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Les réfugiés politiques et les demandeurs d'asile à Dijon

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par Nassiri ATTAR, Thomas ROBERT et Rémi SANTIARD
Faculté de Médecine, université de Bourgogne - D.U Action Humanitaire 2008
  

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SECONDE PARTIE

La demande d'asile, une situation provisoire mais

délicate

Ces dernières années, on assiste en France à une baisse des demandes d'asile. Ainsi, en 2004, le nombre baisse de 3,2 pour cent. Cela s'explique par plusieurs facteurs, notamment par la politique européenne de fermeture des frontières qui fait que les demandeurs d'asile ont de plus en plus de difficultés à atteindre le territoire français. Pour pouvoir venir en France, les demandeurs d'asile sont souvent obligés par conséquent de faire appel à des passeurs et à des filières d'immigration sans scrupule, parfois au péril de leur vie.

1) La prise en charge du migrant par les instances juridiques et institutionnelles:

La France, terre des droits de l'homme, reste dans l'imaginaire des demandeurs d'asile qui parviennent sur le territoire français, un véritable « pays de cocagne ». Les témoignages recueillis font ressortir que les réfugiés perdent vite leurs illusions et se trouvent rapidement rattrapés par l'amère réalité. Le parcours des demandeurs d'asile arrivant sur le territoire français demeure complexe et parsemé d'épreuves, avant d'atterrir pour les plus favorisés d'entre eux dans un centre d'accueil pour demandeurs d'asile.

Les statistiques de l'OFPRA montrent que seul 15 pour cent des demandeurs sont entrés en France munis d'un visa. Au terme de l'article 31-1 de la convention de Genève, les demandeurs d'asile sont dispensés de l'obligation de documents de voyage et ne peuvent être pénalement responsables d'une entrée ou d'un séjour irrégulier sur le territoire du pays d'accueil. Les demandeurs d'asile africains avec lesquels nous nous sommes entretenus sont dans l'ensemble presque tous arrivés dans un premier temps à Paris.

C'est ainsi que le 20 décembre 2005 Venantia parvient avec la mystérieuse inconnue qui l'a accompagnée à l'aéroport de Roissy. Là, abandonnée par la femme, elle se retrouve démunie, sans repère, comme tous les demandeurs d'asile qui pénètrent sur le territoire. Par un heureux hasard, elle repère au sein de l'aéroport des prêtres africains et va leur parler, leur expliquer sa situation, comptant sur leur aide. Ces derniers, l'emmènent alors généreusement dans leur habitation, lui

procurent vêtements chauds et médicaments et tentent en vain de joindre Marcelline. La femme dort ainsi chez ces nouveaux hôtes la nuit du 20 décembre puis prend le train le lendemain en direction de Dijon ou elle compte bien retrouver la Rwandaise, Marcelline.

De même, Cyprien, muni donc d'un faux passeport arrive en 2006 à l'aéroport de Roissy, endroit qu'il quitte aussitôt de peur qu'on se rende compte de qui il est et qu'on le remette de force dans un avion pour le renvoyer au Mozambique. Dans les rues de la capitale, il se décide finalement à s'adresser à des policiers qu'il aperçoit. Il entreprend cette démarche avec la peur au ventre qu'on le mette en prison, risque qu'il prend car l'idée d'errer indéfiniment dans la ville sans savoir où aller et cela dans un état d'insécurité réel lui est insupportable. Ces derniers, à son étonnement, se contentent de lui donner l'adresse de l'association « France Terre d'Asile ». C'est ainsi que commence sa prise en charge. Il est logé dans un premier temps en appelant le 115 puis « France Terre d'Asile » parvient à le faire dormir dans un hôtel. Un mois plus tard, il est transféré au CADA à Dijon car il n'y a plus de place à Paris.

Mais tous les demandeurs d'asile arrivant sur Dijon ne sont pas aussi chanceux que Cyprien et bien peu sont aussitôt logés au CADA dès leur arrivée sur Dijon: Omar le soudanais se trouve notamment dans l'obligation de loger dans un squat de la ville d'Angers durant trois mois avec des SDF et quatre autres Soudanais qui sont dans la même situation que lui. Durant trois mois, il endure, nous raconte-t-il les insultes de la part de nombreux passants qui le jugent rapidement et avec mépris mais réussit à survivre néanmoins grâce au SAMU social de la ville d'Angers qui vient la nuit lui apporter de quoi boire et manger. Le cas d'Omar est exceptionnel car il fait partie de la grande minorité qui obtient une réponse favorable de l'OFPRA et obtient aussitôt le statut de réfugié qui lui permet de venir s'installer à Dijon.

Aussi, madame Venantia, arrivée à Dijon, déçue de ne pas avoir trouvé Marcelline à l'adresse qu'on lui avait indiquée (à la résidence ADOMA Samuel Beckett) se trouve dans l'obligation de dormir dans les escaliers froids de la résidence. L'un des résidents, la voyant affalée sur les marches, prend pitié d'elle et finit par l'héberger exceptionnellement pour une nuit. Le lendemain, elle se résigne à entreprendre les démarches nécessaires afin d'obtenir le statut de réfugié. Tout demandeur d'asile dijonnais doit en effet se rendre dès son arrivée dans un premier temps à la préfecture. La Congolaise reconnaît que l'accueil qui lui est réservé dans cet établissement est honorable et respectueux. La préfecture l'invite à se rendre au SCODA (service de contacts et d'orientation pour demandeurs d'asile), ce qu'elle fait aussitôt. Le SCODA est un organisme ouvert depuis Août 2001. La « coordination réfugiés de Cote d'or » (qui regroupe tous les représentants du CADA, d' ADOMA, du secours catholique, de la CIMADE, de l'ANAEM) en

avait en toute logique assez de voir des demandeurs d'asile arriver et ne pas savoir où aller, totalement perdus. Ainsi, le SCODA reçoit ces visiteurs, s'occupe des démarches administratives liées à leur état civil, peut héberger les familles durant une nuit s'il y a des chambres libres dans le centre d'accueil et d'orientation unique Bianquis. Le SCODA est sous la tutelle de la direction départementale des affaires sanitaires et sociales qui donne les autorisations de prendre une famille en charge, en fonction du nombre de places donc disponibles. Le SCODA est en lien permanent avec un service d'interprétariat à Paris pour comprendre les visiteurs, quel que soit leur lieu d'origine, ainsi qu'avec la CSF (aide à domiciliation postale, permettant aux demandeurs d'asile de pouvoir recevoir du courrier à une adresse bien précise) qui s'occupe du dossier OFPRA. En effet, pour enregistrer sa demande par la préfecture, le demandeur doit fournir une adresse où il lui est possible de faire parvenir en effet toute correspondance et cela pendant toute la durée de validité de l'APS. La première difficulté pour le demandeur réside donc souvent dans la recherche d'un lieu d'hébergement ou au moins d'une adresse postale, condition impérative pour la délivrance de l'APS. Arrivée au SCODA, la Congolaise y rencontre l'assistante sociale qui lui demande de repasser l'après midi. En attendant le rendez-vous fixé, seul chance de salut, elle doit errer dehors, lutter contre le froid hivernal et ne trouve d'autre solution pour trouver un peu de chaleur que de monter dans les bus de la ville et de s'asseoir sur un siège, sans but précis ni itinéraire en vue particulier. Au SCODA, on l'oriente vers le PASS ainsi que vers le centre Sadi Carnot, où lui est offerte la possibilité de dormir trois jours d'affilée. L'hébergement dans ce centre reste assez glauque: elle se retrouve avec des inconnus très différents les uns des autres et pas très causant dans une chambre pleine de fumée: « on fume de tout dans ce lieu! », nous confie t'elle. Elle reconnaît toutefois avoir bien dormi. Le lendemain, elle retourne à la SCODA. Là, elle rencontre quelques femmes en pleurs qui sont dans le même cas qu'elle. L'assistante sociale lui annonce qu'elle doit choisir un autre département dans lequel elle voudrait aller car il n'y aurait justement pas de logement à Dijon où elle pourrait dormir en attendant la réponse de l'OFPRA. Depuis la loi du 10 Décembre 2003 qui a instauré un « guichet unique » d'enregistrement et d'examen de la demande, tous les demandeurs d'asile peuvent être logés en CADA. L'admission en CADA est néanmoins soumise à certaines conditions précisées dans une note de la DPM de Février 2005: sont exclus du dispositif national d'accueil les demandeurs d'asile non détenteurs d'un document provisoire de séjour, c'est à dire tous ceux placés en procédure prioritaire, relevant des dispositions du règlement Dublin 2. Compte tenu de l'inadéquation entre la demande d'hébergement et la capacité d'accueil des CADA, les éléments retenus pour l'admission des résidents sont généralement d'ordre social, la priorité revenant aux primo-arrivants en fonction de l'urgence sociale, aux familles, aux enfants, aux jeunes majeurs isolés, aux personnes ayant des problèmes de santé et aux femmes seules.

Pourtant, aucune chambre n'est sur le moment libre pour la Congolaise. Déçu, elle estime que c'est à la préfecture de l'orienter vers une autre ville si nécessaire et pas à elle de faire un choix hasardeux, sachant qu'elle connaît peu la France. Elle plaint les autres femmes prés d'elle qui sont sommées de partir également pour un autre lieu inconnu et qui contrairement à elle, ne parlent en plus même pas français! Refusant de faire un choix, Venantia se résoud donc à rester sur Dijon dans l'espoir qu'un logement finisse par se libérer. Après le SCODA, elle est amenée logiquement à aller voir le PASS car elle connaît quelques problèmes de santé. En attendant de bénéficier de la protection sociale attribué aux demandeurs d'asile dans le cadre de la CMU, les demandeurs d'asile ont la possibilité de se rendre dans les hôpitaux ou il existe ainsi des permanences de santé aux soins de santé (PASS), conformément à l'article L.771-7-1 du code de la santé publique. La circulaire du 17 décembre 1998 précise que « les établissements publics de santé » mettent en place les permanences d'accès aux soins de santé, adaptées aux personnes en situation de précarité, visant à faciliter leur accès au système de santé et à les accompagner dans les démarches indispensables à la reconnaissance de leurs droits. A Dijon, les demandeurs d'asile y sont naturellement pris en charge par une équipe de médecins, un assistant social. Des médicaments leur sont délivrés gratuitement. Les médecins, la, lui font gratuitement un bilan médical: ils lui annoncent qu'elle a un taux de cholestérol supérieur à la moyenne et qu'elle fait dans un même temps une crise d'hypertension. Elle passera en fin de compte malgré cela 51 jours de plus à errer sans but dans la ville et à se débrouiller du mieux qu'elle le peut pour survivre. Sans l'hébergement qui lui était offert à Sadi Carnot, elle aurait succombé, tiraillée par le froid et la misère. Le centre en question non seulement leur offre un endroit ou dormir mais leur procure aussi assez de nourriture pour affronter la longue journée qui les attend. Néanmoins, il ne leur est parfois permis de dormir que trois jours d'affilée dans le centre, et parfois, lorsqu'on estime qu'il ne fait pas très froid, les éducateurs ont pour instruction de refuser de les loger une quatrième nuit. Elle voit là un système de torture psychologique ayant pour visée de tester leur résistance et de les obliger à choisir une autre ville d'accueil. La demandeuse d'asile n'en veut pour autant pas aux éducateurs du centre qu'elle estime beaucoup et qui ne font que se conformer aux ordres qu'ils reçoivent. Cette situation lui pèse. Elle avoue s'être arrêtée à certains moments devant les rails des chemins de fer et avoir hésité à se jeter sous l'un des nombreux trains qui défilaient devant ses yeux. Une seule chose l'en dissuadait: le souvenir de sa famille. Heureusement, la femme se lie assez rapidement d'amitié avec trois autres femmes, demandeuses d'asile également et qui l'accompagnent dans son errance. Ce groupe, soudé auquel elle adhère et qui se constitue naturellement lui apporte un peu de force et de réconfort. Lorsque le foyer Sadi Carnot refuse de les héberger pour une nuit, les quatre femmes se rendent alors à la gare où souvent, on les expulse. Elles appellent alors le 115 qui les dépanne pour une nuit. Cette situation dure jusqu'à

l'inoubliable nuit ou absolument personne n'a accepté de leur venir en aide: le foyer Sadi Carnot qui ne peut accueillir que 35 personnes et qui surtout n'avait pas déclenché de plan hivernal a refusé de les héberger et les personnes qu'elles avaient appelées en composant le numéro 115 ont affirmé être dans l'incapacité de les aider! Selon elle, la police n'a également rien voulu faire pour les secourir. Pour se réchauffer, les quatre femmes se réfugient dans une cabine téléphonique mais cela ne suffit pas. La souffrance atteignant un seuil de plus en plus élevé, madame Venantia finit par téléphoner à une femme très croyante qu'elle avait quelques jours auparavant croisé dans l'église de Fontaine d'Ouche et avec qui elle avait sympathisé. Dernier recours possible, la religieuse accepte bien heureusement par téléphone de les loger chez elle le temps d'une nuit. Le lendemain, malgré cette aide inopportune, deux des trois amies de la Congolaise se retrouvent aux urgences, l'une pour gènes respiratoires manifestes et l'autre en raison de difficultés apparentes à marcher normalement. À bout de nerfs, Venantia va au SCODA et leur demande avec hargne ce qu'elle doit faire pour ne plus jamais revivre une telle situation et menace d'informer toute la ville de la manière dont ils sont traités. Dans les jours qui ont suivi, une place s'est libérée en CADA et elle trouve alors un foyer où vivre et dormir dans la dignité. Ce ne fut pas le cas de ses trois compagnes qui continuèrent par la suite, après leur sortie de l'hôpital d'errer ainsi durant quatre mois dans Dijon!

À Dijon, une fois par mois, une commission de concertation mensuelle a lieu au PASS: une personne travaillant à la DDASS préside cette commission. Tous les grands acteurs interférant dans l'accueil des demandeurs d'asile y sont présents (SCODA, CADA, CPH, ANAEM). Lors de cette réunion, le CADA informe ses collaborateurs du nombre de places disponibles en son sein. En fonction de ces renseignements, le SCODA propose des personnes aptes à y résider et lorsque le nombre de places s'épuise, il réoriente les demandeurs d'asile vers d'autres départements, comme il a voulu le faire avec Venantia. La circulaire du 19 décembre 2003 instaure une organisation territoriale des places en CADA en fonction de divers paramètres, la pression locale et la demande d'hébergement en font partie. Elle légitime la pratique des quottas régionaux faisant l'objet d'une révision annuelle: chaque établissement doit accueillir un nombre minimum de demandeurs d'asile provenant d'autres régions. Ainsi, 25 pour cent des résidants dans les CADA de Côte d'or doivent impérativement provenir d'autres départements. Pour déterminer le nombre de places laissées à la disposition de la région Bourgogne, le recensement et l'instruction des demandes d'hébergement ainsi que la mise en oeuvre des commissions locales d'admission sont gérées par la DASS. La capacité de régulation du dispositif à l'échelon national est cependant maintenue par la commission nationale d'admission dont le secrétariat est assuré par l'ANAEM.

Rappelons que jusqu'au 31 décembre 2003, c'était l'association France Terre d'Asile qui avait la charge du dispositif national d'accueil, entièrement financé par l'Etat au travers de la direction des populations et des migrations et des diverses directions départementales des affaires sanitaires et sociales. Actuellement, c'est donc l'ANAEM créée par la loi de programmation pour la cohésion sociale (loi du 18 janvier 2005) qui gère donc ce dispositif. Cet établissement public administratif de l'Etat, opérationnel en Avril 2005 a pour objectif donc de gérer l'accueil des étrangers titulaires d'un titre les autorisant à séjourner durablement en France.

Lorsqu'il a pénétré sur le territoire français et quelles que soient les modalités d'entrée, l'étranger qui souhaite déposer une demande d'asile en premier lieu doit se rendre donc comme on a pu le constater à la préfecture de son lieu de domiciliation ou du moins de vie afin d'y faire une demande d'admission au séjour au titre de l'asile. Cela est primordial car si le demandeur d'asile n'est pas passé par la préfecture avant de saisir l'OFPRA, il risque tout simplement d'être sanctionné par l'irrecevabilité de sa demande. C'est pourquoi la préfecture a pour habitude de remettre au demandeur une autorisation provisoire de séjour d'une validité d'un mois, portant la mention « en vue des démarches auprès de l'OFPRA », accompagnée d'un formulaire de demande d'asile à déposer à l'OFPRA dans un délai justement de 21 jours suivant son obtention. Sur présentation de la lettre d'enregistrement de sa demande établie par l'OFPRA, le demandeur se voit donc attribué un récépissé manifestant le dépôt d'une demande d'asile d'une validité de trois mois renouvelables jusqu'à l'issue de la procédure, qui est loin d'être de courte durée. La loi du 10 décembre 2003 instituant un « guichet unique », toute demande de protection fait l'objet d'un examen, uniquement par l'OFPRA et la CRR. Cela est censé simplifier la procédure et réduire les délais. La loi supprime aussi l'asile territorial qui avait été introduit par la loi du 11 Mai 1998 pour accorder la « protection subsidiaire » aux personnes dont la vie ou la liberté est menacée dans le pays d'origine. Pourtant, les demandeurs d'asile sont de plus en plus confrontés à des obstacles difficilement surmontables avant de parvenir à déposer leur demande d'asile: le raccourcissement du délai de dépôt d'un mois donc à 21 jours, la nécessité d'attester d'une domiciliation, l'exigence de complétude du dossier ainsi que l'utilisation écrite du français dans les premières démarches administratives ne sont pas là pour faciliter l'entrée et l'adaptation des demandeurs d'asile fraîchement arrivés sur le territoire français. A Dijon, hormis le SCODA, il y a « SOS Refoulement » qui est un collectif d'association qui aide à la constitution éventuelle du dossier OFPRA des demandeurs d'asile qui en font la demande. Le Secours Catholique est également prêt au quotidien à les aider dans leurs démarches administratives.

Le décret du 14 Août 2004 oblige en théorie la préfecture à remettre à l'intéressé l'APS et le
formulaire OFPRA dans un délai maximum de quinze jours. Le décret du 23 Août 2005 impose

aussi au préfet de délivrer le récépissé dans un délai de trois jours suivant l'expiration de l'APS. Malheureusement, en dépit de cela, les pratiques préfectorales restent très variables quant au respect de ces délais, constat qui a conduit le Ministère de l'Intérieur à un rappel à l'ordre aux préfets. Dans son rapport du 6 Avril 2006, le sénat note cependant que le délai de 15 jours est respecté par 85 pour cent des préfectures, qui reçoivent 95 pour cent des demandeurs d'asile. Force nous est de constater que parmi les témoignages que nous avons recueillis, aucun ne porte à cet égard de jugement négatif sur les délais de réponse de la Préfecture de Dijon.

De même, les demandeurs d'asile que nous avons interrogés sont dans l'ensemble très satisfaits de l'accueil qui leur a été réservé au PASS, établissement au sein duquel les médecins et l'assistant social demeurent à l'écoute de leurs problèmes physiques et sont ouverts au dialogue. Les médecins que nous avons rencontré au PASS nous ont fait part de leur inquiétude quant à l'évolution de l'encadrement de la santé physique des demandeurs d'asile en France: avant la mise en place du CESEDA, en 2005, les demandeurs d'asile avaient le droit à la couverture maladie universelle dès la délivrance de l'autorisation provisoire de séjour par la préfecture alors qu'aujourd'hui, est imposé un délai de trois mois pour pouvoir en bénéficier! Bien évidemment, le nombre de leurs patients se voit donc accru. 1793 patients ont été enregistrés au PASS pour l'année 2005, nombre qui est susceptible de croître d'année en année.

Cette situation s'avère d'autant plus intrigante que l'article 741 du CESEDA prévoit quatre cas dans lesquels la préfecture dijonnaise peut refuser la délivrance de l'APS au demandeur d'asile:

1) lorsque l'examen de sa demande relève de la compétence d'un autre Etat en application du règlement dit Dublin 2 du 18 février 2003.

2) le demandeur a la nationalité d'un pays pour lequel sont mises en oeuvre les clauses de cessation de la convention de Genève ou d'un pays considéré comme « pays d'origine sûr », notion introduite par la loi du 10 novembre 2003.

3) la présence en France de l'étranger constitue une menace grave pour l'ordre public, la sécurité publique ou la sécurité de l'Etat.

4) la demande d'asile repose sur une fraude délibérée ou constitue un recours abusif aux procédures d'asile: celle ci ne serait présentée qu'en vue de faire échec à une mesure d'éloignement prononcée.

Il paraît aussi évident que le refus de délivrer une autorisation de séjour empêche un immigré d'avoir accès à l'allocation d'insertion et à un hébergement en CADA.

Le fameux « règlement Dublin 2 », adopté par les États membres de l'UE le 18 février 2003 est entré en vigueur le 17 Mars 2003 et s'applique à toute demande introduite depuis le 1er septembre 2003: il apporte quelques précisions et modifications à la convention de Dublin signée le 15 Juin 1990 et entrée en vigueur le 1er Septembre 1997. Cette convention de Dublin met en place le principe de la responsabilité d'un État de l'UE dans le traitement d'une demande d'asile et du transfert éventuel de l'intéressé vers le pays ainsi désigné. Ainsi, le demandeur d'asile qui arrive sur le territoire européen se trouve dans l'obligation de faire sa demande auprès du premier État de la communauté sur lequel il a mis les pieds. La convention de Dublin était insatisfaisante à bien des égards: l'absence de délais précis pour sa mise en oeuvre laissait pendant des mois des demandeurs d'asile en situation de grande précarité. Des membres d'une même famille voyaient leur demande examinée dans des pays différents et pouvaient ainsi être séparés pendant des années. La détermination de l'état responsable était extrêmement difficile à établir en l'absence de preuves formelles du passage ou du séjour des étrangers dans cet État. Le règlement Dublin 2 tente laborieusement de combler les lacunes de ce premier dispositif. Quoi qu'il en soit, les deux textes alourdissent considérablement les procédures de traitement de la situation des demandeurs d'asile et font douter dans la pratique de leur pertinence. Il apparaît en effet évident que les chances d'obtenir l'asile selon l'Etat sur lequel on met les pieds ne sont pas les mêmes, ce qui va à l'encontre de l'idée d'un traitement équitable des différents demandeurs d'asile. Les États européens ont en effet une grille de lecture différente de la définition du réfugié, ainsi qu'une analyse variable de la situation prévalant dans les pays ou régions d'origine des demandeurs.

La procédure d'admission sur le territoire au titre de l'asile relève du ministère de l'intérieur, seul compétent à décider des entrées et du séjour des étrangers en France. Toutefois, l'examen des demandes d'asile se fait par l'OFPRA, placé sous la tutelle du Ministère des Affaires Etrangères: le législateur a prévu ainsi son intervention à titre consultatif. Des agents de l'OFPRA procèdent donc à l'audition des demandeurs d'asile afin d'apprécier le caractère manifestement infondé de leurs demandes. L'avis rendu par l'OFPRA, bien que ne s'imposant pas au ministère des affaires intérieures, est cependant suivi dans la quasi-totalité des cas.

L'OFPRA est un établissement public doté de la personnalité civile et de l'autonomie financière et administrative. L'entretien est dirigé par l'officier de protection en charge de l'instruction du dossier, éventuellement en présence d'un interprète assermenté si le demandeur n'est pas francophone et que l'officier de protection ne parle pas la langue du demandeur.

Dans le cadre des dispositifs d'hébergement d'urgence, on peut dénombrer ceux du secteur privé hôtelier mis en place par les services déconcentrés de l'Etat. À la base temporaire, cette solution, acceptée depuis des années malgré son coût, généralement pour l'hébergement des familles qui ne peuvent pas être laissées à la rue, devient souvent durable, du moins à Paris pendant toute la procédure d'examen de la demande d'asile, voire au-delà. À Dijon, hormis les CADA, aucun organisme ou établissement n'héberge sur le long terme et de manière continue les demandeurs d'asile dont la situation est préoccupante...

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams