2-4- L'inflation, phénomène structurel.
Les explications de l'inflation par la monnaie, la demande et
les coûts contiennent chacune une part de vérité et elle se
complètent pour fournir une analyse cohérente du processus
inflationniste. Mais, pourquoi pas situer l'inflation dans le contexte de
l'évolution du système économique dans lequel elle
apparaît.
De ce point de vue, la deuxième moitié du
XXème siècle s'oppose au
XIXème siècle où dominait « une
régulation concurrentielle » caractérisée par
des processus d'ajustement reposant sur la flexibilité des revenus et
des prix, et à l'entre deux guerres où commencent à
s'affirmer des traits nouveaux portant sur l'organisation du système
productif, sur celui du monde du travail et sur le mode d'intervention de
l'Etat dans l'économie. Depuis la seconde guerre mondiale, on peut
parler de « régulation monopoliste » qui s'explique
par le fait que la détermination des prix s'effectue de plus en plus par
l'intermédiaire de négociations collectives, et que les
décideurs en matière du prix s'affranchissent des contraintes de
la concurrence.
2-4-1- La « régulation
monopoliste ».
Le terme de régulation monopoliste ne signifie pas la
domination tyrannique de grands monopoles contrôlant totalement le
mécanisme des prix. Ce concept ne s'inscrit pas aussi dans la
problématique de la détermination des prix sur des marchés
monopolistiques ou oligopolistiques où l'on rencontrerait un seul ou
quelques offreurs face à une multitude de demandeurs. Il signifie que le
fonctionnement des économies capitalistes développées
obéit à des règles différentes de celles qui
régissaient ces entreprises avant la seconde guerre mondiale, et
là réside l'explication de l'inflation, rampante, galopante ou
hyperinflation.
L'inflation ne serait pas le fruit d'un mauvais fonctionnement
de l'économie mais elle doit être envisagée comme un
facteur interne inhérent à un nouveau mode de régulation.
Cette régulation monopoliste correspond à une situation
dominée par deux éléments fondamentaux et
étroitement liés :
· La capacité des groupes sociaux à obtenir
le maintien ou l'amélioration de ses revenus réels.
· La croyance que la croissance continue du niveau de vie
est possible et sera assurée par l'Etat.
Finalement, si dans un régime de régulation
concurrentielle les salaires nominaux dépendent de la confrontation
entre l'offre et la demande globale de travail, la régulation
monopoliste se caractérise par le fait que les salaires nominaux
s'établissent par référence aux gains de
productivités réalisés ou anticipés dans les
secteurs les plus performant sans prendre en compte l'éventuel
déséquilibre du marché du travail.
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