III. L'enlèvement des véhicules
accidentés ou en panne à Abidjan
1. Contexte urbain
Abidjan, capitale économique de la Côte d'Ivoire,
regroupe près de 90% des activités industrielles et constitue le
baromètre de l'économie ivoirienne.
La ville compte 2 042 km de voirie dont 830 km de routes non
bitumées et 1 212 km de routes bitumées. Par manque d'entretien
courant, cette voirie est en dégradation constante. Le parc automobile
est estimé à plus de 180 000 véhicules en 2007. Il est en
constante augmentation et entraîne ainsi un manque d'infrastructures
routières. La demande croissante de déplacements à cause
notamment de la spécialisation des espaces entraîne la congestion
sur les principales artères de la ville et des embouteillages. Le
tableau ci-après donne la fourchette des estimations pour l'année
1998 des déplacements motorisés par jour et du partage modal
ressortant de cette étude :
Tableau 1 : Demande en déplacements à
Abidjan en 1998
Mode
|
Voyageurs/jour plein (Hypothèse basse)
|
Voyageurs/jour plein (Hypothèse haute)
|
Part de marché
|
Bus SOTRA
|
740 000
|
765 000
|
24% - 25%
|
Gbaka
|
700 000
|
800 000
|
25%
|
Woro-woro
|
450 000
|
550 000
|
16% - 17%
|
Ramassage-employés
|
100 000
|
120 000
|
4%
|
Tawi-compteur
|
400 000
|
500 000
|
14% - 16%
|
VP
|
410 000
|
440 000
|
14% - 15%
|
Total modes motorisés
|
2 800 000
|
3 175 000
|
100%
|
Source : Etude des coûts de dysfonctionnements des
transports urbains à Abidjan (CERTU-STC)
On notera que d'après ces estimations, les transports en
commun s'effectuant par des véhicules de capacités
réduites ont capté, au cours de ces dernières
années, des parts importantes au détriment du transport par
autobus. Ceci met en évidence les difficultés
Etude de la problématique de l'enlèvement
des véhicules accidentés ou en panne sur les principales
artères d'Abidjan Travail de Fin d'Etudes - AGETU
croissantes que connaît la gestion de la circulation du
fait du développement rapide du transport informel : encombrement,
stationnement anarchique...
2. L'état de la sécurité
routière
La démocratisation de l'automobile en Côte
d'Ivoire, devenue accessible à la plupart des populations d'Abidjan,
date des années soixante. L'importante augmentation du trafic qui en a
résulté sur un réseau routier ni dimensionné ni
adapté en conséquence s'est traduite par une envolée du
nombre des accidents atteignant son apogée en 1994, année
où furent enregistrés plus de 15 660 blessés et 637 morts
sur les routes de Côte d'Ivoire. La métropole d'Abidjan à
elle seule contribue à 75 % de ces chiffres. Le tableau ci-après
donne une idée de la répartition des accidents par types de
véhicules en 2005 :
Tableau 2: Répartition des accidents par type de
véhicule en 2005
Véhicules
|
Nombres
|
Accidents
|
Tués
|
Blessés Graves
|
Blessés Légers
|
Bicyclette
|
1
|
0
|
0
|
1
|
Moto ou Cyclo
|
71
|
3
|
25
|
52
|
V.P
|
1 413
|
57
|
455
|
1 430
|
Camionnette
|
83
|
8
|
39
|
64
|
Taxi-ville
|
1 028
|
16
|
280
|
1 020
|
Taxi-brousse
|
47
|
4
|
5
|
57
|
Taxi-compteur
|
699
|
13
|
231
|
663
|
Mini Bus (<22 PL)
|
421
|
20
|
315
|
757
|
Bus (>22 PL)
|
78
|
4
|
31
|
345
|
Bus SOTRA
|
82
|
8
|
35
|
81
|
Poids lourds
|
91
|
16
|
28
|
130
|
Autre
|
6
|
0
|
4
|
5
|
Véh. Administratif
|
9
|
0
|
3
|
7
|
Tracteur
|
5
|
1
|
0
|
13
|
TOTAL
|
4 034
|
150
|
1 451
|
4 625
|
Source : OSER
L'histogramme suivant découle de ce tableau :
Etude de la problématique de l'enlèvement
des véhicules accidentés ou en panne sur les principales
artères d'Abidjan Travail de Fin d'Etudes - AGETU
Figure 1: Histogramme présentant la proportion des
types de véhicules accidentés à Abidjan en
2005
1600
1400
1200
1000
400
800
600
200
0
On peut ainsi constater que les véhicules légers
(véhicules particuliers, taxi-ville, taxis compteurs et mini bus) se
taillent la part du lion.
