WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Libéralisation financière et croissance économique au cameroun


par Christian BELKE NDONEMO
Université de Ngaoundere - Master recherche  2017
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy
b- Libéralisation financière et économie réelle

Le bilan de la libéralisation financière induit un paradoxe : la surliquidité bancaire et le rationnement du crédit. Le rationnement du crédit est d'autant plus paradoxal que la libéralisation financière est supposée entrainer une explosion de crédit. Le boom du crédit encore appelé « le syndrome de l'excès d'emprunt » (overborrowingsyndrome) mesuré par le ratio crédit/PIB résulte du passage d'une économie réprimée à une économie libéralisée. Ce ratio était particulièrement élevé pendant les périodes de répression financière -avec un pic de 31,24 en 1982- du fait de l'allocation sectorielle et incontrôlée des crédits de la part des banques.

Tableau 8: Ratio de liquidité des banques camerounaises (en %)

Année

2011

2012

2013

2014

2015

Ratio

164

162

128

139

148

Source : COBAC

Tableau 9: crédits privés en pourcentage du PIB, 1980-1991

Année

1980

1981

1982

1983

1984

1985

1986

1987

1988

1989

1990

1991

Ratio

29.54

31.15

31.24

30.89

25.23

22.87

24.01

25.86

24.39

25.07

26.37

26.41

Source : annuaire fonds monétaire international, 2016

Mais le ratio crédits privés/PIB a brutalement chuté à partir de 1992 en pleine restructuration bancaire pour se situer à 12,52%. Depuis lors il n'a plus jamais atteint ses niveaux des années 80, se situant toujours en deçà de 15%, jusqu'en 2013 (14,13 en 2012 et 14, 70 en 2013).

Tableau 10 : crédits privés en pourcentage du PIB, 1992-2011

Année

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

Ratio

12,52

10,27

9,22

8,19

7,91

6,53

7,37

7,80

8,22

8,90

Année 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Ratio

9,15

9,63

9,28

9,87

9,45

9,69

10,93

11,47

12,53

14,18

Source : annuaire fonds monétaire international, 2016

On observe néanmoins une tendance haussière de ce ratio ces dernières années : 15,46% en 2014, 16,31% en 2015 et 20, 79% en 2016.

Le rationnement qui pénalise particulièrement les PME, est d'autant plus préjudiciable que le financement bancaire est la principale source de financement, le marché financier -dans le cas du Cameroun- étant encore embryonnaire et mal organisé. Trois raisons justifient cette situation selon Avom et Eyeffa (2007). D'abord ce paradoxe est la conséquence des restructurations bancaires ayant entrainé le rapatriement des capitaux spéculatifs qui avaient été massivement placés hors de la zone BEAC pour se protéger contre la dévaluation, ainsi que des recettes d'exportation qui n'étaient plus domiciliées dans les banques. Ensuite le mauvais climat des affaires crée une incertitude qui accroit le risque des projets susceptibles d'être éligibles au financement bancaire, décourageant ainsi les potentiels concours des banques à l'économie. Avant de prendre leurs décisions d'octroi de crédit, les banques ont besoin de disposer de données fiables sur leurs clients, ce qui est rarement le cas (asymétrie d'information). Enfin les banques sont généralement inaptes à transformer les ressources courtes en emplois longs. Les crédits accordés sont majoritairement à échéance courte. De ce fait les entreprises bénéficiaires n'ont pas assez de temps pour les rentabiliser. La principale source de rentabilité des banques est devenue l'ensemble des placements effectués auprès de la banque centrale (Avom et Eyeffa, 2007).

Figure 1 : évolution des crédits bancaires à l'économie (en millions de FCFA)

Construit à partir du dépouillement des statistiques de la BEAC (voir tableau 2 en annexe)

Les crédits accordés à courte période dominent largement les montants de crédits octroyés. Les banques n'arrivent pas à opérer une véritable transformation de maturité

Une autre raison justifiant les difficultés d'accès au crédit par les PME est aussi la hausse des taux d'intérêt débiteurs consécutive à la libéralisation financière. Le relèvement des taux d'intérêt débiteurs à des niveaux parfois très élevés suite à leur libéralisation, a rendu l'accès au crédit encore plus prohibitif pour la plupart des emprunteurs potentiels. Même si le montant des crédits octroyés est en constante augmentation, il ne reflète pas les besoins réels de l'économie. Il se peut également que ce rationnement du crédit soit la conséquence de la crise bancaire. En effet certaines banques ont fait faillites suite à la réalisation des nombreuses créances douteuses. De ce fait celles en activités aujourd'hui préféraient ne pas prendre trop de risques, en jouant la carte de la prudence. Ce d'autant plus que le secteur des entreprises est fortement dominé par les PME, qui présentent un risque plus élevé. Les banques préfèrent ainsi financer les grandes entreprises aux garanties meilleures, et ayant fait leurs preuves. La difficulté d'octroi des crédits peut aussi résulter de l'aléa moral : les banques sont dans l'incapacité d'observer les actions menées par les PME ayant reçus les fonds. Les dirigeants très souvent orientent les fonds reçus vers des activités autres que celles initialement convenues. Toute chose qui accroit la réticence du banquier surtout que les PME demandeuses de crédits n'ont pas souvent d'informations comptables fiables (asymétrie d'information), ne fournissent pas assez de garanties...

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard