1-2- Les facteurs explicatifs de la hausse des prix
pétroliers :
La hausse prolongée des cours est concomitante à
plusieurs facteurs qui tiennent aussi bien aux fondamentaux du marché
pétrolier qu'au poids des incertitudes géopolitiques. La
conjonction de ces facteurs a rendu difficile la résolution de
l'équation pétrolière et semble mettre à l'ordre du
jour la nécessité de résorber les déficiences du
marché pétrolier en vue de faire face aux défis
énergétiques qui planent sur l'économie mondiale.
1-2-1- Situation de l'offre et de la demande :
S'agissant des fondamentaux du marché pétrolier,
force est de constater le caractère de plus en plus tendu entre l'offre
et la demande mondiale de pétrole. Cette dernière,
alimentée par la reprise américaine et le fort dynamisme de
l'activité en Chine, s'est fortement accrue. A elle seule, la Chine a
contribué pour environ 30% à cette progression, devant les
Etats-Unis (+24%). Ces derniers restent de loin les principaux consommateurs de
pétrole, avec 25% du total mondial.
La reconstitution des stocks dans les pays
industrialisés a également contribué à entretenir
une forte demande pour les produits pétroliers. Les stocks de
pétrole ont régulièrement progressé au cours des
trois dernières années, repassant au dessus de leur moyenne de
long terme. Ils ont enregistré une hausse d'environ 9% entre janvier
2003 et septembre 2005, suite notamment à la progression des stocks
américains d'environ 13%.
En revanche, les capacités d'offre sont
demeurées limitées et ne semblent pas être en mesure de
répondre au supplément de la demande généré
par la reprise économique mondiale, ni de faire face à tout
risque d'interruption des approvisionnements. D'où, l'apparition de
goulets d'étranglement sur l'ensemble de la chaîne
pétrolière, amplifiés de surcroît par le faible
niveau des investissements pétroliers réalisés au cours
des dernières décennies.
1-2-2- Poids des facteurs exogènes :
Les tensions qui pèsent sur le marché
pétrolier n'expliquent pas toute la hausse des prix. La recrudescence
des incertitudes géopolitiques et les risques baissiers suscités
par les aléas climatiques ont alimenté les craintes des
marchés quant à la poursuite des approvisionnements
pétroliers.
Il s'agit notamment des incertitudes géopolitiques au
Moyen-Orient qui détient 60% des réserves mondiales
prouvées de pétrole (instabilité en Irak, crise du dossier
nucléaire iranien), des tensions sociales et ethniques au Nigeria, des
grèves au Venezuela et en Norvège, ainsi que du rebondissement de
l'affaire Youkos qui a mis en évidence la volonté de l'Etat russe
à reprendre le contrôle des secteurs pétrolier et
gazier.
Non moins importants, les facteurs liés aux
aléas climatiques (vagues de froid et/ou ouragans) ont également
exacerbé les tensions sur les prix de pétrole. Le passage des
ouragans Katrina et Rita ont, en l'occurrence, perturbé la production
pétrolière dans le Golfe du Mexique et pourront restreindre
durablement de plus de 5% les capacités de raffinage
américaines.
En conséquence, l'ensemble de ces facteurs
d'incertitude a alimenté les opérations de spéculation.
C'est ce dont témoigne le fort accroissement des transactions purement
financières sur les marchés à terme, qui
représentent environ huit fois les échanges physiques de
pétrole brut. Il n'incite pas non plus les opérateurs à
détenir des stocks et ne favorise guère des investissements
additionnels, ce qui renforce encore la volatilité des cours.
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