Section 4 : contraintes et Défis de la
Viabilité des SFD en Zones Défavorisées
A/: Réflexions sur la
viabilité
Aujourd'hui, dans le contexte subsaharien, la plupart des
institutions de micro finance ont des difficultés d'éteindre
l'équilibre financier. Ces difficultés sont souvent liées
à ;
Ø Des coûts de transaction
élevés
Ø Des recettes qui ne peuvent progresser avec
l'expansion ;
Ø Une productivité du travail qui trouve ses
limites
1) La maîtrise des
coûts
Les IMF opérant en zones rurales très
défavorisées sont souvent confrontées à des
coûts de transaction très élevés.
a) Causes
Les coûts de transaction sont élevés du
fait de la conjonction de :
Ø La gestion d'un grand nombre de petits
crédits, entraînant des coûts d'octroi de crédit
important, quelque soit le contexte ou le système
opéré.
Ø La dispersion de la population (faible
densité, grandes distances entre les villages mauvaises conditions des
infrastructures routières) entraînant des temps et des coûts
de développements importants (zone rurales).
Ø Les charges salariales des fois
élevées,
Ø Le coûts élevé de la collecte et
de la circulation de l'information, pour un système centralisé
b) conséquence
Un non maîtrise des coûts de transaction pourrait,
à terme compromettre la viabilité financière de
l'institution
c)
recommandation
Pour une meilleure maîtrise des coûts de
transaction, les IMF opérant en zones très
défavorisées peuvent davantage impliquer leurs clients dans la
gestion de leur caisse avec une répartition des taches entre clients et
techniciens salariés, autour de leurs compétences
respectives
2) l'augmentation des recettes
Une augmentation des recettes peut être obtenue par deux
voies principales,qui présente des limites fortes en zone
défavorisées
v L'augmentation des taux d'intérêts du
crédit ;
v l'augmentation des volumes du crédit ;
L'augmentation des taux débiteurs pose un
problème dans une situation de concurrence forte,surtout dans les zones
pauvres ou les principales offres de crédit proviennent d'organisations
à caractère social ou caritatif qui ne se préoccupent pas
souvent de pérennité et pratiquent des taux très bas voir
nuls.
Par ailleurs, la hausse des taux se heurte aussi à la
rentabilité des activités financées qui tend à
décroître avec un certain niveau de saturation des
marchés.
. 3) l'augmentation de la
productivité du travail des agents
a) cause
Une des principales contraintes pour les IMFen zones
très défavorisées,est la faible productivité du
travail de leurs agents.Cette faible productivité est dés fois
liée à un faible volume de travail par agent.
b) conséquence
La faible productivité du travail pourrait
entraîner un manque à gagner du coté de l'IMF qui pourtant
fait face à des charges salariales et autres.
c) recommandation
Une institution de micro finance peut, en vue d'augmenter ses
performances améliorer la productivité du travail de ses
agents.
Cette productivité pourrait être
améliorée par un accroissement du volume de travail par agent,
mais aussi par une modification des procédures en impliquant davantage
des « comités bénévoles »dans la
gestion des crédits.
B/ Les contraintes de la Microfinance
en zones défavorisées
1) faiblesse des densités de
population
La faiblesse des densités de population constitue un
frein au développement des IMF dans les zones très
reculées.
a) Cause
cette faible densité de population est liée au
fait que les village sont peu peuplés(200à600 habitants)et les
distances les séparant sont souvent importantes (plusieurs km),avec
souvent de mauvaises pistes,pénible à parcourir.
c) conséquence
Dans un tel contexte,réunir la masse critique de
clients,demande de toucher de nombreuse villages,de démultiplier ainsi
les contacts,les action d'animation et de formation,de suivi et de
contrôle,ce qui coût cher en temps passé pour les agent de
l'IMF (temps dans les villages et temps d'accès),auquel il faut ajouter
les coûts importants de transports (carburant,entretien et
réparation,amortissement matériel roulant,etc.)
d) recommandation
Devant une situation pareille, il faut procéder
à des études de faisabilité très approfondies pour
minimiser au maximum les surcoûts liés à la faible
densité de la population et à l'éloignement des
villages.
3) la faiblesse des revenus monétaire et
leur précarité
Dans les zones défavorisées, les revenus des
populations sont en général très faibles.
a)
causes
En milieu rural généralement, la
précarité des revenus est plutôt liée aux
aléas climatiques qui peuvent d'une année sur l'autre priver la
famille de toute ressource, vivrière et monétaire.
b)conséquences
La faiblesse de revenus et leur précarité sont
des contraintes pour l'IMF dans le sens ou elle doit investir dans la
définition de produits spécifique à chaque zone.
c) Recommandations
Dans ces zones un promoteur de Microfinance doit
expérimenter et rechercher avec ses clients toute activité qui
puisse être conduit à l abri des aléas climatiques et qui
pourrait progressivement créer une certaine indépendance de
revenus.Et de là, identifier des produits financiers bien adaptés
à ces exigences.
4) les infrastructures absentes, insuffisantes ou
défectueuses
L'absence, l'insuffisance ou la défectuosité des
infrastructures dans les zones fortement défavorisées,
constituent une entrave à la viabilité des IMF.
a) causes
En milieu rural pour la plupart,les infrastructures de
base,telles que l'électricité et le téléphone sont
soit absentes,soit défectueuses.Il n'existe pas de bâtiments
fonctionnels à louer pour y loger soit les bureaux,soit les agences
/caisses de l'IMF.
Equiper le programme coûte donc plus que dans d'autres
régions mieux loties
De même,le système éducatif ayant fait
défaut de tout temps, ce sont des zones ou les taux
d'analphabétisme sont les plus élevés.
b)
conséquences
Dans ces zones ont rencontre rarement du personnel
qualifié.Le personnel compétent, acceptant de vivre et de
travailler dans ces régions difficiles, coûtera toujours plus
cher, au regard des revenus qu un système de micro finance travaillant
avec ses petits volumes sera capable de génerer.C'est la raison pour
laquelle, les programme de micro finance sont obligés d'investir dans
des actions de formation minimales pour que cela fonctionne.
C'est encore des coûts supplémentaires qu'il
convient de comptabiliser à ce programme, en comparaison à un
autre opérant dans une région mieux couverte par la scolarisation
par exemple.
c)recommandations
L'Etat doit prendre en charge tout ou une partie des
coûts lies à l absence, l'insuffisance ou la
défectuosité de certaines infrastructures dans ces zones.En effet
pour la plupart du temps, les coûts qui sont imputables à des
déficits d'équipements et d'infrastructures, relèvent de
missions d'intérêt public et du domaine d'aménagement du
territoire.
C/ relever le défi de
la viabilité
Compte tenu des nombreuses contraintes induisant des
surcoûts important l'atteinte de l'équilibre financier est un
véritable défi.
Les systèmes de Microfinance qui ont relevé le
défi, montrent les voies qui y conduisent.
1) Intégrer le système dans le
paysage financier local
Ceci implique une bonne connaissance de l'offre et de la
demande financière, formelle et informelle dans le milieu, les
expérience et les savoir faire locaux en la matière, ainsi qu'une
bonne compréhension des stratégies économiques des
individus, des familles et des groupes.
Elles sont à la base d'une définition, avec les
clients concernés du système et des produits financiers à
mettre en place, susceptibles de compléter, d'élargir et
d'améliorer l'offre globale, sans détruire les organisations et
les solidarités préexistantes.
Dans une zone reculée,un système financier pour
être pérenne,doit être proche des gens
culturellement,trouver sa place parmi les institutions et les organisations de
la localité et apporter des services supplémentaires qui
justifient son utilité.
2) encourager l'appropriation et la
participation
En milieu défavorisé, un système de
Microfinance ne peut réussir que s'il parvient à mobiliser une
participation forte, un sentiment fort d'appropriation ou d'identification, se
traduisant par une prise en charge de fonctions et de taches,à un niveau
significatif et à titre non salarial.
Cette participation est une condition incontournable de
réductions de coûts, dans un contexte où les salaires sont
souvent élevés.
Des mécanismes d'intéressement et de
rémunération,liés aux résultats,se
révèlent à la fois incitatifs et dynamiques,permettant
d'éviter des charges fixes élevées et coupant court aux
revendications de type salariale.Ils préservent l'esprit de
participation tout en motivant les intéressés a la
réussite et aux performance de l entreprise
Au delà des réductions de coûts,la
participation et l'appropriation sont des élément essentiels de
fidélisation,qui dans une situation de concurrence forte,jouent un
rôle déterminant tant pour préserver un niveau
élevé de remboursement que pour stabiliser et consolider le
portefeuille.
3) avoir un accès durable au refinancement
à un niveau suffisant
Les pauvres épargne et mémé
proportionnellement davantage que les plus riches.Cependant,ce constat ne doit
pas amener à penser que le volume d'épargne mobilisable en zone
défavorisée pourrait être élevé et à
la hauteur des besoins en crédits pour le développement
économique de la zone.
L'épargne est faible et difficilement mobilisable dans
ces zones où il y a une longue tradition d'épargne en nature et
de thésaurisation.
La situation paradoxale des importantes liquidités du
secteur de la Microfinance auprès du secteur bancaire qui ne consent que
difficilement des ouvertures de crédit aux IMF, que les banques
connaissent mal du reste, devra faire l'objet d'études plus
poussées.L'etude sur le refinancement pourra utilement étudier
les mécanismes permettant un meilleur accès des IMF aux
financements bancaires.
4) introduire des innovations
Aujourd'hui,malgré toutes les contraintes liées
à l'offre de services financiers au plus démunis et dans des
zones très reculées engendrent des coûts
supplémentaires aux IMF qui s y implantent.
Pour minimiser les coûts liés aux contraintes de
ces zones, les IMF devrait impérativement introduire des innovations et
mécanismes financiers pour pouvoir toucher le maximum de pauvres tout en
visant la viabilité et la pérennité.
Dans ces zones, on peut s'inspirer de la façon de
s'organiser des populations, pour mettre en place des institutions
financières, certes plus modernes dans le sens des outils et plus
fiables, avec les règles clairement écrites et connues de
tous, mais suffisamment endogène pour s'insérer
naturellement dans le paysage.C'est ainsi qu'elles apporteront À leurs
clients une perception de permanence, élément clé de sa
pérennité.
CHAPITRE 3:
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