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Le centre de détention de CASABIANDA, emblématique prison de paradoxes

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par Paul-Roger GONTARD
Université Aix-Marseille III - Master 2 de droit, spécialité lutte contre l'insécurité 2008
  

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§2 : Observation de la part minoritaire des détenus de CASABIANDA.

Si l'on s'intéresse aux autres détenus de CASABIANDA, qui correspondent à un peu moins du quart de la population pénale de l'établissement, nous constatons que les plus nombreux sont des auteurs d'homicides. A noter également la recrudescence, tant en valeur absolue que relative, des détenus pour Infraction sur la Législation des Stupéfiants. Une catégorie pénale qui avait pourtant causé des difficultés à l'établissement par le passé.

Selon certains, l'affectation pour quelques rares cas de détenus à CASABIANDA est une réponse de l'administration pénitentiaire à la collaboration de ceux-ci à la manifestation de la vérité dans une affaire dont ils ont eu connaissance. Mesure de reconnaissance, ou stratégie d'éloignement pour prévenir de possibles représailles, toujours est-il que ce transfert découle d'un intérêt commun à l'administration pénitentiaire et aux détenus concernés.

Les membres de ce dernier quart de la population attache parfois beaucoup d'importance à faire savoir au personnel, la nature de l'infraction qu'ils ont commise. Ou plus précisément, leur non appartenance à la catégorie « pointeur ». Leur manière de se présenter en vient parfois même à devenir singulière : « Moi je ne suis pas comme eux (les pointeurs) ; moi ce que j'ai fait, c'est pas grave par rapport à eux ». Pourtant, ce « qu'il a fait » en l'occurrence était un crime de sang. Une attention toute particulière doit donc être attachée à ces jugement de valeur, qui, bien que conforme à ce que pense probablement la majeure partie de l'opinion, entraîne dans le processus de reconstruction une forme de déni de gravité de l'acte qu'il a commis, diminuant d'autant la sincérité de son amendement.

De plus, et bien que cela ne soit pas encore dans des proportions pour l'instant inquiétantes, certains de ces détenus semblent chercher à se regrouper et se mettent parfois à adopter des comportements méprisant à l'égard des « pointus ». Tant que ces derniers seront majoritaires, défier cette catégorie dans sa globalité serait dangereux, mais la tendance actuelle à augmenter la proportion de détenus pour infractions non sexuelles doit être accompagnée d'une surveillance accrue des rapports sociaux en détention.

La population carcérale de CASABIANDA est, nous l'avons démontré au fil de notre étude, aujourd'hui clairement identifiable par la répartition des catégories pénales de ses détenus et par le profil psychologique des prisonniers qui y accèdent. Par ailleurs l'établissement répond, dans son fonctionnement actuel, tout à fait aux critères pénologiques les plus pertinents pour sanctionner, dans le cadre de la détention, les détenus coupables d'infraction sexuelle.

Toutefois, les dernières années de fonctionnement montrent une évolution notable de la population pénale de l'établissement (catégorie pénale, âge des détenus, orientation faites par d'autres acteurs que le CNO...). La vigilance doit donc être de mise pour que les équilibres jusque là préservés ne pâtissent pas de ces évolutions.

Cette première partie a permis, nous l'espérons, de rendre claire, et incontestable, l'identité et la tradition pénitentiaire de CASABIANDA. Certes des originalités existent, mais elles ne font finalement que recentrer l'établissement sur les fondamentaux d'un établissement carcéral, en limitant à leur plus simple expression les moyens de contrôle des détenus. La prison est un espace dans lequel s'exerce la limitation d'aller et venir qui est la peine des détenus. Il n'est pas fait mention dans les principes généraux du droit pénal que cette limitation doit se faire dans une cellule de 9 m² pour toute la durée de l'incarcération.

CASABIANDA a, en outre, comme composante de son identité, une tradition d'innovation. Que ce soit dans son organisation ou dans le traitement des libertés octroyés aux détenus, ce centre de détention a pu, à plusieurs reprises dans son histoire, être un espace d'expérimentation. La curiosité de cet établissement tient aussi au fait que ces expérimentations n'ont que rarement, voire jamais, été évaluées. Il n'existe pas, à ma connaissance, de projet d'établissement portant sur sa population pénale par exemple.

En observant le paysage carcéral français, nous pouvons constater que prises indépendamment, la plupart des originalités de CASABIANDA qui composent son identité, peuvent maintenant se retrouver dans d'autres établissements pénitentiaires. La majorité d'infracteurs sexuels à CAEN, ou encore la vocation agricole à MAUZAC. Mais l'accumulation de ces originalités rend toutefois CASABIANDA unique, et pas seulement en France. La deuxième partie de ce travail sera donc consacrée à l'étude de ce statut et aux conséquences de celui-ci.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote