WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les réfugiés politiques et les demandeurs d'asile à Dijon

( Télécharger le fichier original )
par Nassiri ATTAR, Thomas ROBERT et Rémi SANTIARD
Faculté de Médecine, université de Bourgogne - D.U Action Humanitaire 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2) le traumatisme originel du réfugié politique et du demandeur d'asile

Le traumatisme, au sens psychologique du terme désigne selon Crocq par 4 critères: - brutalité de l'événement

- rencontre avec la mort

- culpabilité

- répétition

Si un entretien semi structuré comme ceux que nous avons réalisés ne permet pas scientifiquement et dans le strict respect de la déontologie psychologique de diagnostiquer les états de troubles personnels des réfugiés politiques entendus, il nous est néanmoins permis, au travers de leurs discours et de leurs subjectivités, d'y repérer les éléments, symbolisés ou non, d'événements traumatiques. Ceux-ci créent une souffrance qui doit interpeller tout Etat à vocation humanitaire. Nous regrouperons pour l'étude ces 4 critères symptomatiques en deux mouvements: l'événement dans sa dimension psychique et ses suites au sein de la personnalité.

1 Enquêtes annuelles de recensement 2004 et 2005 Près de 5 millions d'immigrés à la mi-2004 Catherine Borrel, cellule Statistiques et études sur l'immigration, Insee

a) l'événement déclenchant

Si jamais il n'est pris en compte par les services publiques spécialisés à tous les niveaux de la prise en charge du demandeur d'asile, l'événement traumatisant déclencheur préexiste à toute décision de fuite ou d'exil. La singularité individuelle fera toute la différence quant au vécu de celui-ci, quant à sa mémorisation et à son aménagement psychique (c'est le concept de « résilience » que nous n'examinerons pas ici). Rappelons qu'il est nécessaire de distinguer l'événement en lui-même, dans sa réalité, du ressenti de cet événement chez la personne.

Tous les demandeurs d'asile entendus, du moins ceux qui ont voulu l'exprimer, évoquent un événement traumatique. Pour Venantia il s'agissait de l'emprisonnement à Uvira, en RDC pendant 2 mois et de l'obligation de livrer aux tortionnaires ses collaborateurs alors qu'elle faisait une étude socioéducative, « coupée de tout contact » et période pendant laquelle ses « jours étaient comptés ». Cet isolement l'a conduit à faire des tentatives de suicide, révélatrices d'un trauma. Pour Cyprien qui revenait tout juste de Belgique où il effectuait une formation,c'est avant tout la psychose de ses compatriotes rwandais lors de l'éclatement du génocide des Hutus qui l'a marqué, même s'il reste très pudique là-dessus: « C'est affreux; faut que je me sauve » nous confie-t-il. Mais comme on l'a vu ce fait n'a fait que motiver sa fuite hors du pays mais en restant en Afrique. Ce n'est qu'au Mozambique qu'il subit trois agressions «vraiment fortes» contre lui (en 2005) l'une sur la route (tentative d'encastrage), une seconde dans la rue (bastonnade) et une troisième tentative: d'assassinat cette fois avec un repérage peu de temps avant. Sa façon de raconter l'événement montre qu'il mobilise toute sa mémoire et comme il l'exprime: «tes yeux sont ouverts à 360 degrés on enregistre même tout ce qui n'est pas nécessaire» dans ce genre de situation. Il se dit : «il faut prendre des mesures, comment je dois sortir du Mozambique».Enfin pour François du Burundi c'est l'assassinat de sa femme alors qu'il était en Chine parti négocier l'achat de couveuses pour un programme d'élevage avicole.

Sans confronter forcément à la mort, l'événement traumatisant peut avoir une origine raciste. Cette cause d'exil revient souvent dans le discours des réfugiés politiques en provenance des pays de l'Est et de l'ex-Russie. Dico a vécu toute son enfance en Russie (il a quitté l'Arménie en 1992) où la guerre de Tchétchénie a poussé au paroxysme et à la plus grande violence le racisme nationaliste russe. Hélène également a subi ce racisme en Géorgie cette fois où elle est considérée comme « noire de peau » en raison de ses origines arméniennes. Un tel rejet

ségrégationniste a les mêmes effets qu'une vision de mort: il aboutit à une intériorisation de l'événement d'ostracisme, à un sentiment d'insécurité alarmant.

Il faut noter que beaucoup de réfugiés politiques refusent d'évoquer ces événements traumatiques auprès de l'OFPRA pour de multiples raisons, individuelles (pudeur pour les femmes, peur d'être jugé pour un mauvais agissement) et culturelles aussi (raconter cet événement serait apprécié par la Cour comme sur jouée et témoignerait d'un mensonge, chose que la communauté d'immigrants a appris à gérer comme le montre l'étude canadienne : Le mythe du réfugié menteur : un mensonge indispensable ? De Cécile Rousseau et Patricia Foxen)

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard