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intermédiation bancaire et croissance économique au Cameroun

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par nelly adeline Ngono
université de Ngaoundéré - Maîtrise en économie monétaire et bancaire 2007
  

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CHAPITRE2 : FINANCEMENT BANCAIRE ET DEVELOPPEMENT

ECONOMIQUE AU CAMEROUN

Depuis les années 80 le système bancaire Africain a connu de nombreux changements résultant d'une forte crise économique qui a été à l'origine d'une importante baisse des dépôts privés et publics. Parmi ces changements, de multiples réformes qui ont permis la remise de la plupart des banques sur pied notamment la restructuration bancaire entamée en 1989.

Aujourd'hui, malgré le non achèvement de ce processus, dans certains pays tels que le Cameroun il est bien avancé voir en phase de finalisation. Compte tenu de l'importance qu'ont les banques dans le financement de l'économie comme nous l'a montré l'évocation théorique précédente, ce chapitre nous permettra de cerner toujours de manière théorique, le lien qu'elles entretiennent avec la croissance économique. Il s'agira donc pour nous de présenter tout d'abord l'évolution de l'activité bancaire au Cameroun , puis de cerner le lien entre le secteur financier et la croissance au travers de différentes analyses soutenant les systèmes fondés sur les banques en évoquant par la même occasion les canaux de transmission permettant cette relation et enfin de déterminer de manière théorique la contribution des banques dans le développement économique ainsi que les limites de l'intermédiation bancaire au Cameroun.

SECTION1 : PRESENTATION DU SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS

Cette section aura pour but de parler de la libéralisation financière subie par le Cameroun mais également de présenter l'évolution de l'activité bancaire durant les années 80.

I. LIBERALISATION FINANCIERE AU CAMEROUN

Il sera question pour nous dans cette partie non seulement d'évoquer la répression financière survenue au Cameroun au lendemain des indépendances mais également de voir quel est théoriquement le positionnement des banques par rapport à celle-ci.

A. De la répression à la libéralisation

Bien que composé des succursales et filiales des grandes banques étrangères surtout au lendemain de l'accès à l'indépendance a subi de grands changements dus à une forte répression financière avant d'être libéralisé au milieu des années 80.

Au lendemain de l'indépendance camerounaise, le réseau bancaire était essentiellement composés d'agences françaises et de succursales des banques britanniques ; les banques françaises nationalisées par la suite ont successivement fait apport de leurs agences à des sociétés de droit national. Trois principales banques sont concernées :

· Le crédit lyonnais a participé à la création de la société camerounaise des banques (SCB)

· La banque internationale pour le commerce et l'industrie du Cameroun (BICIC) est détenue par la nationale de Paris (BNP)

· La société générale des banques (SGB) a donné naissance à la société générale des banques au Cameroun (SGBC)

D'autres institutions vont s'y ajouter plus tard pour faciliter les échanges entre la métropole et la colonie. Le système qui se met alors en place est anti-productifs et a pour objectif le financement des opérations commerciales ; rien prévu pour le financement des investissements et de la production. La première réforme entamée au début des années 1970 visait la réorientation de l'activité bancaire en mettant l'accent sur le financement de l'investissement ; cette réforme a pour principaux objectifs l'accroissement des dépôts bancaires, la promotion du système productif, une meilleure mobilisations des ressources monétaires et financières en vue d'assurer le développement et la diversification de la production. Grâce à cette réforme, le système bancaire camerounais compte désormais11 banques au lieu de 5 et totalise 172 guichets au lieu de 84 en 1974. Malheureusement, la crise financière des années 80 a provoqué la fermeture de plusieurs banques, la fusion de certaines et autres. En fin juin 1986, le Cameroun compte huit banques commerciales avec un réseau de 54 agences, notamment : la Banque internationale pour le commerce et l'industrie du Cameroun (BICIC) ; la société commerciale de banque- crédit lyonnais (SCB-CL) ;la société générale de banque au Cameroun (SGBC) ; la méridien bank Cameroon (MBC) ; la Standard Charted Bank ; la caisse commune d'épargne et d'investissement (CCEI Bank) ; le Crédit agricole et Amity Bank ( rapport CNC 1994-1995 et 1996). A la fin de juin 1998, le réseau bancaire compte six banques : la banque internationale pour le crédit et l'épargne au Cameroun (BICEC) ; la SCB-CL ; la Standard Charted Bank Cameroon ( SCBC) ; la CCEI-Bank et Amity Bank auxquelles vont s'ajouter progressivement quatre autres banques au 30 juin 2000 à savoir : la commercial bank of Cameroon (CBC) en 1997 ; la City Bank en 1998 ; l'Union Bank of Cameroon en 1999 et Eco-Bank en juin 2000 ( rapport CNC 1997/1998,1998/1999,1999/2000). Ainsi de nos jours le réseau bancaire camerounais compte dix banques et quatre vingt cinq guichets.

B. Positionnement des banques dans la libéralisation financière

La libéralisation est généralement définie comme étant le passage d'un état de répression à un état de libéralisation. Ce passage requiert la suppression d'un certains nombres de restrictions, il s'agit entre d'autres termes d'un mouvements de déréglementation qui concerne principalement :

· La déréglementation des prix et des taux (commissions, marges et taux d'intérêts)

· La déréglementation quantitative là où une telle réglementation existait (par exemple le contingentement des crédits, les contrôles de change et autres restriction à la mobilités des capitaux...)

· L'abolition des frontières entre activités et entre actifs

Divers arguments ont été utilisés par les économistes pour justifier la libéralisation financière, principalement « in fine » ; l'objectif de croissance économique. On peut considérer que la déréglementation des activités financières fournit un cadre propice à une croissance significative à travers mécanismes distincts.

Premièrement, l'absence des obstacles quantitatifs à la circulation des capitaux permet de financer de manière plus rapide et plus efficace les activités de production et d'investissement de l'économie. Ainsi, l'absence d'encadrement du crédit permet aux banques de mieux répondre aux demandes de crédits des entreprises et la libre circulation internationale des capitaux permet à ces derniers de bénéficier de l'apport des capitaux étrangers.

Deuxièmement, la déréglementation des taux d'intérêts, des commissions et des marges fait baisser le coût de l'intermédiation financière du fait du développement de la concurrence, améliorée au sein de l'appareil financier, ce qui peut rendre les crédits moins chers pour les entreprises locales et attirer les entreprises étrangères.

Troisièmement, ces phénomènes conjugués peuvent ainsi contribuer dans une perspective théorique libérale à une meilleure affectation des ressources en capital, celles-ci ayant théoriquement plus de chance d'être allouées, aux coûts les plus faibles, aux demandeurs de crédits les plus productifs, lesquels sont aussi sous certaines conditions les plus créateurs de croissance.

II. L'EVOLUTION DE L'ACTIVITE BANCAIRE AU CAMEROUN DANS LES ANNEES 80

Les performances actuelles de l'intermédiation bancaire au Cameroun sont largement tributaires de la crise qui a frappé ce secteur dans les années 80 et de la restructuration conséquente au cours des années 90. Dans cette section ; nous visiterons cette épopée des banques camerounaises pour mieux percevoir leur comportement d'intermédiation financière.

A. Les ressources

Au milieu des années 80, le Cameroun a connu une grave crise financière : les dépôts à terme ont diminué de 33% entre 1985 et 1987 et les dépôts à vue de 22%. Cette chute s'explique par le déclenchement de la crise économique, cependant, c'est une véritable crise de confiance car les agents réalisent que les banques sont insolvables.

A partir de 1989, afin d'éviter un effondrement du système bancaire, des restructurations ont été entreprises : certaines banques ont été liquidées, d'autres ont été fusionnées ou recapitalisées. Afin de restaurer la confiance du public dans le système bancaire, la commission bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) fonctionnelle depuis 1992, assure un contrôle prudentiel des établissements de crédits. Pour ce, elle s'est dotée de deux séries de ratios que doivent respecter les banques : les normes prudentielles et les normes de solvabilité. Parallèlement à ces restructurations, la politique monétaire a été complètement modifiée dans toute la zone BEAC à partir de 1990. Il s'agit dorénavant de favoriser la mobilisation de l'épargne nationale, préalable indispensable à l'investissement. L'aboutissement de ces réformes fut la mise en place du marché monétaire au sein de la zone BEAC à partir de juillet 1994. Suite à ces deux mesures, les dépôts à vue ont progressé de 30% entre 1988 et 1990 et les dépôts à terme de 17% entre 1988 et 1991.

Au cours de 1992 et 1993, l'anticipation de la dévaluation a incité beaucoup de déposants à placer leurs avoirs à l'étranger notamment en France : entre le 31décembre 1991 et le 31 décembre 1993, les dépôts à vue ont chuté de 42% et les dépôts à terme de 18%. Afin de stopper la fuite des liquidités, la fin de la convertibilité extérieure du FCFA a été déclarée en août 1993. Cette mesure fut complétée en septembre 1993 par la fin de la convertibilité des billets entre les deux zones UMOA et BEAC. La fuite des dépôts a été ralentie mais pas stoppé car de manière détournée, de nombreux agents ont pu à sortir des billets.

A partir du moment où la dévaluation est effective, les liquidités sont retournées dans la zone Franc : entre le 31 décembre 1993 et le 31 décembre 1994, les dépôts à vue ont progresse de 48% et les dépôts à terme de 18%. L'impact de la dévaluation sur les dépôts est positif en terme nominal, mais il est à relativiser en terme réel : en tenant compte des niveaux d'inflation importants pour 1994 (33%), les dépôts à vue n'ont progressé que de 10% en terme réel et les dépôts à terme ont chuté de 12%. Cet impact est d'autant plus à relativiser que les dépôts ont recommencé à diminuer en 1995. Les dépôts à vue ont chuté de 16% en réel et les dépôts à terme de 12% car les agents manquaient de confiance dans le système bancaire. En effet, depuis le second semestre 1995, il est question de nouvelles restructurations. Donc, pour éviter que leurs dépôts soient bloqués, les agents ont retiré leurs liquidités du système bancaire.

Entre décembre 1995 et Avril 1997, les dépôts à vue ont progressé de 3% et les dépôts à terme ont chuté de 21%( en nominal). En revanche, au cours de l'année 1997, la liquidité bancaire s'est nettement améliorée dans son ensemble jusqu'en 2001.

B. Les emplois

Au moment de la crise financière, les agents ont réalisés que les banques avaient maquillé les bilans bancaires et accumulé les créances fictives. Ainsi, les créances douteuses égales à 253milliards de FCFA au 31 juin 1988, selon les documents comptables produits par les banques, ont en fait été estimées à 489 milliards. Par conséquent, les 104 milliards de provisions pour dépréciation au 31 juin 1988 ont été estimées à 334 milliards de FCFA. De manière comptable, ces ajustements ont eu lieu entre 1990 et 1991(selon la BEAC) et les crédits ont chuté de pratiquement 50%.

Depuis les réformes bancaires et monétaires, il faut souligner une atonie du crédit, les banques sont frileuses et s'engagent peu dans le financement de l'économie. Le taux de couverture des crédits par les dépôts atteignait 110% au 31 août 1996 contre 89% en 1995, avant le déclenchement de la crise. La dévaluation n'a pas eu les effets escomptés, les crédits à l'économie ont diminué de 27% en terme réel entre le 31 décembre 1993 et le 31 décembre 1994 et de 10% au cors de l'année suivante. Entre la fin de l'année 1995 et avril 1997, cette tendance ne s'est pas améliorée, et les crédits à l'économie ont diminué de 17%( en nominal). De plus, il faut noter une prédominance des crédits à court terme qui représente 85% des crédits accordés.

De nos jours, au sein du système financier, la composante bancaire est devenu relativement solide ; grâce aux restructurations bancaires. Le système bancaire camerounais est constitué de dix banques commerciales ; le ratio de couverture des crédits par les dépôts s'est amélioré (avoisinant 139% en juin 2006), et six banques affichaient un ratio de liquidité supérieure à 200% en 2006.

Toutefois le secteur financier reste dominé par trois banques (la SGBC ; la BICEC et la SCB-CA), qui détiennent plus de deux tiers de tous les prêts et dépôts bancaires. En outre, malgré la relative solidité du secteur bancaire camerounais, le taux d'intermédiation reste faible. Le nombre de ménages possédant un compte est inférieure à 10%, et de larges pans de l'économie n'ont toujours pas accès aux crédits. De plus, les clients des banques se plaignent régulièrement du niveau élevé des frais.

A la fin de cette étude de l'évolution de l'activité bancaire au Cameroun durant les années 80, nous pouvons nous pencher sur l'analyse des différentes approches soutenant les systèmes fondés sur les banques et évoquer les canaux de transmission reliant le secteur financier à la croissance. Cette étude théorique fera l'objet de la section suivante.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore