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L'impact de l'augmentation du prix du petrole sur la hausse des prix: Cas de la Tunisie

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par Slah Bahloul
faculté des sciences économiques et de gestion de sfax - Mastère de recherche en Finance 2008
  

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2-2 - La faiblesse du pouvoir d'achat en question :

Au delà de l'alimentation, les obstacles ne cessent de se dresser face au pouvoir d'achat : nouvelle hausse des prix du pétrole. La perte du pouvoir d'achat a bien sûr des effets sur les conditions de vie des salariés, retraités et demandeurs d'emploi.

La hausse des prix des produits pétroliers est ressentie par les agents économiques comme un choc de prix important. Un choc pétrolier affecte en premier lieu deux types d'utilisateurs : les ménages d'une part, pour lesquels le renchérissement des produits pétroliers (surtout les carburants et le fioul domestique) pèse sur le pouvoir d'achat et les entreprises consommatrices de pétrole d'autre part, qui sont confrontées à une augmentation de leurs coûts de production.

Contre cette hausse, les agents vont essayer d'opérer des substitutions et de tenter de sauvegarder leurs revenus mais globalement ils n'y arriveront pas car le prélèvement pétrolier est un transfert extérieur.

En effet, les prix de l'énergie touchent de façon perceptible le consommateur. Indirectement, les augmentations du prix du pétrole se répercutent sur la fabrication des biens manufacturés, notamment dans l'industrie agro-alimentaire. Ainsi, de proche en proche, les prix de presque tous les biens et services peuvent être affectés. Basées sur une assiette très large, ces effets indirects imputent largement le pouvoir d'achat des consommateurs. Un maintien durable à un niveau élevé des cours du pétrole aura un effet inflationniste certain.

Les entreprises vont tenter de préserver leurs profits en essayant de répercuter dans les prix le coût des produits pétroliers mais également d'autres facteurs (comme le travail) qui vont aussi augmenter en raison d'une certaine indexation des salaires sur les prix. Les salariés demanderont en conséquence une hausse de leurs salaires pour compenser la perte de leur pouvoir d'achat.

Les salariés vont tenter de préserver leur pouvoir d'achat en essayant d'obtenir une revalorisation de leur salaire. Le phénomène est traduit par une détermination des salaires par la variable d'indexation sur l'indice des prix à la consommation. Dans la réalité, l'indexation n'est que partielle à court terme, ce qui fait que le choc pétrolier diminue le pouvoir d'achat des ménages à cet horizon. A long terme, avec des délais relativement importants, l'indexation peut être totale.

Par conséquent, l'augmentation du revenu égale au transfert pétrolier va se répartir en fonction de la possibilité pour les entreprises d'augmenter leurs prix et pour les ménages de maintenir leur pouvoir d'achat. Cette lutte pour le partage du revenu, diminué par le transfert vers l'étranger conduit à une inflation plus importante que ne l'aurait laissé prévoir le report mécanique de la hausse du prix du pétrole.

Il est indispensable de contrecarrer les effets négatifs de la hausse de l'essence sur le pouvoir d'achat des ménages. Car cette hausse touche lourdement le coeur de la clientèle. Il est manifeste que le fléchissement de la consommation des ménages observé est largement imputable au pétrole cher. En effet, l a domination de l'automobile s'est accrue et que le budget préservé au transport des ménages est le troisième budget des ménages devant celui consacré à l'alimentation et l'habitation.

Pour mieux comprendre l'effet de l'augmentation du prix de pétrole sur le smigard, on va essayer d'étudier le nombre d'heures de S.M.I.G (régime 40h/ semaine) nécessaires pour acheter un baril de pétrole brut.

Graphique: Heures de SMIG par baril de brut 41(*)

Sur cette courbe qui exprime le nombre d'heures de SMIG nécessaires pour acheter un baril de brut, on distingue nettement tous les événements "catastrophiques" au sens mathématique (choc de 1973, super-choc de 1980, contre-choc de 1986 et troisième choc lent actuel), malgré les fluctuations du dollar et du SMIG qui ont partiellement amorti les variations. On notera que, grâce à une forte inflation, le "choc de 1973" a été en fait un simple hoquet. Par contre, celui de 1980 a été brutal.

Plus encore que les trente glorieuses entre 1986-2000 a été une période exceptionnelle pour le consommateur : le baril (et donc l'énergie) lui coûtait, en heures de travail, un peu plus cher qu'en 1972. On voit aussi que c'est sans doute l'année 2006 que l'énergie va redevenir aussi chère qu'elle l'était pour le smigard du début des années 1980.

