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Le centre de détention de CASABIANDA, emblématique prison de paradoxes

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par Paul-Roger GONTARD
Université Aix-Marseille III - Master 2 de droit, spécialité lutte contre l'insécurité 2008
  

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Section 2 : Fonctionnement du centre de détention de CASABIANDA

Le centre de détention de CASABIANDA est régi par les mêmes dispositions du Code de Procédure Pénale que comme tout autre centre de détention (cf. l'article A39-1 du CPP). Au sens de l'article D.72 du CPP, son fonctionnement comporte un régime principalement orienté vers la réinsertion sociale et, le cas échéant, la préparation à la sortie des condamnés. Cependant, là où les détenus des centres de détention classiques ne peuvent pas circuler d'un étage ou d'un bâtiment à l'autre. À CASABIANDA, la plupart se retrouvent dès le matin au premier appel, et partagent leur journée dans le même grand espace jusqu'au soir.

Le régime de centre de détention trouve donc à CASABIANDA une interprétation originale. Un constat qui se retrouve dans la gestion de la sécurité au sein du centre (§1), dans les activités des détenus (§2), et dans le fonctionnement des « chambres d'amour » (§3).

§ 1 : Gestion de la sécurité à CASABIANDA64(*)

Parce que CASABIANDA est avant tout une prison, la première préoccupation qui régente le fonctionnement de l'établissement est la sécurité. Une sécurité pour la société, mais aussi pour les personnels qui y travaillent et pour les détenus eux-mêmes. Mais compte tenu des missions générales des centres de détention précisées à l'article D.72 du CPP, et des spécificités du lieu, les moyens de sécurité diffèrent quelque peu des autres établissements pénitentiaires.

A/ Dispositifs de sécurité passive

Appréhender la sécurité dans un établissement pénitentiaire se fait en premier lieu par le recensement des dispositifs matériels chargés de créer une sécurité dite passive. En l'occurrence, les murs chargés de créer une enceinte empêchant évasions et intrusions sont à CASABIANDA totalement inexistants. Il n'y a pas non plus de dispositifs alternatifs pour palier à cette absence comme une barrière continue ou un grillage. Inexistants aussi sont les miradors et chemin de ronde permettant une observation du périmètre de la prison.

Les bâtiments eux-mêmes dérogent à leur manière aux règles traditionnelles de la prison. Pour ce qui est des bâtiments dits de détention, les bâtiments dans lesquels logent les détenus ne comportent aucun barreau aux fenêtres, et seules les moustiquaires qui les remplacent font office de protection, mais plus contre les moustiques que contre les évasions ! Dans un autre domaine, alors que les bâtiments administratifs sont un peu à l'écart des autres bâtiments du lieu, ils n'en demeurent pas moins totalement accessibles aux détenus. Ceux-ci les fréquentant régulièrement lorsqu'ils doivent s'entretenir avec des personnels du SPIP, du greffe, de la comptabilité ou de la direction de l'établissement. Une liberté de mouvement (soumise cependant à autorisation ou convocation) que l'on ne retrouve pas dans les autres établissements du même type. Néanmoins, ce bâtiment qui abrite le poste de garde, est quand à lui sécurisé par des barreaux à ses ouvertures (voir annexe photos de CASABIANDA aujourd'hui). Une protection contre les « attaques » extérieures, plus que contre une émeute intérieure.

Pour ce qui est de la détection d'objet dangereux, CASABIANDA ne demande pas aux arrivants de se soumettre au passage du traditionnel portique de sécurité, ni de faire passer leurs effets personnels aux rayons X comme cela peut être le cas ailleurs. Cela dit, venir à CASABIANDA demande une autorisation préalable de l'administration pénitentiaire. Et quiconque évoluerait au milieu des personnels ou détenus sans cette autorisation serait rapidement remarqué par la communauté. Une communauté qui dans son ensemble a tout intérêt à ce qu'aucun incident ne vienne perturber le quotidien.

La détection et le contrôle des mouvements dans l'enceinte du site de détention sont quant à eux très limités. Les bâtiments où sont logés les détenus sont encerclés la nuit par une ceinture de détection par faisceaux, et les coursives et espaces communs de ces bâtiments sont placés sous vidéo surveillance. La journée, cependant, les outils du même type ne pourrait être pertinent pour gérer près de 1.500 ha de superficie.

Enfin, une particularité de CASABIANDA demeure la place de cet immense espace comme moyen matériel passif de lutte contre l'insécurité en détention. En effet, les tensions qui peuvent traditionnellement naître de la trop grande promiscuité dans les espaces de vie en commun, se diluent dans les hectares du domaine. Mais nous développerons ce point dans la partie traitant des rapports sociaux entretenus à CASABIANDA. Un atout qui devenait un inconvénient lorsque les détenus abusaient de leur liberté de mouvement pour partager des « parloirs sauvages » dans les hectares boisés. Une pratique qui a entraîné la mise en place des dispositifs de sécurisation aux abords des dortoirs du C.D. que nous venons de présenter.

* 64 Sur la notion de sécurité dans les établissements pénitentiaires français, voir le Mémoire de DEA de GOUBET Maud, sous la direction de Nicolas DERASSE (2001-2002), La sécurité en prison, Ecole doctorale n°74, Université de Lille 2.

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