Ces accidents sont aussi répartis en fonction de leurs
types comme le montre le tableau ci- après :
Tableau 3: Répartition des
accidents par type en 2005
Types d'accidents
|
Nombres
|
Accidents
|
Tués
|
Blessés Graves
|
Blessés Légers
|
Véhicule/Véhicule
|
674
|
24
|
400
|
1 284
|
Véhicule/2 roues
|
234
|
13
|
60
|
195
|
Véhicule/Piéton
|
2 811
|
95
|
762
|
2 402
|
Véhicule seul
|
275
|
15
|
216
|
713
|
2 roues/2 roues
|
2
|
0
|
0
|
2
|
2 roues/Piéton
|
34
|
3
|
11
|
25
|
2 roues seul
|
4
|
0
|
2
|
4
|
TOTAL
|
4 034
|
150
|
1 451
|
4 625
|
Source : OSER
Le traitement graphique de ces données nous fournit le
graphe camembert suivant :
Etude de la problématique de l'enlèvement
des véhicules accidentés ou en panne sur les principales
artères d'Abidjan Travail de Fin d'Etudes - AGETU
Figure 2: Schéma de
répartition des accidents par type à Abidjan en 2005
6,82%
16,71%
0,84%
0,05%
0,10%
5,80%
69,68%
Véhicule/Véhicule Véhicule/2 roues
Véhicule/Piéton Véhicule seul
2 roues/2 roues
2 roues/Piéton
2 roues seul
Les accidents Véhicules/Piéton sont les plus
fréquents. Ils sont la source de nombreux cas de blessures
légères sinon graves et causent parfois des morts.
De façon générale et quasi unanime, les
taxis communaux sont très décriés pour leur comportement
agressif dans la circulation. Le tableau ci-dessous présente pour la
ville d'Abidjan, l'évolution des accidents de la circulation avec en
comparaison l'implication des taxis communaux.
Tableau 4: Pourcentage des taxis communaux dans les
accidents de la route
|
ACCIDENTS
|
Années
|
Total Abidjan
|
Taxis communaux
|
Pourcentage
|
1999
|
2 413
|
556
|
23,04%
|
2000
|
2 966
|
723
|
24,38%
|
2001
|
3 351
|
763
|
22,77%
|
2002
|
3 269
|
832
|
25,45%
|
Source : OSER
L'OSER a enregistré pour la période 1999-2002, 11
999 accidents qui se sont produits dans les dix (10) communes de la ville
d'Abidjan.
Sur cette période, les accidents impliquant les taxis
communaux représentent environ 24%, soit le quart des accidents
constatés à travers la ville d'Abidjan. Sachant que, le secteur
des transports urbains regroupe plusieurs modes de déplacement, nous
pouvons dire que la
Etude de la problématique de l'enlèvement
des véhicules accidentés ou en panne sur les principales
artères d'Abidjan Travail de Fin d'Etudes - AGETU
part des taxis communaux dans les accidents de la route est
très forte. Cela se justifie par leur constante présence dans la
circulation par rapport aux autres véhicules (environ 100 000 km
parcourus par an pour un taxi communal type, soit environ 274
km/jour).
Selon une étude de l'OSER, en Côte d'Ivoire, la
densité des accidents est en moyenne de deux (2) accidents tous les 10
Km avec pour causes principales en 2005 dans la ville d'Abidjan :
- Défaut de maîtrise technique (43%) - Imprudence
du conducteur (30%) - Imprudence du piéton (10%)
- Autres (17%)
Selon les résultats de cette étude de
l'OSER, les accidents corporels sont les plus nombreux et avoisinent le tiers
des autres types d'accidents tels que les carambolages et les tonneaux auxquels
s'ajoutent les pannes. Partant de là, on peut faire une
estimation somme toute réaliste de la demande de dépannage
à Abidjan. Pour l'année 2005, l'OSER a fait cas de 4 034
accidents corporels, ce qui nous permet de déduire que le nombre des
autres types d'accidents et des pannes y compris (que nous regrouperons sous le
terme autre) avoisine le triple de ce nombre c'est-à-dire 12 102. On
obtient donc le tableau récapitulatif suivant pour la ville d'Abidjan en
2005 :
Tableau 5: Estimation de la demande de dépannage
sur l'année 2005
Accidents corporels
|
4
|
034
|
Autres
|
12
|
102
|
Total
|
16
|
136
|
Le tableau nous donne donc une demande de dépannage
estimée à environ 16 200 unités sur l'année 2005,
ce qui correspond à 45 interventions par jour en moyenne.
Les coûts socio-économiques de ces
dysfonctionnements étaient estimés à 33 milliards de
francs CFA, équivalant à une perte de 0,5% du PIB, selon une
étude du CERTU réalisée en 2001 sur les coûts des
dysfonctionnements du système des transports à Abidjan.
Etude de la problématique de l'enlèvement
des véhicules accidentés ou en panne sur les principales
artères d'Abidjan Travail de Fin d'Etudes - AGETU
Les données détaillées pour l'ensemble de
la période 1999-2002 nous donnent la répartition des accidents
impliquant les taxis communaux dans les différentes communes de la ville
d'Abidjan.
Tableau 6: Répartition des accidents impliquant
les taxis communaux par commune
Années
Communes
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
Total
période
1999-2002
|
|
Nb
|
%
|
Nb
|
%
|
Nb
|
%
|
Nb
|
%
|
Nb
|
%
|
Abobo
|
81
|
14,57
|
126
|
17,43
|
148
|
19,40
|
167
|
20,07
|
522
|
18,16
|
Adjamé
|
11
|
1,98
|
41
|
5,67
|
22
|
2,88
|
25
|
3,00
|
99
|
3,44
|
Attécoubé
|
32
|
5,76
|
24
|
3,32
|
20
|
2,62
|
27
|
3,25
|
103
|
3,58
|
Cocody
|
73
|
13,13
|
43
|
5,95
|
52
|
6,82
|
68
|
8,17
|
236
|
8,21
|
Koumassi
|
43
|
7,73
|
103
|
14,25
|
99
|
12,98
|
111
|
13,34
|
356
|
12,39
|
Marcory
|
17
|
3,06
|
29
|
4,01
|
22
|
2,88
|
22
|
2,64
|
90
|
3,13
|
Plateau
|
1
|
0,18
|
8
|
1,11
|
5
|
0,66
|
7
|
0,84
|
21
|
0,73
|
Port-Bouët
|
27
|
4,86
|
49
|
6,78
|
37
|
4,85
|
38
|
4,57
|
151
|
5,25
|
Treichville
|
2
|
0,36
|
3
|
0,41
|
6
|
0,79
|
25
|
3,00
|
36
|
1,25
|
Yopougon
|
269
|
48,38
|
307
|
42,46
|
352
|
46,13
|
342
|
41,11
|
1270
|
44,19
|
Total
|
556
|
100%
|
723
|
100%
|
763
|
100%
|
832
|
100%
|
2874
|
100%
|
Source : OSER
· Les zones accidentogènes
d'Abidjan
Le plan de localisation des points et zones accidentogènes
de la ville d'Abidjan réalisé en 1999 est joint en annexe
4)
Les communes à forte fréquence d'accidents
impliquant les taxis communaux sont celles de Yopougon (44%), d'Abobo (18%) et
de Koumassi (12%).
En termes de tronçons, le boulevard André Latrille
et le boulevard de la République sont les plus accidentogènes
avec plus de dix (10) accidents par jour.
Concernant la récurrence des pannes sur les
artères de la ville d'Abidjan, elles vont crescendo à cause
notamment des défaillances mécaniques constatées dans les
services de transport non structurés qui opèrent dans toute
l'agglomération. Selon une étude menée par la SICTA dans
la période 1997-1998, environ 50% seulement des véhicules passent
la visite technique.
Etude de la problématique de l'enlèvement
des véhicules accidentés ou en panne sur les principales
artères d'Abidjan Travail de Fin d'Etudes - AGETU
A ce propos, voyons un bref aperçu des visites techniques
SICTA pour l'année 2002 donné par le tableau suivant :
Tableau 7: Répartition en 2002
des taux de visites selon les différentes catégories de
véhicules
|
VEHICULE
|
AVEC VISITE
|
SANS VISITE
|
CATEGORIE
|
Nombre
|
%
|
Nombre
|
%
|
Nombre
|
%
|
LEGERS -Particuliers
-Taxis compteurs -Taxis communaux
|
128 570
|
89,52
|
73 803
|
57,40
|
54 767
|
42,60
|
117 919
|
91,72
|
68 099
|
57,75
|
49 820
|
42,25
|
6 574
|
5,11
|
3 716
|
56,53
|
2 858
|
43,47
|
4 077
|
3,17
|
1 988
|
48,76
|
2 089
|
51,24
|
TRANSPORT places assises >9
|
7 467
|
5,20
|
4 559
|
61,06
|
2 908
|
38,94
|
POIDS LOURDS
|
7 583
|
5,28
|
4 384
|
57,81
|
3 199
|
42,19
|
TOTAL
|
143 620
|
100
|
82 746
|
57,61
|
60 874
|
42,39
|
Source : SICTA
La catégorie qui comporte le plus grand nombre de
véhicules sans visite technique est celle des taxis :
- sur 6 574 taxis compteurs, 2 858 sont sans visite, soit 43% ; -
sur 4 077 taxis communaux, 2 089 sont sans visite, soit 51%.
Cette situation explique en partie la récurrence des
pannes constatées sur les différents tronçons de la ville
d'Abidjan pour lesquelles les taxis sont les plus nombreux.
|