En effet, de nos jours, l'achat d'un baril de pétrole brut nécessite pour le consommateur tunisien plus que 70 heures de travail, soit à peu près deux semaines. Par contre, en 1999 l'achat d'un baril de pétrole brut ne nécessite que 15 heures de travail. Ainsi, il suffit de se pencher sur le net recul du pouvoir d'achat du consommateur tunisien, conséquence logique d'une année blanche en termes de revalorisation salariale (si on compare l'évolution du salaire et les augmentations successives des prix à la consommation), pour constater que le mal est profond. L'absence de coup de pouce sur le SMIG est venue pour aggraver la situation du consommateur.

Malgré les performances de l'économie tunisienne (c'est ce qu'on entend toujours), l'inflation c'est accélérée en 2006. L'indice des prix à la consommation est passé de 2% en 2005 à 4.5% en 2006. Cet accroissement est essentiellement lié à la hausse des cours du pétrole mais également à la pression de la demande intérieure et à la dépréciation graduelle du taux de change qui a conduit à importer de l'inflation. En réalité, la dépréciation du Dinar par rapport au Dollar Américain aggrave de plus en plus la situation

Pour limiter l'impact des subventions à la consommation de produits pétroliers, les autorités ont relevé les prix du pétrole à la pompe et ont encouragé les économies d'énergie dans tous les secteurs. Entre février 2005 et juillet 2006, les prix des produits pétroliers ont augmenté 6 fois, soit une hausse totale de près de 30%42(*).

Donc et malgré les subventions à la consommation de produits pétroliers, tout le monde et surtout les ménages soufrent le mal des augmentations successives des produits pétroliers et dérivés et des autres produits qui sont en quelque sorte liés au pétrole.

2-3 - Relation inflation-taux de change :

Pour étudier l'importance de l'effet de change dans l'importation du pétrole nous allons étudier la relation entre l'inflation et le taux de change. Les fluctuations des taux de change et celles de l'inflation sur des données relatives à la Tunisie, disposées sur le graphique suivant, nous ont permis de distinguer nettement deux grandes périodes. Une première allant jusqu'à 1986, au cours de laquelle les taux de change et le taux d'inflation ont suivi tous les deux une tendance vers la hausse avec une certaine différence entre les allures des deux variables. Une seconde période, amorcée dés l'ajustement structurel et les dévaluations du dinar, durant laquelle les évolutions ont connu des trajectoires divergentes avec une tendance à leur stabilisation durant les dernières années.

Graphique: % des produits pétroliers dans l'exportation 43(*)

La première période peut être décomposée en deux sous périodes. En se basant sur la variation du taux d'inflation, les deux sous périodes représentent les augmentations de celui-ci entre 1971-1975 et 1979-1983 coïncidant avec les deux chocs pétroliers. En effet, cette évolution est venue suite à la valorisation de certaines matières premières, notamment le pétrole, dont les prix ont connu une augmentation sur les marchés mondiaux. Durant cette sous période, le taux de change parait stable ce qui élimine son impact sur les évolutions du taux d'inflation. Donc, on peut négliger l'effet de change sur l'importation du pétrole durant cette période. Pour la seconde sous période, l'inflation atteint son niveau maximum pendant les quatre dernières décennies. Cette évolution peut être expliquée, en plus des augmentations des prix (deuxième choc pétrolier), par l'évolution des taux de change (dévalorisation du dinar par rapport au dollar).

La deuxième période peut être, quant à elle, morcelée en deux sous périodes. Une première vient comme suite à la nette dévalorisation du dinar constatée entre 1982 et 1986. Durant cette première sous période, qui s'étale de 1986 jusqu'à 1992, le taux de change continue son évolution pour dévaloriser le dinar mais à un rythme moins soutenu. Le taux d'inflation, lui aussi, se maintient dans une fourchette plus ou moins élevée, entre 6% et 8%. Une deuxième sous période débute en 1993, durant la quelle une augmentation des taux de change est observée, tout en étant supérieurs à l'unité. Lui aussi, le taux d'inflation a suivi une tendance vers la stabilisation comme le montre le graphique. La recherche de la stabilité du taux de change réel, adoptée depuis le début de cette dernière décennie, s'inscrit parmi les principaux facteurs permettant le soulagement du rythme de croissance des prix enregistré à la fin de la décennie.

Tous ce qu'on a vu nous permet d'éliminer en quelque sorte l'impact du taux de change sur l'inflation surtout dans les dernières années et la variation des prix, elle seule, peut influencer la variation de l'inflation. Donc, dans le cas de l'inflation importée, c'est l'effet prix qui est mis en cause et le taux de change ne peut qu'aggraver la situation.

* 41 Les données de cette courbe sont celles de l'OPEP pour le prix du pétrole, du FMI pour le taux de change et l'INS pour le SMIG.

* 42 Selon les calculs de la Banque Centrale Tunisienne (BCT).

* 43 Les données de cette courbe sont celles de l'INS.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle