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Géostratégie des ressources naturelles et les conflits de la République du Congo 1990-2002 : rivalité de puissance et contrôle de l'énergie

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par Sédard-Roméo NGAKOSSO-OKO
Institut des Relations Internationales du Cameroun - Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées en relations internationales, option diplomatie 2005
  

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2. Conséquences humaines

On ne peut faire la guerre sans accuser de pertes, fussent-elles minimes. C'est tout a fait logique dans ce genre d'exercice, et le cas congolais ne constitue pas une exception. On ne peut s'empêcher de croire qu'au plan humain, des pertes ont été considérables. Le gouvernement avance les estimations suivantes : entre 3.000 à 4.000 morts, 300.000 déplacés et 15.000 habitations détruites, pour le seul conflit de 1993 ; entre 4.000 et 10.000 morts pour celui de 1997 et enfin, entre 2.000 à 3.000 morts, 200.000 déplacés et 30.000 habitations détruites pour celui de fin

72Pour la même période, la dette interne approchait-elle les 650 milliards de francs CFA, tandis que la dette extérieure était estimée dans les 2780 milliards de CFA, environ 22,5% du PIB. Le Congo, incapable d'honorer les échéances à terme, la BM a déclaré sa dette « délinquante » en novembre 1997. Voire infra, p. 74, note 85.

1998 à début 199973. Par ailleurs, les conséquences de cette guerre ne concernaient pas seulement le Congo.

3. Conséquences à l'échelle sous-régionale

A l'échelle sous-régionale la série des conflits congolais consacre l'interdépendance désormais en oeuvre entre certains Etats africains, mais aussi entre ces derniers et certains acteurs transnationaux du système sous-régional et international. Spécifiquement, ces conflits montrent que désormais la sous-région dispose de chefs de guerres, confortés de quelques milliers d'hommes (Hutu powers, Interahmwés, anciens éléments de la DST du Président MOBUTU, etc.) auxquels peu d'opportunités de réinsertion dans la vie civile s'offrent. Ces chefs de guerre se connaissent, sont solidaires, très actifs et particulièrement mobiles. Leur déploiement est assimilable à un ensemble de lignes entrelacées dont l'intersection forme des noeuds. Ils sont associés dans un faisceau d'échanges et d'obligations réciproques dont la dynamique vise la consolidation et la progression des activités des membres dans une ou plusieurs sphères sociopolitiques. Ces organisations constituent un véritable danger pour l'intégration, la sécurité et la circulation des biens et des personnes à l'échelle sous-régionale avant de représenter dans le même coup, un important facteur, latent, de déstabilisation des entités étatiques régulières.

Enfin, cette série de conflits exprime la perte du monopole étatique de la contrainte armée. C'est un groupe privé, soutenu par des adjuvants hétéroclites qui a mis en déroute l' «armée nationale». Ces conflits révèlent, selon l'expression de ZARTMAN, un modèle d'Etat en faillite74. Cependant, on ne peut s'empêcher de s'interroger sur le mobile des combats qui opposent ces différents acteurs. En effet, pourquoi s'affrontent-ils ?

73REPUBLIQUE DU CONGO, Opus citatum, préface, p. 07.

74W. I. ZARTMAN, De l'effondrement de l 'Etat. Désintégration et restauration de l'autorité légitime, Paris, Nouveaux Horizons, 1997, pp : 1-12.

Cette première partie consacrée au traitement de la question centrale de cette investigation confirme que le Congo dispose de quantités importantes de ressources naturelles. Ces dernières sont d'origines diverses : minières, pétrolières, hydrauliques, forestières et touristiques. En effet, l'importance desdites ressources est manifeste en terme de quantités estimées récupérables avec une quasi certitude et en terme de quantités effectivement produites annuellement. Cependant, elles sont inégalement réparties sur l'ensemble du territoire national. Si les unes sont très valorisées, à l'instar des hydrocarbones liquides et gazeux, il n'en est pas de même des autres comme le bois, l'agriculture et les hydrocarbones solides qui le sont moins ou pas du tout. Toutefois, on ne saurait récuser la centralité de ces ressources naturelles dans la vie de l'homme moderne.

Par ailleurs, on est tenté de croire qu'un tel potentiel aurait pu permettre à ce pays de poser les bases de son développement économique après avoir consolidé la cohésion et la coexistence pacifiques entre ses différentes ethnies. Mais, penser ainsi équivaut à très vite oublier que ce pays était pendant toute la décennie 1990 en proie à une série de crises armées prolongées. Ces guerres ont été violentes et ont généré de lourdes conséquences aux plans humain, infrastructurel et sous-régional.

Conscient de cet état de faits, ne peut-on pas penser que les différentes ressources naturelles dont le Congo est pourvu ont, de quelque manière que ce soit, été d'un apport dans l'avènement des guerres qu'il a connu entre 1990 et 2002 ? En d'autres termes, dans quelle mesure ces agrégats, au lieu d'être un facteur de bonheur, de pacification et d'équilibre entre les Congolais, ont plutôt entraîné leur misère au point de faire à ce que ces derniers voient en leurs concitoyens des ennemis potentiels ?

DEUXIEME PARTIE :
GEOSTRATEGIE DES RESSOURCES NATURELLES ET
GOUVERNANCE

La première grande section consacrée au traitement de la problématique centrale montre que la présence sur le territoire de ce pays des ressources naturelles dont on reconnaît une importance stratégique dans le contexte des sociétés industrielles et post-industrielles. Il en de même de l'effectivité de la série des guerres du Congo de 1990 à 2002 est à placer sous le sceau de l'évidence. Naturellement, la question suivante se pose : pourquoi ces guerres ?

D'emblée, ce qui parait incompréhensible dans cette rivalité c'est que chaque belligérant voulait à tout prix s'approprier la victoire. Pour cela, non seulement il combattait avec une hargne et avec une véhémence hors pairs, mais aussi, il faisait recours aux moyens hétéroclites et fondamentalement destructeurs. La finalité de cette belligérance est-elle sans connexion avec les ambitions d'assurer le contrôle et de valoriser les ressources naturelles de ce pays par les différentes entités combattantes et leurs alliés respectifs ? Serait-ce toutes les ressources naturelles dont ce pays est pourvu qui entretiendraient un lien avec cette série de guerres ou seulement quelques unes d'entre elles ? Il convient de ne pas perdre de vue que le fait de disposer d'un accès privilégié aux dites ressources est une condition sine qua non, d'abord du développement social, économique et industriel, ensuite et par voie de conséquence, d'une certaine forme de richesse et de puissance sur les scènes nationale et internationale.

Pour trouver des éléments de réponses à ces questions il convient, dans un premier temps de rechercher les fonctionnalités de ces agrégats dans la structuration des guerres du Congo (Chapitre III). Cette recherche débouchera dans un second moment sur l'ouverture du débat relatif, non seulement à l'avenir de ce pays à l'issue de ce drame, mais aussi après l'extinction des ressources naturelles sur lesquelles repose son économie présentement, autrement dit la problématique de la gouvernance globale au Congo (Chapitre IV).

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo