rationalité développée dans le sillage de l'économie classique et qui se réduit à une vision étroite de la rationalité instrumentale.

En effet, l'individualisme méthodologique est cette théorie, qui de nos jours est portée par Raymond Boudon63(*), comme réaction à l'approche sociologique holistique qui pour lui, incarnée par le culturalisme et le fonctionnalisme, mais aussi le structuralisme et la théorie de l'habitus. Pour Boudon, ces théories surestiment les contraintes sociales et l'influence exercée par la société, les classes sociales ou la structure sur le comportement des individus. Il n'accepte pas non plus d'expliquer un phénomène social par une cause qui lui est extérieur.

L'individualisme méthodologique est « une conception ou une démarche qui consiste à expliquer les phénomènes économiques et sociaux à partir de prémisse selon laquelle, tout phénomène social ou économique ne peut s'expliquer sans la compréhension d'un acteur humain »64(*). Par définition «tous les évènements qui fondent l'histoire humaine et donc l'histoire politique, économique et sociale, sont toujours le produits de l'action humaine individuelle, car seuls les êtres individuels agissent, les groupes et structures sociales ne sont pas des êtres à part entière, ils reçoivent uniquement une signification conçues à partir des intentions et projets des acteurs »65(*). Une explication individualiste des phénomènes sociaux commence toujours d'une conséquence de la logique du comportement des individus impliqués.

La thèse de Max Weber cité par Claude Le Huidoux, D. Paucant et A. Mayer66(*) , est celle de l'individualisme méthodologique, qui consiste à expliquer les faits sociaux à partir des comportements. Pour lui, l'individu agit selon des valeurs, croyances, il ne se contente pas de réagir aux stimulations de l'environnement. Il a toujours une liberté d'action mais n'est pas toujours maitre des effets que ses actions peuvent entrainer (dans le sens où ceux-ci peuvent être ainsi involontaires).

Pour Karl Popper67(*), il soutient la thèse selon laquelle : « l'individualisme méthodologique est la doctrine tout à fait inattaquable selon laquelle nous devons réduire tous les phénomènes collectifs aux actions, interactions, buts, espoirs et pensées des individus et aux traditions créées et préservées par les individus»

Selon J. W. N. Watkins68(*), dans ses explorations approfondies de l'individualisme méthodologique déjà théorisé le principe sur lequel repose ce dernier est que « les constituants ultimes du monde social sont les individus qui agissent de manière plus ou moins appropriée en fonction de leurs dispositions et de la compréhension qu'ils ont de leur situation. Chaque situation sociale complexe, institution ou événement est le résultat d'une configuration particulière adoptée par les individus, de leurs dispositions, situations, croyances, ressources matérielles et de leur environnement

J. Elster69(*), explique que « par l'individualisme méthodologique, j'entends la doctrine suivant laquelle tous les phénomènes sociaux leur structure et leur changement sont en principe explicables de manières qui impliquent les seuls individus avec leurs qualités, leurs croyances, leurs objectifs et leurs actions ».

Le paradigme individualiste recouvre etbalaye un champ épistémologique relativement étendu. Pour schématiser à une extrémité, il y a un individualisme méthodologique conçu selon le modèle de la théoriedes jeux (von Neuman) : des individus sont exclusivement motivés par leur intérêt particulier et liés par des structures d'interdépendance s'affrontent dans des situations conflictuelles en calculant rationnellement les risques de stratégies destinées à maximiser leurs gains; disposant d'une information limitée mais d'une marge de manoeuvre, ils ont à choisir entre la coopération et la compétition mais leur satisfaction dépend des décisions des autres acteurs : la méthode individualiste revient alors à analyser et formaliser leur action réciproque et à en déduire une logique de l'action collective.

Entre ces limites, l'individualisme méthodologique est donc susceptible de se décliner en interprétations fort variées divergeant parfois sur des points théoriques non négligeables. Correspondant aux thèses respectivement illustrées par Menger, Mises, Hayek, Weber et Popper, ces individualismes méthodologiques se distinguent parfois seulement au niveau des procédés d'exposition singuliers des auteurs ou de leurs exemples privilégiés, voire par des nuances limitées sur certains thèmes (nature de la rationalité des acteurs, insistance sur le caractère non intentionnel des effets de composition).

Mais sur d'autres problèmes, ce sont de véritables alternatives qui se font jour et alimentent des tensions intellectuelles fécondes au sein de l'individualisme méthodologique pluriel: ainsi en est-il de la prise en considération de la subjectivité des acteurs, du caractère intersubjectif de leurs relations, de leur degré d'autonomie par rapport au modelage social, de la nature des ensembles sociaux (seulement des modèles et des constructions abstraites, ou des quasi-totalités dotées une fois émergées d'une certaine consistance auto-organisée ).

La théorie de l'individualisme méthodologique est élaborée sur base de deux postulas essentiels70(*) :

- Boudon estime que les faits sociaux ne sont saisissables et explicables qu'à partir des actions et des motivations des individus.

- Les individus sont rationnels, parce que leurs actions sont orientées par des intérêts, des valeurs, voire même des traditions.

Mais la rationalité dont ils font montre, est située dans la mesure où ils adoptent des stratégies de leur environnement (économique, institutionnel, historique, politique, etc.) immédiat. L'auteur montre aussi que les phénomènes sociaux découlent de l'association des comportements individuels, et que le changement social est indéterminé dans la mesure où plusieurs systèmes d'interactions peuvent résulter d'un contexte donné.

* 60 Mircea VULTUR, Raymond Boudon et le paradigme de l'individualisme méthodologique, Article, Aspects sociologique, N°1, 1997, p.2.

* 61IDEM.

* 62IBIDEM.

* 63 A. Kwanzaka Inzanza, précis de recherche en sciences sociales et humaine, Kinshasa, CERDAS, 2015, p.63.

* 64 Www. Wikipédia.org, Individualisme méthodologique, consulté en janvier 2018.

* 65 IDEM.

* 66Max Weber cité par Claude le Huidoux, d. Paucant et A. Mayer, individualisme méthodologique, Webetab.org, Bordeaux, consulté en janvier 2018.

* 67 Alain Laurent, L'individualisme méthodologique, Paris, PUF, 1994, P.23.

* 68 Alain Laurent, Op.cit. p.24.

* 69IDEM.

* 70 A. Kwanzaka Inzanza, op.cit., pp.63-64.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote