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Les échanges transfrontaliers entre la ville de Rosso Sénégal et la Mauritanie: Organisation et impacts

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par M. Souleymane DIALLO
Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal) - DEA de Géographie 2004
  

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c) L'économie locale du Delta16(*)

Le Delta en tant que zone éco-géographique se confond aux départements, fruits du découpage administratif et territorial, de Dagana et de Saint-Louis. La structure de son économie locale est fortement marquée par la présence des trois secteurs traditionnels à savoir le primaire, le secondaire et le tertiaire. Dans ce cas précis, le secteur primaire joue les premiers rôles devant un secteur moderne (secondaire) bien représenté et une économie tertiaire très dynamiques.

Le secteur primaire joue un rôle très important dans la structuration économique du Delta. En 1995 elle contribuait jusqu'à hauteur de 22% du PLB (Produit Local Brut)17(*). Ce dernier était estimé à l'époque à 3,5% du PIB (Produit Intérieur Brut) du Sénégal. La représentativité du secteur primaire est perceptible à travers ses sous secteurs que sont l'agriculture, l'élevage et la pêche. L'agriculture occupe naturellement la première place. En effet, depuis l'époque coloniale le Delta a fait l'objet de nombreux projets et programmes d'aménagement dans ce domaine. Evoquer le secteur agricole du Delta peut renvoyer à la riziculture. Toutefois, «contrairement à ce que l'on peut penser, la culture du riz ne représente que 38% de la valeur ajoutée produite par le sous secteur agricole »18(*). En réalité, c'est la canne à sucre qui domine dans ce domaine et occupe la place de première spéculation. Les autres productions sont relativement importantes mais restent modestes face aux deux précédemment citées. Tout de même il faut relever l'importance qui est accordée au secteur de l'agriculture. Pourtant on ne peut pas dire la même chose pour l'élevage qui est une partie intégrante de l'économie primaire.

Aussi important soit-il dans la vie économique des populations du delta, le secteur de l'élevage n'a pas été considéré comme une priorité lors de la mise en place des aménagements hydro agricoles. Pour d'aucuns, il serait même le principal laissé pour compte dans les grands projets hydrauliques. Sa réalité n'étant pas forcement bien intégrée dans la planification globale, il se voit obligé, de disputer le territoire avec une agriculture intensive (irriguée) avec laquelle elle est presque incompatible. En effet, les aménagements supportent mal l'empiétement et la transhumance qui faisait qu'une partie de l'année les éleveurs venaient faire pâturer leurs troupeaux sur les terres du Walo est devenue impossible. Cette situation est à l'origine de sa marginalisation. Elle demeure cependant la principale activité des Peuls une ethnie très représentative de la région. Le secteur n'affiche plus ce dynamisme qui lui permettrait de contribuer plus conséquemment à la formation du PLB tant le contexte a évolué en sa défaveur. Tel n'est pas le cas pour la pêche. Certes, elle n'a pas été épargnée par les diverses mutations mais elle affiche, quand même, une meilleure santé.

En effet, le secteur de la pêche pourrait se définir comme un poumon de l'économie primaire dans la région. Ouverts sur l'océan atlantique, traversés par le fleuve Sénégal sur toute leur longitude et abritant d'autres cours d'eau de dimensions respectables comme le Lac de Guère et la Taouey, les département de Dagana et de Saint- Louis se trouvent dans une situation privilégiée qui donne aux populations la possibilité de s'adonner aux activités de la pêche aussi bien continentale que maritime. Seulement il faut souligner que la pêche continentale a perdu beaucoup de terrain dans le Delta. Cette réalité est inhérente aux transformations écologiques, consécutives à l'érection des ouvrages de Diama et de Manantali qui sont venus perturber le régime hydrologique du fleuve. A cela s'ajoute, la sur exploitation qui a conduit à une diminution considérable de la ressource halieutique des eaux douces19(*). Il ne faut pas aussi occulter le fait que le secteur de la pêche dans son volet pêche maritime dépend beaucoup de la coopération entre le Sénégal et la Mauritanie. Ce sous secteur est très dynamique surtout à Saint-Louis avec les pêcheurs traditionnels de Guet Ndar. Elle participe grandement à la constitution du PLB. Il est cependant difficile de mesurer ou de quantifier sa contribution exacte mais sans risque de se tromper on peut dire qu'elle est conséquente20(*).

A côté du secteur primaire on note la présence d'un secteur moderne très dynamique.

Il est caractérisé par la présence et le développent d'unités agro industrielles. Il génère à peu prés 20% du PLB local dont presque les ¾ par les seules industries. La Compagnie Sucrière Sénégalaise fait figure de locomotive dans ce sous secteur et, à elle seule contribue, pour plus de 15% dans le PLB des deux départements de Dagana et de Saint-Louis pour l'année 199521(*).

Dan ce sous secteur on note aussi la présence d'un ensemble de petites et moyennes entreprises dont le chiffre était estimé en 1995 à prés 800 et qui en dehors des chefs d' entreprise offraient plus de 5000 emplois. Dans ce domaine le secteur du bâtiment et des travaux publics se positionne avec une part de 3% au PLB.

Le commerce est très présent. Il tient avec le secteur informel une place de choix dans la mobilisation du PLB. Selon une étude commanditée en 1995 par le Club du Sahel sur la relance des économies locales du Delta, le nombre d'unités de production du secteur informel urbain était de 29000 dont 13000 dans le secteur du commerce. Toujours d' après cette étude, le secteur informel emploierait dans la région une population de plus de 54000 personnes22(*).

Dans l'ensemble, on peut dire que l'économie du Delta est essentiellement urbaine. En effet, la Zone du Delta fait partie des plus urbanisées du Sénégal avec une population urbaine qui frôle les 62% de la population totale et où 82% du PLB est produit par les citadins23(*). Plusieurs acteurs économiques se déploient dans la région avec aux premières loges l'Etat. La présence de ce dernier s'explique par l'enjeu économique qu'elle comporte et qui le place au coeur « des stratégies agricoles de l'Etat Sénégalais ». Le Delta a énormément bénéficié des politiques et programmes de développement de l'agriculture dans notre pays. La présence de l'Etat se lit aussi dans le choix d'implanter dans la région une grande infrastructure agroindustrielle, des infrastructures aéroportuaires, de grandes structures d'éducation et de formation.

Les collectivités locales, pour être en phase avec les nouvelles compétences et prérogatives institutionnelles doivent se positionner comme de véritables acteurs de développement. Une vue d'ensemble montre qu'elles peinent à jouer pleinement ces nouveaux rôles. En attestent les nombreux problèmes d'ordre structurel auxquels elles sont confrontées. Il est aussi indispensable de replacer le Delta dans le contexte géopolitique de la vallée pour avoir une meilleure compréhension de l'organisation et du fonctionnement global de l'économie. En effet une bonne partie de l'économie dépend des échanges qui se passent avec les villes de la Mauritanie voisine et dans lesquels la ville frontalière de Rosso Sénégal joue un rôle stratégique.

* 16 La majeure partie des chiffres que nous utilisons dans cette partie sont tirées de l' étude ECOLOC sur le Delta en 1998.

* 17 PLB (produit local Brut) signifie l'ensemble des richesses produites au cours d'une année dans une localité donnée : ici dans le Delta. Définition retenue par les chercheurs du programme Relance des économies locales en Afrique de l' Ouest. (OCDE/ CLUB DU SAHEL).

* 18 CLUB DU SAHEL / OCDE, 1998 : L'économie local de Saint- Louis et du Delta du Fleuve Sénégal : Etude de cas du programme « Relance des économies locales en Afrique de l'Ouest ». (Résumé).

* 19 Bouna WARR, 1997, « Relance des économies locales en Afrique de l'ouest : cas du département de Dagana, Région de Saint-Louis (Sénégal) », CLUB DU SAHEL, OCDE.

* 20 Bouna WARR, 1997, op. cit.

* 21 CLUB DU SAHEL / OCDE, 1998, op.cit

* 22 CLUB DU SAHEL/ OCDE, 1998 : op. cit.

* 23 CLUB DU SAHEL / OCDE, 1998: op. cit.

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