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Le centre de détention de CASABIANDA, emblématique prison de paradoxes

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par Paul-Roger GONTARD
Université Aix-Marseille III - Master 2 de droit, spécialité lutte contre l'insécurité 2008
  

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§ 3 : Les « chambres d'amour ».

Les « chambres d'amour » de CASABIANDA sont à la fois la marque de l'identité carcérale moderne de l'établissement, mais aussi le lien avec une forme d'originalité historique.

Ces « chambres d'amour » sont en effet les premières Unités de Vie Familiale des prisons françaises. Créées en 1984, elles étaient en France la première expérimentation d'un espace privatif dédié à l'accueil des familles des détenus, intégré dans l'espace carcéral, pour ménager un temps d'intimité aux couples et à leur famille.

La raison de cette expérimentation à CASABIANDA tient sans doute au fait que l'administration pénitentiaire avait déjà admis dans le fonctionnement de l'établissement l'organisation des « week-end » des familles dans les années cinquante68(*). L'éloignement des détenus du continent légitime toujours la création de conditions privilégiées pour accueillir leur famille, afin que celle-ci ne soit pas, à son tour, condamnée à subir de manière excessive l'incarcération d'un de leur membre. Ainsi, même si le courrier et le téléphone permettent de ne pas briser le lien familial quand celui-là a survécu à la condamnation et à l'incarcération, les rencontres physiques permettent de le raviver et de participer à la future réinsertion des détenus.

Le fonctionnement de ces espaces se fait hors de la présence du personnel. Des pavillons, spécialement aménagés, permettent aux détenus de recevoir leur famille pour un temps déterminé. Appelés « chambre d'amour » ou « chambre conjugale », ils offrent aux détenus la tranquillité nécessaire pour avoir des relations sexuelles avec leur conjoint dans des conditions sanitaires satisfaisantes (à comparer aux « parloirs sexuels » qui existent encore dans bon nombre des établissements pénitentiaires français). Les détenus doivent cependant obligatoirement assister aux différents appels de la journée. Il leur est en outre interdit de franchir le poste central pour aller réceptionner leurs visiteurs.

Les bénéficiaires de ces locaux n'excèdent pas la vingtaine de détenus. Le fait que de nombreux prisonniers du centre de détention bénéficient de régulières permissions de 10 jours pour se rendre sur le continent explique probablement cette sous utilisation.

Ces parloirs si particuliers semblent toutefois être aujourd'hui en deçà des libertés accordées par les nouvelles Unités de Vie Familiale. L'avenir de ces « chambres d'amour » réside sans doute dans l'évolution vers les normes constituées aujourd'hui par ces U.V.F.

Pour conclure ce Titre, je citerai un membre du personnel de l'établissement. A ma question qu'est-ce qui selon vous rend CASABIANDA si particulier ? il me répondit : « C'est une prison classique dans un lieu qui ne l'est pas ».

En effet, dans beaucoup de domaine, il apparaît évident que CASABIANDA est une prison, un espace de privation de la liberté d'aller et venir librement... mais un espace qui demeure immense par sa superficie. Ce qui amène les responsables du centre de détention à développer des stratégies qui permettent à ce lieu de remplir efficacement son rôle tout en composant avec des contraintes si particulières.

Ainsi, CASABIANDA, à sa manière, ramène l'identité carcérale à sa plus simple expression. Des Hommes qui en surveillent d'autres dans l'exécution de la sentence prononcée par la justice : la privation de la liberté d'aller et venir, et qui les accompagnent vers leur réinsertion dans la société, afin de ne plus repasser par la case prison.

Mais ses 1500 ha lui confèrent aussi une originalité unique qui lui permet de développer, dans le cadre de ses missions pénitentiaires, certaines particularités qui lui sont propres, et qui font de son identité, une identité carcérale originale.

* 68 Voir chapitre sur l'histoire de l'établissement après la seconde guerre mondiale.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld