2-2- La théorie de l'inflation par la
demande :
On parle de l'inflation par la demande lorsque globalement la
demande de produits excède durablement l'offre sur les marchés.
Le lien monnaie- excès de demande devient particulièrement
étroit chez ceux qui accepte la vielle « loi de
Say » qui stipule que toute offre des produits crée leur
propre demande : la demande globale est constituée par l'ensemble
des revenus distribués à l'occasion de la production
c'est-à-dire qu'elle est rigoureusement égale à l'offre
globale, en l'absence de thésaurisation. L'accroissance
incontrôlé des moyens de paiement peut générer
l'excès de demande.
2-2-1- La monnaie et l'excès de demande :
On s'éloigne de la stricte pensée
monétariste l'on considère que l'augmentation de la demande peut
provenir d'une augmentation autonome de la vitesse de circulation de monnaie,
d'une entrée de devises étrangères ou de rapatriement de
profits et des dividendes, ou encore de désépargne. Cette
augmentation de la propension à consommer peut s'expliquer par
l'apparition de nouveaux produits, d'une modification du système des
prix relatifs, d'un changement dans les anticipations de prix, de revenus ou de
rémunération de l'épargne...
Relativement aux arguments des monétaires,
l'explication de l'inflation par la demande consiste à dire que la
création monétaire ne sera inflationniste que dans la mesure
où l'appareil de production ne peut pas répondre à
l'accroissement de la demande. L'ajustement offre-demande s'effectue alors par
les prix à défaut de se faire par les quantités. La hausse
des prix n'apparaîtra que dans le cas de plein emploi des
capacités productives (homme, outillage et matières
premières), d'insuffisance des stocks ou lorsque l'importation ne peut
pallier l'insuffisance de l'offre intérieure. Cette hausse ne se
transformera en processus inflationniste que si l'excès de la demande se
produit et qu'aucun élément (augmentation de la capacité
physique de production, gain de productivité, découverte de
nouvelles matières premières, embauche de nouveaux
travailleurs...) ne vient permettre d'accroître l'offre globale, dans des
propositions suffisantes.
* Keynes et l'écart inflationniste :
L'origine du concept d'excès de demande est le plus
souvent attribuée à John Maynard Keynes. Celui-ci
réfléchit durant la seconde guerre mondiale sur les conditions de
financement d'une économie de guerre et sur les conséquences d'un
accroissement des dépenses visant à accroître la production
d'armement. Cette situation engendre un écart inflationniste conduisant
à une hausse des prix égale au rapport de cet écart
à la production nationale réelle de biens et services civils.
Pour Keynes, la seule façon de rétablir l'équilibre entre
l'offre et la demande sera un ajustement par les prix. De plus, la
création de revenus supplémentaires permise pour la hausse de
prix engendre une dynamique inflationniste surtout si l'Etat décide de
poursuivre sa politique d'armement. Mais, cette analyse reste assez proche de
la pensée monétariste, même si elle présente
l'originalité d'envisager une situation de rationnement forcé de
l'offre de biens de consommation.
Selon Keynes, l'inflation peut être amortie par des
mesures autoritaires lorsque l'Etat impose un versement différé
des salaires on augmente les impôts d'un montant approprié, ou par
des mesures non autoritaires si la hausse des prix se traduira par une
augmentation des rentrées fiscales (si les tranches d'imposition restent
inchangées) et aussi des profits des chefs d'entreprise dont la
propension à épargner et plus élevée que celle des
travailleurs.
* Les limites de l'analyse Keynésienne :
Cette analyse, pour certains auteurs, est plus une recette de
politique économique qu'une véritable théorie de
l'inflation car celle-ci n'apparaît que comme un simple avatar d'une
politique de déficit budgétaire mal contrôlée, les
mécanismes et les effets de l'inflation n'étant pas
étudiés. D'autres auteurs ont contesté le fait que
l'inflation ne puisse se concevoir qu'au seul de plein emploi.
L'évolution de l'inflation et du chômage dans un même sens
depuis les années 1970 ne respecte pas ce raisonnement. On lui a surtout
reproché de n'envisager l'excès de demande que sur le plan
macro- économique et de ne pouvoir ainsi rendre compte des étapes
du processus inflationniste. En effet, si l'inflation provient d'un
excès de demande, celui-ci est le produit de situations
différentes dans les divers secteurs de l'économie.
L'excès de la demande dans certains secteurs ne se traduit pas
nécessairement par la hausse immédiate des prix alors que la
baisse de la demande dans d'autres branches n'entraîne pas
aussitôt la baisse des prix.
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