Section -II- Impact de l'innovation financière
sur le canal de crédit
La BCT a adopté durant la période allant du
début des années soixante au milieu des années quatre
vingt une politique de base monétaire axée principalement sur
l'encadrement et la sélectivité des crédits permettant
ainsi, de contrôler avec précision le volume des crédits
injecté dans l'économie.
En fait, le volume des crédits n'est pas
réglé par les taux d'intérêt mais
déterminé en fonction des dépôts collectés
par les banques auprès du public.
L'évolution des crédits intérieurs
en pourcentage du PIB a été assez importante. La politique
monétaire était caractérisée par la domination de
la politique du crédit. Le système bancaire a joué un
rôle moteur dans le financement de l'activité économique
par des prêts accordés sous l'accord de la Banque Centrale.
Les taux d'intérêt sur les prêts
accordés aux secteurs prioritaires ont été fixés
à des taux très bas en termes nominaux et même
négatifs en termes réels, ce qui a engendré recours
excessif des banques à la Banque Centrale, un manque de contrôle
et de suivi l'utilisation des ressources accordées par la banque, un
endettement important des entreprises et un effet d'éviction
engendré par l'endettement obligatoire de l'Etat vis-à-vis
banques.
Le secteur bancaire serait très fragile vu leur
dépendance de la BCT et son incapacité à innover et
à développer leur gamme de services.
La venue des réformes à partir de 1986 a
annoncé le début de la libéralisation de ce régime
avec le déclenchement du processus de désengagement de Etat qui a
permis aux banques de jouir d'une certaine indépendance dans l'octroi
des crédits dans la mesure où elles peuvent accorder des
crédits sans l'accord préalable de la BCT. La contre partie
étant l'abandon des facilités de refinancement qui peut
être surmontée au moyen des innovations financières
(Saidane, 1995).
Les mutations financières ont dynamisé le
marché financier ce qui a augmenté le nombre des intervenants et
des transactions permettant ainsi de répondre aux besoins de financement
des différents intervenants. Les banques vont se refinancer sur ce
marché pour accorder le volume souhaité de crédit. Nous
remarquons donc une modification du canal du crédit vu que la BCT ne
contrôle plus de manière rigoureuse l'évolution des
crédits.
La BCT ne peut pas se contenter d'une telle situation qui
laisse le volume des crédits indépendant de son contrôle
par crainte de déstabiliser l'activité économique. En
effet, une progression rapide du volume des crédits injecté
menace l'économie de la persistance de l'inflation alors qu'une
progression très lente peut défavoriser la croissance
économique (Freidman, 1975). La B.C.T se trouve donc obliger
d'intervenir pour continuer à transmettre le impulsions de la politique
monétaire et ce à travers deux actions à savoir :
- Le refinancement du système bancaire sur le
marché monétaire : la BCT peut affecter le degré de
liquidité de ce marché et influencer les crédits bancaires
et ce par les opérations d'appel d'offre et de prise en pension. Ainsi,
si elle juge que la priorité est donnée à la lute contre
l'inflation, elle épongera de la liquidité de ce marché,
atténuant ainsi la capacité des banques à accorder les
crédits et diminuant la progression de la consommation et de
l'investissement. En revanche et en période de stagnation
économique, elle injectera de la liquidité incitant les banques
à donner plus de crédits afin de stimuler la croissance
économique.
- Une action indirecte: ciblant la progression du volume des
crédits accordés par les banques à travers
l'établissement des normes prudentielles et des divers ratios qui
doivent être respectés par les banques faute de quoi, elles seront
sanctionnées.
Le contrôle de la BC a passé d'un contrôle
direct avec la politique d'encadrement et de sélectivité des
crédits à un contrôle indirect utilisant les normes
prudentielles et l'intervention sur le marché financier. Les mutations
financières ont réduit l'importance du canal du crédit
dans la transmission de la politique monétaire mais de façon
simple puisque la BCT peut influencer toujours la quantité de
crédit injecté par les banques.
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