Section -III- Impact de l'innovation financière
sur le canal du taux de change
En plus des réformes du plan d'ajustement
structurel, des nouvelles mesures ont été introduites à
partir de 1989 afin de maintenir la compétitivité du pays vis
à vis de l'étranger. Il s'agit de l'ouverture des banques sur
l'extérieur, de la suppression graduelle du contrôle de change, de
la simplification des procédures d'entrée des institutions
financières étrangères sur notre marché financier
et de l'instauration de la convertibilité courante.
Le canal du taux de change subissait un contrôle
direct de la part des autorités monétaires qui fixaient le taux
de change à un niveau jugé capable de stimuler la
compétitivité de l'économie tunisienne. Le marché
de change était restreint puisque seul la B.C.T et un petit nombre
d'intervenants possédaient le droit d'entrer et d'effectuer des
opérations avec l'extérieur (Lahouel, 1994).
Pendant les années soixante dix et quatre-vingt le
taux de change a été fixé à un niveau assez bas
dans l'espoir d'augmenter la compétitivité des produits
nationaux, d'exporter plus et de stimuler les fondamentaux de
l'économie. Mais rien de cela ne s'est produit puisqu'on a
enregistré l'aggravation du déficit de la balance commerciale, la
persistance de l'inflation et la chute des investissements.
Face à cette situation, pouvant conduire à
une crise de grande envergure, les autorités monétaires se
trouvaient obligées de changer de politique annonçant
l'arrivée des nouvelles réformes avec l'ouverture des banques sur
l'extérieur, la suppression graduelle du contrôle de change,
l'instauration de la convertibilité courante du système de
couverture à court terme et la création du marché
monétaire en devises (Rapport annuel de la BCT, 1993. 1995).
Ces réformes sont derrières l'apparition
des innovations financières telles que les contrats à terme, les
swaps etc. Le marché de change commençait à avoir certaine
dépendance dans la mesure où le taux de change nominal se
déterminait par la confrontation de l'offre à la demande et par
la politique de la BCT.
La BCT a bondonné le contrôle direct du taux
de change et n'intervient que par exemple lorsqu'elle voie la valeur de la
monnaie nationale s'apprécie énormément menaçant la
compétitivité des produits nationaux, elle vend de la monnaie
nationale contre des devises provoquant une baisse de cours susceptible de
rétablir l'équilibre. L'inverse se réalise en cas de
dépréciation avec la vente des devises et l'achat de la monnaie
nationale. L'objectif de la BCT, à travers ce canal se recentre
d'avantage autour de la stabilisation du taux de change plutôt que le
contrôle strict de son niveau permettant une meilleure
productivité des produits domestiques.
Les mutations financières ont modifié les
mécanismes de transmission de la politique monétaire à
travers ce canal et la BCT se trouve obliger de laisser la fixation du taux. La
BCT se trouvait ainsi devant plus de difficultés à atteindre les
objectifs fixés ce qui l'oblige à faire confiance aux
mécanismes de marché en laissant une évolution libre du
taux de change.
Conclusion
Les innovations financières en Tunisie ne sont
donc plus un simple phénomène mutationnel de système
financier à caractère ponctuel et isolé dans le temps.
Il s'agit d'une dynamique de mise à niveau continue.
Bien que le processus de l'innovation financière
soit encore à ses débuts, ses conséquences se manifeste
déjà par une déformation progressive des canaux de
transmission de la politique monétaire poussant, la BCT à une
intervention plus intensive sur le marché financier. Les canaux les plus
touchés sont ceux de l'intérêt, du crédit et du taux
de change.
Les autorités monétaires doivent abondonner
l'influence de l'activité économique et laissent le
fonctionnement des mécanismes du marché en vu d'identifier le
canal qui mène à la réalisation des objectifs
visé.
Cette étude de l'impact des mutations
financières sur les canaux de transmission de la politique
monétaire reste théorique d'où l'importance d'appuyer sur
une analyse économétrique qui fera l'objet de prochain chapitre
et ce à l'aide d'un modèle autorégressif vectoriel
(VAR).
|